Les murmures de Citlalli
386 pages
Français

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Les murmures de Citlalli , livre ebook

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Description

Quand Catherine débarque au Mexique avec toute sa petite tribu, elle est loin d’imaginer ce qui va lui arriver. On lui avait certes parlé d’une autre culture et de nouvelles saveurs mais personne ne lui avait dit que partir c’était aussi laisser une partie de soi-même se révéler.

Quand Gabriela s’échappe d’Acapulco, elle n’est encore qu’une enfant. Dans sa fuite elle a pu sauver son petit frère, mais ce qu’elle a laissé derrière elle la hante encore et toujours.

Tout semble séparer ces deux femmes, leur langue, leur histoire, leur vie et même leur âge. Pourtant, à partir du moment où l’une d’entre elles va se mettre à écouter les murmures de Citlalli, leurs routes ne vont cesser de se croiser et leur destinée se reconstruire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 juillet 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332552563
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright




Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-55254-9

© Edilivre, 2013
1
Ne sous-estimez jamais le poids des mots !
Anaja
– « Et toi ma petite fille, qu’aimerais-tu faire quand tu seras grande ? »
– Moi ? Je serai Maman ! »
Sans l’ombre d’une hésitation, la fillette avait prononcé, du haut de ses cinq ans, ces quatre tout petits mots, qui sans le pressentir, venaient de sceller le projet de toute une vie ! Certes, elle aurait pu dire docteur, maîtresse d’école, infirmière, peintre ou pianiste… Et non, elle avait jeté son dévolu sur le plus beau métier du monde, celui que l’on adopte un jour, et qui jamais ne vous quitte.
Il lui était souvent arrivé de repenser à l’enthousiasme avec lequel elle avait répondu à cette drôle de question que les adultes se plaisent à poser aux jeunes enfants. Aucun doute sur le fait que derrière cette interrogation, la plupart des gens cherchent à doser le niveau de culture de la famille, ou qui sait encore, d’ambition des parents pour leur rejeton.
Ils ont tous dû penser qu’on devait être désespérément classiques ou primaires dans la famille ! Entre la vocation toute tracée du genre féminin et l’instinct de reproduction, c’est vrai que je n’ai pas fait preuve d’une grande imagination !
Quelle idée tout de même de poser ce genre de question, ça n’a aucun sens ! Qui peut à cet âge dire avec certitude ce qu’il deviendra des années plus tard ?
Pourtant, force est de constater que là où je persiste, je résiste !
Aujourd’hui, mère de cinq enfants, abonnée aux lessives, aux navettes et aux courtes nuits, Catherine Séleck doit bien admettre que son plus grand souhait s’est réalisé. Prémonitoires ou non, ces quelques mots prononcés par le petit bout de femme volontaire qu’elle était déjà, ont fait d’elle aujourd’hui une vraie mère de famille nombreuse.
Et voilà que, probablement aidée par ces petits stimuli du temps qui passe, Catherine Séleck se prête depuis quelques jours au jeu des questions sans réponse :
Le verbe fait-il donc naître la vie ou la vie donne-t-elle du sens au verbe ?
Loin de vouloir alors tout remettre en question, Catherine ressent de plus en plus le besoin de s’ouvrir au monde et de sortir de ce nid qu’elle a construit patiemment durant toutes ces dernières années.
Certes, elle est heureuse, mais en vraie boulimique de la vie, elle se demande quand et comment elle pourrait changer un monde qu’elle s’est jusqu’à présent contentée de contempler à travers le prisme de ses maternités. Cette grande mission parentale qu’elle s’est composée il y a si longtemps ne devrait-elle pas aller plus loin aujourd’hui, et l’inciter à pousser de nouvelles portes ? Existe-t-il une formule pour déranger le train-train et s’élever du quotidien ? Les dés jetés il y a tant d’années ne pourraient-ils pas la faire sortir un peu du cadre et s’ouvrir davantage aux autres ?
Pas de regret ni de déprime, juste un irrépressible besoin de ne plus être que la « Marie-frotte-frotte », la reine du rangement et de la lavette ! Envie de plus, besoin de se redimensionner dans l’univers. Aurait-elle pu le faire à travers ses études ? Peut-être, mais apparemment ses cinq années en fac de droit et son beau diplôme à la clef n’ont pas suffi à déjouer le sort ! C’est vrai que pendant ce temps, elle a momentanément oublié son projet de repeupler la terre ! Et puis, comme elle aime à le répéter, cette étape intellectuelle devait sans doute être indispensable pour apprendre à changer des couches-culottes… Car aujourd’hui, quand elle pense à sa vie, elle se dit que décidément ce projet de vie déclaré et avéré l’a emmenée bien loin de la veuve et de l’orphelin qu’elle s’était imaginé, jeune étudiante, un jour sauver. Les années avançant, et bien sûr avec elles d’autres désirs se créant, elle se demande maintenant, comment la maman qu’elle est devenue pourrait se réconcilier avec l’étudiante idéaliste qu’elle fut…
« Il ne fallait pas choisir d’être mère tout court, il fallait être Mère Térésa dès le départ, si tu voulais sauver le monde ! » lui avait répondu un jour une amie qui ne manquait jamais de la taquiner sur le sujet.
Et continuant sur sa lancée, elle avait poursuivi en disant :
« Et ma grande, ce n’est pas toi qui dis toujours : “Qui dit choix, dit privation” ? Allez, arrête de te poser tant de questions. Tu as de beaux enfants, un chouette mari, que veux-tu de plus ? Tu ne t’imagines pas combien d’autres paieraient pour avoir ce que tu as, alors cesse d’en vouloir plus encore. Qu’est-ce que tu cherches ? Une auréole ? La légion d’honneur ? Franchement, tu nous saoules avec tes histoires de bonnes sœurs. »
Était-ce vraiment ce qu’elle recherchait ? Une reconnaissance ? Des lauriers, comme on disait à l’époque ? Sincèrement non. Sans pouvoir expliquer pourquoi elle avait l’impression qu’elle ne faisait que répondre à un appel intérieur, qu’il était temps pour elle de changer quelque chose, de reformuler cette question posée par des adultes bien-pensants il y a pas mal d’années.
Et maintenant que tu es grande, que tu es maman, que pourrais-tu faire de plus ?
Sans trop comprendre pourquoi quelques mots vinrent alors papillonner et tournicoter dans sa tête, beaux mais franchement trop grands, elle les laissa s’envoler. Quand ils repassèrent à nouveau, elle s’arrêta, les laissa se poser, les observa avec attention, ce qui eut pour effet soudainement de leur donner une taille plus acceptable, un aspect plus abordable. Un peu comme si leur seule observation les avait rendus plus accessibles, plus lisibles. Parmi ceux-ci se trouvaient « solidarité », « entraide », « partage ».
Des mots peuvent-ils être gravés dans nos gènes ? se surprit-elle à penser.
Mais quelle prétention tout de même ! Mes gènes ne seraient-ils pas plutôt gonflés de jansénisme ? Ah, elle a bon dos la génétique !
* *       *
Plus qu’un « dodo » comme disent les enfants, et c’est la rentrée. Les livres, cahiers et plumiers sont fins prêts. Chacun a pu personnaliser ses étiquettes et on s’amuse à comparer les différents trésors que l’on va pouvoir étrenner le lendemain.
« Es-tu sûre maman que j’ai vraiment tout ce qu’il faut ?
– Mais oui, ne t’inquiète pas ! »
Quel casse-tête ces rentrées scolaires, Catherine n’en revient pas encore de la quantité de choses à prévoir pour remplir les cinq cartables.
C’est pas une liste, c’est un catalogue de papeterie, ma parole !
Le dictionnaire espagnol-français dans une main et l’interminable inventaire dans l’autre, Catherine repasse en revue une dernière fois le matériel scolaire demandé par chaque professeur et s’étonne de la sonorité de certains mots ; sacapuntas 1 , lapiz 2 , diu-durex  ?
Ai-je bien lu ? Ils ont besoin de durex en maternelle ? Au secours ! Ah, non de diurex. Vite le dico. Diurex : papier autocollant de petite largeur, ouf !
Un coup d’œil aux résidus de papiers glacés qui jonchent le sol, elle n’ose pas y croire mais ils se sont enfilé près de dix-sept mètres de papier transparent pour plastifier les divers manuels scolaires.
Il faudrait peut-être que je pense à inscrire cela au guide des records ! songe-t-elle.
Trop contente d’arriver au bout de cette corvée annuelle, elle tombe sur sa chaise et se promet, comme chaque année, de ne plus jamais recouvrir un livre ou un cahier de sa vie !
* *       *
Après une courte nuit peuplée de nouveaux visages et de sourires inconnus, la maisonnée se réveille et s’agite dans tous les sens ; le grand départ est pour bientôt. Un petit-déjeuner frugal ; on est content mais un peu stressé de découvrir sa nouvelle école et tous ces nouveaux copains qui parlent une langue que l’on ne comprend pas encore très bien.
Dehors il fait encore nuit et le petit cardigan enfilé en dernière minute n’est pas un luxe. En file indienne et transportant autant de livres que leurs petits bras leur permettent, les enfants Séleck se dirigent vers la voiture. Les grands attachent les petits, et contrairement à l’habitude, pas une dispute pour celui qui s’assoira devant ou derrière. Il semble que chacun se préoccupe davantage de savoir quelle stratégie il va pouvoir mettre en place pour se faire adopter par les nouveaux compagnons. Ce qu’ils ignorent encore, c’est qu’ils sont déjà famosos 3 . En effet, cela devient rare, même ici, une famille étrangère de cinq enfants qui de plus, débarque « tout entière » dans une petite école ! Sans doute leur suffira-t-il simplement d´être eux-mêmes pour s’intégrer. Les voilà partis, dans un silence presque religieux ; la voiture se lance sur une route qui elle n’a rien de tranquille ! Encombrée de minibus surchargés, la rue est un vrai décor de film où des camionnettes croulant sous des kilos de légumes ou de fruits essayent de dépasser des voitures qui tiennent avec trois fils de fer et un cadenas (!), et où des pick-up démesurés dont on aperçoit à peine le conducteur klaxonnent pour dégager le passage.
Il n’est que sept heures et quart, mais la ville est déjà en ébullition, les petits commerçants s’installent le long de la route, tout l’art étant de choisir un bon tope (casse-vitesses qui oblige le conducteur à ralentir et donc pourquoi pas à s’arrêter pour consommer !).
Par la fenêtre, la famille observe des enfants de tout âge, dans leur uniforme impeccable, essayant de suivre leur cartable porté par le parent qui les précède et les conduit à l’école.
Le nouveau lycée des enfants Séleck est trop éloigné de la maison pour y aller à pied, et même si Nicolas, le numéro deux de la tribu, se verrait bien y aller à dos d´âne, il leur faut traverser patiemment tout ce trafic. Une fois passée la glorieta 4 d’Emiliano Zapata, et puis celle de la Paloma, il ne faut plus que quelques petites minutes p

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