Les monts de la Mesure
344 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les monts de la Mesure , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
344 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

En un lieu non défini, à une époque indéterminée, Kyril, un officier irréprochable, est chargé de la surveillance d’une frontière hermétiquement fermée. Argyr, un universitaire du pays voisin, est exceptionnellement autorisé à franchir cette frontière pour valider une découverte archéologique récente, propre à éclairer une période obscure de l’histoire. Finalement, Argyr regagne son pays après avoir traduit un texte fondamental qui s’avère toutefois incomplet. Trois ans plus tard, une étrange jeune femme traverse clandestinement la frontière et révèle, à Kyril, qu’Argyr a finalement complété ses travaux avant de connaître un sort tragique. Dès lors, le présent et le passé vont s’entremêler. Des faits révolus annoncent les événements contemporains, qui bouleverseront la destinée de Kyril et le contexte politique. Un homme mystérieux semble en mesure de prévoir ces épisodes tragiques. D’où tient-il une telle préscience ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 mars 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332749468
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-74944-4

© Edilivre, 2015
Avant-propos
Les événements relatés dans ce récit, bien que revêtus de toute l’apparence de l’authenticité, se sont déroulés en un lieu non défini, à une époque indéterminée, à proximité immédiate d’une frontière.
Toute ressemblance avec des faits survenus, il y a un peu plus de deux décennies, dans des pays plus clairement identifiés pourrait ne pas être le seul fruit du hasard. En effet, quels que soient l’époque et le contexte évoqués, le passé recèle toujours les clefs du présent et de l’avenir puisque le déterminisme, qui nourrit l’histoire, reste largement immuable, car les fils de ce siècle sont plus habiles, à l’égard de leur génération, que ne le sont les fils de la lumière .
Montpellier, juillet 2014
Chapitre 1 Le poste frontière
Par un froid matin de novembre, la jeep du colonel Kyril quittait la Ville-du-Castor pour se diriger vers le poste frontière. La masse menaçante des monts de la Mesure, partiellement noyés de brume, barrait l’horizon. Assis à côté de son chauffeur, Kyril restait silencieux et laissait vagabonder son esprit. Il ne pouvait guère imaginer que cette journée, en apparence ordinaire, marquerait le début d’une succession d’événements inattendus, propres à bouleverser une existence banale jusque-là rythmée par la seule routine d’une vie de garnison. La base militaire, dont le commandement lui avait été confié, était implantée dans les faubourgs de la Ville-du-Castor, capitale de la province du nord. Cette base abritait un régiment d’élite chargé de la surveillance de la frontière du pays voisin. Aux confins de la province du nord, la limite entre les deux territoires suivait très exactement la ligne de crête des monts de la Mesure. Dans les zones de plaine, la frontière était matérialisée par un rideau de barbelés électrifiés, réputés infranchissables, qui avaient été édifiés à l’initiative des autorités du pays voisin. Cette région montagneuse était toutefois trop difficile d’accès pour qu’il fût possible d’y établir une telle barrière. La ligne de crête marquait une frontière naturelle et constituait, par elle-même, un obstacle suffisant ; elle était constamment surveillée par les rondes incessantes des hélicoptères qui la survolaient, et les nombreuses patrouilles que dépêchaient les armées des deux pays vers de périlleux sentiers.
Que connaissait Kyril du pays voisin ? A la vérité, fort peu de chose. La propagande officielle encombrait les ondes et distillait une sorte de pensée unique, dont les journaux reprenaient les points principaux, à la manière de perroquets bien dressés. Kyril se rappelait également les cours de l’académie militaire, destinés à inculquer aux élèves officiers leur supposé devoir et le contenu de leur future mission. Les formateurs tentaient inlassablement de justifier les raisons pour lesquelles les deux pays étaient devenus des adversaires, sinon des ennemis. Il y a fort longtemps, le pays de Kyril et le pays voisin avaient pourtant appartenu à la même entité politique : un Etat puissant connu sous le nom d’Ancien empire. Bien que s’exprimant dans des langues différentes, ils étaient les héritiers d’une même culture. L’Ancien empire était une mosaïque de nations, dépourvues d’unité ethnique, mais administrées à partir d’une seule capitale : Sébaste, une cité prestigieuse bâtie à la jonction de deux continents. L’Ancien empire s’était effondré, au quinzième siècle, quand il fut envahi par le peuple de la steppe qui, pour affirmer sa domination, avait modifié le nom de sa capitale : Sébaste était ainsi devenue Erimopol et portait encore ce nom. Quatre siècles plus tard, l’Empire de la steppe était, à son tour, tombé en décadence et les deux pays avaient retrouvé séparément leur indépendance. Erimopol restait cependant aux mains du peuple de la steppe, qui avait certes vu son territoire se rétrécir, mais n’en constituait pas moins un Etat puissant. Le temps avait passé ; puis, à la suite d’une terrible guerre qui avait déchiré le continent tout entier, le pays de Kyril et le pays voisin s’étaient respectivement trouvés dans deux camps antagonistes, sinon ennemis. Le pays de Kyril appartenait au domaine du Traité et le pays voisin à celui du Pacte : les barbelés, qui séparaient les deux pays, matérialisaient, de fait, la déchirure qui affectait plus largement l’ensemble du continent. Les nations du Traité s’opposaient à celles du Pacte par une organisation économique et des régimes politiques fondamentalement différents.
Né dans le cadre riant d’une île du sud, Kyril était l’ainé d’une famille modeste. Elève intelligent et appliqué, par ailleurs sportif et bien bâti, il obtint une bourse qui lui permit d’intégrer, après ses études secondaires, l’académie militaire de la capitale. De retour chez ses parents à l’occasion d’une permission, il rencontra la jolie et douce Ismène dont la blondeur, inhabituelle sous ces latitudes méridionales, le séduisit immédiatement ; les fiançailles furent rapidement célébrées. Quand il l’épousa, dès sa sortie de l’académie militaire, le marié était fièrement revêtu de son tout nouvel uniforme de sous-lieutenant. Kyril, officier intelligent, patriote et d’une honnêteté scrupuleuse, avait rapidement gravi les échelons de la carrière militaire. Il était encore très jeune quand il obtint le grade de colonel et le commandement de l’importante base établie près de la Ville-du-Castor, dans la province du nord : cette zone hautement stratégique, qui jouxtait la frontière d’un pays membre du Pacte. Ismène lui avait donné une fille, prénommée Sophie, qui venait d’atteindre l’âge de six ans : cette délicieuse enfant, espiègle et primesautière, les ravissait.
La province du nord était une région montagneuse et rude, qui connaissait des hivers glacials ; Kyril avait convaincu son épouse de rester dans leur île où elle pouvait profiter, en compagnie de sa fille, d’un environnement plaisant, d’un climat plus clément et de la proximité de leurs deux familles. Néanmoins, les soirées d’ennui s’éternisaient, quand il se retrouvait seul dans son modeste logement de fonction, au sein du décor désolant qu’offrait la base.
La jeep abordait la côte qui conduisait au col. La route était bordée, sur un côté, par une muraille rocheuse et, sur l’autre, par un précipice abrupt. La brume s’épaississait et rendait la conduite dangereuse, obligeant le chauffeur à redoubler de prudence. Ils atteignirent enfin le sommet du col dominé par des escarpements, qui marquaient le point culminant des monts de la Mesure. Les paysans avaient donné à ces lieux un inquiétant surnom : les rocs de la Malédiction. Cette appellation angoissante semblait toutefois contredire la somptueuse beauté de ce paysage majestueux.
Le poste frontière, installé au sommet du col, était matérialisé par un bâtiment de dimension modeste, qui abritait quelques bureaux et une salle commune. Une barrière bleue, évoquant la couleur dominante du drapeau national, pouvait se soulever pour ouvrir le passage aux véhicules. Un fortin, bâti à flanc de montagne, protégeait ces installations et servait de base de départ pour les patrouilles chargées de surveiller la frontière, en parcourant les lieux les plus difficiles d’accès. Cent mètres plus loin, en face, le poste frontière du pays voisin présentait une disposition analogue avec ses bureaux, une barrière de couleur rouge et son fortin d’où partaient également des patrouilles de soldats. Entre ces deux pays, qui appartenaient désormais à des camps opposés, n’existait qu’une frontière morte, qu’aucun individu ni aucun véhicule n’était autorisé à traverser légalement, car les deux gouvernements n’entretenaient apparemment aucune relation officielle : les deux barrières restaient donc désespérément abaissées.
Le gouvernement du pays voisin, à l’image de tous les membres du Pacte, avait adopté une structure économique inspirée par les idées d’un célèbre théoricien du dix-neuvième siècle. Ce penseur avait souligné que la propriété privée des moyens de production conduisait immanquablement à la concentration des biens au profit d’une infime minorité de possédants et, par conséquent, à une succession de crises, dont l’acuité ne pouvait que s’amplifier. La plus-value dégagée par la valeur du travail, fruit de l’activité des classes laborieuses, était donc extorquée au profit des détenteurs des moyens de production dont l’enrichissement ne pouvait ainsi connaître de limites. Pour résoudre cette contradiction, ledit penseur avait recommandé un contrôle étatique du capital et donc la propriété collective de tous les moyens de production. Dans cette hypothèse, les mécanismes de l’économie n’étaient plus fondés sur la pratique d’un échange, s’équilibrant au gré de négociations mercantiles entre vendeurs et acheteurs, mais sur l’élaboration d’un plan qui était censé répondre aux besoins essentiels des populations. Le plan se devait de définir les objectifs à atteindre en fonction du strict intérêt du plus grand nombre. Le problème était que les objectifs du plan résultaient toujours d’un marchandage entre les planificateurs et les dirigeants des entreprises, agricoles ou industrielles : les planificateurs surestimaient généralement les capacités de production, alors que les dirigeants des entreprises avaient tendance à les sous-estimer. De plus, l’ambiance d’autoritarisme, indissociable de ce système, incitait les entreprises à fournir des statistiques erronées et éventuellement falsifiées afin que les autorités pussent croire que les objectifs, antérieurement fixés, avaient été atteints. Il en résultait une surproduction d’articles inutiles et une pénurie des bi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents