Les Maux d une reine de France, les vicissitudes d un chevalier lorrain
400 pages
Français

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Les Maux d'une reine de France, les vicissitudes d'un chevalier lorrain , livre ebook

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Description

À l’aube de la Révolution française, entre une mère excentrique, mais non sans panache, et une sœur amère et snob, Jean-Nicolas, chevalier de Jonville, profite sur ses terres de Lorraine de l’oisiveté et de la liberté que lui offre sa naissance. Cependant il supporte mal les contraintes que lui impose son statut de maître du domaine : arbitrer les querelles de ses paysans et superviser le travail des champs. Quant à son devoir de donner un héritier à un nom remontant aux croisades et de remédier à une impécuniosité récurrente en épousant une riche fille de famille, il s’y résout malgré son peu de goût pour les femmes...Mais les événements de 1789 vont bouleverser son existence privilégiée tout comme celle de la monarchie française, vouée à bientôt disparaître. Notre héros y survivra-t-il ?


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414115761
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-11574-7

© Edilivre, 2018
Exergue
Exergue



« Belle comme le jour, et le jour était charmant »
Duc de Lauzun à propos de Marie-Antoinette
« Celui qui n’a pas connu les dernières années de l’ancien régime n’a aucune idée de ce que c’est que la douceur de vivre »
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
« Démocrate par nature, aristocrate par mœurs, je ferais très volontiers l’abandon de ma fortune et de ma vie au peuple pourvu que j’eusse peu de rapport avec la foule »
François-René de Chateaubriand
Chapitre I
« L’orage gronde, l’orage gronde ! » s’écriait Blandine, sortant précipitamment des communs pour courir, les joues en feu, vers la partie noble du château. Trop essoufflée pour bien y voir, elle se cogna à l’imposante stature de Brutus qui gardait l’entrée du petit salon de musique où sa maîtresse dégustait une tasse de chocolat en compagnie de sa vieille amie, madame de Charlannes. Surprise par cette brusque apparition, Blandine recula prestement, comme si le contact avec cet homme inquiétant l’avait brûlée. Elle n’aimait pas Brutus et, depuis qu’elle était au service de madame de Jonville, s’en défiait. Pire, elle en avait peur.
Pour l’âme simple qu’était Blandine, cet étrange serviteur tenait davantage de la créature démoniaque que de l’honnête chrétien. Sans jamais qu’il soit possible à la jeune servante d’anticiper sa présence, comme par magie, il surgissait brusquement de l’ombre où il aimait se tapir et, immanquablement, la faisait sursauter. Le sourire qui éclairait alors le visage de cet homme tout droit remonté de l’enfer, lui laissait entendre qu’il prenait plaisir à la surprendre et à l’effrayer. En sa présence, elle avait toujours l’impression de n’être pour lui qu’une proie avec laquelle il aimait par cruauté s’amuser.
Blandine n’était pas la seule à le craindre, tout le reste de la domesticité s’en tenait, comme elle, le plus possible éloigné. Il circulait autour de Brutus tout un tas d’histoires effrayantes qui se murmuraient, le soir, dans les combles de la grande bâtisse, là où Blandine et les autres servantes et valets s’entassaient pour la nuit. À la lumière vacillante et fantasmagorique d’une maigre chandelle, il se murmurait notamment que la maîtresse des lieux, madame de Jonville, lui devait la vie. Certains vieux domestiques allaient plus loin en affirmant que Brutus l’avait ressuscitée d’entre les morts. Devant une chambrée terrifiée, ils n’hésitaient pas à prétendre, forts de l’autorité que leur conférait leur ancienneté au château, que cette mystérieuse résurrection tenait davantage de la diablerie que du miracle. Blandine n’était pas encore employée comme servante lorsque ce prodige aux senteurs de soufre avait eu lieu, mais pour elle, comme pour les autres serviteurs, il ne faisait aucun doute que Brutus s’adonnait à des pratiques sataniques et à la magie noire. Comment expliquer autrement que ce « sans Dieu », qui s’abstenait de paraître à l’église, ait pu ramener madame de Jonville à la vie ? Comment se faisait-il en outre, alors que le garde-chasse du domaine racontait à qui voulait l’entendre qu’il avait surpris Brutus en flagrant délit de profaner la sépulture de la défunte, que celui-ci ait pu échapper au gibet ? N’était-ce pas la preuve qu’il bénéficiait d’une protection surnaturelle ?
En vérité, sans l’intervention de madame de Jonville, Brutus aurait très certainement été pendu, mais elle s’était opposée à ce que cet homme soit livré à la justice. Elle avait pour cela imposé un impérieux silence au témoin du sacrilège, le menaçant de le renvoyer s’il s’aventurait un jour à parler. Dans le secret des mansardes, à l’abri du courroux de sa maîtresse, la langue du garde-chasse s’était depuis quelque peu déliée et, s’affranchissant d’une vérité un peu décevante au profit de fables plus captivantes, il avait, le premier, contribué à faire naître la légende d’un homme protégé par des forces occultes.
Non contente de soustraire Brutus au supplice, madame de Jonville avait décidé de s’attacher cet homme à qui elle se sentait redevable de la vie. Soulagé d’échapper à la sévérité des juges, grâce à la magnanime clémence de celle qui était devenue sa maîtresse, il s’était appliqué à la servir depuis, avec exactitude et dévouement. Cette étrange connivence scellée par une reconnaissance réciproque ne manqua évidemment pas de provoquer, en son temps, des commentaires de désapprobation assourdis cependant par la peur de déplaire à une maîtresse qui avait tous droits et tous moyens de coercition sur sa domesticité. Cela n’empêchait pas, encore aujourd’hui, les esprits imprégnés d’ignorance et de superstition de continuer de voir dans cette étroite intelligence la preuve d’un pacte diabolique dont, par respect pour madame de Jonville, ils attribuaient l’entière responsabilité à Brutus. À leurs yeux empreints de partialité servile, cette dernière ne pouvait qu’être elle-même l’innocente victime de ses manigances, la proie de je ne sais quel sortilège.
Indifférent à ces commérages pour lesquels il n’avait que mépris, Brutus s’était astreint, dès les premiers jours et sans que cela soit expressément une exigence de madame de Jonville, à rester toujours au plus près de sa bienfaitrice. À l’affût presque jour et nuit de ses moindres désirs, dissimulé derrière une porte ou une tenture, il restait de longues heures debout à attendre qu’elle eut besoin de lui, tel un chien fidèle.
Était-ce la raison pour laquelle madame de Jonville avait affublé cet homme, qui disait ne plus vouloir se souvenir de son identité, du nom du chien préféré de feu son époux ? Quelles que soient les raisons qui avaient motivé un si curieux pseudonyme, Blandine ne manquait jamais de sursauter lorsqu’elle l’entendait prononcer, ni de se signer pour conjurer le blasphème d’un prénom si peu catholique.
Si elle-même avait été rebaptisée par commodité pour la mémoire défaillante de sa maîtresse du prénom portée par toutes les femmes de chambre qui l’avaient précédée à son service, au moins pouvait-elle se targuer d’arborer celui d’une sainte doublée d’une martyre. Il lui arrivait de regretter parfois celui que lui avait donné sa mère et qui était attaché à sa prime jeunesse, sinon heureuse, du moins libre de toute contrainte. Mais depuis qu’elle avait été embauchée comme servante, elle devait convenir qu’elle était correctement vêtue et mangeait tous les jours à sa faim sans avoir à se préoccuper de ce que demain sera fait. Cette tranquillité d’esprit valait bien de voir son identité niée par un prénom désignant davantage une fonction qu’une personne et de subir la promiscuité avec un être aussi malfaisant que Brutus. Même si aujourd’hui encore, il était parvenu à la surprendre en surgissant de nulle part et à l’effrayer une nouvelle fois.
Les poils de ses bras duveteux se hérissaient d’avoir frôlé pareil animal, mais s’inspirant du courage de sa sainte patronne bravant les lions dans l’arène, Blandine parvint à contrôler suffisamment sa peur pour réussir à s’adresser à lui sans que sa voix ne trahisse trop son émotion :
– Je crois qu’il va pleuvoir ! jeta-t-elle d’un seul trait pour se débarrasser aussitôt de son message, comme elle l’eut fait d’un paquet encombrant.
Le visage vide d’expression et sans se donner la peine de lui répondre, l’effrayant colosse se dirigea vers le grand hall d’où partait l’escalier d’honneur qui donnait accès aux chambres, s’empara du cor de chasse accroché à portée de main et y souffla de toute la force de ses puissantes bronches.
Au même instant, madame de Charlannes, assise avec nonchalance dans une jolie bergère recouverte de toile de Jouy, mise récemment à la mode par monsieur Oberkampf, sursauta en entendant le son tonitruant de l’instrument de chasse et renversa le contenu de sa tasse, sous l’effet de la surprise.
– Mon Dieu, dit-elle en reprenant aussitôt une impassibilité plus convenable, est-ce pour moi que vous faites sonner l’hallali ? Je vous ai tout à l’heure avoué, ma chère, me sentir lasse. Je n’en suis pas pour autant aux abois !
– Rassurez-vous, lui répondit en riant madame de Jonville, son hôtesse. Cette trompe n’annonce pas plus votre prochain trépas que celui d’un cerf, mais l’arrivée de la pluie ! Brutus alerte nos gens.
– Quelle étrange et charmante coutume ! s’enthousiasma madame de Charlannes, très intriguée par les bruits de cavalcade provenant du grand escalier. M’expliquerez-vous les raisons de tant de dérangements ?
– Il n’y a, ma chère, nul mystère. Le toit de notre demeure étant opportunément percé, chacun s’active en ce moment pour placer des récipients au-dessous des quelques fentes de la charpente afin de récupérer l’eau de pluie dont mes femmes se serviront plus tard pour me laver les cheveux et pour remplir mon bain… Vous n’êtes évidemment pas sans connaître les vertus de cette eau pure sur le cuir chevelu et sur la peau.
– Comment, madame ? Allez-vous me dire que vous avez vous-même ordonné de transformer votre toit en passoire ? Je vous savais soucieuse de votre beauté, j’ignorais à quel point ! Vous pourriez en remontrer à toutes les extravagantes coquettes de la capitale !
– Mon âge m’interdit désormais de tels caprices, soupira madame de Jonville avec une pointe de regret. Je n’ai fait que profiter d’une providentielle usure !
– Enfin, ma chère amie, ne serait-il pas plus commode de placer une cuve dans le parc et plus prudent de faire réparer votre toit ? demanda madame de Charlannes dont le ton laissait percer un brin de scepticisme.
Madame de Jonville parut décontenancée par le bon sens de cette remarque. En vérité, elle n’était pas loin de trouver inc

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