LES INQUIÉTUDES D’UN MIGRANT SUR LES ENJEUX DE L’EDUCATION GUINEENNE
159 pages
Français

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LES INQUIÉTUDES D’UN MIGRANT SUR LES ENJEUX DE L’EDUCATION GUINEENNE , livre ebook

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Description

Dès l'entame, cet ouvrage retrace le parcours tragique d'un jeune dont le père, victime de l'analphabétisme, décida de s'évader d'un gouffre qui le retenait : son village Thiagui Yollity, après avoir, avec sa femme, engendré un fils qu'ils baptisèrent du nom d'OBA. Il rejoignit la ville de Conakry où il fouilla herbe et sable pour sortir de l'or qu'il recherchait ardemment, mais son insertion sociale ne fut pas de la banane mûre à démasquer. La seule chose sur laquelle il comptait était sa force physique qu'il avait mis en exécution dans le grand marché Madina et autres endroits de Conakry où il pouvait avoir de l'argent. Ce qui l'empêchait d'abandonner quand la puissante arme de la régression s'emparait de lui était le désir de ne pas laisser son enfant grandir là où il avait grandi sans aucun savoir scientifique. Le jeune OBA, revenu de son périple de désespoir dans lequel il avait tenté vainement de traverser la Méditerranée pour goûter au « bonheur du paradis européen », fit un constat amer d'une léthargie qui torpille le système éducatif guinéen. Mais, après tant d'observations et d'analyses, il s'est avéré, selon lui, que cette imperfection dont souffre cette éducation vient d'un tas d'attitudes inacceptables dont les responsabilités sont partagées entre tous les acteurs du système éducatif guinéen en partant des parents d'élève jusqu'au département chargé en la matière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2023
Nombre de lectures 20
EAN13 9782492294655
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES INQUIÉTUDES D’UN MIGRANT SUR LES ENJEUX DE L’EDUCATION GUINEENNE ROMAN
1
DIALLO Mamadou Lamarana
LES INQUIÉTUDES D’UN MIGRANT SUR LES ENJEUX DE L’EDUCATION GUINEENNE
2
Les Editions Plumes Inspirées Tous droits réservés Dixinn, Camayenne, Conakry,Rép. de Guinée E-mail : les1spirees@gmail.com Site web: lesplumesinspirees.com Tel: (224) 621 997 437 ISBN: 978-2-492294-65-5
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CHAPITRE I : UN PARENT AMBITIEUX QUITTE LE VILLAGE POUR LA VILLE
 Entre les années 1998 et 1999 nait à Thiagui Yollity, un village de Télimélé, un enfant qu’on baptisa OBA. Après sa naissance, son père décida d’aller en aventure à Conakry, la capitale, pour pouvoir construire l’avenir de ses enfants.
 Etant analphabète et sans aucun métier, il prit la ferme décision de partir dans une ville où il n’avait point de parent et ce fut tout à fait chaotique pour lui au lieu de départ comme à l’arrivée. La seule conviction qui occupait ses pensées et qui lui donnait de l’énergie quand il était sur le point d’abandonner son désir était celle-ci : le plus pauvre de la capitale est mieux que le plus riche du village. Démuni qu’il était, mais il se sentait mieux dans cet abîme qu’au village. Il voulait tout mettre en œuvre pour ne pas que son fils grandisse là où il avait lui aussi végété.
 Aussitôt arrivé dans la capitale, il se rendit donc dans le plus grand marché : madina. Ce marché était donc tout pour lui, c’est là qu’il dormait, travaillait et se faisait soigner quand il contractait des maladies causées souvent par le boulot qu’il faisait. Ce qui arrive quand on n’a ni métier ni un niveau académique, c’est qu’on est 1 prêt à faire toute sorte de wali qui se pointe.
1 Travail
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 Le jeune étant prêt à tout pour construire l’avenir de son héritier, il commença par attendre les propriétaires des boutiques devant lesquelles il passait ses nuits de périple. A leur arrivée le matin, il les demanda de lui confier les tâches de nettoyage des vérandas et même parfois de l’intérieur de certaines boutiques et cela lui fit accordé.
 Un matin, quand il termina de nettoyer avec tout le respect qu’il accordât à ceux qui lui confiaient ces tâches, un de ses patrons lui demanda d’aller leur acheter un plat pour le petit déjeuner. Il partit chez une dame pour acheter ce plat très consommé des matinées à 1 2 Conakry : lafidi . Il s’était bien lafidifié avec ce délicieux plat. Ce fut sa première fois de consommer un plat si délicieux depuis qu’il eut quitté sa femme. Il se 3 nourrissait de bouldakassa et buvait de l’eau pour juste se procurer de l’énergie.
 Chez la dame, il constata que cette dernière avait des difficultés d’effectuer toutes ses tâches : servir les clients, récupérer l’argent, nettoyer les places… il proposa donc à la dame d’accepter qu’il lavât ses bols et nettoyât les tables après le départ d’un client et avant l’installation d’un autre. Surprise de voir quelqu’un de tel âge demander de rendre un tel service, surtout dans
1 Du riz fade associé soit au gombo, à l’aubergine, à la poudre de soumbara ou sésame. 2 Déjeuner avec du lafidi ; se nourrir avec du lafidi. 3 Un mangé fait à base du riz pilé, de pate d’arachide et du sucre.
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une grande ville comme Conakry, elle accepta d’essayer ce contrat et voir la suite.  Ce fut un exploit pour lui qui se voyait obtenir un travail rémunéré dans lequel le mangé était assuré vu qu’il comptait sur les restants des plats, mais aussi un lieu où dormir lui était déjà trouvé parce que les tables lui servaient bien de cela.
 Quoi de plus inquiétant quand notre lieu de travail nous sert de lieu de repos et de restaurant aussi ? Sachant ce qui se dissimule derrière l’objectif fixé, on se dit qu’il y’a bien d’autres opportunités qui pourront se présenter.
 Au resto comme dans tout bar de Conakry, c’est un lieu de rencontre des personnes de tout genre. C’est à cet endroit qu’il entendit qu’un autre patron cherchait un bon ou une bonne pour certains travaux de foyer, alors il approcha la personne qui divulguait l’information pour mieux se renseigner. Après les renseignements pris, il consentit un programme avec la personne. Le lendemain, la matinée, ils se rendirent au lieu indiqué. C’était sa première fois de voir une telle construction au sein de laquelle il n’osa pas introduire ses chaussures salles.
 Quand on décide de quitter ses parents pour l’aventure, on doit décider aussi de ne pas s’énerver, de ne pas voir le mal même là où il est, de demander pardon à ce qui nous provoque et faire de la politesse son arme de réussite tout en préservant sa dignité à tout prix. Le père d’OBA reçut des moqueries de la part des enfants de son futur patron pour le fait qu’il se déchaussât, et le fait de ne pas considérer cela a été un facteur déterminant pour son nouveau contrat. Le patron n’était
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pas resté indulgent, il sanctionna ses enfants et accepta le jeune nécessiteux comme cet employé qu’il a longtemps cherché.
 De la rue au luxe jusque-là où il était en passant par le marché, il se voyait en train de progresser dans son aventure et il commença à épargner une partie de ce qu’il gagnait. Quelle fut sa banque fiable alors qu’il n’a même pas un sac où mettre ses habits ? Il trouva un endroit mieux que la banque centrale pendant qu’il faisait la vaisselle. Il remarqua les trous percés sur les boites de laits sucrés utilisés lors des petits déjeuners, trous par lesquels il est possible d’introduire des billets d’argent dans ces boîtes mais pas possible de les retirer. Il lava une de celles-ci et l’utilisa pour garder son épargne. Il n’était pas possible de retirer de billets de cette boîte sans avoir à la détruire. A part certains enfants qu’il dissuadait, personne d’autre ne s’intéressait à ces boites vides qu’il gardait là où personne ne pouvait imaginer trouver de l’argent. C’est comme ça qu’il épargnait petit à petit, tout en envoyant parfois une partie à sa famille qui vivait toujours au village. La liaison se faisait en des jours par intermédiaire du seul chauffeur du seul taxi qui reliait la ville et leur village.
 Les week-ends, beaucoup d’hommes aiment accompagner leurs femmes au marché. Un week-end, le patron lui demanda de les accompagner au marché pour les aider à prendre les éventuels bagages après qu’il aurait fini tous leurs achats. Il constata dans ce marché que des hommes vendaient des bonbons formés et de l’eau formée dans des glacières. Par curiosité, il demanda à son patron si celui-ci pouvait l’aider à faire
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comme ces gens-là pour ne pas rester sans rien faire pendant les journées. Le patron sourit et lui répondit qu’il partageait son avis s’il se sentait capable de faire toutes ces tâches convenablement.
 Pour l’aider, son patron négocia une place de vente pour lui devant une gendarmerie, vu qu’il ne pouvait pas conduire un vélo et n’avait pas suffisamment de moyens pour assurer le transport. A l’époque, des jeunes vendaient des bonbons formés dans les villages environnants des villes de Conakry, Kamsar, Siguiri et tant d’autres.
 Dans certains pays, vivre à côté d’un commissariat ou d’une gendarmerie c’est être sous haute sécurité, mais dans d’autres pays c’est tout à fait le contraire. Il fut victime de certaines forces de sécurité qui étaient censées sécuriser et lui et ses biens.
 Un jour, il s’était disputé avec un agent malgré toutes les craintes et méfiances qu’il avait face aux corps habillés. Il finit par tabasser cet agent qui voulait lui piquer ce qu’il avait eu et qui avait même l’habitude de le faire. Physiquement, ceux qui viennent du village sont très bien battus, et le père d’OBA était grand et bien arrêté.
 Cet acte l’avait conduit en prison avant qu’il ne soit relaxé après de longues négociations de son patron qui, à partir de cet acte découvrira un autre talent de son employé. Voilà ce qui mit fin à cet autre emploi qui avait pourtant un revenu bien soulageant pour lui. Mais cela lui offrit un autre emploi encore.
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 Son nouveau patron était sur un chantier de construction d’un bâtiment, ayant besoin d’un agent de sécurité pour le chantier, il se dit que celui qui a pu maitriser un gendarme était le bon profil pour ce cas de figure. Il l’eut emmené à ce chantier pour le gardiennage. Le contrat de gardiennage dudit chantier fut établi et les activités se faisaient nuitamment : de dix-huit heures à six heures. Sauf qu’il n’avait pas où aller après le gardiennage pour se reposer ou faire autres tâches durant la journée : de sept heures à dix-sept heures, il y restait donc pour la journée également.
 Il comprit que le travail journalier était aussi rentable en fonction de l’énergie fournie. Il faisait tout pour pouvoir gagner d’argent venu de sa propre sueur.
 Le chemin de la réussite renferme assez de difficultés, pour réussir, il faut parfois accepter de souffrir. Lorsque l’équipe des maçons devait travailler, il se considérait maçon capable de doser, d’approcher des briques et de servir les ouvriers. Lorsque l’équipe des menuisiers devait travailler encore, il se convertissait de maçon en menuisier, pourtant il n’avait pas la capacité de faire un travail professionnel, mais le travail physique était son point fort. Lorsque les électriciens devaient travailler, il trouvait des tâches à faire avec eux pour avoir un peu d’argent. Il faisait cela avec tous les corps professionnels qui y passaient. Même quand c’était le tour des plombiers, il tenait des tuyaux, perçait des trous pour eux 1 afin d’avoir un peu de nem-nem . Il arrivait des moments où les matériaux finissaient, pour leurs transports, il était
1 l’argent
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