Les Incroyables Aventures de l ours canadien Chicoutoumi
324 pages
Français

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Les Incroyables Aventures de l'ours canadien Chicoutoumi , livre ebook

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Description

« Et puis un jour, mes parrains se réunissent en une sorte d'assemblée solennelle. Ils exigent ma présence. — Voilà, depuis quelque temps, nous, tes pères spirituels, pensons que l'heure est arrivée pour toi de partir vivre ta vie. Tu ne peux plus rester parmi nous. Tu sais que cette décision provoque en nous une grande peine. Tu dois à présent partir te confronter au monde de là-bas. Rassure-toi, tu restes dans nos cœurs. Tu égaies nos journées de ta présence. Tu es un être qui sort du commun, personne ne te ressemble, mais attention à toi ! La jalousie, les envies, un monde cruel, t'attendent. » De la forêt où il a été élevé par des hommes à sa découverte de la vie urbaine, de l'anonymat à la célébrité, de l'Amérique à l'Europe, le roman d'Alain Lonardi suit les déambulations, rencontres et mille existences d'un ours de Gaspésie confronté à une bien étrange espèce humaine. Placé sous les signes de la fantaisie et de l'étonnement, de l'humour et de l'originalité, ce périple aux accents de conte renverse gaiement les perspectives et offre, pour le moins, un dépaysement total à son lecteur !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 août 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342054521
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Incroyables Aventures de l'ours canadien Chicoutoumi
Alain Lonardi
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Les Incroyables Aventures de l'ours canadien Chicoutoumi
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 

 
 
Introduction
 
 
 
Le Canada est le pays des surprises. Chaque jour, quelques nouvelles découvertes viennent s’ajouter à l’originalité de cette terre, qui n’est pas faite comme les autres.
Il était une fois, une aventure peu banale, fort invraisemblable, qui mariait contes, légendes et réalité. Elle courait de bouche en bouche pour le plus grand plaisir des petits et des grands. Mais aucun chroniqueur officiel n’en parlait. Pour quoi faire ? D’après eux, seuls les hommes savent parler et ressentir des émotions.
Nous, nous allons découvrir la véritable histoire de Chicoutoumi.

 
 
 
 
 
D’après nos calculs, cette histoire ne remonte qu’à une centaine d’années, voire moins. La vérité semble incroyable, voire irrecevable pour des esprits rationnels.
Dans les vieilles légendes indiennes, on jase sur cet épisode rocambolesque concernant un ours quasiment immortel, parlant le langage des « deux-pattes », c’est-à-dire celui des humains.
Les vieux, les très vieux indiens algonquins, se souviennent qu’il y a bien longtemps, un garçon était né trop poilu pour être un homme, bien qu’il babille. Les chamanes du pays surent alors qu’un événement d’une portée extraordinaire allait bouleverser le quotidien de la forêt.
On considère l’ours brun comme l’ancêtre de l’homme, ou plutôt comme un homme sauvage avec le statut d’être humain. L’ours qui nous intéresse en particulier n’est pas un simple baribal, mais une colossale puissance en poils et en muscles. Pour tout vous dire, un jeune grizzli en pleine croissance.
Le chamane Hiawatha, réputé à des lieues à la ronde, se chargea de son éducation après l’avoir adopté. On respecta le choix de ce disciple, même si cela semblait curieux. Vous pensez, un ours ! Mais ici, dans la forêt canadienne, nous ne sommes pas très regardants sur les relations entre voisins.
Les gens étaient tout de même troublés quand il s’approchait sans bruit. Il était là, tout près. Les bûcherons, les trappeurs à la retraite, le connaissaient bien, et se gardaient de trop le taquiner, on ne sait jamais…
Chose impensable, il parlait. Bon, et alors ? Quand on est seul dans la forêt, on apprécie toujours de faire un petit brin de causette. En plus, il était poli, respectueux de votre propriété, plein de retenue dans sa gourmandise.
Les riverains lui donnaient pas mal de sobriquets : l’oursillon Martin – trop classique –, Teddy – d’une banalité très américaine.
Un jour, après de colossales agapes entre quatre riverains comme on en a l’habitude au Canada, ils décidèrent d’un commun accord que leur ours s’appellerait « Chicoutoumi »… Je vous raconterai plus tard cet épisode. Chicoutoumi, cela sonne bien à l’oreille, n’est-ce pas ? Et puis il existait une possibilité de créer des variantes, comme « Chicou » tout court. Encore mieux, « Toumi », peut-être plus tendre.
Curieusement, avec le temps, ces hommes frustes et solitaires s’attachèrent de plus en plus à sa présence. À présent, il faisait partie intégrante du paysage, de leur famille. Le voir les réconfortait, son absence les inquiétait. Donc, après de grandes libations copieusement arrosées, ils le baptisèrent Chicoutoumi et décidèrent, en outre, de devenir « parrains ».
Je vous rappelle le rôle véritable du parrain : c’est de s’occuper de son filleul comme un père de substitution. Ainsi, notre ami se retrouva sous l’aile de quatre parrains et d’un maître chamane.
 
 
 
Le chamane
 
 
 
Moi, Hiawatha, chamane, je me suis pris d’une grande affection et de tendresse pour ce petit. Je l’initie à mes connaissances. Je présage pour lui un destin hors du commun parmi les hommes. Voilà plusieurs années que je le considère comme un fils.
Âgé d’environ 1 369 ans, je suis considéré comme le plus prestigieux chamane d’Amérique du Nord. Tous m’honorent car j’apporte des solutions aux doutes et de l’espoir. Mes oracles et prophéties se transmettent de génération en génération, de tribu en tribu. On me prête la faculté de me métamorphoser en ours, en loup, en hibou, de régénérer les membres amputés, de voir à travers la forêt ; je connais tous les gîtes, tous les abris des habitants. Mes oreilles perçoivent tous les langages. Pourtant, j’évite d’exploiter la terreur ou l’admiration de mes auditoires.
Un jour, dans une grande arrogance, il y a bien longtemps, mon orgueil a défié les dieux. Ceux-ci, pour me punir, m’ont condamné à l’immortalité.
Ma terre natale, appelée à présent Sibérie, est loin, très loin, au-delà de la mer. Par vanité, j’ai voulu prouver la possibilité de vaincre le grand passage afin de voir le monde.
Une nuit d’hiver, habillé de mon costume sacré, j’ai traversé le grand détroit que vous appelez Béring à marche forcée. Les grandes îles Diomède m’ont abrité de la colère des dieux. Pendant un mois, la tempête a hurlé de rage contre ma folie. Les éléments en furie ont conservé comme droit de passage deux de mes doigts et mon nez ; pourtant, j’ai résisté. Des hommes m’ont nourri, ont partagé la chaleur de leur foyer. Ils pensaient que j’étais une divinité sortie de la glace…
Le chamane, revêtu de son costume sacré, représente une véritable hiérophanie et cosmographie, liaison entre le profane et le spirituel. Les pans de son vêtement sont recouverts d’ornements métalliques. Pendant les danses sacrées, ceux-ci produisent des bruits lancinants et monotones. Dans le dos du costume, les rubans ou lanières en cuir souple représentent les esprits qui accompagnent le chamane dans ses voyages dans l’au-delà.
Lors de ce rituel, il sort d’une boîte ligneuse pleine de boulettes sombres et invite son disciple à les consommer : « Tiens mâche et avale, nous rejoignons les divinités, les génies désirent te connaître. »
 
 
 
L’ours
 
 
 
Plus je vis avec lui et plus ses paroles deviennent compréhensibles. Tout petit, on décrypte vite les différentes mimiques du visage, le jeu des doigts, des mains. Tout est langage.
Les premiers temps, mon père adoptif m’a nourri avec grande difficulté, mais avec patience. Je le suis partout, attentif et curieux. Chaque matin, après un déjeuner de pain sasopakwejigan accompagné de sirop d’érable, nous partons dans la forêt pour cueillir des herbes, écouter les habitants de la forêt, les ruisseaux. Apprendre en silence, regarder. Derrière chaque arbre, au loin, il y a un autre monde ; la ville, avec le bien et le mal.
Mon père me dit toujours : « Reste toujours sur tes gardes, comprends-tu ? » Et puis un beau jour, je comprends tout ce que mon maître me dit : « Une partie de ma tâche s’achève. Je sais que tu es élu pour vivre une grande histoire. À présent, tu parles à nos amis les animaux, tu connais les secrets de Mère Nature. À présent, regarde les hommes, apprends leur langage. »
Il me reste à découvrir les deux-pattes, ces bêtes curieuses, pleines de contradictions, dangereuses et parfois tellement candides.
— Tu es doué, le disciple surpasse le maître !
Père invite les plus proches voisins, c’est-à-dire des parents, pour des libations. Je vous les nomme car ils sont devenus mes mentors : Tendre Jasmin, un homme habile de ses mains, qui se présente toujours comme un prestataire de services… Lebec Marion, ancien recteur d’un bout de terre austère de Bretagne. Amilcar Niaiso, grand joueur et tricheur devant l’éternel. Hippolyte Papé, l’homme le plus ingénieux de la région ; il possède une des plus grandes caves à vin et spiritueux d’Amérique du Nord. En fait, mes parrains constituent une vraie palette du genre humain.
 
 
 
Tendre Jasmin
 
 
 
Dans le temps, on les appelait « bravos », « spadassins », « fripouilles », « desperados », « bandits » et, en termes plus actuels ou modernes, « tueur à gages ». Bref, un honnête assassin, très admiratif du courage et de l’audace. Notre homme est un peu spécial, ancien aviateur de l’aéronavale, cultivé, en possession d’une licence de chimie (toujours très utile pour fabriquer des bombes artisanales), polyglotte pour la clientèle étrangère. Il est aussi propriétaire d’une entreprise de pompes funèbres et d’une concession d’exploitation de forêt. Mélomane averti à ses heures, son morceau favori est le mouvement allegro de la Danse macabre de Saint-Saëns.
Dans son travail, c’est un artiste. Personne ne l’accuse d’être un bourreau sans cœur ; d’ailleurs, de telles allégations l’offusquent. Quand il expédie un client ad patres, il le fait avec soin et diligence, très proprement, cela évite les soucis de teinturerie pour les héritiers. Il ne travaille jamais brutalement pourtant, dans le métier, on le compare à un AOC de l’assassinat. Bref, le meilleur tueur de la planète, mais croyez bien, à présent, le métier comporte une importante concurrence acharnée pas toujours innovatrice, cochonnant le travail.
Comble de bonheur : parrain Jasmin connaît ma gourmandise. À chaque retour de voyage, il me rapporte une douceur au miel : un vrai régal.
Quelquefois, la mafia le sollicite pour des menus travaux de recouvrement de dettes et de clôture de compte. Un homme énigmatique.
À présent, je comprends la valise prête en permanence. La tenue toujours

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