Les Fourberies d Arlequin
66 pages
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Les Fourberies d'Arlequin , livre ebook

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Description

Sous le pseudonyme d'Éléonore de Valynohr, l'auteur signe avec Les Fourberies d'Arlequin un premier recueil de nouvelles réalistes, axé sur la lâcheté humaine. Sur l'indifférence, sur l'amitié, sur la beauté – parfois toute simple –, sur la maladie, sur la solitude, sur le désespoir, l'espoir, le mensonge, les doubles vies, si fréquentes, dissimulées ou pas, à notre époque. Des moments de vies croqués sans indulgence, sans fioritures, sans illusions, sans hypocrisie – rien de dramatique dans tout cela, rien de nouveau non plus, l'hypocrisie n'est pas, comme le mal de dos, un « mal du siècle » : elle est et sera toujours – mais avec tendresse, sensibilité, amour, une fidélité à des valeurs désuètes, oubliées ou simplement risibles pour les plus basiques... Contre des mentalités étriquées et des préjugés périmés, l'auteur livre au final un puzzle composant un hymne à la vie – celle de monsieur et madame Tout-le-Monde –, puisque tout ceci, ces passions, ces sentiments, ces non-dits, en sont partie intégrante !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342057126
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Fourberies d'Arlequin
Éléonore de Valynohr
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Les Fourberies d'Arlequin
 
Les personnages de ce livre sont tous fictifs.
Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite.
 
Pour des amis indispensables, dans le désordre :
Estelle, Jojo, Nathalie, Michel, Kate, Sylvie, Gaëtan, Myst…
et quelques autres.
À tous les Jean-Hugues et Jéromine du monde…
et ils sont nombreux !
Merci de leur indéfectible soutien, de leur patience,
de leur amitié, de leur humour.
« Avant de briser un cœur, regarde si tu n’es pas à l’intérieur ».
 
 
 
« C’est une chose étrange, à la fin que le monde…
… Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau, le vent, la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant… »
Aragon
Noël
Noël. La fête des enfants. La fête des cadeaux. La fête des chocolats, des huîtres, du foie gras, des chapons, dindes, et bûches… La ronde des tables en folie, des excès alimentaires, des décorations clinquantes, des sapins sacrifiés, des parfums, des files d’attente dans les magasins, des réunions familiales parfois uniquement annuelles, de leurs sempiternelles conversations… c’est la gloire d’un bonhomme habillé avec plus ou moins de réussite et plus ou moins de crédibilité d’un manteau rouge, portant une hotte de présents factices sur son dos, distribuant, pour se faire de l’argent de poche, des baisers à des enfants dont il n’a que faire, et posant avec eux pour des photos dans les rues, les boutiques, les écoles maternelles, les associations…
Noël, c’est aussi, cependant, la fête de la naissance d’un Enfant-Roi venu délivrer un message d’amour et de paix. Plus de deux mille après, le monde en parle encore, mais personne n’y a rien compris.
Que dirait cet enfant, s’il revenait ?
Noël, c’est aussi la fête des familles unies. Celles qui se retrouvent dans la joie, à l’occasion de cet évènement entre des grands-parents émus, des enfants devenus adultes, des petits-enfants ravis autour de paquets enrubannés, avant ou après un repas fin et un service religieux émouvant.
Noël… mot magique pour les uns.
Noël… mot honni pour les autres.
Noël.
C’était Noël.
Emmanuelle, assise à la table, souriait. Elle se taisait. Chaque année, le quasi même menu. Chaque année, les mêmes conversations. Elle se laissait porter par ces voix, souriant au hasard, dans le vide, hochant la tête, acquiesçant ici ou là, remerciant automatiquement, refusant d’un geste, félicitant d’un mot gracieux, écoutant distraitement, en ayant l’air attentive…
Elle n’était pas là.
Tout le monde était vêtu avec recherche. On ne badinait pas, dans la famille, avec Noël : les dames en tenues très « classes », avec bijoux et maquillage savants, les messieurs également très élégants. Même les enfants étaient déguisés en petits Lord Fauntleroy. L’aînée de ses petites-filles s’occupait de la plus jeune, avec affection et sa gentillesse coutumière. Le garçon, de son côté, énervé, jamais satisfait, se montrait parfaitement odieux et exaspérait prodigieusement et sa grand-mère et son Parrain…
Elle n’était, n’avait jamais été, une « mamie gâteau ». Elle aimait ses petits-enfants, certes. Mais ils vivaient géographiquement loin d’elle et, lors de leur naissance, et même avant, elle s’était promis de ne pas trop s’y attacher, sachant combien cela lui serait douloureux, sinon… elle se connaissait. Il s’agissait d’une mesure de protection vis-à-vis d’elle-même. Elle s’y était, jusqu’alors, assez bien tenue. Du reste, dans la famille, les « enfants-rois », tellement courants désormais, n’étaient pas de mise. Elle aimait, mais elle éduquait, reprenait, punissait si besoin était. Et tout le monde s’en portait bien.
Même son diable de petit-fils… qu’elle adorait, au fond, et la faisait craquer.
Elle était une Mamy. « Granny », disaient-ils. Pas une Nounou que l’on pouvait sonner à satiété n’importe quand. Elle avait élevé et éduqué ses propres enfants. Chacun son tour.
Elle s’était retenue d’aimer. Jusqu’au jour où… Dans une réunion d’amis, elle avait croisé Alexandre.
Alexandre. Ses yeux verts, son sourire taquin, ses plaisanteries, son humour, ses reparties, leur osmose immédiate, ce regard qui cherchait le sien, ses reculs, ses tergiversations, sa légèreté, sa désinvolture, son indifférence. Son aveu, un jour de printemps, d’un amour qu’il ne pouvait plus taire, sa délicatesse, sa douceur, sa tendresse… Alexandre. Son amour.
Leur souffrance. Leur bonheur.
Il était marié. Inféodé à une épouse tyrannique.
Elle l’était aussi. Liée à un époux autoritaire et violent.
Tout les séparait. Il était plus jeune qu’elle. Cela la gênait considérablement. Lui, affirmait s’en moquer. Était-ce vrai ?
Alexandre, son amour, sa vie.
 
Emmanuelle rêvait. Son corps était à table, mais son esprit, son cœur et son âme étaient ailleurs.
Son fils, qui l’observait à son insu, depuis un moment, tout en devisant, lui demanda soudain : « Es-tu en « mode silence », Maman ? ».
Elle sursauta légèrement. Puis se mit à rire.
« Mais non, je vous écoute ! ».
Elle se reprit, s’efforçant de participer à la conversation.
Et s’aperçut que cela ne l’intéressait plus.
Elle allait les quitter.
Sa décision était prise.
Elle partirait, vivrait seule. Un jour, Alexandre viendrait la rejoindre. Ils vivraient ensemble. Tant de fois, il le lui avait dit. Tant de fois, ils avaient fait, en rêvant à deux, des projets d’avenir en commun.
« Nous irions dans le Midi… là où il y a des lavandes en fleur… là où les gens chantent en parlant… nous irions en Italie… nous irions… »
Ils en riaient. Emmanuelle y croyait.
Il fallait juste que l’un des deux se décide à franchir le pas. Ensuite, bien évidemment, l’autre suivrait. C’était inéluctable.
Elle savait qu’elle allait perdre ses enfants, sa maison, son statut de femme mariée, respectée et respectable, sa position dans le monde – ce monde était-il encore le sien ? – ses amis, sans doute… qu’elle deviendrait honnie, un sujet tabou, d’opprobre, de haine et de mépris. Mais sa décision était prise.
Elle ne pouvait plus vivre ainsi.
Sa vie, c’était Alexandre. Elle vivait pour lui. Par lui.
Repartir à zéro, ailleurs, loin de chez eux, mais ensemble.
Elle ne craignait pas de partir avec lui n’importe où, pourvu qu’il y fût et qu’il lui tienne la main.
Elle n’existait que par lui. Sans lui, elle était perdue. Désespérément seule.
Au fond d’elle-même, elle se disait que ses fils lui manqueraient. Elle les aimait. Mais s’ils l’aimaient, ne souhaiteraient-ils pas qu’elle soit heureuse, complètement heureuse ? Elle entretenait, en son for intérieur, l’espérance qu’un jour, ils accepteraient son départ, qu’ils comprendraient que cela ne leur enlevait rien, à eux, que sa tendresse à leur égard demeurait intacte.
Ce n’était pas la mère qui partait.
C’était l’épouse.
Elle les regarda tous, un par un, gravant des attitudes, des mots, des expressions, des gestes récurrents, des regards, des sourires, ce geste de son second fils de poser une main sur son bras, lorsqu’il lui parlait, dans une attitude familière et affectueuse… elle savait, désormais, que ce serait son « dernier » Noël avec eux.
Elle en avait assez de se « couper » en deux.
Sa famille d’un côté.
Alexandre, son amour, de l’autre.
Il fallait trancher. Non pas choisir, mais trancher.
Elle s’apercevait, non sans une immense détresse, qu’elle pourrait vivre sans eux.
Mais pas sans lui.
Était-elle indigne ? Était-elle abominablement égoïste ? Était-elle une femme dépourvue de tout sens maternel, moral, religieux, rejetant ses devoirs et ses engagements ?
Non. Elle pensait que non.
Elle avait élevé ses enfants. Elle les avait aimés. Elle les aimerait jusqu’à son dernier souffle.
Son époux ? Non, elle ne l’aimait plus. La fragile enveloppe de tendresse qui avait longtemps subsisté entre eux volait en éclats. Il ne l’aimait plus non plus, même si, pour lui, cela restait « pratique » de rester ensemble, pour des tas de considérations matérielles et, surtout, pour sa hantise du « qu’en-dira-t-on ».
Et là, au milieu de ce déjeuner familial, elle prit sa décision, irrévocable, brutale et évidente, soudain. Elle partirait. Elle quitterait une existence somme toute confortable, une situation « établie », un rang social parfois envié, parfois haï, parfois dénigré, parfois moqué.
Elle les regarda tous. C’était la dernière fois qu’elle les voyait là, tous ensemble, autour d’elle. Oui, elle les aimait. Non, elle ne les reniait pas. Demain, elle le savait, ils la haïraient.
Les démarches matérielles n’avaient jamais été son fort… Son époux, jusqu’ici, s’occupait de ce genre de choses, et cela l’arrangeait, autant lui qu’elle. Emmanuelle détestait « les paperasses », les chiffres, l’administration et les inepties du genre.
Elle se fit violence, cependant, et entama des recherches pour obtenir un logement, consulta un avocat pour une séparation de corps et de biens, demanda, par son biais, des aides matérielles dont elle n’avait, jusqu’ici, jamais eu trop à se soucier, critiquant même, parfois, « ceux qui en vivaient abusivement ».
Ses fils eurent la réaction prévue. L’aîné lui tourna le dos, refusa de lui parler, de lui répondre au téléphone, la rejetant de sa vie.
Le cadet afficha une incompréhension désolée et douloureuse, pire que des reproches… « Je ne puis cautionner cette attitude, Mummy, lui dit-il, employant à dessein une

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