Les femmes du Duer
138 pages
Français

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Les femmes du Duer , livre ebook

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Description

Henry-Pierre Troussicot, originaire de Saint-Georges-de-Pointindoux, tient à ses attaches vendéennes qu’il nous a contées depuis son premier recueil : Ceux des bords de l’Auzance. Pour ce sixième roman, il s’aventure en terre bretonne où les préjugés ne sont pas moins tenaces qu’en Vendée.



– Mais qui sont ces femmes du Duer ?



– D’où viennent-elles pour ainsi attiser la curiosité ?



– Pourquoi se sont-elles installées dans ce village retiré ?



– Que cachent leurs noms d’emprunt ? Mercédès ou Brigitte ? Carmen ou Camille ?



– Pourquoi vouloir vivre « à l’ancienne », au lavoir, au puits, réchauffées au seul feu de la cheminée, en marge de la société ?



– Et ces silhouettes que l’on croit deviner, s’étreignant derrière les rideaux fermés, la nuit tombée ?


Dans la presqu’île, les langues vont bon train sur ce couple de sorcières, du facteur au maçon, du couvreur aux commères, des bigotes aux mégères, soudain dérangés dans leurs habitudes et leur bien-pensance. La bêtise et l’intolérance ne viennent pas toujours d’où l’on croit.


Il faudra un drame dans l’anse abritée pour comprendre que, derrière les masques des uns, des unes comme des autres, se révèlent tendresse, générosité et solidarité.



Brossée à petites touches, dans des paysages lavés d’embruns traversés de nuages d’oiseaux migrateurs, des vasières iodées au fil des marées, c’est une leçon d’humanité que nous offre le tableau coloré d’Henry-Pierre, entre terre et mer.




Florence Regourd

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9782493320070
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Légal
Avertissement aux lecteurs de la presqu’île de Rhuys.
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Henry-Pierre Troussicot

 

Roman

 

 
 
Tous droits réservés. Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

© Vent des Lettres, 2022

 

ISBN ebook 978-2-493320-07-0

 

ISBN papier 978-2-900940-51-8

 

Couverture ©  Aquarelle de Loÿs Troussicot  

 

 
 
Avertissement aux lecteurs de la presqu’île de Rhuys.

 

 

Résidant occasionnellement à Saint-Colombier de Sarzeau, j’ai situé ce roman Les femmes du Duer dans cet environnement qui m’a séduit.

J’ai néanmoins pris de grandes libertés avec les lieux. Ne cherchez pas la maisonnette du Kério en bordure de l’ancienne voie ferrée Vannes-Port-Navalo, celle-ci passait très à l’écart du Duer. S’il y a bien un lavoir dans ce village, il est très éloigné des bords du golfe, de la même façon que les vasières du chemin de Ludré, au-delà de Saint-Colombier.

J’espère avoir restitué l’atmosphère et l’agrément de cette anse sud du golfe du Morbihan, des grandes qualités et petits travers du caractère de sa population qui pardonnera au vendéen que je suis d’être venu picorer sur leurs terres et marais.

C’est aussi un petit hommage que je rends aux amis de mon père de Saint-Gildas et Sarzeau, les Sevestre, Quilévéré, Le Bihan ou Guézel… que j’ai appréciés dans mon enfance.

 
 
La tolérance est une vertu
qui rend la paix possible…
 
Kofi Annan
Prix Nobel de la Paix 2001
 
 
 
 
À tous ceux qui assument
leur différence ou leur préférence
sexuelle ou religieuse
face aux insultes des « honnêtes gens »,
à leurs esprits étriqués
à leurs jugements intolérants,
et à leur « pensée unique »…
 
 
HPT
 
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À la fin du mois de juin, deux jeunes femmes, une brune et une blonde, accompagnées d’un homme décontracté dans l’allure et l’habillement, visitaient une petite maison et foulaient les herbes hautes du jardin. Ils étaient suivis d’un autre homme en tenue de ville, costume, chemise blanche et cravate qui paraissait être le propriétaire des lieux et guidait les trois visiteurs.
En réalité, il s’agissait d’une maisonnette de passage à niveau, appartenant toujours à la SNCF, que le représentant de la société faisait visiter en vue de la vendre. Les deux femmes étaient charmées par l’ensemble. L’homme, frère de l’une d’elles, était plus pragmatique. Il voyait la saleté qui s’était accumulée depuis des années, les toiles d’araignées descendant des plafonds, et les traces de moisissures qui séchaient dans quelques coins de murs et sous les rebords de fenêtres. Deux carreaux, pourtant protégés par des persiennes en bon état, étaient cassés. À l’extérieur, le portail ne tenait plus sur ses gonds rouillés. Le vendeur fit remarquer qu’il s’agissait d’une bonne occasion et que le prix était en conséquence. Cependant, il avait noté les remarques et il s’engageait à faire nettoyer, à réparer les vitres et le portail dès qu’un engagement d’achat serait signé. Il précisa également que, par sécurité – c’était la règle –, toutes les serrures seraient changées et que les grandes herbes du jardin fauchées.
 
*
 
Deux mois plus tard, le petit camion de location gris bleu Peugeot des années 60 s’était garé en marche arrière dans la cour de la maisonnette.
C’était la brune aux cheveux raides très courts, où perçaient quelques fils blancs la rapprochant de la quarantaine, qui conduisait. Si ce n’avaient été ses formes féminines bien dessinées, on eut pu la confondre avec un homme. Grande et carrée, on la sentait robuste sous un pull « camionneur », en brodequin caterpillar et jeans vague. Légèrement plus petite et semblant plus frêle, la blonde, peut-être décolorée, aux cheveux rassemblés en queue de cheval, suivait au volant de la Renault 4L beige, pleine comme un œuf. Elle portait une veste bleu ciel, également sur un jeans plus moulant et baskets bleues marine aux pieds. Ni l’une ni l’autre ne faisaient effort de toilette et ce ne devait pas être le budget maquillage qui grevait leurs comptes en banque.
Les deux femmes s’installaient dans la maisonnette de l’ancien passage à niveau du Kério. Lorsqu’elles vidèrent les véhicules, il fallut se rendre compte que la « petite blonde », sans doute plus jeune de quelques années, avait une force assez exceptionnelle en fonction de son gabarit.
Elles avaient réussi à acheter cette petite maison à l’abandon depuis plusieurs années. La fermeture de la voie ferrée entre Vannes et Port-Navalo était intervenue en 1948. Les gardes-barrières l’avaient occupée jusqu’au début des années 1960, puis quittée pour le confort d’un appartement « comme tout le monde » dans les premiers collectifs de Sarzeau. Pendant plusieurs années, des marginaux ou nécessiteux y habitèrent. Il n’y eut, curieusement, aucune dégradation notoire.
Évidemment, lorsque le marché conclu avec la SNCF fut connu, quelques autochtones, qui n’avaient aucune considération pour la bâtisse, s’étaient montrés intéressés et fâchés que l’affaire profitât à des étrangères. Le café-tabac-journaux-dépôt-de-pain Chez Mathilde fut le théâtre d’échanges un peu vigoureux.
– Vous trouvez ça normal qu’une maison du village soit vendue sans qu’on soit prévenu ?
– Enfin, Adrien, tu aurais voulu l’acheter, cette bicoque ? Tu l’as toujours connue et tu n’y faisais même pas attention. Alors, qu’est-ce qui te gêne ?
– Je disais pas ça pour moi, c’est pour garder les jeunes au pays, bientôt y aura plus de Bretons !
Du fond de la salle, une voix éraillée se fit entendre :
– T’as raison, Adrien, l’État nous dépouille, ça devrait être interdit de vendre une maison ou un champ du Duer sans demander l’avis à tout le monde. On finira par être plus chez nous. C’est mon avis et j’ai raison !
– Écoutez-moi ce pauvre kargedoull (ivrogne). Tu risques pas de vendre quelque chose, on est même pas sûr que ta chemise ou ton chien sont à toi !
– Sans aller jusque là, c’est dommage qu’on n’a pas su que ça se vendait, je dis bien que ça aurait pu intéresser quelqu’un de chez nous, ça aurait pu !
Il y eut une clameur générale dans le bistrot. Depuis son comptoir, Mathilde intervint de sa voix de matrone pour ramener la paix.
– Oh ! On s’entend plus. Qu’est-ce que ça peut vous foute maintenant, la maisonnette est vendue ?
– T’as raison, Mathilde, enchérit un des belligérants – un certain Gwen –, même si c’est à des étrangères, ça renouvelle le paysage ! Et puis, ce que j’en dis : j’habite pas là et je passe jamais devant cette maisonnette en ruine.
Perfide, dans, la cohue, l’on entendit cette petite offense en direction de Gwen :
– Toi, du moment que tu auras deux paires de fesses de plus à lorgner, tu seras content…
Personne ne releva l’allusion, les avis divergents finirent par s’accorder sur le fait qu’aucun n’aurait voulu acheter la maison et, tout compte fait, c’était bien ainsi…
Ils finirent tous par trinquer.
Les femmes y allaient égalem

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