Les Enfants de la Pouillerie
76 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Enfants de la Pouillerie , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
76 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

"Les Enfants de la Pouillerie sont, en quelque sorte, la prose plus moderne et tangible des Misérables d'Hugo. Ils sont non seulement le reflet de l'Après-Guerre, du désastre, du chaos et de la peur ambiante, mais aussi de l'amitié et du courage. C'est mélancolique comme Balzac, c'est froid comme Zola. C'est, à n'en pas douter, le récit de jeunes dont le destin s'enchevêtre à celui d'Aubervilliers, la toute-noirceur de Paris, pourtant Ville-Lumière. Ces tranches de vie transportent le lecteur jusque dans le plus creux de la misère. Non pas dans le sens le plus commun, mais dans le sens le plus inopiné, spontané, vivant. C'est, en soi, une réalisation de ce que c'est, sans vulgarité ni fioritures. La pauvreté est un fait accompli, mais ici elle est à la fois tangible et subtile. On en ressort bouleversé. Les ombrelles s'envolent tandis que les murs se construisent, puis s'effondrent. C'est, ici, l'Aubervilliers de Jacques Prévert, celui des Gentils enfants d'Aubervilliers. L'histoire s'est fait connaître et, maintenant, elle a un nom."

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782958493127
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

"Les Enfants de la Pouillerie sont, en quelque sorte, la prose plus moderne et tangible des Misérables d'Hugo. Ils sont non seulement le reflet de l'Après-Guerre, du désastre, du chaos et de la peur ambiante, mais aussi de l'amitié et du courage. C'est mélancolique comme Balzac, c'est froid comme Zola. C'est, à n'en pas douter, le récit de jeunes dont le destin s'enchevêtre à celui d'Aubervilliers, la toute-noirceur de Paris, pourtant Ville-Lumière. Ces tranches de vie transportent le lecteur jusque dans le plus creux de la misère. Non pas dans le sens le plus commun, mais dans le sens le plus inopiné, spontané, vivant. C'est, en soi, une réalisation de ce que c'est, sans vulgarité ni fioritures. La pauvreté est un fait accompli, mais ici elle est à la fois tangible et subtile. On en ressort bouleversé. Les ombrelles s'envolent tandis que les murs se construisent, puis s'effondrent. C'est, ici, l'Aubervilliers de Jacques Prévert, celui des Gentils enfants d'Aubervilliers. L'histoire s'est fait connaître et, maintenant, elle a un nom."
LES ENFANTS DE LA POUILLERIE


Les gentils enfants d'Aubervilliers


JEAN-MARC CARON


© 2022 - 2023 Tous droits réservés - Jean-Marc Caron


ISBN : 978-2-9584931-2-7






Tranches de vie dans un quartier d’Aubervilliers, de 1954 à 1970.


À la mémoire de Christian Bernard, dit « La Globe ».

En souvenirs des copains : Éric, Jean-Marc, « Fred », et des curés : Pierre Hamel « Pierrot », Olivier Fradin, Bernard « Nanard ».

Je remercie Isabelle José De Melo, une ancienne « Enfant de la Pouillerie ».
Table des matières
LES ENFANTS DE LA POUILLERIE
JEAN-MARC CARON
LA ZONE
Vincent
1970
Le quartier
Le Fort d'Aubervilliers
Les jardins ouvriers
Le père Fontaine
Les petits loubards
La vie en sous-sol
Les "mobs"
Chacun sa cité
L'ENFANCE
1957
La belle époque
Noël 1957
Dieu n'existe pas
Promesses
La balade du diable
Chez tata
Les nuits
Tranches de vie
Un dur bien aimé
Une mégère pas apprivoisée
Un comique dans la cité
Les jeux
Joli Cœur et les autres
L'ADOLESCENCE
La cité
Violence dans la cité
Les copains
L'escalier
La Globe
Éric
Un brin de folie
Les premières P4
Mémé
Pierrot
Chez Pierrot
Nanard
Olivier
Pierrot et la Globe
Les soudures
Retour mouvementé
Joliot-Curie
Hiver 67
Chanson de l'eau - Jacques Prévert
Chemin du Halage
Les Enfants de la Pouillerie
Drame dans le canal
Glenmor
Le grand soir
La traversée de Paris
Le concert
Le bistrot
Sorties parisiennes
Dans le métro
Musée minéralogique
Les quais
La vieille dame
Jeunesse Ouvrière Chrétienne
La JOC
Dominique
Vacances de Noël 1970
Un anniversaire africain
Le grand départ
Le Pied du Col
Le chalet
Le ravitaillement
La fondue savoyarde
Fin des vacances
Drame dans le foyer de jeunes travailleurs africains
Les derniers mois
Gentils enfants d'Aubervilliers - Jacques Prévert
Vous plongez la tête la première Dans les eaux grasses de la misère Où flottent les vieux morceaux de liège Avec les pauvres vieux chats crevés Mais votre jeunesse vous protège Et vous êtes les privilégiés D'un monde hostile et sans pitié Le triste monde d'Aubervilliers Où sans cesse vos pères et mères Ont toujours travaillé Pour échapper à la misère A la misère d'Aubervilliers A la misère du monde entier Gentils enfants d'Aubervilliers Gentils enfants des prolétaires Gentils enfants de la misère Gentils enfants du monde entier Gentils enfants d'Aubervilliers C'est les vacances et c'est l'été Mais pour vous le bord de la mer La Côte d'Azur et le Grand Air C'est la poussière d'Aubervilliers Et vous jetez sur le pavé Les pauvres dés de la misère Et de l'enfance désœuvrée Et qui pourrait vous blâmer Gentils enfants d'Aubervilliers Gentils enfants des prolétaires Gentils enfants de la misère Gentils enfants d'Aubervilliers
LA ZONE

Vincent

1970
Le 30 juin 1970, Vincent quittait définitivement Paris, la banlieue, Auber. Il avait vécu son enfance et son adolescence dans la cité, une cité d'Aubervilliers, celle des 800, la cité Émile Dubois.
Depuis combien de temps Vincent n’est-il pas revenu dans ces lieux, en fait, depuis ce mois de juin, Vincent n'a jamais remis les pieds à Auber, ni ailleurs, ni nulle part où, de près ou de loin, il pourrait apercevoir une cité. Les seules cités que Vincent avait vues depuis tant d'années se dressaient de l'autre côté des vitres d'un train, toutes pareilles, grises, hideuses, repoussantes. Parfois, quelques tags magnifiquement colorés apportaient de belles notes d'espoir et de vie sur les murs gris, sombres, crasseux, pisseux, vides de joie et de bonheur.
Chaque fois, le même scénario se répétait. Un sentiment d'angoisse profond l'envahissait à l'approche des gares des grandes villes. La traversée des banlieues, la vue des grands ensembles, le regard levé vers ces centaines de fenêtres, éclairées ou éteintes, le plongeaient dans un malaise profond, nauséeux. Il se demandait toujours comment il était possible de vivre dans de tels ensembles, « les grands ensembles ». Ces gens : vivaient-ils vraiment, se contentaient-ils de survivre, savaient-ils qu’en-dehors de ces barres d’immeubles, de ces tours, existait une autre vie ? Vincent savait que beaucoup de familles avaient passé leur vie dans ces endroits. Certaines personnes y étaient nées, y avaient grandi, s’y étaient mariées, avaient eu des enfants et, cinquante ans plus tard, elles étaient encore là. Pourtant, en cinquante années, les quartiers avaient bien changé. Vincent n’était pas du genre à penser qu’avant, tout était mieux, non, loin de là, chaque époque connaissait son lot de violence, de tout temps cela a existé et existerait encore. Les blousons noirs des années 60 avaient laissé, dans sa tendre enfance, des souvenirs impressionnants. Des « bandes », durant son adolescence, s’affrontaient régulièrement et ces déchaînements de violence étaient insupportables aux yeux de Vincent. Sans parler de celle, quotidienne, dans les cours d’école, les bâtiments, les escaliers, pratiquement le quotidien. Non, vraiment : ce n’était pas mieux avant mais, aujourd’hui, c’est pire. Les quartiers ne sont plus malades, ils sont gangrenés. La maladie est née avec les cités. Les grands ensembles portaient déjà des germes infectieux. Pourquoi ? Parce que c’est invivable, la réponse est simple, du moins dans la bouche de Vincent. Invivable pour lui : c’est pour cette raison qu’en ce début d’été 1970, il quittait les lieux. Il n’avait que quinze ans.

Le quartier

Le Fort d'Aubervilliers
Le fort d’Aubervilliers est une ancienne fortification construite en 1840. Ce site militaire était destiné à la défense de la ville de Paris. En 1976, le fort fut aménagé et transformé en caserne de C.R.S., avec des tours destinées aux gendarmes. Plus tard, le fort connaîtra bien d’autres aménagements. De nos jours, de gros projets sont en cours : des travaux sont prévus jusqu’en 2030. N’étant jamais revenu à Aubervilliers, Vincent ne connaîtra jamais l'évolution de ce fort. Aujourd’hui, ce dont il se souvient, ce sont les grands murs qui entouraient la forteresse : de l'allée qu'il empruntait, gamin, c'était l'ancien chemin qui reliait Aubervilliers à Noisy Le Sec. Plus tard, ce chemin deviendra la rue du Fort. Sur la droite de l'allée, il y avait le terrain de football, le stade Marcel Cerdan, où il allait « taper » le ballon avec les mômes de la cité et, sur la gauche, les murs d'enceinte du fort. C'est de ce chemin qu'il regardait, tout en jouant au ballon, les manifestants rejoindre la Capitale en mai 1968. Ils venaient des nombreuses entreprises de la banlieue Nord, jusqu’au Bourget, et descendaient l’avenue Jean-Jaurès réunis dans d’immenses cortèges vers Paris.
Au fond, en longeant l'enceinte du fort, s'étalaient « Les Jardins ». Ces jardins juxtaposaient la forteresse jusqu’au-devant des Courtilières, une cité située sur Pantin, née elle aussi en 1954 comme Vincent pour endiguer la crise du logement. Les jardins étaient pris en étau entre le fort et le cimetière de Pantin.

Les jardins ouvriers
Les jardins se situaient derrière le fort d’Aubervilliers. Les jardins ouvriers des vertus, créés en 1935, étaient un poumon, une bouffée d'oxygène, un souffle vivant entre les villes d'Aubervilliers, de Pantin et de Bobigny. Les jardins ressemblaient à un véritable labyrinthe où une multitude de petits chemins terreux s'entremêlaient. Des cabanes fourmillaient dans ces dédales de petits sentiers. Elles se dressaient et se dissimulaient au creux de la végétation pour essayer de trouver un peu de discrétion, de repos. Ces cabanes ou, plus exactement, ces baraques étaient bricolées avec des planches de récupération qui, pour la plupart, avaient été soustraites à des chantiers voisins ; des tôles ondulées servaient de couverture, des cartons, des morceaux de plastique bouchaient les trous. Aux beaux jours, il n’était pas rare de voir des parasols fleurir au bout des rangées de légumes. Enfin, c'était bien là, c'était bien ça : le paradis paisible où des vieux solitaires, ou incompris, s'isolaient, marginaux écœurés et blasés par la vie, par bobonne, par les mômes, par les infos, par le bruit, par les feux rouges, par les camions qui, à quatre heures du mat’, font gueuler les freins, par la pétasse qui a manqué de faire sauter l'immeuble la tête dans le four de la gazinière avec un morpion dans le ventre qui, avant l'heure, verra le jour, blanc et squelettique à jamais, par celui qui s'est balancé du quatrième étage et a foutu un sacré merdier, la nuit, en s'empalant sur les grilles du square. Ah, les jardins : que c’était bon, les jardins !

Le père Fontaine
Vincent se souvenait du père Fontaine. Un homme d'une grande générosité qui partageait souvent ses récoltes. Il aimait offrir ses légumes aux amis, aux voisins, aux voisins de voisins qu’il ne connaissait même pas. Son jardin était sa grande fierté. Le père Fontaine était le plus

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents