Les Contes de Laoye
274 pages
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Les Contes de Laoye , livre ebook

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Description

« Ô Esprit du Grand Cerf, mon totem protecteur, intercède pour moi auprès de l’Esprit de la glace pour qu’il me laisse traverser son territoire même si je ne lui fais pas l’offrande rituelle ! Je t’ai si souvent offert le cœur et les yeux des cerfs que j’avais chassés ! Je t’en conjure, intercède pour moi auprès de l’Esprit de la glace ! Dis-lui que je dois rapporter la hache du commandement chez le Peuple Rouge afin qu’elle ne tombe pas entre des mains indignes. Je sais que l’Esprit de la glace est sans pitié et se plaît à éprouver ceux qui osent braver son autorité et sa toute-puissance. Mais ma vie n’a plus d’importance et je vous promets, ô Esprit du Grand Cerf et Esprit de la glace, de revenir sur le territoire de l’Esprit de la glace afin qu’il coupe lui-même la corde de ma vie dès que j’aurai accompli ma mission, dès que la hache du commandement sera en sûreté. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342001396
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Contes de Laoye
Claude Caillat
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Les Contes de Laoye
 
 
 
Pour contacter l’auteur : ourson.obstine@gmail.com
 
 
 
Chemin faisant
 
 
 
« Le renard se tut et regarda longtemps le Petit Prince.
— S’il te plaît, apprivoise-moi ! dit-il. »
 
Antoine de Saint-Exupéry

Laoye , chemin faisant, rencontra un renard.
 
— Bonjour Maître Renard, tu as l’air bien pressé ! Puis-je te photographier ?
— Bonjour, bonjour, as-tu vu un jeune garçon ?
— Un jeune garçon ? J’en ai vu plusieurs. À quoi ressemble celui que tu cherches ?
— Celui qui m’a apprivoisé, l’as-tu vu ?
— Si tu ne me dis pas à quoi il ressemble, comment veux-tu que je te réponde ?
— Tant pis, je continuerai mes recherches tout seul.
 
Le renard s’assit un moment avec Laoye le temps d’une pause casse-croûte. Il avait l’air très absorbé dans ses pensées et Laoye n’osait pas le déranger. Laoye écala son œuf dur et commença à le croquer. C’est le moment que le renard choisit pour formuler une nouvelle demande.
 
— S’il te plaît, dessine-moi un chameau.
 
Laoye manqua s’étouffer en avalant la moitié d’œuf dur qu’il avait dans la bouche.
 
— Pardon, que dis-tu ?
— S’il te plaît, dessine-moi un chameau.
— Mais je ne sais pas dessiner. Le seul dessin ressemblant que j’arrive à faire c’est un chat avec la queue en point d’interrogation.
— Ça ne fait rien, dessine-moi un chameau.
 
Pour essayer de contenter son nouvel ami Laoye sortit un papier et un crayon de son sac et dessina la seule chose qu’il savait dessiner : un chat avec la queue en point d’interrogation. Il tendit son dessin au renard.
 

— Non, non ! Ce n’est pas un chat que je veux, c’est un chameau. Un chat mourra de soif chez moi.
 
Laoye renonça à interroger le renard puisqu’il ne répondait jamais aux questions.

Soudain, tandis qu’il mangeait son sandwich au poulet, le renard se mit à parler et Laoye  finit par comprendre qu’il habitait sur une île déserte si grande qu’il fallait deux jours entiers pour la traverser. Et toute la surface était occupée par un immense désert. La maison du renard était à un bout de l’île et son jardin à l’autre bout à côté de la source. Il avait donc besoin d’un chameau pour aller chercher ses légumes et ses fruits dans le jardin.
 
Laoye  se creusa la tête et finit par dessiner un mur. Il le tendit au renard en disant :
— Tiens ! Ton chameau se repose à l’ombre derrière ce mur.
 

Le renard parut enchanté.
— Oh ! merci. Comme il a l’air gentil. Et si fort ! Il vivra longtemps sur mon île.
Le renard fourra le dessin dans son sac et partit tout guilleret sans même dire au revoir à Laoye .
Chat, chameau, Chamonix le 31 juillet 2011 – Laoye
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
L’autre face de la première ascension du Mont Blanc
 
 
 
Chapitre I
 
 
 
Je serai jamais grande. Je veux pas. C’est pas bien d’être grande. Le soir, quand elle croit que je dors, je l’entends pleurer, la Mère. Elle sait pas que je l’entends, mais moi je l’entends. Ils se disputent souvent avec le Père. Lui, il s’en va. Il prend son fusil et il s’en va dans la montagne. Parfois, il ramène une chevrette ou un chamois et on a de la viande pour longtemps. Parfois, c’est seulement un lièvre ou des perdrix. C’est bon, les perdrix, mais c’est moins gros qu’un chamois. Mais souvent il ramène rien. Que des cailloux qu’il va vendre à monchu Dolomieu ou à monchu Brochant à l’auberge de madame Couteran.
 
Quand il rentre, il va s’asseoir au coin du feu et il dit rien. Faut dire que le Père, c’est un taiseux. Il enlève ses souliers ferrés et il me demande ses socons. Faut pas traîner pour lui apporter ses galoches ! C’est qu’il est pas commode, le Père. Quand la Mère lui dit qu’elle peut pas y arriver toute seule, il répond pas. Alors, elle commence à crier parce que ça l’énerve. Elle lui dit qu’il ferait mieux de s’occuper des moutons, de rentrer le foin, de bêcher le jardin, d’aider son frère Dominique à réparer la chavanne de la Para qui menace ruine plutôt que de courir la montagne. Qu’elle peut pas tout faire et entretenir la maison par-dessus le marché pendant que, lui, il court la montagne au risque de se rompre le cou.
 
J’aime pas quand ils se disputent. D’abord, il répond pas. Il la laisse dire. Il a les yeux perdus dans le vague comme quelqu’un qui rêverait tout éveillé. Et, plus la Mère voit qu’il répond pas, plus elle crie fort. Qu’elle aurait jamais dû se marier avec un traîne chemins comme lui, un bon à rien incapable de s’occuper de sa famille. Moi, je vais me blottir dans le coin du pèle derrière l’armoire. C’est mon refuge. C’est là que je me cache quand ils se disputent trop fort. La Mère, elle crie de plus en plus fort et lui, il continue à se taire. Et puis d’un coup il sort de son rêve, il fronce les sourcils et il dit :
 
— Ça suffit Jeanne-Marie !
 
Alors elle s’arrête de crier parce que tout le monde en a peur du Père. Même les hommes du village ils ont peur de lui. Quand ils le rencontrent, ils le saluent mais ils parlent guère avec lui. On voit dans leurs yeux qu’ils le craignent. Quand il passe, ils s’arrêtent de parler. Et puis ils recommencent quand il est passé. Mais moins fort et en le guettant du coin de l’œil. Il y a guère que Jean-Marie Couttet qui parle avec lui. C’est son ami. Souvent ils partent ensemble dans la montagne.
 
À part Jean-Marie, il fait peur à tout le monde, le Père. Pourtant, il m’a jamais battue. C’est pas comme le père de Fanfoué qui distribue des taloches à ses enfants comme monchu le Curé distribue les hosties à la communion. Il est gentil, Fanfoué. Une fois, il m’a souri. Et quand les autres se moquent de moi, il se moque moins fort. Quand ils me lancent des boules de neige sur le chemin de l’école des Montquarts aux Bossons, les siennes sont jamais tassées. Il est gentil, Fanfoué. Quand je serai grande, je voudrai qu’il me protège. Mais je serai jamais grande. Je veux pas. C’est pas bien d’être grande.
 
 
 
Chapitre II
 
 
 
Un soir de juin il est rentré très tard. Il était très fatigué. Pourtant il avait l’air content. Quand je lui ai apporté ses socons, il m’a prise sur ses genoux. C’est pas souvent qu’il me prend sur ses genoux. Je me souviens d’une fois. C’est quand il avait ramené les mérinos. C’est des moutons. Ils font plus de laine que les autres. Nous, les Balmat des Bots, on est les seuls à en avoir dans la vallée.
 
Ce soir-là, il a dit :
 
— Viens ici, Cabrette. N’aie pas peur, je vais pas te manger. Quel dommage que tu sois pas un petit gars ! Tu pourrais m’accompagner quand je fais le guide pour monchu de Saussure ou monchu Dolomieu.
 
J’aime bien quand il m’appelle Cabrette. Mais j’aime pas monchu Chaussure. Je l’appelle comme ça parce que je l’aime pas. C’est à cause de lui que le Père va tout le temps dans la montagne. Parfois c’est seulement pour l’accompagner au Col de Balme, au Montenvers ou au Brévent. C’est parce que monchu Chaussure a promis beaucoup d’argent au premier qui trouvera le chemin pour aller à la Taupinière Blanche que je ne l’aime pas. C’est une montagne maudite. On dit qu’elle est pleine de démons qui font tomber des rochers et des avalanches sur tous ceux qui essayent de s’en approcher. Et qu’on les retrouve jamais. Ils guettent les hommes pour les faire tomber dans des trous de glace tellement profonds qu’ils arrivent tout droit en enfer. À cause de monchu Chaussure, il y a beaucoup d’hommes qui sont devenus fous dans la vallée. Ils passent leur temps à chercher le chemin. Comme le Père.
 
Il a déjà essayé avec Jean-Marie Couttet. Ils sont passés par le col du Géant. Dans la vallée il y a un géant. Il s’appelle Cachat mais tout le monde l’appelle le Géant. Une fois il est venu chez nous aux Pellarins et il a dû baisser la tête pour passer sous la porte. Lui aussi, il aimerait bien trouver le chemin. Le Père et Jean-Marie Couttet, ils ont réussi à échapper aux démons mais ils ont pas trouvé le chemin. Il y a deux ans, le Père avait déjà essayé par Miage de l’autre côté. Mais il avait pas trouvé non plus.
 
Parfois je me demande si monchu Chaussure c’est pas le diable. Il s’habille en monchu, il a beaucoup d’argent et il incite les hommes de la vallée à partir dans la montagne pour que les démons des avalanches les poussent dans des crevasses. Et puis il veut nous faire manger des pommes qui poussent pas sur des arbres mais dans la terre et qui ont des cornes comme le diable. Monchu le Curé dit bien que c’est pas vrai et que ces pommes de terre ont aussi été créées par Notre Seigneur. Mais je crois que monchu Chaussure a réussi à le tromper lui aussi. La preuve c’est qu’il a affiché sur la porte de l’église la promesse d’une récompense pour celui qui trouvera le chemin signée par monchu Chaussure. La Mère aussi elle pense comme moi que monchu Chaussure a ensorcelé toute la vallée, monchu le Curé compris.
 
Le Père, il était parti la veille et il nous avait laissées, la Mère, la marmotte et moi. La marmotte, c’est ma petite sœur. Elle avait deux semaines. Elle s’appelle Judith mais je l’appelle la marmotte parce qu’elle dort tout le temps sauf quand elle pousse des cris. Comme une marmotte. Quand elle est née, Jacquemine Coutterand, la mère-sage, a dit qu’elle poussait des cris de marmotte. C’est ce qui m’a donné l’idée.
 
Le Père, il est pas rentré le soir. C’était pas la première fois qu’il passait la nuit dehors mais à la nuit tombée, Jean-Marie Couttet est venu nous dire qu’il était res

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