Le Voleur d'âme , livre ebook

Edilivre - Jean-Yves Cazeaux

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42 pages

Français

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Extrait

Description

Jean-Yves, un homme timide et introverti, mène une vie solitaire entre rêve et réalité. Ne parvenant pas à établir un lien avec les autres, il reste en retrait et les observe, s'imaginant percer leur intimité. L'avènement des réseaux sociaux, véritable aubaine pour son commerce, le conduit à se créer un double virtuel pour arriver à ses fins. C'est là qu'il croise Julia, une jeune femme dont il tombe éperdument amoureux et qu'il va tenter de rencontrer. Parviendra-t-il à concrétiser son désir ? Le lecteur suit le courant des pensées du personnage entre fantasme, souvenirs et réalité tangible ou virtuelle.

Couverture : Photo par Timon Studler sur Unsplash

Sujets

Psychological

Fiction

Littérature

Informations

Publié par	Edilivre
Date de parution	31 janvier 2019
Nombre de lectures	0
EAN13	9782414320165
Langue	Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-32017-2

© Edilivre, 2019
1
Aussi loin que je me souvienne, c’est-à-dire vers cinq ou six ans, j’ai toujours été amoureux. Les filles me fascinaient par leur façon de faire les choses avec de la douceur dans les gestes, j’aimais entendre leurs rires, j’aimais leurs longues chevelures disproportionnées par rapport au corps. J’avais toujours une amoureuse. Je pensais à elle, ou plutôt à nous, en me couchant, avec l’espoir que mon rêve se prolonge toute la nuit. Je pensais à nous en me levant, avec la certitude de la voir bientôt en classe, espérant que l’on s’avoue enfin notre passion l’un pour l’autre. J’ai toujours été amoureux. De loin. Secrètement. Je n’ai jamais su comment le dire. Je suis trop nerveux, le visage rouge jusqu’aux tempes, la bouche tordue. Rictus qui voudrait être un sourire. Je bafouille, ma salive déserte ma bouche mais refuse de se laisser avaler. Je m’empêtre dans ma gaucherie. Et puis l’air que prend l’élue, un mélange de surprise feinte, d’effroi et de dégoût. C’est non. Alors je reste en retrait, j’admire de loin. Je rêve. Pas une vraie aventure, pas une seule histoire, jusqu’à Julia. Cette fois, c’est du sérieux, du concret. En apparence, cela pourrait paraître un peu fumeux, voir un brin barré. En apparence seulement. Julia… Je l’ai rencontrée sur internet, sur un réseau social. J’aime bien les réseaux sociaux, Facebook en particulier, j’y passe des heures.
Avant les années 2000 je m’installais à la terrasse d’un café, de préférence dans une rue passante. Pas dans un coin à touriste, je n’ai rien contre les touristes, mais ils sont plus difficiles à cerner, à moins de connaître les us et coutumes de leur pays d’origine. La signification d’un geste, le débit et l’intonation d’un discours, sans parler de la langue, tout m’est étranger, incompréhensible. Je choisissais plutôt un quartier un peu excentré, mais suffisamment animé. Je commandais un café et j’observais les gens, leurs manières, les bribes de paroles saisies au hasard. J’imaginais leurs vies, les liens qui les reliaient. Je prédisais les caractères, les personnalités, les particularités camouflées sous le costume. Je devinais les secrets, les fêlures derrières les masques, les failles. J’avais l’impression de les connaître. Peut-être mieux qu’ils ne se connaissaient eux même. Jusqu’à ce que, se sentant sans doute épiée, ma cible me fixe à son tour. Détourner vite le regard, prendre un air détaché, avaler une gorgée de café. Ne pas se retourner, à peine un coup d’œil rapide. Elle est repartie à ses affaires. Je t’ai eu. J’ai volé ton âme. Les femmes sont les plus compliquées à observer, il faut être très discret. Elles sentent très rapidement un regard posé sur elles, et elles vous dévisagent sans vergogne. Puis elles font une moue dédaigneuse et reprennent leur vie, en vous gardant à l’œil, prêtes à faire un scandale. J’ai dû m’enfuir, plusieurs fois. Je préfère les réseaux sociaux.
2
Je me suis beaucoup investi dans Facebook, ça m’a pris beaucoup de temps. Le premier écueil fût de choisir ma photo de profil. Je ne possède aucune version numérisée de moi-même dans mon ordinateur, je n’ai pas de smartphone, je ne fais pas de selfies. J’ai dû me débrouiller avec la webcam, il m’a fallu un après-midi entier pour réaliser un cliché correct. Ensuite j’ai créé une cinquantaine de comptes et autant de boîtes mails avec l’aide d’un vieil annuaire de 1972 acheté dans une brocante, et des portraits piochés au hasard sur le net ou numérisés à partir des publicités qui débordent des boîtes aux lettres des appartements inoccupés de la résidence. J’ai géré le tout avec un fichier Excel, ça m’a occupé pendant une dizaine de jours. Ma liste d’amis était enfin acceptable pour quelqu’un de mon âge. Ça m’a pris encore un bon moment pour avoir un journal crédible. J’ai établi une hiérarchie parmi mes amis. Seule une petite dizaine, triée drastiquement, interagit avec moi régulièrement. Une poignée d’intimes proches et quelques satellites éloignés géographiquement, avec qui j’échange des tags sur de supposées passions communes, des allusions à propos de bons...

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