Le Vieux Monsieur
148 pages
Français

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Le Vieux Monsieur , livre ebook

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Description


Le Vieux Monsieur est une ode à l’amitié liant l’auteure à Finn, un vieux monsieur, autrefois jeune entomologiste spécialisé dans la recherche des membracides (minuscules insectes aux formes et aux couleurs fantastiques) en Amazonie brésilienne, dans les années 1950/1980.


Chercheur passionné, il évoque ses années au cœur de la forêt vierge avec ses multiples richesses dans un Brésil aux innombrables problèmes socio-politiques et raconte sa rencontre avec Maud. Une jeune archéologue qui deviendra sa muse, l’entraînant dans un univers créatif où il dessinera une garde-robe extraordinaire à partir des formes et des couleurs de ces minuscules insectes, qu’il nommera : « La mode membracides ».


Au fil des jours, se tisse une merveilleuse amitié entre l’entomologiste et l’auteure. La pudeur qui protège les souvenirs, les bonheurs et les douleurs que la vie nous offre, tisse en nous les lianes murmurant une mélodie à ceux qui savent tendre l’oreille. Il y a la beauté et la folie de la jungle, la force de l’amour et de l’amitié.


N.B. : Ce manuscrit possède son double, illustré sous la forme d’un carnet de voyage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 mai 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342364347
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
client@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-36433-0

© Société des Écrivains, 2022
Exergue


À mes merveilleux amis
« Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité » Antoine de Saint-Exupéry
Les personnages
Finn (1926), entomologiste
Maud (1928), archéologue
Eugénie (1908), maman de Maud
Étienne (1906), papa de Maud
Alban (1907), oncle de Maud
Audrey, styliste, amie de Maud
Mariée à Donavan, scénariste (deuxième mariage)
Enfant : Iseline, fille d’une première union (filleule de Maud)
Élissandre, l’ami entomologiste
Marié à Laura, biologiste
Enfants :
Gregory, filleul de Finn, sociologue protection des Indiens,
Vinicius, biologiste protection de la flore
Eddie le guide
Marié à Joana
Enfants :
Juca et Chico, protection de l’environnement
Paolo le propriétaire de l’hôtel
Marié à Maria la cuisinière
Enfants :
Luís avocat, Carlos et Adriana associés à Vinicius
Paulette, aide-soignante de Finn
Nina, sœur de Paulette
João le poète jardinier
Tom le chat habitant chez Finn
Sabine la gérante du café
Yvonne la boulangère
Henriette la voisine curieuse
Et I-sac son teckel
Dona Rosa la couturière
Agostinho son mari
Rencontre
Je découvrais le tempo de la ville en passant le plus clair de mon temps, attablée au café bio « Chez Sabine » en face de la meilleure pâtisserie de la région. Le va-et-vient des piétons et leurs bribes de conversations m’hypnotisaient. Je m’isolais entre les pages de mon carnet en compagnie de mes croquis et mes notes. Un matin, je le vis arriver. Un vieux monsieur, à la stature moyenne, coiffé d’un panama à petit bord, vêtu d’une chemise blanche, d’un pantalon clair et d’une veste bleu marine dont la légèreté du tissu donnait l’impression qu’il n’était qu’un mirage. La peau légèrement teintée d’un voile caramel, les yeux bleu aigue-marine et les cheveux aussi blancs que la poudreuse de très haute altitude. Tout en lui était raffinement et discrétion avec une pointe de tristesse dans le regard. Il semblait échappé d’un conte et je voulais le découvrir.
Ce n’était pas encore midi lorsqu’il passa devant la table que je m’attribuais depuis deux semaines. Il entra dans la pâtisserie bondée de clients gourmands et attendit son tour. Il était magnifique. Je ne voyais que lui. Je le dévorais des yeux. Heureusement, je portais mes lunettes de soleil libellule. J’aurais voulu le photographier, mais je n’osais pas. Pourquoi photographie-t-on les indigènes uniquement lorsque nous sommes très loin de chez nous ? « Vous les Blancs, vous êtes des voleurs d’âmes », m’avait dit un jour un homme assis sur une caisse dans le port de Zanzibar. Il avait raison. À l’étranger, nous estimons que l’exotisme nous appartient.
Mon vieux prince quitta la pâtisserie avec à la main une jolie petite boîte cerclée d’un ruban rouge flamboyant. Je le regardai s’éloigner le long de la route piétonne en direction du quai. Les années n’avaient pas anéanti son élégance.
Je réglai mon cappuccino et décidai de le suivre tout en gardant une bonne distance, de peur de me faire repérer. Il ne marchait pas vite. Je pouvais jouer les touristes en contemplant le lac, les voiliers et les mouettes qui dansaient entre les portées musicales que formaient les mini-cumulus à la queue leu leu, comme sur les peintures de Hodler.
J’étais attirée par cet homme, par sa façon de se déplacer avec la légèreté d’un papillon et la discrétion d’un chat. Les années avaient érodé son corps lui donnant l’allure d’un beau livre secret. Je me voyais déjà en train de lire son histoire. Fantastique ou banale, elle se devait d’être calligraphiée à l’ancienne avec des encres de couleur sur un papier vélin. Une épopée rythmée par la beauté de quelques aquarelles et croquis.
Je désirais être l’élue qui aurait le privilège de voir et d’écouter sa vie. Mais on ne pénètre pas comme ça, du jour au lendemain, dans le palais d’un vieux prince. Je devais obtenir sa permission et je ne savais comment la demander, car l’âge et l’élégance imposent une distance.
Ce n’est pas une question de respect, car je respecte les pêcheurs du bord de lac et pourtant je me permets de leur parler sans invitation. Lui, il se détachait des autres et surtout des hordes de vacanciers, vêtus de l’uniforme peu stylé « casquette, marcel, bermuda, tongs et tatouages ».
Pendant que je le suivais, je gambergeais. J’attribuais la responsabilité de son apparente fragilité au nombre d’années. Je l’imaginais musicien ou poète. Il n’avait ni l’allure ravagée de Baudelaire, ni la stature de Victor Hugo. Son visage exprimait douceur et clairvoyance. Ma rêverie s’arrêta net. J’avais laissé trop de distance entre nous et il avait disparu au bout de la ruelle étroite bordée de vieilles maisons accrochées les unes aux autres. Quelques-unes avaient des fleurs aux fenêtres, d’autres les volets fermés. Certaines étaient rénovées, d’autres négligées, un peu à l’abandon. J’espérais l’apercevoir en épiant à travers la ferronnerie des portails ou entre les grosses fentes des portes en bois. Derrière les murs se cachaient de merveilleuses courettes recouvertes de glycine, de passiflore ou de vigne sauvage et des jardinets dans lesquels il était facile d’imaginer le chevalet de Pissarro. Contrariée par mon inaptitude à jouer les Sherlock Holmes, je continuai ma promenade. Les pavés, érodés aux formes irrégulières et manquant parfois ne me permettaient pas de marcher trop longtemps le nez en l’air. J’aurais voulu coller mes yeux sur toutes les boîtes aux lettres pour dénicher un nom qui aurait pu lui appartenir.
Je ne voyais que lui et je l’avais laissé filer.
Je rebroussai chemin.
Deux jours plus tard, en début de matinée, nous nous croisâmes à l’intérieur de la pâtisserie.
— Bonjour ! lui dis-je avec un grand sourire.
J’étais si heureuse de le revoir ! Il me dévisagea, sans doute surpris par tant d’enthousiasme, et me rendit poliment mon bonjour. De toute évidence, il n’éprouvait pas la même joie.
Mes origines italiennes ajoutées aux nombreuses années passées en Amérique du Sud me faisaient croire que tout être humain éprouve un ardent désir de communication. J’appris à mes dépens que la plupart de mes semblables ne s’intéressent pas vraiment à autrui ; sauf si celui-ci est une star, un bandit ou mieux encore, un collectionneur de mauvaises nouvelles.
De toute évidence, mon vieux monsieur n’appartenait à aucune de ces trois catégories et ne semblait pas être à la recherche de nouvelles connaissances. Timidité, réserve ou crainte des inconnus ? Toujours est-il qu’il ne prolongea pas la conversation et sortit de la pâtisserie avec à peu près la même petite boîte de mignardises que la fois précédente.
Était-il un bec à bonbons ? Partageait-il ces délicieuses gourmandises avec sa bien-aimée ? Bon, il ne frôlait pas l’orgie ! La boîte était minuscule.
Je restai plantée sur le pas-de-porte, avec mon enthousiasme évaporé. À vingt ans, l’audace qui m’habitait aurait trouvé de quoi le retenir et nous serions tout de suite allés boire un café. Convaincue que toute la clientèle de la pâtisserie avait compris la raison de mon désarroi, je sentis la chaleur colorer mes joues. Mais si l’audace m’avait quittée, l’entêtement demeurait intact. Je brûlais de curiosité d’avoir quelques informations sur cet élégant monsieur qui semblait être un client régulier. Je commandai mon croissant et dis en payant :
— Il est craquant, ce monsieur avec sa petite boîte, n’est-ce pas ?
Ma tentative échoua lamentablement. La patronne me répondit sans même me regarder :
— Oui !
J’attendis une éventuelle suite, mais rien de plus. Sans doute fallait-il un code d’habitué, une sorte de carte ou de certificat « CC » Croissant/Confiance pour obtenir les confidences de la patronne. De toute évidence, deux semaines à un petit pain ou croissant tous les matins n’étaient pas un investissement suffisant pour obtenir quelques indiscrétions.
Yvonne
Femme de cœur et de poigne, Yvonne tenait sa petite entreprise d’une main de maître. Ses employés très aimables filaient droit le sourire aux lèvres. Le parfum du pain qui embaumait toute la rue piétonne aurait redonné l’appétit à une tribu d’anorexiques. Si jamais les senteurs de croissants au beurre, de viennoiseries vanillées, caramélisées ou saupoudrées de cannelle, les fragrances de mandarine, cardamome, noix de muscade et bien d’autres épices encore s’avéraient insuffisantes pour vous faire succomber, il y avait la vitrine. Exposés comme les joyaux de la reine, les biscuits colorés, les galettes glacées, les bretzels, les millefeuilles arc-en-ciel et les chaussons aux pommes fondants et brillants excitaient vos papilles. Une fois les yeux posés sur ce présentoir à délices, vous n’étiez plus maître de vos actes. Pris au piège du désir, vos sens assassinaient votre résistance morale ou diététique et vous étiez comme télécommandé. Vous plongiez corps et âme dans le palais de la gourmandise.
Son magasin ne désemplissait pas. Cafés et tea-room de la ruelle avaient renoncé à toute concurrence et proposaient à leur clientèle de s’approvisionner en friandises salées ou sucrées chez « l’impératrice Yvonne » comme l’appelait Jean, le patron du PMU.
Dépitée d’appartenir à la catégorie des relations éphémères, c’est-à-dire n’ayant aucun droit aux cancans de quartier, je quittai le sérail des douceurs et allai boulotter mon croissant en buvant mon délicieux chocolat à ma table habituelle.
Le lendemain
Pourquoi cet homme m’attirait-il autant ? Était-ce son allure de poète un peu triste, son regard lointain ou l’étrange certitude qu’il devait avoir eu un parcours passionnant ?
La vie m’avait permis de croiser bien des personnes merveilleuses dont le destin avait consol

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