Le vicomte de Palanza
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Le vicomte de Palanza , livre ebook

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Description

Non loin du lac Majeur, au milieu d’une plaine aride et sèche, plus ou moins rêvée, se tient le village de Palanza. La terre par ici est dure et peu généreuse. Rien ne pousse hormis quelques pieds de vigne. Le vin qu’on en tire a le pouvoir de délier les langues. Un verre ou deux de ce breuvage et l’esprit s’envole laissant couler un flot de paroles ininterrompu.
Le village regroupe quelques maisons construites sur les flancs d’une petite colline autour de hauts murs qui abritent un antique et mystérieux château : le château du vicomte de Palanza. Étrange battisse, sans doute née de quelques maléfices, imposante, oppressante, mais rassurante dont il faut que je me libère.



Image: Extrait d’une huile sans titre de Valérie Morin, avec l’autorisation de l’auteur

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 septembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332754547
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-75452-3

© Edilivre, 2014
Prologue
Il y a longtemps, lors d’un séjour magique sur les rives du lac Majeur, je n’aimais rien tant que m’assoir sur un banc pour contempler la lumière qui émane de l’eau. Elle est vive et changeante au grès des clapotis légers que la bise crée selon son humeur. Je ne sais pourquoi mais cette lumière apaisait mon âme. Elle libérait mon esprit de l’agitation insensée du monde. Elle l’ouvrait au rêve. J’ai toujours apprécié ces trop rares rêveries pendant lesquelles l’esprit livré à lui-même virevolte, saute d’une idée à l’autre, inspiré par la beauté du lieu. Mille projets, mille destins s’échafaudent lors de ces méditations, bien peu seront réalisés. Peu importe, la magie du rêve est qu’il reste dans le monde du songe et ne vient par se corrompre ici bas.
Une fois, alors que de coutume j’étais assis sur un banc, je choisissais toujours le même, un homme vint s’asseoir près de moi. Au début perdu dans mes pensées, je n’ai pas prêté attention à lui. Il me fit sortir de mes songes en me demandant du feu. Ayant cessé de fumer depuis un 14 octobre 1994 béni, j’étais en peine de lui rendre service. Au reste, il me semble encore que ce n’était pas l’objet réel de sa demande. J’ai tout de suite senti dans le ton de sa voix et dans la lueur de son regard délavé qu’il avait envie de parler, de raconter, de se livrer. Quelque chose bouillonnait en lui. L’homme, en lui-même, semblait quelconque : ni grand, ni petit, entre deux âges, ni beau ni laid. Son visage était traversé de rides profondes creusées par la vie. Il était vêtu simplement. Il s’était assis sur mon banc comme un voyageur se pose après un grand voyage, content que cette part de son destin soit accomplie. Il s’exprimait d’une voix rauque avec l’accent rocailleux que possèdent certains italiens. Il parlait bien notre langue et les tonalités issues de sa langue maternelle lui faisaient chanter les mots. Etant incapable d’apprendre une langue étrangère pour je ne sais quelles raisons, je suis toujours surpris qu’un étranger maîtrise le français. Notre conversation s’engagea sur des banalités d’usage : le temps, la famille, la beauté du lieu, le charme de l’Italie. Nous tombâmes d’accord pour dire qu’il y avait que deux gastronomies au monde et que si deux peuples pouvaient être frères c’était bien les italiens et les français. Je le quittai comme on quitte une connaissance de passage avec de vagues promesses de retrouvailles. Le lendemain, souhaitant reprendre ma rêverie seul, la mort dans l’âme, je quittais mon havre de paix pour un nouveau banc. Le fit-il exprès ? Le hasard de ses pas le guida-t-il vers mon nouveau refuge ? Toujours est-il que nous nous retrouvâmes à échanger de nouveaux des banalités. Ce fut ainsi presque tous les jours. J’abandonnai l’idée de me retrouver solitaire. Quelque peu contraint et forcé, je m’intéressais un peu plus à mon acolyte. L’homme était encore plus âgé que je ne l’avais cru au premier abord. Son physique, à bien y regarder, était moins passe partout que je ne l’avais jugé au premier abord. Ses mains étaient larges et puissantes. Ses épaules larges donnaient une impression de puissance. Son visage buriné et le regard lavé par le temps avaient été certainement ceux d’un bel homme. Ses gestes étaient lents et habité par son passé. Cet homme avait du vivre une vie pleine et entière. Aujourd’hui il était seul. Dieu sait pourquoi, il m’avait choisi comme confident.
Il me raconta son histoire. Au début, je ne fis pas vraiment attention à ce récit. J’écoutais d’une oreille distraite. Petit à petit, je sentis qu’elle résonnait en moi de manière particulière. Nos deux chemins semblaient identiques. Les faits, les époques, les gens tout étaient différents mais le sens profond était le même. Je revécus à travers son récit ma propre jeunesse, mes propres interrogations, ma libération. Rapidement, je commençais à prendre des notes le soir quand je rentrais chez moi. Au début je me contentais de quelques mots jetés rapidement sur le papier. Cependant au fur et à mesure le récit prenait forme. Les quelques pages du début devinrent un cahier, puis deux, puis plusieurs.
Le temps a passé. La fin des vacances me ramena vers Paris. J’ai laissé, un peu à regret, mon conteur sur mon, notre puis son banc sur les rives du lac Majeur. J’en garde un souvenir nostalgique. J’avais fini par éprouver quelques amitiés pour cet homme et prendre goût à son histoire racontée dans le désordre d’une conversation aimable. Il me l’a livré par petit bout, une anecdote par ci par là. J’ai eu un peu de mal à les ordonner et je ne suis pas sûr du bon ordre. Parfois, il contait deux fois la même mais son esprit mutin ajoutait toujours un personnage, une action ou un paysage nouveau qui l’enrichissait. J’espère qu’il a trouvé d’autres oreilles complaisantes pour ses récits. Aujourd’hui, il doit reposer en paix et la merveilleuse lumière des eaux du lac Majeur s’est éteinte pour lui à tout jamais.
J’ai repris le cours de ma vie, rangé soigneuse­ment les cahiers et oublié tout cela pour me plonger à nouveau dans les turbulences de la vie. Le temps s’est remis à couler à toute vitesse. Mille importances ont occupé mon quotidien. L’urgence est redevenue la maîtresse de ma vie. Je n’ai plus le temps de m’asseoir et de bavarder avec un inconnu et admirant la beauté d’un lieu. Triste époque où il n’est plus possible de prendre le temps de vivre. Seulement, il y a quelque temps, pris d’un désir soudain de mettre de l’ordre dans le capharnaüm qui me tient lieu d’habitation, je suis tombé sur ces notes. Au début, j’ai souri comme on sourit à un passé révolu. Je les ai relues et peu à peu, par vagues de plus en plus prégnantes, j’ai revécu la jeunesse de cet homme devisant assis sur un banc face au lac Majeur, baigné par la douce lueur de ce petit coin de paradis.
J’ai décidé de les livrer ici.
Je me suis contenté de mettre un peu d’ordre dans le texte un peu décousu. J’ai essayé de garder l’esprit initial en utilisant la première personne du conteur et en gardant son humour. Le lecteur par la force de son imagination rajoutera le paysage du lac Majeur avec ces sommets majestueux, la douce lumière reflétée par l’eau, la brise légère et fraiche qui descend de la montagne et la voix rocailleuse de l’homme qui m’a conté cette histoire. Il pourra tout aussi bien imaginer la plaine qui abrite le village de Palanza. La région est pauvre et rocailleuse, écrasé par le soleil de midi. Elle est située je ne sais trop où, certainement dans les recoins de l’imagination de cet homme sur son banc. Je sais seulement qu’il y pousse une vigne magnifique qui donne un petit vin léger et doux.
Le décès de la vieille Contanza
Au milieu d’une plaine aride et sèche se tient le village où je suis né, le village de Palanza. La terre par ici est dure et peu généreuse. Rien ne pousse hormis quelques pieds de vigne. Le vin qu’on en tire a le pouvoir de délier les langues. Un verre ou deux de ce breuvage et l’esprit s’envole laissant couler un flot de paroles ininterrompu. Parfois, avec succès, il est donné comme médecine à des muets.
Le village regroupe quelques maisons construites sur les flancs d’une petite colline autour de hauts murs qui abritent un antique château : le Château du vicomte de Palanza.
Les gens du village ont toujours donné le titre d’Altesse au vicomte de Palanza. Nul n’a jamais vraiment su pourquoi. Certains prétendaient que cette famille était d’ascendance royale. Moi j’en ai toujours douté et je n’étais pas le seul. Pourtant les habitants du village ont cru ou toujours fait semblant de croire à cette légende. Peut être parce que ce titre d’Altesse était devenu un peu le leur. Cette distinction se retrouvait jusque dans leur façon de saluer un habitant d’un village voisin. Quelque chose dans le port de tête, un rien de dédain dans la voix les rendaient un peu hautains. Dame ! Ils n’habitaient pas n’importe quel village mais celui de son Altesse le vicomte de Palanza. Je ne sais pas si cette légende était vraie ou non mais moi qui ai vu un jour l’arbre généalogique de la famille sur le mur décrépi du grand escalier, je n’y ai décelé ni couronne royale, ni signe justifiant ce titre.
Le château du vicomte de Palanza est entouré de hauts murs. Ils sont si hauts qu’ils ne laissent qu’à peine voir la cime des arbres du parc. Ces murs imposants jettent sur certaines rues du village une ombre épaisse. Rares sont alors les instants où le soleil les réchauffent. Il y règne l’obscurité, l’humidité, la saleté et l’immondice. Le prêtre prétend y avoir croisé les démons succubes et incubes s’accouplant dans des orgies affreuses, d’autres parlent de monstres, de brigands ou de sorciers effrayants. Elles sont si redoutées que les pauvres habitants obligés par une raison ou par une autre d’emprunter ces ruelles frissonnent de froid mais surtout de peur. Il n’est pas rare qu’un maraud profite de la bonne aubaine pour se remplir les poches en vidant celles du bourgeois à une heure honnête. Pour cette raison, il faut parfois les éclairer même au plus haut de l’astre solaire.
Un gigantesque portail de fer forgé autrefois doré s’ouvre en face de place de la mairie. Dans beaucoup de châteaux, le portail débouche sur un jardin à la française soigneusement entretenu composé d’étendue d’herbe verte agrémentée de fleurs aux pétales brillants, artistiquement agencées. Ces parterres sont clos de buisson de buis taillé en cube. Ces espaces sont clairs, francs, géométriques parfois un peu stupides. Dans d’autre, la mode anglaise domine. Le jardin n’est qu’un élégant désordre apparent, mélange d’arbre, de f

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