Le Vase de Pépi
127 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Vase de Pépi , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
127 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tout près de Louksor, entre la vallée des Rois et celle des Reines, se trouve la Place-de-Vérité, là où jadis travaillaient les artisans qui construisaient les tombeaux des pharaons. Quelque part, bien cachée, une grotte, un petit tombeau… L’anthropologue Michel Saramo l’a vu en rêve. Que trouve-t-il ? Pas de sarcophage contenant une momie, non, plutôt un vase, et tout autour des inscriptions qui racontent l’histoire de Pépi, un peintre qui travailla pour Ramsès II. Où est passé Pépi ? Qu’a-t-il découvert ? Rien moins qu’une voie d’accès à l’infiniment petit et à l’infiniment grand. Michel Saramo va-t-il retrouver Pépi ? Va-t-il, lui aussi, réussir le grand voyage à travers le temps et l’espace dans le Monde-d’En-Bas ? Qui va-t-il rencontrer ?David Elbaz, avec une verve digne des plus grands, invente une nouvelle mythologie qui nous fait voyager du monde des particules à celui des dieux égyptiens. ?David Elbaz, astrophysicien, est chef de laboratoire au Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 juin 2007
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738191014
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, JUIN  2007
15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9101-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
à Pascale, Nathan et Gabriel
Prologue

La première fois, je devais avoir 10 ou peut-être 11 ans. Dehors, il faisait nuit. Les lumières éteintes, j’étais couché dans mon lit. Je ressens encore cette angoisse qui accompagne le moment de transition entre l’éveil et le sommeil. Un peu comme s’il s’agissait d’une préparation, de la répétition quotidienne d’un événement à venir et qui marquera la fin de notre diurne voyage, la victoire de la nuit sur le jour, du vide sur la matière. Les limites de ma chambre ont été gommées par l’obscurité et mon lit flotte dans le vide. Deux idées me viennent à l’esprit, elles dépassent mon imagination : ma mort et l’infini. D’un côté, je ne peux concevoir que tout s’arrête un jour. De l’autre, l’idée d’un monde infini me dépasse. Ma vie est comme un fil tendu entre ces deux extrêmes. L’inimaginable est-il possible ?
Quand on a cet âge et que l’on apprend que l’univers ne possède pas de limite, on est en droit de s’inquiéter. Je ne m’en suis pas privé. Le véritable problème n’est pas que l’univers soit infini, mais que l’infini existe, bien qu’il soit inimaginable. Si celui-ci est possible, alors l’autre, ma propre mort, l’est aussi.
La seule solution serait de réussir à penser l’infini, à le visualiser, à l’imaginer. L’inimaginable pourrait alors redevenir impossible, inacceptable. Je tentais donc d’imaginer l’infini, depuis mon lit plongé dans le noir. Je commençais par visualiser de petits points de lumière qui représentaient les étoiles, puis j’essayais d’étendre mon regard aussi loin que possible, afin de m’approcher de l’infini. Encore plus loin, toujours plus loin, puisque l’infini n’a pas de limite. À court d’imagination, je finissais par atteindre la saturation de mon imagination, tout en ayant conscience que l’infini s’étendait au-delà. Cet instant provoquait en moi l’équivalent d’un électrochoc : quelque chose d’inimaginable pouvait exister dans ce monde.
Depuis cette expérience, je sais que je vais mourir. Mais je garde un secret espoir, celui d’arriver un jour à étendre ma connaissance de l’infini plus loin encore. Ce serait comme repousser ma propre mort.
1
Le rêve de Michel Saramo

La chaleur de l’été et le voyage l’ont fatigué, mais pas suffisamment pour que Michel trouve enfin le sommeil. Comme d’habitude, quand il arrive dans un lieu étranger, il lui faut attendre des heures dans sa chambre d’hôtel avant de s’endormir. Pourtant, la nuit est partout pareille à elle-même. En Égypte aussi, il fait nuit la nuit… Il se souvient de l’histoire de cette vieille femme qui ne faisait plus ses nuits depuis qu’elle avait été transférée dans une maison de repos. Un jour, un médecin eut la présence d’esprit de l’interroger sur le rituel qu’elle suivait avant de s’endormir, quand elle vivait encore chez elle. Chaque soir, elle se tournait sur le côté droit, tendait le bras gauche et appuyait sur l’interrupteur de sa lampe de chevet, puis elle s’allongeait sur le dos et s’endormait dans les secondes qui suivaient. Il avait suffi que sa famille apporte sa lampe de chevet dans sa nouvelle chambre, pour qu’elle retrouve le sommeil après avoir reproduit son geste machinal. À chacun de ses voyages, Michel avait le sentiment d’avoir oublié quelque chose. Mais il avait cette fois une bonne raison d’être nerveux : demain apporterait peut-être la confirmation que sa vie avait pris une nouvelle direction. Tout avait commencé avec un rêve qu’il avait fait dix jours plus tôt et qui ne l’avait plus quitté depuis, de jour comme de nuit.
Je suis dans le désert, en un lieu qui m’est totalement inconnu et qui pourtant me paraît familier. La colline sur laquelle je me trouve offre une vue panoramique sur le désert, d’un côté, et sur des champs irrigués par un fleuve, de l’autre. Les distances semblent abolies, comme si mon corps recouvrait l’ensemble du paysage. Proche et lointain m’apparaissent avec une égale précision. Les grains de sable avec leur propre personnalité, leurs formes qui diffèrent toutes les unes des autres. Tel un scalpel aussi fin qu’un atome, mon regard plonge à l’intérieur même de l’un d’entre eux, où règne une grande agitation. Celle de leurs atomes peut-être ? Ma conscience est happée par cette image aux multiples dimensions : je vois simultanément les grains de sable, un rocher adossé à une colline et l’ensemble du paysage qui m’entoure. La vision s’étend encore au-delà et englobe le ciel avec ses vides et ses points de lumière. Ce sont les étoiles, avec chacune sa couleur, que je peux voir comme par une nuit sans lune. Plus loin s’étalent des myriades d’étoiles regroupées en troupeaux, comme autant de moutons blancs parqués dans un champ, laissant autour d’eux des régions vides. Au-delà, je découvre la forme spiralée que dessinent ces troupeaux, comme deux grandes vagues aux écumes de moutons stellaires. Je reconnais notre galaxie, la Voie lactée avec ses dizaines de milliards d’étoiles. D’autres galaxies m’apparaissent, chacune avec une forme qui lui est propre, en mouvement sur elles-mêmes et les unes par rapport aux autres. Le ciel bouillonne lui aussi comme l’intérieur des grains de sable, avec une étrange similitude. Je peux voir ces galaxies, regroupées en familles plus ou moins nombreuses, en même temps que les étoiles et les plages de sable, rochers ou planètes qui orbitent autour d’elles, ainsi que le désert qui encercle la colline où je me trouve et ses grains de sable avec leurs atomes en perpétuel mouvement. Je vois l’ensemble avec la même parfaite netteté. Au-delà des atomes et des galaxies, les extrêmes se rejoignent en une sensation qui m’aspire. Une image vivante, sorte d’œuf à la fois infiniment petit, comme l’intérieur d’un atome, et infiniment grand, comme l’univers. Tandis que l’image passe d’un extrême à l’autre, mon être tout entier est aspiré par l’oscillation de cet œuf qui contrôle les battements de mon cœur. Une sensation indéfinissable et qui m’était jusque-là inconnue m’envahit. Je ne saurais dire si cette sensation est agréable ou désagréable. De désagréable, il y a son étrangeté. D’agréable, sa puissance qui semble pouvoir tout détruire et tout reconstruire. Cet œuf semble naître de lui-même à chaque respiration et contenir la totalité de l’univers.
Le ciel qui s’offre à Michel cette nuit-là possède une présence sacrée. Non pas qu’il soit différent des autres nuits. Non, justement parce qu’il est semblable à toutes les nuits claires qu’il a connues, semblable à celles de son enfance et de sa vieillesse. Seul le ciel peut rivaliser de puissance avec la flèche du temps qui ne l’affecte pas. Savoir qu’il est là, comme s’il veillait sur les hommes depuis que le premier d’entre eux a déployé sa colonne vertébrale et tendu la tête vers lui, est une sensation qui réconforte Michel. Ses mains sont plus chaudes maintenant, sa taille est détendue et son poids lui paraît même supportable. Pourtant il n’est pas dupe, il sait bien que cette image d’un ciel immuable n’est qu’une illusion liée à notre échelle de temps et à la distance 1 .
La fatigue du voyage aidant, Michel se laisse emporter par cette vision, oubliant que le temps a passé depuis celui où les hommes se tournaient vers le ciel avant de prendre une décision. Aujourd’hui, les lumières des villes et la pollution ont effacé celles des étoiles ; on oublie parfois que nous sommes tous passagers d’une même barque qui voyage autour du soleil à la vitesse de trente kilomètres par seconde. Pourtant, quand les lumières s’éteignent et que la seule lumière qui reste est celle des étoiles, Michel se laisse aisément transporter dans le temps. Mais la chaleur de l’été, en ce 2 août 2004, est telle que l’on bénirait la chance de vivre à l’époque de l’air conditionné, quitte à mettre une couverture sur son lit. Voyager dans le temps a du bon, mais ça ne nourrit pas son homme. Je vais finalement descendre en bas manger quelque chose, pense Michel. Je m’endormirai peut-être, une fois le ventre plein.
Passant près de la réception de l’hôtel, il entend quelqu’un se plaindre de n’avoir pas encore reçu sa valise dans sa chambre, tandis qu’un groupe d’une dizaine de touristes coiffés de la même casquette se dirige vers le restaurant en parlant à voix haute. La réception est remplie de valises munies d’étiquettes roses, mauves et vertes, qui donnent du fil à retordre à un porteur dont les pensées sont trahies par les plissements de son front et sa main droite, avec laquelle il se gratte le crâne. Il est vrai qu’entre le mauve et le rose, il n’y a pas grande différence. Le restaurant est plein à craquer et divisé en grandes tables de douze personnes. Bonsoir, vous êtes seul ou accompagné ? Je suis seul, mais… je reviendrai plus tard… On peut se faire monter de la nourriture dans la chambre ? Oui, vous n’avez qu’à faire le six et vous recevrez votre plat dans la demi-heure. C’est décidé, Michel n’ira pas dîner au restaurant ce soir. L’ambiance ne lui convient pas et il a besoin de se recueillir avant demain. La visite que lui a préparée son ami Georges constitue le but de son voyage. Il aimerait pouvoir partager avec lui les raisons qui l’ont conduit jusqu’ici, mais ce n’est pas possible. Trop incertain, tro

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents