Le testament olographe
192 pages
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Le testament olographe , livre ebook

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Description

Franck Guillemot, fonctionnaire des impôts en Bretagne, est sollicité par une tante qu'il n'a pas vue depuis des années. Elle souhaite lui transmettre un bien familial de plusieurs centaines d'hectares, situé dans le Berry, et qu'elle régente depuis la mort de son mari. Seulement, comme Franck n'est qu'un héritier indirect, les droits de succession sont très élevés et engloutissent plus de la moitié de la valeur du domaine. C'est le point de départ de plusieurs voyages pittoresques entre la Bretagne et le Berry, avec pour décor l'animosité avérée des deux congénères, la gastronomie et les concerts romantiques de Nohant. Tandis qu'en Bretagne, un artiste peintre braconnier fait beaucoup parler de lui : il influencera même les dernières lignes du roman.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 février 2010
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414081387
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-08138-7

© Edilivre, 2017
Le testament olographe
 
Lorsqu’il reçut par la poste une lettre anodine de couleur jaunâtre, Franck Guillemot n’y attacha pas d’importance, tout d’abord. Elle n’était qu’un détail de plus dans son quotidien de fonctionnaire des impôts, toujours très occupé. Il la rangea même avec des dépliants publicitaires, sur le coin d’une table, et n’y pensa plus durant plusieurs jours. Ce n’est qu’en remettant de l’ordre dans sa maison le samedi suivant qu’il s’y intéressa vraiment. Son apparente insignifiance et son écriture tremblotante n’avaient guère d’attrait pour le citoyen zélé qu’il était devenu, à force de constance professionnelle et de diligence concertée. Et s’il finit par la décacheter, ce fut plus par acquit de conscience que par bienveillance civique. Il n’attendait aucun courrier de ce genre, et généralement ses amis lui téléphonaient pour donner de leurs nouvelles. Aussi, quand il prit connaissance de son contenu, tomba-t-il des nues. C’était sa tante Odette Jansard qui lui écrivait. Cela faisait quasiment trente-cinq ans qu’il ne l’avait pas vue. Une très vieille histoire l’avait brouillée avec ses propres parents, et Guillemot ne l’avait même pas aperçue à l’occasion de leur enterrement, voici sept ans de cela. Résumons : au moment où ce récit commence, on était en 1994, à la fin du mois de novembre. Franck Guillemot habitait la petite ville de Douarnenez, dans le Finistère sud. Pour l’anecdote, on précisera qu’il s’agissait de la cité bâtie aux alentours de la légendaire ville d’Ys, celle du roi Gradlon et de ses habitants débauchés et maudits. L’antique baie de Douarnenez, magnifique en toutes saisons, servait donc de cadre de vie et de décor naturel au quotidien de Franck Guillemot. Une atmosphère de bout du monde enveloppait même les rues et les habitations, surtout quand on entendait les personnes âgées se donner la réplique en breton, au beau milieu de la chaussée et à la tombée du jour, par un temps pluvieux. Le père de Franck exerçait autrefois la profession de médecin, et sa mère était pharmacienne. Ils se préparaient tous deux à couler une retraite paisible et méritée, dans leur fief bretonnant, lorsqu’un stupide accident leur coûta la vie. Franck étant leur seul fils, leur fils unique en l’occurrence, il hérita après leur décès de la maison qu’ils occupaient. Précisons qu’il se trouvait au moment du drame en poste à Versailles, et qu’il commençait sa carrière de fonctionnaire. La demeure familiale était spacieuse, construite en pierres taillées, en granit et en ardoises, selon l’usage local, et avait été entièrement restaurée par les soins de ses géniteurs. Après quelques brefs séjours à l’occasion des vacances, il songea qu’elle lui convenait parfaitement, et décida de s’installer à Douarnenez, dès qu’un poste vacant à l’hôtel des impôts de cette même ville le lui permettrait ; ce qui se produisit quatre ans après la disparition de ses parents. Comme les deux sœurs ennemies s’étaient jadis crêpé le chignon, et que leurs maris respectifs en étaient venus aux mains pour régler le litige, l’on décida à une époque de ne plus se voir du tout. C’était comme si les deux sœurs et les deux couples s’étaient juré une haine éternelle. C’est ce qui explique aussi l’absence des époux Jansard à l’enterrement des parents Guillemot, et l’étonnement de leur fils en recevant un tel courrier aussi longtemps après. Entre-temps, Odette Jansard avait eu la douleur de perdre son mari Émile, un ancien militaire reconverti gentilhomme campagnard sur le tard. Et voici qu’à présent elle sollicitait son neveu en des termes surprenants. Une récente opération au cerveau l’avait laissée bien mal en point, et elle demandait à Franck de venir la voir instamment. Elle disposait en effet d’un avoir assez considérable. Il s’agissait d’un grand domaine agricole situé dans le Berry, dont son mari Émile avait hérité autrefois en rentrant de la guerre d’Indochine, et qu’elle souhaitait transmettre à son neveu, de façon à ce qu’il restât un bien familial. La chose avait été rendue possible par un étonnant concours de circonstances. Sans vouloir donner dans la rubrique nécrologique, ni refaire le passé avec les morts, il est nécessaire de préciser encore qu’une véritable hécatombe était seule responsable de la situation. Et que c’est justement le caractère insolite d’un tel dénouement qui a généré la rédaction de ce récit. En principe, comme chacun le sait, les héritiers directs sont les enfants : ce sont les premiers concernés dès que la perspective d’un héritage pointe son nez à l’horizon. Or, dans le cas qui nous intéresse ici, les enfants d’Émile et d’Odette Jansard, les principaux ayants droit, n’existaient pas. Ou, plus précisément, n’existaient plus ! Leur fils Jacques était décédé d’un arrêt cardiaque peu de temps avant de partir pour le régiment. Et leur fille Sophie avait quitté ce monde en mettant volontairement fin à ses jours, suite à une déception sentimentale dont personne n’était sorti indemne. Ces choses s’étaient produites il y a très longtemps, contribuant sans aucun doute à dramatiser, ou tout au moins à assombrir, la conception qu’Odette Jansard avait de l’existence. C’était en effet le drame de sa vie d’avoir perdu ses deux enfants dans la fleur de l’âge, et d’avoir la certitude désormais de mourir sans descendance directe. Cela explique aussi le transfert affectif qu’elle opéra en direction de son neveu, espérant trouver en lui un rejeton de substitution digne du domaine familial. Il faut dire que depuis le décès d’Émile d’un cancer du pancréas, en 1991, la tante s’était retranchée dans une sorte de mutisme intransigeant, se murant dans une solitude de bon aloi, celle d’une veuve ayant survécu à sa jeunesse. Mais qui se souvenait encore de beaucoup de choses. Et il fallait avoir tous ces éléments nécrologiques présents à l’esprit, pour bien saisir toute la portée de l’histoire dont il va être question maintenant. Ce passé ancien n’était certes ni très intéressant ni très glorieux, mais constituait la branche tutélaire de cette généalogie familiale en demi-teinte, la pierre angulaire de ce caveau affectif et charnel dont étaient issus Franck et sa tante. Fermons maintenant cette parenthèse nécrologique et revenons à ce fameux samedi de la fin novembre 1994, celui où Franck décacheta la lettre d’Odette Jansard. Sa première réaction fut celle d’un destinataire incrédule, comprenant à peine ce qu’il lisait. Puis, en parcourant la lettre plusieurs fois, des réminiscences familiales refirent surface. Il se souvint par exemple d’une scène pathétique s’étant produite entre ses parents et les époux Jansard. Il n’était encore qu’un enfant à l’époque, et la vision de cette scène restait floue dans son esprit. Mais elle était suffisante pour accréditer la teneur de la lettre qu’il avait entre les mains. Il s’agissait bien sûr de la légendaire dispute ayant occasionné la brouille définitive entre les deux couples. Odette n’y faisait que brièvement allusion, mais exhortait son neveu à venir séjourner quelque temps au domaine qu’elle régentait à présent, et peut-être plus pour très longtemps. Bref, c’était à une passation de pouvoir qu’il était convié, dans la perspective d’une reprise en main effective de l’entité en question. Mais Guillemot, rompu aux arcanes financiers et juridiques de par la profession qu’il exerçait, savait par expérience que les droits de succession seraient exorbitants. Il n’était en effet qu’un héritier indirect, ce dont apparemment sa tante ne s’était pas souvenue en rédigeant son courrier. Elle semblait avoir une vision décalée de la réalité notariale et légale en usage dans notre pays. Non seulement Guillemot n’y connaissait rien en agriculture, mais en plus de cela il était certain du fait que ce domaine dans le Berry n’était pas fait pour lui, qu’il n’appartenait pas à son univers. Et que de surcroît il risquait fort d’être démantelé si la succession s’effectuait dans les conditions voulues par sa vieille tante. Aussi Guillemot prit-il largement son temps pour répondre à la veuve Jansard. Ce fameux samedi où il décacheta la lettre, il se soucia plus de trouver un garagiste pour sa voiture défaillante que de téléphoner à la propriétaire du domaine. Il ne se décida à l’appeler qu’en début de soirée, non sans avoir au préalable pesté ouvertement, au sujet de l’incivisme notoire du comportement mécanique du véhicule de courtoisie qu’on lui avait prêté. Lorsqu’elle décrocha le combiné, Odette venait de finir son repas et s’apprêtait à regarder les actualités à la télévision. Elle se montra autoritaire, péremptoire et laconique à la fois, n’admettant pas les réserves dont faisait preuve son neveu :
– Comment ça, ta voiture est en panne ? Tu ne peux pas venir en train ?
– Je ne peux pas m’absenter comme ça du jour au lendemain de l’hôtel des impôts. Il faut que je sollicite un congé auprès de mon supérieur.
– Donc ta routine à l’hôtel des impôts t’intéresse plus que le domaine de la Passementerie !
– Ce n’est pas ça, Odette. Mais quand on est salarié ou fonctionnaire, on ne s’absente pas comme cela de son lieu de travail. Il faut prendre des dispositions avec son employeur, et prévoir son absence longtemps à l’avance.
– Alors moi, je te propose de reprendre un domaine de plusieurs centaines d’hectares, avec un contremaître et cinq ouvriers, et toi tu tergiverses sur des détails. – Quelle ambition et quelle famille, vraiment !
L’espace d’un instant, Guillemot eut envie de l’envoyer promener et de lui raccrocher au nez. Mais il se maîtrisa, se souvenant des détails dont ses parents lui avaient parlé,

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