Le temps amoureux
108 pages
Français

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Description

« Elle se concentrait toujours sur sa respiration à lui pour apaiser son coeur. Parfois, lorsque sa fatigue affaissait ses épaules, Jean posait la tête d'Emma contre sa poitrine. Ils ne bougeaient plus. Emma devenait légère, ses paupières se fermaient. Jean sentait qu'elle s'apaisait enfin. Ses pensées s'assoupissaient aussi. Il osait caresser sa nuque, ses épaules sans qu'elle ne s'en aperçoive. » Sous le ciel de Paris se succèdent des histoires d'amour passionnées. D'un récit à l'autre, Jean, Emma et Adèle traversent ensemble des étapes cruciales de leur existence. Les femmes y sont souvent habitées par une tristesse profonde et inconsolable que l'amant va tenter d'apaiser. L'imagination du lecteur est ici habilement sollicitée pour combler les ellipses de récits au lyrisme envoûtant et tisser des liens entre les différents personnages. Au fi l des pages, leurs présences se mêlent pour composer un étonnant kaléidoscope des relations amoureuses.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 août 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342167276
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le temps amoureux
L a e titia Ca v a g n i
S o c i é t é d e s é c r i v a i n s
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L e te mp s a mo u re u x
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
La Pré s e n c e
Jour 1 Tout a commencé un matin d’été. Sa robe volait autour de ses cuisses généreuses, qu’elle voyait généreuses. Ce regard a croisé le sien. Elle n’était pas accessible, petite sauvage aux yeux d’or. Mais ce regard a croisé le sien. Ce regard a croisé celui de Jean. Leurs ombres se sont rejointes, ont rétréci ensemble, se sont mélangées et elle est partie. Son cœur s’est enfui avec elle. Jean s’est arrêté de voir, de penser. Il a attendu qu’elle disparaisse entièrement, que même son ombre ne soit plus qu’un souvenir. Jour 5 Jean la voit. Elle marche, ne regardant personne. Et pourtant, elle sourit. Elle semble écouter une musique qui rythme son pas. Jean avait déjà remarqué sa démarche légère et fluide. Une fois encore, leurs ombres s’entremêlent. Le cœur de Jean apparaît et disparaît avec elle. Il la suit, se rapproche. Une vague jaillit d’elle jusqu’à ses narines. Il la sent. Un mélange sucré et entêtant. Son odeur a imprégné sa peau presque comme s’il s’était retrouvé en elle. Jour 12 Le soleil se lève avec lenteur. Il l’attend avec lenteur aussi dans ses gestes. Il ne veut pas brusquer cette rencontre, mais il sera courageux. Elle avance d’un pas toujours élégant et dansant. Cette fois-ci, elle relève la tête en s’approchant et lui sourit. — Bonjour. Sa voix est douce. Son cœur à lui bat si fort. Il sent que le monde est à lui. Il est enfin éveillé. — Bonjour, lui répond-il dans un souffle. Elle n’a pas bougé et semble l’attendre, lui. — Je déjeune au parc qui est juste à côté, ce midi. Il va faire très chaud. C’est encore calme. Elle part. Il est là, immobile. Ses mots à elle volent dans sa tête. Il tente de les attraper et les comprendre. Il sourit. Jour 25 Jean et Emma grimpent côte à côte les marches qui les mènent au Sacré-Cœur. Emma lui a avoué n’avoir jamais vu Paris de si haut. Ils profitent de ces derniers dimanches du mois d’août avant que l’été ne se termine. Emma lui explique ne pas partir au mois d’août. Paris est à elle à cette période. Tout le monde est en vacances et le calme est son seul voisin dans la rue, le métro… Ils se parlent beaucoup. Jean trouve qu’Emma l’écoute entièrement. Elle lui sourit lorsqu’il la regarde, mais parfois son regard est noir. Et puis, que fait-elle avec lui si souvent ? — Jean, pourquoi m’observez-vous constamment ? Je vous vois, vous savez, lui
dit-elle dans un sourire. Jean ne sait pas lui répondre. — Ho, regardez Emma, nous sommes presque arrivés, lui dit-il. Il préfère ne pas révéler ses sentiments. Emma semble si fragile. Il a peur de la brusquer et sait sa chance d’être avec elle. Jour 32 Il l’attend. Elle doit le retrouver à 16 heures précisément. Ils vont se balader comme chaque dimanche. Août se termine et il n’a pas encore osé l’embrasser. Emma est tellement pudique. Il se rend compte qu’elle en dit peu sur elle. Cette journée est encore ensoleillée. Les Parisiens sont revenus. Chaque enfant est reparti vers sa nounou et son parc. Jean et Emma aiment se retrouver dans un parc différent chaque dimanche. Cette e fois-ci, c’est elle qui l’a choisi. Il l’attend dans le 14 arrondissement. — Vous savez Jean, ce parc est comme caché en ville. Il reste calme et pourtant fréquenté, lui a-t-elle expliqué vendredi. 16 h 01. Elle va arriver. 16 h 05. Elle va arriver. 16 h 15. Pourquoi n’arrive-t-elle pas ? Jean s’inquiète et se rappelle qu’ils n’ont jamais échangé leurs numéros de téléphone. Ils se sont toujours donné rendez-vous sans penser que quelque chose pourrait les empêcher de se revoir. Ils sont ensemble tous les dimanches après-midi. 16 h 20. Jean ne sait pas quoi faire. Il est à l’entrée du parc. Il a un doute. Est-il à la bonne entrée ? A-t-il compris les indications d’Emma ? Jour 45 Nous sommes fin septembre. Il l’a attendue en cette fin de mois d’août. Elle n’est jamais arrivée. Elle n’est même jamais revenue dans ce parc où ils avaient déjeuné ensemble pour la première fois. Il a demandé, à tout hasard, à ceux qu’elle croisait le matin et le soir. Personne ne sait. Il la cherche quand même. Il sent toujours son parfum autour de lui. Il voit son sourire qui lui appartient. Tous ces jours sans nouvelles d’elle. Il sait qu’Emma n’aurait jamais raté un seul rendez-vous. Il est inquiet et comprend que quelque chose s’est produit. Il ne peut rien faire car d’Emma, il sait peu de choses. Ils vivaient l’instant dans le présent. Emma et ses yeux d’or parfois loin et mélancoliques.
Jour 1 Pour elle, tout a commencé un matin d’été. Elle allait juste travailler et avançait dans les rues enfin calmes de Paris. Son regard a croisé le sien. Ses yeux noirs et lumineux. Elle a vu leurs ombres se rapprocher, se mélanger avant de s’étirer chacune de leur côté. Son cœur est parti avec lui. Emma a souri. Son cœur a tenté de s’échapper pour le rejoindre, lui. Des papillons se sont envolés par son nombril. Elle a senti ses yeux noirs la suivre. Jour 6 Emma le voit comme chaque matin. Il arrose les plantes qui ornent l’entrée du métro. De son entrée de métro. Il sourit et échange avec chacun.
Leurs ombres se touchent. Il ne le sait pas mais elle fait en sorte de toujours arriver à cette heure où il est dehors. Elle observe de loin sa grande silhouette qui touche le ciel. Emma est petite. Ses pieds sont ancrés au sol. Elle passe près de lui pour lui faire sentir son parfum. Elle voit ses yeux se fermer. Il la sent. Jour 13 Emma est assise sur le même banc vert sous le chêne. Elle attend Jean. Depuis la veille, il la rejoint pour partager son repas. Elle lui fait découvrir chaque jour le goût d’un macaron différent, son seul pêché. Chaque goût d’été, de soleil et de bonheur. Jean lui raconte les histoires des gens qu’il croise quotidiennement. Elle se sent bien assise à côté de cet homme dont la tête touche le ciel. Elle se dit que ce n’est pas important car ses pieds, à elle, sont ancrés au sol. Jour 25 Jean l’accompagne tout en haut des marches du Sacré-Cœur. Il lui en a fait la surprise. Emma lui avait révélé n’avoir jamais vu Paris d’en haut. Elle n’avait imaginé que du haut de ces marches, cette ville qu’elle aime et qu’elle porte en elle, serait encore plus magnifique. Elle a vu que Jean l’observait souvent et lui en fait la remarque. Il a légèrement rougi et n’a pas su lui répondre. Il lui dit qu’il aime rester ici au mois d’août, car il a l’impression que Paris lui appartient. Emma se sent bien, toujours à sa place en sa présence. Jour 45 Fin septembre. Emma est allongée sur un lit aux draps blancs. Elle regarde le ciel comme chaque jour. Une infirmière entre et lui parle. Emma ne répond plus. Elle a la certitude que quelqu’un l’attend mais ne sait plus qui. Elle l’imagine avec un regard lumineux. Elle ne voit plus que ça. Elle attend qu’on la libère. Je garde le silence. Je n’ai plus rien à dire à personne. Je ne peux même plus sourire. Il paraît que mon regard est noir. Je ne vois plus ce qui vit autour de moi. Ma noirceur ressort. Je l’évacue. Je la dirige. Non. Rien n’est question de chance. Tout est question de choix. Ma vie s’est écoulée par petites gouttes, mais j’ai refermé la blessure. J’y ai collé un pansement de rage et de volonté. Ma vie reste à sa place. La vie mourra avant moi. Je ne ressens plus rien. L’indifférence s’est installée à la place de l’amour. De toutes ces émotions qui nous empêchent de respirer. On se laisse berner, car l’on croit avancer grâce à elles, pour elles. Mais combien ont décidé de quitter la vie pour de l’amour ? Ce n’est, au fond, qu’un sentiment mêlé de ces substances chimiques qui nous poussent à croire. Croire est inutile. Il faut avoir la foi. Il n’est point besoin d’aimer pour être… encore. Emma entend sa pensée lui dire d’être… encore. Mais quoi ? Elle a repris sa vie. Ou presque. Elle ne sait plus qui elle mais elle apprend à savoir où elle va. Il paraît qu’elle a toujours eu les pieds ancrés au sol. Emma marche beaucoup dans les rues de Paris. Une année s’est écoulée depuis son accident. Elle se construit une nouvelle vie dans les souvenirs de ceux qui la connaissaient avant son accident et avant que sa mémoire ne meure. Aujourd’hui, elle ne veut plus être cette Emma. Elle ne cherche plus qui elle était.
Elle marche beaucoup en regardant le ciel. « Tiens, se dit-elle, des fleurs à une entrée de métro. C’est original. » Elle continue son chemin. Emma se dit qu’elle reviendra. Elle est curieuse de rencontrer le jardinier du métro.
Jean remonte l’escalier de l’entrée du métro. Il s’arrête. « Ce parfum… », pense-t-il. Jean n’a jamais pu retrouver Emma. C’est comme si elle était devenue évanescente. Il prend soin de ses fleurs...
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