LE SUPER-HÉROS
318 pages
Français

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Description

Une adolescente de la campagne courageuse et
pétrie de valeurs ; un père de famille poussé à la débrouille ; un
enseignant méritant d’un village perdu ; un fonctionnaire
international aisé ; une étudiante confrontée à un dilemme ;
un industriel à succès engoncé dans ses certitudes ; une
vieille femme de ménage à la curiosité débordante ; un cheval
révolté et philosophe ; deux « soeurs siamoises » ; un jeune
homme sans repères ; un incident inédit dans un bus ; un enfant
qui regarde le monde sans comprendre ; une embarcation de
migrants « clandestins » à la dérive ; une adolescente accroc
au téléphone et aux réseaux sociaux…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 26
EAN13 9782723616376
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE SUPER-HÉROS
Cet ouvrage a été publié grâce au fonds d'aide à l'édition du Ministère de la Culture et de la Communication
© Les Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal - Dakar - 2021
ISBN : 978-2-7236-1637-6
Les Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal B.P. 260 - Dakar Tél. : (221) 33.822.15.80 Fax : (221) 33.822.36.04 E-mail : neas@orange.sn Site web : www.neas.sn
Maguèye TOURÉ
LE SUPER-HÉROS Récits
Les Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal
Du même auteur
- De l’imparfait au subjectif, Dakar, éditions Feu de brousse, collection « Point de vue », 2009
- Les sens de la sottise chez Flaubert, Paris, l’Harmattan, 2010
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Le super-héros Si Dieu le veut Feux à volonté À quitte ou double Dépouillement Une vie de bonne Le savoir à tout prix Where are you going ? Sincères salutations Caricature Rouge Au petit trot Symphonie Convoyeur d’espérances Du bout des doigts Explosion de joie Téréma
Le super-héros
Le bus se traînait, pris dans les embouteillages, au milieu d’une circulation en accordéon. Ça klaxonnait de partout pour exprimer son exaspération. Les gaz polluants expulsés des pots d’échappement enfumaient l’atmosphère, rendant l’air quasi irrespirable. La chaleur était insupportable à cette période de l’année et mettait les nerfs à rude épreuve. On ne se pardonnait rien ; on ne tolérait rien. Pour un détail, fusaient des propos grossiers, des insultes. Pour une peccadille, on descendait de voiture, on s’empoignait, avant qu’une bonne âme ne vienne jouer les paciïcateurs. Il pouvait arriver qu’on en vînt aux mains et que l’affaire se terminât au commissariat. Les difïcultés de la vie mettaient les gens sous tension, et la météo en rajoutait. Il sufïsait alors d’une étincelle pour que la colère sourde, diffuse, s’embrase tout
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d’un coup, déversant une lave brûlante de rage contenue. Le bus n’arrivait plus à bouger, coincé entre véhicules mal positionnés, qui refusaient de céder le passage au mastodonte, et cyclomoteurs qui tentaient de se fauïler entre les ïles de voitures. Les coups de klaxons reprenaient de plus belle, en un concert dissonant. A l’intérieur du bus, la chaleur était intense ; tous les passagers étaient en nage. Baba transpirait toute l’eau de son corps, épuisa un paquet de mouchoirs à s’éponger le visage, sans que le résultat ne soit garanti. Dès qu’il s’arrêtait, la sueur ressortait de plus belle. Son corps était une éponge. Jetant un regard autour de lui, il se rassura en constatant que tout le monde était logé à la même enseigne. Dehors, le ciel d’un bleu immaculé était lézardé par les èches que le soleil décochait sans pitié sur les humains ; de rares nuages blancs et ïns serpentaient au milieu de l’azur, fuyant vite, comme pour échapper à la furie de l’astre solaire. L’air était aussi en feu, asséchant les gorges, rendant la respiration malaisée. La nature reprenait ses droits, célébrait sa toute-puissance face aux hommes résignés.
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Il en était ainsi tous les jours ouvrables de la semaine. Baba rentrait du travail et devait passer en moyenne trois heures debout dans le bus rempli, pour rallier son domicile. C’était le lot de beaucoup d’habitants aux revenus moyens soumis aux affres de la grande ville ; cela le consolait en partie. Quand il retrouvait sa demeure le soir, fourbu, l’homme devait déployer des efforts immenses pour soutenir la conversation avec sa femme Mariam, et feindre de s’intéresser aux histoires insigniïantes du quotidien, qu’elle racontait avec enthousiasme à son mari, sollicitant souvent son point de vue. Seul son petit garçon de quatre ans, Baye Madior, arrivait à le dérider. Malgré la chaleur, il enviait les passants qu’il apercevait à travers les vitres sales du bus. Eux, ils respiraient au moins l’air du dehors, bien que celui-ci fût totalement pollué. Il se sentait en cage dans le bus bondé, prisonnier des embouteillages. L’employé essayait de garder son calme, de vider son esprit de cette situation délétère, pour l’emplir de la pensée de sa petite famille, qu’il allait bientôt rejoindre, du moins il l’espérait, car on n’était pas encore tirés d’affaire.
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Aun moment, le car, qui guettait jusque-là un trou de souris, vit une échappatoire dans le ot des véhicules moins imposants que lui. Toussotant du moteur, le véhicule prit alors une décision rapide, joua des coudes, força le passage et puis, tout d’un coup, percevant une ouverture, donna un violent coup de rein pour s’y engouffrer, imposa sa force pour s’extirper du piège. Des voitures se dégagèrent à temps en voyant le mastodonte arriver sur elles, avant d’être embouties. Les marchands ambulants, qui avaient proïté de l’aubaine de l’embouteillage providentiel et de l’immobilité des voitures pour offrir leurs marchandises aux conducteurs et passagers, clients potentiels, s’écartèrent aussi de justesse, avec adresse, à la manière de toréadors chargés par un taureau en furie. A la ïn, le bus réussit à accélérer. Il s’était dégagé du cafouillage. Comme en récompense, avec la vitesse, une bouffée d’air s’engouffra dans le véhicule de transport en commun, soulageant les passagers. La tension retombait un petit peu. Baba respira un bon coup. Leur calvaire semblait terminé. Le bus roulait maintenant sur une voie assez dégagée.
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