Le Souffle du temps
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Le Souffle du temps , livre ebook

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Description

Au dix-septième siècle, au royaume de Siam, le jeune Grec Gerakis, porteur d’un secret qu’il protège jalousement, croise la route de la belle princesse Krom-Luang et l’éternel regard de ses yeux mauves. Que vont-ils devenir ? Suite à la visite des ambassadeurs du Siam à la cour de France, le roi Louis XIV décide la construction d’un navire plus puissant que tous ceux construits jusqu’ici. Ce n’est pas seulement pour affirmer sa suprématie. Il a un objectif caché.



Trois siècles plus tard. Dans Pierres de Rêves, vous avez peut-être vécu la longue quête d’Aurélia, jeune fille de dix-huit ans, pour retrouver sa mère qui l’a abandonnée à sa naissance. Quelle est cette malédiction qui pèse sur elle ? Va-t-elle enfin réussir ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 janvier 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414005987
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-00596-3

© Edilivre, 2017
Du même auteur
Du même auteur :
– Aux éditions du Scribe d’Opale :
– Des nouvelles du boudoir, 2004, nouvelles (en collaboration)
– Morts à la carte, 2005, nouvelles
– Pierres de rêves, 2007, roman
– Créatures, 2009, nouvelles
– Aux éditions Les Deux Encres :
– Saba, 2012, roman
Exergue









Si un jour, la vie t’arrache à moi Si tu meurs, que tu sois loin de moi Peu m’importe si tu m’aimes, Car moi je mourrai aussi…
Edith Piaf
Prologue
Au Sud-Ouest de la Grèce, dans l’archipel des îles Ioniennes, se trouve l’île de Céphalonie. Comme dans beaucoup de ses semblables, on ne peut y passer sans ressentir la magie du soleil, du ciel et de la mer. Les flots tranquilles vous bercent de leur douceur. L’aride rocaille des montagnes se mêle au parfum sans égal des mille herbes méditerranéennes. Mais à Céphalonie, plus qu’ailleurs, il y a quelque chose de spécial. On ressent une harmonie très particulière. Dans la péninsule d’Argostoli, à plus d’un mètre sous la surface, l’eau de mer s’engouffre violemment dans la roche et disparaît dans les profondeurs. Il a fallu longtemps aux scientifiques pour comprendre cet étrange phénomène. L’eau mystérieuse remonte de près d’un mètre jusqu’au lac souterrain de Melissanis, puis, via les sources saumâtres de Sami, se jette dans le golfe d’Ithaque. Son périple au cœur de la montagne dure plusieurs semaines. Au passage, le courant a pris tout son temps pour prélever dans les entrailles de la terre un je ne sais quoi d’infini. C’est peut-être ce qui donne aux sources cette incomparable teinte mauve aux reflets sans cesse changeants, comme si l’eau se défiait à la fois de la pesanteur et du temps qui passe. Curieusement, le temps ne semble pas avoir de prise sur les habitants de Céphalonie. De mémoire d’homme, on a toujours vécu très vieux, ici. Impossible de donner un âge aux doyens des villages, eux-mêmes ne s’en souviennent plus. Mais les histoires qu’ils racontent laissent penser qu’ils ont bien plus d’un siècle d’existence. Oh, bien sûr, on y meurt, comme partout, mais jamais simplement de vieillesse. La vie saine au grand air, l’absence de pollution industrielle et la saine nourriture méditerranéenne y sont pour beaucoup. C’est en tout cas ce que disent les scientifiques.
Mais ce n’est pas ce que vous diront les habitants. Ici, il existe une croyance très forte que l’eau de la terre porte en elle la magie de l’éternité. Parfois, ils se laissent aller à déguster les breuvages capiteux des vignes brunis de soleil. Mais il y a toujours sur la table un pichet de l’eau du lac, ramenée dans de grandes outres de chèvre, à l’occasion de randonnées souterraines. Les nombreuses analyses de cette eau et n’y ont trouvé qu’une très légère radioactivité naturelle et d’infimes traces de fer et de nickel. Rien qui, selon eux, justifie la vénération populaire pour l’eau des profondeurs. Mais les instruments modernes sont-ils assez perfectionnés ? D’où vient l’éternité ? Lorsque vous questionnez les Céphaloniens les plus âgés, ils vous tendent simplement un verre d’eau, en souriant.
I Gerakis
I
1650, Sami
Courbé sur le puits, mètre après mètre, le vieil homme hissait l’outre pleine du précieux breuvage. Au sol, près de la margelle, la corde soigneusement lovée était d’une longueur impressionnante. Gerakis se pencha prudemment. Il n’avait que treize ans, mais il était assez fort maintenant pour aider à remonter l’eau, fasciné par l’opération. Jour après jour, il assistait la même scène : son aïeul allait puiser l’eau dans ce trou béant qui descend au plus profond des entrailles de la terre. Ensuite, il fallait ramener l’outre au village, évaporer l’eau dans une immense cornue réchauffée par la puissance des rayons solaires. Il ne recueillait que les quelques dernières gouttes. Ce n’était que la première étape. Lorsque la quantité était suffisante, il fallait la faire percoler. Et pas dans n’importe quoi. La terre, c’était dans la grotte de Drogaroti, tout près du village, qu’il fallait la prendre. Son grand-père n’avait plus la force suffisante pour tirer les charrettes, mais toute la famille s’y mettait. On ne discutait pas les ordres du patriarche : sous la lueur des torches, dans l’obscurité de la caverne, il repérait les couleurs et les types de roches. Lorsqu’il avait désigné avec précision l’endroit, tous creusaient le sol pour prélever la terre. On ne pouvait réaliser ce travail qu’au début de l’été, lorsque le sol était chargé des principes actifs laissés par les pluies de printemps. Après, c’était trop tard, les effluves s’évaporaient. Son grand-père le lui avait souvent expliqué, mais lui seul savait repérer les bons endroits. Gerakis se demandait quel âge il pouvait bien avoir. Il y a trois ans, ses parents étaient morts en mer, dans une terrible tempête. Il aurait dû leur demander. Maintenant, personne ne savait plus. Ses trois frères, plus âgés, avaient leur travail, alors c’était le vieil homme qui s’occupait de lui. Ils l’avaient toujours connu ainsi, ridé, voûté, calciné par le soleil. De temps en temps, il questionnait les villageois, surtout les plus vieux. L’aubergiste Kyros, par exemple. Il avait quatre-vingt dix ans, mais lui aussi, il avait toujours connu son grand-père ainsi. Gerakis en était arrivé à la conclusion qu’il avait au moins cent cinquante ans. C’était donc peut-être son arrière-arrière-grand-père. Inutile de demander aux autres habitants, ceux qui étaient encore plus vieux : il avait bien essayé, mais ils avaient tous plus ou moins perdu la mémoire, et ne se rappelaient pas leur date de naissance. Pourtant, dans le village de Sami, tout le monde avait l’air en pleine forme. La vie était belle.
Lentement, l’enfant et le vieux regagnèrent la maison. Une grande bâtisse en pierres sèches, des murs tordus d’où jaillissaient quelques herbes folles, et un toit de tuiles grises aux reflets verts. Gerakis se demanda d’où ces tuiles pouvaient bien venir, il n’en avait jamais vu de semblables dans les environs, et c’était la seule maison ornée de la sorte dans le village. A n’en pas douter, son grand-père connaissait l’île comme sa poche. C’était probablement dans quelque caverne oubliée qu’il avait découvert cette toiture si curieuse. Mais le plus étrange, c’était l’atelier qui se dressait dans la cour intérieure : le gigantesque alambic en cuivre, entouré de dizaines de miroirs naturels. Mille plaques de mica concentraient les rayons du soleil. Dans le bac, soigneusement protégé de la pluie et du vent, on déversait les terres souterraines. Puis d’innombrables tuyaux dispersaient le concentrat sur toute la surface du percolateur. Et dans une cave située juste sous la maison, le produit devait encore macérer pendant des mois dans une décoction de plantes. Le vieil homme en conservait jalousement le secret. Gerakis avait assisté à la récolte qui se déroulait au début de l’automne, lorsque les végétaux étaient gorgés de soleil. Il fallait ne ramasser que quelques types de plantes dont son grand-père lui avait plusieurs fois donné le nom, en grec, bien sûr. Mais il ne savait pas écrire. Pour ne pas oublier, il aurait fallu qu’il dessine la forme des feuilles, mais il n’avait rien pour dessiner. Seule sa mémoire lui permettait de s’en souvenir. Un jour peut-être, il aurait à faire de même. Mais il savait bien qu’il n’y parviendrait pas. Seul le vieil homme savait quels chemins il fallait prendre pour trouver les plants les plus rares. Ils avaient parfois fait plus de dix kilomètres dans la montagne pour les trouver. Il avait également assisté à la purification finale de la liqueur, un concentrat aux reflets violets, récolté dans une petite fiole de cuivre. L’opération finale était complexe, et sa connaissance disparaîtrait bientôt, Gerakis en était certain. D’autant que, plusieurs fois, son aïeul avait exprimé son inquiétude :
– Tu vois, petit, cette année, je n’ai récolté que quelques gouttes. Il y a cent ans, j’aurais presque rempli la fiole en une année. La qualité de l’eau se dégrade, et peu à peu, les effluves disparaissent. Quant aux plantes, les meilleures se font de plus en plus rares. Tu as vu tout le mal que nous avons eu, l’an dernier, pour en ramasser juste quelques-unes. Je ne sais pas si cela suffira, cette année.
Au passage, les mots confirmaient à l’enfant que son grand-père était vraiment très âgé. Mais avait-il toute sa tête ? Pourquoi s’obstinait-il dans cette tâche ingrate ? Nul ne le savait, ou nul ne voulait le dire. Parfois, Gerakis l’avait surpris à faire le tour du village, une fiole dans la poche, mais il n’avait jamais su ce qu’il pouvait bien en faire. Par contre, il voyait bien que l’homme était respecté, vénéré, même, comme s’il détenait un immense pouvoir. Et au sein de la famille, personne ne contestait. Il était le chef.
Aujourd’hui, le temps était à l’orage. Les animaux semblaient anormalement excités. Il se préparait quelque chose. L’air était électrique, chargé de sel, poisseux, bien qu’il n’y ait pas un souffle de vent. De gros nuages cuivrés nappaient l’horizon. On entendit les premiers grondements du tonnerre. Mais n’était-ce bien que cela ? Soudain, Gerakis ressentit une vibration. Du toit, une petite pierre se détacha et tomba à ses pieds. Dans la cour, l’alambic émit de drôles de sons, comme s’il entrait en résonance. Un chien s’enfuit en hurlant à la mort. Puis le phénomène s’amplifia. Le grand-père prit fermement Gerakis par le bras et l’entraîna à l’extérieur de l’habitation, juste à temps. C’était un séisme, de faible amplitude, mais suffisant quand même pour faire s’écrouler l’un des murs de pierre de la mais

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