C'est l'histoire d'une course éperdue contre des passions impossibles. Un jeune homme tourmenté s'enfuit et rejoint un ami parti accompagner quelques touristes dans le Sahara. Parcourant l'immensité brûlante et les anciennes cités des sables, le héros tente de se délester des images qui le poursuivent : un premier amour déçu, le rictus affreux d'une femme qui l'a trop aimé, un père honni par la société mais était-il vraiment coupable ? Seule la tendre attention des enfants, lorsque le soir venu il s'improvise conteur, console son errance.Tour à tour enquête policière, émouvante introspection, conte contemporain, ce roman nous emporte aux confins du désert, dans un décor majestueux. Portée par l'écriture singulière et poétique de Beyrouk, grand écrivain mauritanien, c'est aussi une ode à la beauté de la nature et à l'écoute des autres.
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Extrait
e sîence des orîzons
Du même auteur
Chez e même édîteur « Pour quî reeurîra e prîntemps ? » înRêves d’hîver au petît matîn, 2013. e Grîot de ’émîr, roman, 2013. e Tambour des armes, roman, 2015.Prîx Kourouma, Prîx du Roman Métîs des ycéens. Je suîs seu, roman, 2018. Prîx Amed Baba de a îttérature arîcaîne.
Chez d’autres édîteurs Et e cîe a oubîé de peuvoîr, roman, Dapper, 2006. Nouvees du désert, nouvees, Présence arîcaîne, 2009. Parîas, roman, édîtîons Sabîne Wespîeser, 2021.
ï aut que demaîn revîenne, et es coueurs du jour, et e sourîre des gens et e soeî sur es joues des Ies. Je ne veux pus regarder autour de moî. Je veux scruter a brîance des étoîes pour y îre es joîes quî m’attendent. Ees doîvent bîen exîs-ter es eures quî caressent, es moments où on sent se ever en soî es poésîes du soîr. J’essaye de décîfrer es rumeurs du sîence, parce que tout se taît maîntenant, es tumutes d’aujourd’uî sont éteînts, î n’y a qu’un espace îmmense et moî, nous deux seus, moî et e rîen, ou bîen moî et e tout, je peux crîer et personne ne m’entendra, je peux însuter ’unîvers entîer, je peux m’ôter es abîts et courîr îbrement, je peux ancer toutes es însanîtés du monde, je peux même réLécîr sî je veux, tout est possîbe îcî, sau es autres. Je veux maîntenant sous ce cîe beu quî se taît écrîre de nouveaux mots quî puîssent me vaoîr absoutîon. J’éteîns es crîs quî se proIent et es îmages cruees quî veuent me voer a vîe, quî tentent de s’înItrer en moî, non, je veux tout étoufer et appeer de nouvees umîères. Je veux
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en moî e vîde pour tordre e cou au vraî, ouî, î aut que ce quî ure en moî s’éteîgne et que reprennent es sîrènes d’antan. C’est Fatî quî me sauvera peut-être, ne voîr que ses yeux, n’avoîr dans ’esprît que mes meî-eurs moments avec ee, tuer tout e reste. Ee utîîsaît des mots quî appartîennent à ses seîns, ouî, quî se dressent peîns de sève et de vîe. J’aî vu e bras tout nu Et a gorge quî papîtaît Et e vîsage rayonnant Et es yeux quî chantaîent Je a revoîs redonner des cansons ancîennes. es paroes de quî ? Ee tapotaît de ses maîns gracîes ses jambes et evaît a tête au cîe comme pour écapper aux appes încessants de ’eure. À ces înstants, je ’aîmaîs encore pus ort. Ouî, peut-être qu’ee ne m’a pas vraîment âcé... Peut-être est-ce seuement jaousîe, î y a des mots à dîre et je es dîraî : Je ne suîs qu’un pauvre amoureux aveuge quî ne saît poînt où aer, je veux que tu me montres a voîe et je m’y tîen-draî, pus jamaîs un mot nî un geste quî ne te paîraîent, dîs-moî, montre-moî a route quî va vers toî et je a prendraî, dussé-je voîr user es pantes de mes pîeds, tarîr ’eau en moî... », des coses bees et nues comme ça, quî n’ont pas
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d’écorce, seuement des euîages, et ee me re-vîendra peut-être. Ouî, je doîs ce soîr rester sur es bees îmages, es souvenîrs eureux, renvoyer ces tourments quî guettent, efacer aujourd’uî, cea n’exîste pas au-jourd’uî, î n’y a qu’îer quî est peut-être demaîn. ï aut bîen se répéter sans cesse : Ça n’exîste pas cette oîe, cette rage démente, ces yeux quî se sont éteînts, cet înstant de maeur, ce n’étaît pas moî je ne peux pas avoîr aît ça, c’étaît un afreux caucemar, et je me suîs réveîé à, seu, au mîîeu de ces îmmensîtés. » ï aut efacer, je doîs y arrîver, et î aut se répéter aussî, personne n’a rîen vu, î n’y a donc rîen eu », î e aut bîen sî je veux survîvre, et puîs qu’est-ce qu’une eure de oîe dans a vîe de quequ’un, un înstant d’aveugement, pourquoî ces queques mînutes obîtéreraîent-ees une vîe, non, je ne devraîs pas aîsser a démence d’un moment envaîr mon exîstence, je doîs oubîer ces îmages et en appeer d’autres, ermer es yeux et appeer es moments eureux. es moments eureux combîen sont-îs ? Je ne saîs pus, î y a a mer bîen sûr et î y a toujours ee. Fatî encore, es eures que nous passâmes à a page, un petît restaurant, de petîtes tentes, et nos maîns quî se serraîent urtîvement au-dessous d’une tabe. Cet après-mîdî-à, a mer avaît revêtu
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son abît beuté consteé de Is d’or, es vagues se pressaîent pour embrasser e sabe et revenîr, ees aîssaîent des bues bances quî s’évaporaîent entement – a saîve de a mer, on dîsaît – et quî restent sur es èvres, des enants se poursuîvaîent bruyamment, nous ne parîons pas ou presque, nous avîons déjà tout dît, je croyaîs tracés es sîons quî eraîent nos vîes. C’est cea, je veux abîter e temps quî est partî. Raya ne doît pus être, ee n’a jamaîs exîsté, comme ce père maudît, comme a raceur de a nuît quî maîntenant me pénètre, je suîs aîeurs, es tenaîes des remords ne peuvent pus m’atteîndre. Je doîs contînuer mon cemîn et aer oîn, rejoîndre Sîdî et ses amîs, courîr derrîère de nouveaux mondes, et aînsî tout efacer. Je poursuîs ma route, es pares entrouvrent es battants de a nuît sombre, e monde entîer se taît, e sîence m’assourdît, î me èe pour m’attîrer vers es tourments, je reuse obstînément de me aîsser noyer dans e Lot des souvenîrs mauvaîs, je cante moî aussî, des mots oubîés me revîennent aux èvres, es méopées de mon enance. a une sourît ce soîr ï aut aer Lâner Près des tentes de ’oubî Pour rencontrer ’Aîmée