Le Siège
122 pages
Français

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Le Siège , livre ebook

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Description

« Son cœur rayonne, elle sait, il ne sait pas, elle va le lui dire, il va être fou de joie et elle le dira à la ville entière, au monde entier même.C’est la journée du bonheur, un bonheur profond et sincère, quand, subitement, en tournant la tête vers la droite, elle aperçoit Pierre avec une jeune fille blonde. »



Maud s’apprête à partager avec son bien-aimé la joie d’être mère, lorsque la trahison lui saute au visage : Julie, sa meilleure amie, dans les bras de Pierre ! Désespérée, elle s’enfuit et élève seule Hugo, son enfant. La voici, quarante ans après, installée dans un petit port de pêche.



Un soir, alors qu’elle se délasse après son travail, quelqu’un frappe à sa porte. Beau jeune homme de 18 ans, à l’allure un peu défraîchie, Tom débarque chez elle et lui apprend qu’il est son petit-fils...



Surprise par la ressemblance avec Hugo, Maud accueille avec affection cet adolescent qui lui conte son histoire. Reconnu à la naissance uniquement par son père, il veut retrouver sa mère biologique et c’est à elle, sa grand-mère, qu’il s’adresse pour l’aider dans ses démarches.



Un suspense mené avec brio par Jacques Ropars.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 janvier 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414470150
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-47014-3

© Edilivre, 2021
Pour notre petite Marie, dernière arrivée dans la famille.
Le Siège 1 ère partie
 
 
Il était dix-neuf heures et Maud s’apprêtait à fermer son magasin. Auparavant, elle devait remiser les fleurs restantes dans l’arrière-boutique. C’était un travail indispensable qui prenait du temps, et le lendemain, dimanche, il faudrait qu’elle vende son stock, avant la livraison prévue lundi. Elle avait ses astuces, Maud, elle était plutôt artiste. Alors elle créait des compositions, pas très grandes, pas très chères mais qui se vendaient bien après la messe. Certaines d’entre elles finissaient au cimetière comme d’autres étaient offertes à la belle-mère !
Elle en avait encore pour deux heures de travail, et elle était heureuse. Dans son métier de fleuriste, c’était ce qu’elle aimait le plus. Les clients aussi, qui venaient simplement pour voir, repartaient bien souvent avec une composition. Elle était très avenante et donnait l’impression d’être toujours à l’écoute des autres. Elle était grande, alors elle en imposait un peu. Toujours pimpante, les cheveux remontés en chignon, qui dévoilait une nuque superbe et un port altier, attirant le regard des hommes, tout en inspirant le respect. Le métier de commerçante lui allait à merveille et sa clientèle, tout en s’élargissant, lui demeurait fidèle.
Maud habitait à deux cents mètres de son commerce. Elle aimait penser à ce jour, il y a quarante ans déjà, où elle arrivait ici et tombait amoureuse de cette maison, face au port de pêche. Elle n’était certes pas très pratique, toute en hauteur, deux étages et une pièce par niveau, mais Maud avait su l’arranger avec goût et en faire une demeure atypique : une salle à vivre au rez-de-chaussée et une chambre avec salle de bain et toilettes aux autres étages. Elle voulait deux chambres, une pour elle et une pour l’enfant qu’elle attendait.
Ce jour de mai fut à la fois un savant mélange de bonheur et de tristesse, une chance et un échec, la fin d’une époque et le début d’une nouvelle vie. Une journée qu’on n’oublie pas, qui reste gravée. Une journée qui ne nous quitte jamais, qui laisse des traces jusqu’à la fin de la vie. Une de celles qui renvoient chaque année un goût amer tout en prouvant qu’il est possible d’ouvrir une nouvelle page ; qui, en créant de l’espoir, génère du doute, qui montre notre capacité à réagir, même si parfois la peur est présente et fait frissonner.
Elle avait eu le courage de réagir, de construire une nouvelle vie. Elle avait voulu transformer un échec en succès : elle avait réussi, mais le succès s’était, plus tard, transformé en échec. Alors elle attendait encore une nouvelle chance, l’occasion qui l’autoriserait à devenir pleinement heureuse.
Elle avait fait le test de grossesse, il était positif, elle était contente. Elle avait même pris son après-midi pour l’annoncer à Pierre. Ils étaient ensemble depuis dix-huit mois quand un matin au petit-déjeuner il lui avait dit : « je crois que je suis prêt, j’ai grandi grâce à toi et oui, j’aimerais bien que nous soyons trois ». Elle s’était aussitôt jetée dans ses bras, riant et pleurant à la fois. Le vrai bonheur, son rêve : avoir un enfant aussi beau que Pierre. Ce bébé, elle le voulait depuis longtemps, elle le lui avait dit, mais Pierre avait pris peur, comme si elle voulait lui voler son enfance ou sa vie. Alors elle attendait, en se disant, « peut-être qu’un jour… » ! Depuis, elle attendait. Alors elle avait gravé ce samedi matin au fond d’elle. Son cœur battait vite et fort, ses yeux étaient humides, tout son corps trahissait son immense joie. La seule chose qu’elle avait pu dire fut : « comme je suis heureuse ! ». Le baiser qu’ils avaient échangé par la suite montrait l’osmose dans laquelle ils se trouvaient, le bonheur qui les habitait.
Elle se souvint quand elle courait dans la rue Porte Brault et se dirigeait vers la rue de La Poste, celle où se trouvent les grandes banques de la ville et celle où travaillait Pierre. À l’angle de la rue et de la place, le café de La Poste avait sorti ses tables et ses chaises, pour que les clients profitent du soleil pendant leur pause de midi. Maud trouvait que tout était beau ce jour-là, même l’affreuse fontaine qui laissait péniblement s’écouler un filet d’eau jaunâtre. La ville était jolie, la vie était belle. Son cœur rayonnait. Elle savait, il ne savait pas. Elle allait le lui dire, il allait être fou de joie et elle le dirait à la ville entière, au monde entier même. Elle regardait, avec un large sourire, les clients à la terrasse du café. Tout le monde était heureux et souriait. C’était la journée du bonheur, ou le simple instant du bonheur, quand soudain, en tournant la tête vers la droite, elle aperçut Pierre, avec une jeune fille blonde. Elle ne rêvait pas, elle le vit qui lui prenait les mains. Leurs visages se rapprochèrent et elle les regarda s’embrasser langoureusement, longtemps, très longtemps, trop longtemps. Elle resta immobile, se sentit mal, au point d’en avoir la tête qui tournait, depuis que cette fille qu’elle connaissait était entrée dans son champ de vision. C’était Julie, son amie d’enfance, la sœur qu’elle n’avait pas eue ! Celle qu’elle invitait régulièrement chez elle pour éponger ses peines de cœur, celle qui connaissait tous ses secrets, son amie de confiance. Elle lui disait tout le temps que Pierre n’était pas son type d’homme : trop sûr de lui, trop beau pour être honnête et franc. Julie recherchait quelqu’un de plus simple, un amour sincère, un homme pas compliqué qui la rendrait heureuse. Sa vie sentimentale était une suite de gaffes, d’échecs, de folie amoureuse puis de déprime. Elle trouvait son réconfort auprès de Maud, qui ne se posait plus de questions depuis qu’elle avait rencontré Pierre. Elle avait oublié qu’elle aussi avait auparavant vécu ses amours avec passion, en laissant le hasard la combler.
Elle avait cru qu’elle allait s’évanouir, là, sur la place, devant cette horrible fontaine. Elle n’arrivait plus à rassembler ses pensées, ni à retrouver ses esprits. « Je ne veux pas qu’ils me voient, il ne faut pas qu’ils me voient, je ne veux plus les voir, je dois partir d’ici. » Si heureuse il y avait encore cinq minutes, son monde s’est écroulé. Fière d’être enceinte, de grosses larmes coulent sur ses joues. Heureuse d’annoncer sa grossesse, elle décide de fuir. Elle n’était plus elle-même, elle sentait son cœur qui battait trop vite, elle marchait dans les rues comme un robot. Elle ne regardait pas où elle allait, sa tête ne commandait plus, elle voyait trouble. Elle s’assit sur un banc, et pleura. Elle chercha à retrouver son calme, puis elle se releva et marcha encore. Sans savoir comment, elle se retrouva devant la porte de son immeuble. Elle monta l’escalier, ouvrit la porte de son appartement, s’affala sur son lit et déversa tout ce qu’elle put de larmes sur l’oreiller qui l’avait vu si heureuse.
Cela faisait quarante ans qu’elle était ici, au Croisic ; qu’elle avait aménagé sa maison selon ses goûts, un talent certain pour donner à cette demeure un côté artiste et pratique à la fois.
Dans un premier temps, son enfant dormirait dans sa chambre : elle craignait la mort du nourrisson. Puis, plus tard, il aurait sa chambre à lui, au troisième niveau, avec vue sur le port. Cette pièce était déjà équipée en chambre d’enfant, avec tout ce qu’il fallait en mobilier, décoration et jouets.
Elle avait quelques larmes au coin des yeux quand elle se remémorait la naissance d’Hugo. Quel bonheur, mais aussi quelle tristesse d’être seule : personne pour partager sa joie. C’était sa vie, tout en contraste, elle n’avait jamais connu de plaisir sans drame, elle avait toujours mélangé le rire et les larmes, c’était sans doute le produit de sa vie de recluse.
Comme d’habitude, elle était confrontée au bien ou au mal, au blanc ou au noir, au positif ou au négatif. Elle ne savait pas choisir, elle ne savait pas décider, sauf dans l’urgence absolue. Elle s’emportait vite et désespérait aussitôt. Elle n’avait jamais appris à vivre, à comprendre sa personnalité, à décider. Élevée par les sœurs, elle écoutait, était sage, ne parlait que très peu, ne courait pas, ne criait pas, chantait des psaumes. Une fille obéissante, sans problème, mais aussi sans vraie vie.
Ses parents avaient toujours été absents, leur travail les accaparait et ils voyageaient dans le monde entier. Ils étaient voyageurs de commerce international. Les avions étaient leur maison, ils connaissaient des hôtels dans le monde entier, parlaient sept langues chacun. Ils étaient reconnus par toutes les plus grandes firmes mondiales. Alors la petite Maud, où pouvait-elle se situer ? Dès ses deux ans, elle fut confiée à la Congrégation des sœurs de Romorantin. C’était le top du top, une Congrégation reconnue par l’excellence en termes d’éducation et d’enseignement. Les filles qui en sortaient, souvent à leur majorité, étaient des exemples et brillaient dans la haute société. Il faut préciser aussi que les parents devaient avoir de bons revenus pour financer une telle scolarité et il n’y avait, à part Maud, aucune autre fille native de Romorantin.
Au départ, les parents de Maud prenaient leur fille avec eux à toutes les vacances scolaires. Elle se souvint de quelques moments passés avec eux à Noël essentiellement. Elle recevait tellement de cadeaux qu’elle restait immobile à les contempler. Un vrai magasin ! Ses parents ne la regardaient pas, ils écrivaient sur des blocs assis autour de la table de la salle à manger. Voilà son plus grand souvenir.
Puis les visites s’espacèrent, de quatre fois, elles passèrent à d

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