Le sang des olives
454 pages
Français

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Le sang des olives , livre ebook

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Description

1898, en plein maquis corse. Luis, un contrebandier, découvre un bébé d’un mois à peine, Alejandro, dont la mère gît morte à côté de lui. Élevé par Luis, l’enfant grandit au cœur des montagnes. Devenu presque un homme, Alejandro vit de la récolte des olives, un commerce florissant de la Corse du début XXème siècle. Il rencontre ainsi Juliette, fille adoptive du plus grand producteur d’huile d’olive de Balagne. C’est alors que la guerre éclate et Alejandro décide de s’engager contre toute attente. Pourquoi cette décision ? Par amour ? Ou par dépit ? Finira-t-il par connaître ses origines, le combat de sa vie ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332966193
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-96617-9

© Edilivre, 2015
Ouvrage déjà parus

Ouvrages déjà parus :
« Ils ont tenté de sauver JFK » , 2010, aux éditions Persée.
« La Goélette bleue » , 2012, aux éditions de Saint-Amans.
1 L’enfant sous l’olivier
Corse, premier juillet 1898. Quelque part en Balagne, en milieu d’après midi. Le soleil de l’été brûle le sol. Les odeurs de thym, de romarin et de myrte, sont exhalées par la chaleur. Les oliviers sont présents partout, par dizaines de milliers. Les fruits qu’ils portent ne sont pas mûrs mais accumulent déjà l’huile qui fait la richesse de la région. Le silence règne. Le monde animal est endormi, aucun insecte ne se risque à supporter la fournaise.
Seule une femme brave ces conditions extrêmes. Elle marche péniblement. Son souffle est court, l’air sec et l’effort de sa marche effrénée ont enflammé ses poumons. De fragiles sandales protègent ses pieds du sable chauffé à blanc, mais pas des plantes piquantes, qui lacèrent aussi ses jambes. Sa peau est meurtrie par les morsures du soleil et ses yeux crépitent de souffrance. Victime d’une grave insolation, une douleur lancinante à la tête ne la quitte plus. Il lui reste un peu d’eau au fond de sa gourde, mais, assoiffée, elle n’en profite pas. Elle pleure, mais aucune larme ne coule de ses joues. Elle crie, mais aucun son ne sort de sa gorge.
Épuisée, elle s’agenouille à l’ombre d’un olivier millénaire. Elle pose sa gourde au sol, puis découvre délicatement sa poitrine où un nouveau-né, d’un mois à peine, dort, sans se douter du drame en train de se dérouler. Elle esquisse un sourire, mais ses lèvres se déchirent. L’enfant baille, s’étend, ouvre les yeux et les referme, comme si de rien n’était. La femme humidifie la nuque et le front de l’enfant avec les dernières gouttes de sa gourde si petite.
Elle le pose de nouveau sur sa poitrine, et tente de se lever. Mais elle n’y arrive pas. Elle retombe lourdement. Le dos en appui sur le tronc de l’olivier, elle respire profondément pour essayer de se calmer et reprendre ses esprits, mais elle n’y arrive pas. Elle serre son bébé contre elle, comme pour le protéger, mais, peu à peu, son bras s’affaiblit, sa tête se penche vers l’avant. La vie quitte ce corps devenu si frêle.
Le bébé, qui n’est plus en appui sur le sein de sa mère, roule en douceur jusqu’au sol, tapissé par une herbe douce et miraculeusement verte. A quelques mètres de là, une source doit certainement jaillir. La malheureuse femme n’a pas eu la chance de la découvrir. L’enfant sourit. Sur le dos, il observe les mouvements lents des branches de l’olivier, dont l’épais feuillage le protège du soleil. Il se rendort.
Le soleil a tourné et l’enfant est maintenant exposé au soleil. Il se réveille lorsque la soif commence à le tourmenter. Ses pleurs résonnent dans le maquis. Ils sonnent le réveil prématuré d’une multitude d’animaux qui commencent à s’activer. Le soleil est encore haut, et la chaleur, tenace, s’accroche au sol. Dans le ciel, quelques rapaces décrivent des trajectoires circulaires inquiétantes autour de l’olivier.
Tout à coup, un homme se précipite pour venir en aide à la jeune femme, mais il n’y a plus rien à faire. Il se penche sur le nourrisson. Immobile, il semble hésiter, car l’enfant s’est tu. Mais ce dernier crie à nouveau. L’inconnu le prend dans ses bras. L’enfant aperçoit le visage d’un homme au regard noir, qui se met à genoux. Il parle tout seul, d’une voix grave et douce.
– Pauvre femme, pourquoi est-elle venue mourir ici ? Elle a les jambes en sang ! Et ce visage, quelle beauté, malgré les morsures du soleil. Qu’est-ce que je vais faire de ce petit bout d’homme, il n’a pas l’air bien vif.
Il empoigne sa gourde et verse délicatement de l’eau dans la bouche de l’enfant. Mais celui-ci agrippe la gourde des deux mains pour signifier à l’homme de la porter à ses lèvres. Ce dernier est surpris de voir l’enfant agir ainsi, qui a cru reconnaître un biberon. Il reprend sa gourde, craignant que le bébé ne s’étouffe. Puis il imbibe d’eau un linge et enroule l’enfant dedans. Il l’installe à l’ombre de l’olivier.
Le bébé à la vue incertaine observe son sauveur alors qu’il commence à dégager des pierres amoncelées au pied de l’olivier. Puis l’homme soulève le corps de la jeune femme et le dépose délicatement dans sa dernière demeure. Il cherche sur la dépouille des papiers, une photo, une adresse. Mais il ne trouve qu’un médaillon en or. L’homme le défait et le met dans sa poche.
L’enfant, comme s’il comprenait la situation, se remet à pleurer.
L’homme lui dit :
Je suis désolé, il faut l’enterrer, sinon ta mère, s’il s’agit bien d’elle, ne ressemblera plus à rien d’ici une heure, avec les corbeaux et les rapaces de nuit.
Il pose doucement des pierres sur le corps de la jeune femme.
– En quoi croyais-tu ? lui demande-t-il. En Dieu ou en les hommes ? Dans les deux cas, te voilà bien avancée. Moi je ne crois plus ni en l’un ni en l’autre. Et puis quel beau cadeau me fais-tu ? Que vais-je faire de ton bébé ? Crois-tu que je n’aie que ça à faire, et que j’en sois capable ? Tu te trompes. Sur mon chemin, il ne devait pas y avoir d’enfant ! Je vais aller voir la vieille Carla, elle saura me conseiller. Ce médaillon, je le donnerai à ton enfant plus tard, s’il survit. En attendant, je vais quand même poser une croix sur ta tombe, on ne sait jamais, si Dieu existe, tu y croyais peut-être.
Avec un couteau, il sculpte la date du jour dans l’écorce de l’olivier près de la tombe.
Dans cette zone où il relève des collets depuis ce matin, très tôt, il n’y a pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde.
– D’où venait cette femme. Pourquoi marchait-elle en plein maquis, à l’heure la plus chaude de la journée, avec un enfant en bas âge. Comme si elle fuyait quelque chose, ou quelqu’un ! se demande-t-il.
L’homme se relève, remet sa veste en cuir épais, puis récupère son sac à dos chargé de quelques lapins et de baies, cueillies au cours de la chasse au collet. Avec appréhension, il soulève l’enfant et l’installe dans la poche intérieure de sa veste. Un petit nid douillet à l’abri du soleil. Il rejoint son mulet qui attend paisiblement à l’ombre d’une ruine, et reprend sa route. Il se retourne pour adresser une dernière pensée à cette inconnue.
La chaleur commence à se dissiper. L’air, refroidi, descend vers la mer. Cette brise de terre transporte les odeurs du maquis, qui varient selon les lieux. A un moment, dans une pente abrupte, une odeur de châtaignier domine, mais on devine des touches de figuiers sauvages.
Il poursuit sa marche encore plusieurs heures et vérifie ici et là les pièges qu’il a posés il y a quelques jours. A chaque fois qu’il descend de son mulet et qu’il récupère un lapin étranglé par un collet, il agit avec la plus grande attention, pour ne pas brusquer le bébé qui dort, calé sur sa poitrine.
En fin de journée, alors que la pénombre a envahi le maquis, il arrive dans un hameau situé près de Palasca, à l’Est de Belgodère, à l’heure où s’allument les bougies.
Des chiens l’accueillent à l’entrée d’une maison en pierre.
– Mais bande de fous, allez-vous vous taire ! vocifère-t-il aux chiens qui aboient pourtant de joie.
Les chiens obtempèrent immédiatement et retournent dans la maison. Une femme d’une quarantaine d’années en sort, un peu inquiète et s’écrit :
– Qui va là ? Ha c’est toi, Luis. Je ne t’attendais plus, depuis un mois que tu avais promis de m’apporter des lapins !
Luis descend de son mulet.
– Bonjour Adèle, tiens, ils sont dans mon sac. Aide-moi s’il te plaît.
– Tu ne vas pas bien on dirait. Tu es bizarre.
La femme, veuve depuis quinze ans, transporte le sac de Luis près de la cheminée. Ce dernier entre à son tour et s’assied avec beaucoup de précaution. Adèle lui sert un verre contenant un alcool fort. Luis en boit une gorgée.
– Tu es malade, tu as mal au dos ? demande-t-elle.
– Non, mais il m’est arrivé quelque chose d’extraordinaire en début d’après midi.
– Tu as couché avec la Catherine ? Depuis le temps qu’elle te voulait cette garce !
– Mais non Adèle, tu sais bien qu’il n’y a que toi !
– C’est ça, tu as autant de maîtresses qu’il y a d’olives dans un olivier centenaire !
– Tu exagères, et puis, mes maîtresses sont toutes veuves, je ne trompe personne.
– Tu diras ça à la Constantine Leca, ça fait six mois qu’elle ne t’a pas vu. Depuis qu’elle sait que tu as passé l’hiver chez Antonia, elle a demandé à ses deux frères Augustin et Ignace de te faire la peau.
– Alors il ne faut pas que j’aille du côté de Lumio, car les deux frères Leca sont deux pauvres abrutis.
– Un jour on te retrouvera truffé de plomb.
– Parle moins fort.
Il l’observe avec un sourire coquin.
– Tu sais que tu es belle dans cette tenue de travail. Je ne me souvenais pas que tu aies d’aussi beaux yeux.
– Je te vois venir, mais merci quand même. Tu veux rester combien de temps ?
– Hé bien cela ne dépend pas de moi.
– Mais qu’est-ce que tu racontes ?
A ce moment-là, le bébé qui dormait dans la veste de Luis se met à hurler pour signifier qu’il a une faim de loup, et qu’il ne tolérera aucun retard pour son biberon.
Luis et Adèle sursautent de peur et les chiens se remettent à hurler.
– Mais, qu’est-ce que c’est ? s’exclame Adèle.
– C’est ça que je voulais te dire, répond Luis en parlant fort pour se faire entendre.
– Un bébé, tu as eu un bébé ? Ha taisez-vous les chiens !! hurle Adèle.
– J’ai trouvé un bébé !
Ils parlent en criant tous les deux. Adèle le prend dans ses bras.
– Mais où ça ?
– A environ quatre kilomètres d’ici, à vol d’oiseau, au Nord, vers le Monte Negro. Il était allongé, au pied de sa mère, a priori morte d’épuise

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