Le Refuge cévenol
376 pages
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Le Refuge cévenol , livre ebook

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Description

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la famille Serre ressemblait à celle de beaucoup de fermiers, accrochés aux flancs des contreforts des Cévennes. Ils vivaient dans un cadre spartiate, travaillaient durement pour survivre mais heureux de vivre au grand air, de s'aimer sans contraintes, au rythme des saisons, en harmonie avec la nature.



Mais la vie de Rose n'est pas sans épines : veuve prématurément, elle dut prendre en main la maisonnée, aidée par ses aînés. Elle fut longtemps taraudée par bien des questions : " Qui est mon père ? "; " Mon Marius que j'adore encore m'a-t-il toujours été fidèle ? "



L'exode rural s'amorçait irrémédiablement : " Mes garçons trouveront-ils chaussure à leur pied ? "; " Réussiront-ils à me donner un héritier ? "



Son cadet fut pour elle son étoile, son espoir. Attente, suspense, surprise et enfin la satisfaction ...



Son cœur d'or, son sens inné de l'accueil et de la tolérance lui permirent de s’entourer de personnes généreuses qui apportèrent, chacune à leur façon, une pierre à l'élaboration d'un projet dû au pur hasard. Puis par tâtonnements, à force d'observations et de bon sens, avec la participation familiale, celui-ci se développa pour aboutir à un refuge à grande échelle pour des citadins européens en quête de vie authentique, ne serait-ce que le temps de leurs congés.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414447374
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-44736-7

© Edilivre, 2020
Avertissement
La géographie des lieux a été respectée, seulement Ventadour a été créé pour les besoins de l’anonymat. L’importance de l’Homol a été augmentée pour subvenir aux besoins du camping.
Les faits historiques et les techniques collent sensiblement à la réalité. Certaines modestes libertés ont été prises par l’auteur.
Les personnages ont été créés et leurs histoires sont de la pure fiction.
De ce fait, toute ressemblance avec des personnages exixtants ou ayant existé serait une pure coïncidence.
Chapitre I La ferme de le serre
« Heureux celui qui ne s’attache qu’à l’essentiel ; sa vie se déroule dans la sérénité. »
Daniel Desbiens
La nuit glaciale touchait à sa fin. Dès potron-minet : pan… pan… pan… Trois coups de fusils déchirèrent le silence pesant.
“Un sanglier de moins” pensa Guy qui sortait juste de sa ferme sur deux niveaux, au toit de lourdes lauzes cachées sous une forte couche de gelée blanche. La ferme de la Serre, implantée au bas d’une vaste forêt de sapins superbes sous leur verdure miroitante et de fayards dénudés, s’éveillait peu à peu : un timide filet de fumée bleue s’étirait dans le ciel étoilé, les lourds volets de châtaignier de l’étage s’ouvraient un à un, la porte d’entrée laissait entrevoir une lumière fade parfois rehaussée de lueurs vacillantes.
Leur habitation est édifiée sur un vaste terre-plein qui surplombe la route départementale ouvrant Génolhac vers Bessèges. Elle avoisine avec la soue du cochon, l’écurie des vaches appuyée contre la ferme, la basse-cour, la clède qui permet de sécher par enfumage lent les châtaignes, et sur l’arrière, en plein nord : des abris, des remises, le pailler.
Au-dessus, leurs ancêtres ont construit de longs murs en pierres sèches, schiste gris ou noir, millefeuillées et faciles à déliter, prises sur place pour obtenir des bandes de terre profonde horizontales propices à la culture de tout ce dont eux et les bêtes avaient besoin. Les plus basses faïsses 1 permettent la culture de plantes n’exigeant pas d’eau. Aux suivantes, les feuilles bicolores des nombreux oliviers tremblent sous le léger vent glacial : les olives noires à maturité ne tarderont pas à être ramassées, dans la froidure, afin d’en extraire leur huile aux multiples propriétés bénéfiques pour la santé. Avant la forêt, les châtaigniers squelettiques semblent frigorifiés sans leur manteau feuillu et pourtant ce sont eux qui ont sauvé des générations de paysans cévenols en période de disette. Mais l’arbre à pain n’est pas seulement une source de nourriture car leurs troncs droits sont débités en planches quasi-imputréscibles pour fabriquer leurs portes et volets, leur mobilier et… leur cercueil.
Cette ferme est implantée sur la face adret de la montagne surmontée en ce lieu d’une longue et étroite crête, justement appelée en Cévennes « serre », ce qui justifie probablement l’appellation de la ferme et le patronyme de la famille : Rose Serre la maman, Narcisse et Lilas les jumeaux, Guy le cadet venu au monde seize années après.
Le prénom du papa n’a pas été oublié mais on peut le lire gravé sur sa pierre tombale : un bloc de granit quasi-brut, fiché debout dans le petit cimetière familial privé que toutes les familles protestantes possèdent près de leur habitation, souvent entouré de cyprès :
Marius SERRE
1910 – 1951.
La journée du paysan cévenol commence tôt même en hiver. Direction l’étable mitoyenne avec le corps principal d’habitation : il faut traire à la main les quatre vaches à heures régulières toute l’année, sortir les bidons de lait et les porter sur une carriole jusqu’à la route pour être récupérés par le collecteur, ravitailler le râtelier, retirer le fumier.
Le chant matinal du coq lui rappelle que la basse-cour l’attendait aussi : changer l’eau gelée des grands baquets, ramasser les œufs moins nombreux à cause des températures négatives, les dater du jour de ponte au crayon gras, nourrir les volatiles situés dans des enclos différents : les poules pondeuses avec leurs casiers garnis de paille pour éviter de fêler les œufs, les poules à chair nourries à satiété au maïs pour être vendues pour Noël, les pigeons avec bon nombre de nichoirs un peu désertés l’hiver. Les lapins rappellent, en grattant leur porte grillagée, que leur ventre crie famine. Sans oublier Blanche, l’oie mascotte gagnée au loto de l’Association Protestante de Génolhac.
Quand Guy entra, ses frères aînés, Narcisse et Lilas, prenaient leur riche petit déjeuner pour affronter la rigueur de ce début décembre. Ensuite ils emporteront leur passe-partout de deux mètres, leurs cognées bien affûtées à long manche, de gros coins et une masse. Ils profitent en effet du répit de la végétation pour abattre les arbres morts ou éclaircir les hêtres et les sapins qui recouvrent les trente hectares qui jouxtent et surplombent leur maison. Le seul combustible que la maisonnée utilise est le fruit de leur dur labeur : du bois coupé menu pour le fourneau en fonte noire qui permet à leur maman de cuisiner hiver comme été, et qui leur procure de l’eau très chaude, des branchages et des billots pour l’unique cheminée de la maison qui sert souvent d’éclairage de la vaste salle principale.
C’est autour de la longue table de ferme que leur maman Rose supervisait le déroulement des petits déjeuners : sortir les quatre grands bols, réchauffer le lait de leurs vaches, découper de grosses tartines de pain complet de seigle, beurrées généreusement et accompagnées de confitures maison ; faire cuire deux œufs chacun avec du lard frit ou réchauffer des “caillettes d’herbes”. Les aînés accompagnaient ce repas, d’une importance vitale, d’un verre de vin de clinton 2 . Guy était la sobriété même.
Quand il pénétra dans la pièce tiédie, il s’exclama :
« – Salut, la compagnie, on est mieux dedans !
– Ne nous fais pas râler, pistonné.
– Soyez prudents, il y a une battue en cours. Elle est plutôt vers l’Elze…
– T’es sûr ? »
Et les boscatiers 3 incapables de localiser les coups de feu entendus depuis l’intérieur, quittèrent la ferme…
Leur maman est toujours angoissée lorsqu’elle entend des coups de fusil et repense toujours à l’après-midi du vendredi 5 octobre 1951, pour la sainte Fleur, date gravée dans sa mémoire, où son époux, vêtu chaudement de sa canadienne brune fourrée de peau de mouton, chaussé de ses “Pataugas” et d’un passe-montagne marron est parti en quête de champignons, bien que souffrant ce jour-là :
« – J’ai eu une bonne chiasse cette nuit…
– Reste au chaud, ça te fera plus de bien qu’aller aux champignons.
– C’est vendredi aujourd’hui, je vais chercher quelques pieds de mouton pour accommoder ta sauce de veau pour dimanche. Le grand air me fera du bien, il fait pas trop froid. La bruyère est si belle en ce moment…
– Tu n’as pas assez de fleurs à la maison ! Regarde Guy à côté de toi, et moi…
– Rose, tu resteras toujours ma plus belle fleur… »
Sur ces gentilles paroles, après lui avoir caressé son doux visage de ses doigts longs et calleux, Marius prit sa “bertoule” 4 dans une main, sa canne de buis sculptée dans l’autre, le voilà en route vers son destin…
Le crépuscule étendait son voile fin sur la nature qui se refroidissait rapidement dès le coucher du soleil ; pas de Marius à l’horizon… La nuit arriva très vite : l’angoisse commençait à serrer la gorge de Rose et gagna toute la famille.
Les deux garçons prirent leurs lampes à acétylène, les garnirent de carbure de calcium, vérifièrent le niveau d’eau du réservoir et empruntèrent les multiples sentiers qui pouvaient mener aux boletières de pieds de mouton que toute la famille connaissait. Ils appelèrent à tue-tête :
« Père, Père, réponds-nous. ».
Ils fouillèrent le maximum de fourrés, regardèrent au pied des murets voir si Marius n’avait pas chuté, aurait eu un malaise ou on ne sait quoi…
Mais en vain… Ils retournèrent à la ferme, déçus, soucieux, prêts à affronter le regard interrogateur de Rose qui ne pouvait rester en place, tournait en rond dans sa cuisine, sortait, rentrait, appelait ses garçons :
« Narcisse… Lilas… ».
Elle avait pris soin de mettre Guy, qui n’avait que six ans, au lit afin de ne pas lui imposer une vision traumatisante de son père, car cette absence prolongée ne laissait augurer rien de bon. Mais quoi ? Un malaise ? Un accident ? Il n’a pas pu se perdre dans ses propres terres… S’est-il aventurer hors de sa forêt ? Mais pourquoi ?
Dès qu’elle vit ses garçons, elle accourut à leur rencontre et malgré le faible clair de lune ne compta que deux silhouettes et ce qu’elle appréhendait se concrétisait : il en manquait une…
« – Et alors ?
– Alors, rien. On ne peut pas le laisser dehors cette nuit, le ciel est clair, il va geler fort. Avertissons les voisins qui sont à moins d’un kilomètre. »
Sitôt dit, sitôt fait. Lilas enfourcha leur unique moyen de locomotion : une vieille bicyclette avec un phare qui était un signal plutôt qu’une lampe. Sa mère s’y opposa :
« – Reste ici, Lilas, tu ne vas te risquer sur ce vélo dans la nuit…
– Y a assez d’emmerdes comme ça, tu as raison, maman, je vais courir jusque chez les Lavergne.
– Et moi je vais avertir les Gallay. »
Narcisse arriva tout essoufflé chez Germain Gallay qui fut surpris de le voir débouler, le souffle court, à cette heure tardive :
« – Quel mauvais vent t’amène si tard, mon garçon ?
– Rien de bon. Père a disparu…
– Comment disparu ?
– On le retrouve plus. Il était parti aux champignons, il est pas rentré avant la nuit. Lilas et moi on est allé le chercher avec des lampes et on l’a pas retrouvé. Mère est dans tous ses états… et nous aussi d’ailleurs.

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