Le Miroir aux alouettes
206 pages
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Le Miroir aux alouettes , livre ebook

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Description

Tout les opposait jusqu'alors dans leur parcours de vie. Pourtant un coup de foudre frappa Éliane et Denis sur une piste de danse. L'amour fou les attira vers la voie du mariage, malgré leurs différences sociales. Avec le temps, les passions s'érodèrent d'autant que l'alcool, ce tue-l'amour, s'invita dans le couple... Chacun prit ses distances pour trouver sa liberté, avant que le miroir aux alouettes leur tende un piège fatal que l'inspecteur Lemoine aura bien du mal à résoudre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 juin 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414523733
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-52374-0

© Edilivre, 2021
Vers un week-end houleux…
Comme il en avait l’habitude chaque soir, Denis ferma à clé la porte de son bureau pour se diriger vers le parking de l’usine où l’attendait sa voiture. Il s’installa au volant de la DS et prit son temps avant de mettre le contact. Confortablement assis sur son siège, il appréciait l’odeur du cuir qui se dégageait dans l’habitacle. Tout respirait le neuf dans cette auto récemment acquise chez le concessionnaire Citroën de la ville voisine. Il tourna enfin la clé et le moteur ne tarda pas à ronronner de plaisir. La voiture avait de l’orgueil et se souleva en position haute. Le soir tombait en cette fin mars 1963 et entre chien et loup, Denis alluma les phares pour quitter l’enceinte de l’usine en passant la barrière levée. Au stop, presque par instinct la DS vira à droite pour se trouver sur la nationale. A cette heure-là qui annonçait le départ en week-end ce vendredi soir, la circulation se faisait dense. Pris dans le flot des voitures qui roulaient à un train de sénateurs, Denis par la force des choses ne pouvait que subir pour prendre son mal en patience. Il mit la radio sur RTL et chercha la bonne fréquence en manœuvrant le bouton de son poste. La station diffusait de la musique et Denis se laissa griser par les tubes de Claude François. En tirant sur la Chesterfield qu’il venait d’allumer, il ne pouvait s’empêcher de refaire le film de sa journée…
Dans l’usine d’engrais chimiques du bord Charente, Denis Savard occupait le poste important de sous-directeur. A ce titre, il avait en charge la gestion de 350 personnes qui composaient l’effectif du groupe.
Il élaborait le planning des ouvriers, formait les équipes de jour et de nuit. Établir le plan de travail des salariés s’avérait délicat à mettre en place et souvent provoquait des conflits inévitables. Faire venir des gens pour pallier à des défections causées par des arrêts maladie ne se passait pas sans grincements de dents… Savard se montrait inflexible et ne se prêtait guère au dialogue conciliant. Il dirigeait son personnel d’une main de fer et ne se souciait pas des inimitiés que ses décisions pouvaient provoquer. Dans la matinée, Savard avait reçu plusieurs coups de téléphone le prévenant qu’il y aurait des défections dans les effectifs. L’épidémie de grippe jouait les prolongations en cette fin d’hiver, entretenues par un coup de froid et un temps humide. Trois absents à des postes importants, nuisaient beaucoup trop pour la bonne marche de l’usine. Savard demanda à sa secrétaire de lui sortir les dossiers des gens qui devaient prendre du repos ces prochains jours. Prompte à réagir, sa blondinette collaboratrice perchée sur des talons qui n’en finissaient pas et moulée dans une jupette rouge qui mettait en valeur ses formes avenantes, déposa une pile de chemises sur le coin du bureau de son patron. Savard étira ses jambes sous le meuble en bois massif et prit une Chesterfield du paquet qui traînait à côté du cendrier déjà bien pourvu de mégots. Il alluma sa cigarette avant d’ouvrir le premier dossier. Une heure plus tard, ayant étudié les trois cas qui se présentaient à lui, il demanda à sa jolie secrétaire d’aller chercher le premier homme sollicité, à savoir Albert Mouilleron.
Mouilleron s’affichait comme’un syndicaliste acharné, représentant CGT de l’usine que Savard ne pouvait piffrer. Les deux hommes ne s’appréciaient guère. L’un corporatiste défendait les ouvriers, l’autre servait avant tout les intérêts de l’usine. Le bureau enfumé de Savard respirait la tension et la nervosité tellement de cigarettes avaient été grillées. Au plus tôt il voulait faire venir Mouilleron dans son bureau car il savait que le syndicaliste serait le plus difficile à convaincre pour renoncer à son jour de repos. Autant en finir au plus vite avec le plus teigneux. Les autres estimait-il seraient plus dociles et plus faciles à manœuvrer. Des bruits dans le couloir. Il reconnut entre-autres les talons aiguilles de la secrétaire qui martelaient le plancher. Denis Savard prit sa respiration en regardant la porte. La poignée tourna et dans l’encadrement la secrétaire se déroba furtivement pour laisser passer Mouilleron. Plutôt bel homme, le grand gaillard ombrageux aux sourcils épais ne s’en laissait compter. Savard d’un geste de la main l’invita à s’asseoir dans un fauteuil face au bureau.
— Vous m’avez demandé patron ?
Savard, aussitôt levé de son siège histoire de mieux dominer son interlocuteur, les mains derrière le dos, se mit à arpenter la pièce feignant d’ignorer Mouilleron qui ne se laissait pas impressionné par le manège de son patron. Il lui tardait de savoir pourquoi il avait été convoqué mais par l’attitude de Savard il sentait bien qu’il ne s’agissait pas de quelque chose de très agréable.
— Je vous ai fait venir pour vous annoncer que votre prochain congé devra être reporté…
— Comment ça ?
— J’ai plusieurs défections dans les effectifs et je dois impérativement y remédier pour la bonne marche de l’usine.
— Et pourquoi moi plus qu’un autre ?
— Par simple mesure d’équité ! J’ai passé en revue les arrêts maladie depuis un an. Jamais vous n’avez été sollicité pour remplacer un collègue absent. Par conséquent mon choix s’est porté sur vous. Je sais vos charges syndicales mais là, je ne peux faire autrement… Mouilleron se trémoussait dans son fauteuil et il avait du mal à contenir sa colère.
— Mais que faites-vous des intérimaires, ils existent bien ?
— Il n’est pas concevable de les faire venir pour une durée si courte !
— Mais à quoi servent-ils alors ? Disant cela, les yeux injectés de haine et de mépris, rouge de colère, Mouilleron se leva et quitta la place en claquant la porte du bureau. La secrétaire avait sursauté sur sa chaise et s’était arrêtée de taper à la machine. Dubitatif, Denis Savard se tenait le menton. Il sentait bien les rancœurs qu’il pouvait provoquer par ses décisions mais il s’en moquait ou du moins faisait semblant.
Aujourd’hui encore il achevait une dure journée pour remodeler le planning de l’usine et les relations avec Mouilleron devenaient de plus en plus tendues. Il apprécia le moment quand il enfila son imper accroché au valet dans un coin du bureau. Il vérifia une deuxième fois que les tiroirs de son bureau étaient bien fermés. Comme la secrétaire avait tourné les talons depuis un moment, il coupa la lumière avant de quitter la place.
Dans la file des voitures qui l’emmenait loin de l’usine et des soucis, tout en écoutant la radio d’une oreille distraite il entendait surtout les menaces verbales de Mouilleron qui lui résonnaient encore dans la tête : « La grève si ça continue vous allez l’avoir ! » avait-il proféré…
La circulation se faisait plus fluide. Pour autant, Savard prenait son temps pour rentrer chez lui. Depuis longtemps il avait pris l’habitude de s’arrêter à « l’Olympique » un routier en bord de route, le café des sportifs du coin. Il stoppa la voiture sur l’aire du parking, verrouilla la portière à clé et se dirigea d’un pas alerte vers l’entrée du bistrot. Les habitués à n’en pas douter donnaient de la voix et ça parlait si fort qu’on les entendait du dehors. Quand il poussa la porte il aperçut plusieurs hommes debout au comptoir qui montraient des signes avancés de fatigue… Denis salua, serra des mains connues et se faufila pour retrouver ses amis installés à une table du fond… Là, pour oublier les tracas de la journée, ils épanchaient leur soif plus que de raison. Comme chacun voulait payer sa tournée les gais lurons ingurgitaient pas moins de quatre ou cinq Ricard avant de quitter le bar. La plupart des fidèles qui venaient ici appartenaient à l’équipe dirigeante du club de rugby voisin. Juste arrivé à l’usine, Savard avait voulu s’intégrer au milieu associatif local. Avec le concours du comité d’entreprise tout naturellement il avait réussi à infiltrer le club des supporters de l’équipe fanion. Vite repéré comme personne influente, le président du club en personne le sollicita pour qu’il devienne membre actif des dirigeants. On espérait aussi et surtout les subventions pour l’association sportive que Savard pourrait obtenir de l’usine…
Joyeusement installés autour de la table, les compères avaient couché sur une feuille de papier les noms des accompagnateurs qui devaient transporter les cadets appelés à disputer le dimanche suivant un match à Cognac. Denis se proposa de prendre en charge quatre jeunes dans sa voiture. Quand l’organisation du déplacement à Cognac fut enfin réglé, Savard fit un signe discret au garçon de café en claquant des doigts. Connaissant les habitudes de ce petit groupe de sportifs zélés, il se fraya un chemin parmi les clients avec une bouteille de « Ricard » à la main avant la dernière tournée pour la fermeture de l’établissement. On leva les verres pour trinquer une dernière fois. Sans trop s’attarder maintenant, dès la dernière lampée avalée, chacun se dirigea vers la sortie en bousculant maladroitement au passage quelques chaises… En se tapant sur l’épaule pour se donner rendez-vous au stade dimanche prochain à 13 heures, les compères regagnèrent les voitures garées sur le parking. A cette heure tardive, il faisait nuit noire et beaucoup avaient du mal à se repérer. Un brouillard épais avait enveloppé l’endroit, et retombés en enfance les joyeux drilles jouaient à colin-maillard pour retrouver leur véhicule respectif. Savard comme les autres eut un mal de chien à localiser la DS mais le plus difficile pour lui fut d’introduire la clé dans la serrure. Après trois essais agrémentés de jurons, Denis réussit enfin à ouvrir la portière.
Il se lai

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