Le Livre chiant
96 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Livre chiant , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
96 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le microcosme littéraire était en ébullition : malgré son titre impossible (ou à cause de celui-ci), le dernier pavé de Constant Convenant faisait un tabac. Chef-d'œuvre ou canular ? Les critiques se gargarisaient dans les médias, revues et jour-naux. Les « vrais » gens, eux, s'interrogeaient : à la maison comme au bistrot, à l'école comme au travail, ou par avatars interposés à l'abri derrière leurs écrans. Qu'en était-il vraiment ? Que penser de « La Critique », et du « Grand Méchant Marchand » ? Que penser du « Prêt-à-Penser » que l'on nous assène à longueur de jours ? En dernier ressort, n'est-ce pas à chacun de se faire sa propre opinion ? Qui sommes-nous pour juger ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 septembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342055351
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Livre chiant
Lucia & Mélano
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le Livre chiant
 
 
 
La critique est aisée mais l’art est difficile
(Destouches)
 
Sans la liberté de blâmer, il n’est pas d’éloges flatteurs
(Beaumarchais)
 
Le critique insulte l’auteur : on appelle cela de la critique
L’auteur insulte le critique : on appelle cela de l’insulte
(Montherlant)
 
Il faut bien le reconnaître, certaines critiques sont parfois… de petits chefs-d’œuvre
(Lucia & Mélano)
 
 
 
 
 
À vous lecteurs, vous seuls à qui je reconnais le droit de critiquer
Préface
Cher Jean-Claude,
 
Lorsqu’un soir tu m’as demandé d’écrire la préface de ton dernier livre j’étais loin d’imaginer que j’allais trouver le lendemain dans ma boîte mail un fichier intitulé… « Le Livre Chiant ». Comme tu t’en doutes certainement ma première réaction a été : « Tiens, quel curieux titre ! » Connaissant ton audace, ton imagination et ton sens de l’humour, j’ai cependant rapidement dépassé mon interrogation initiale et me suis lancée dans sa lecture.
 
Figure-toi que je ne l’ai pas lu n’importe où ! Je l’ai lu dans le « cabinet de lecture ambulant » que je partage avec quelques centaines de personnes chaque matin et chaque après-midi, avec lequel nous traversons plus ou moins gaiement l’Île-de-France d’ouest en est et d’est en ouest – migration biquotidienne que les urbanistes ont baptisée « pendulaire ».
Où que je sois, les livres ont toujours un effet curieux sur moi ; lorsque, totalement happée par ma lecture (au risque de manquer ma station) je les annote ou les souligne frénétiquement, ou encore quand ils me font sourire (voire rire ! ?) toute seule, ce qui, parfois, ne manque pas de m’attirer les regards interrogateurs de certains voyageurs. Eh bien, je dois te l’avouer, « Le Livre Chiant » m’a fait rire tout autant qu’il m’a fait réfléchir.
 
Pour commencer, j’ai pris ton personnage principal un peu en grippe, de cœur avec certains de ses critiques, et je me suis bien amusée à imaginer un livre entièrement écrit à la seconde personne du pluriel du conditionnel présent , ou ce que pouvait être ce concept de littérature fractale noétique .
Le profil de l’un de tes critiques m’a donné quelques frissons (« Fichtre ! me suis-je dit, ne serais-je pas un peu comme ça ? Non, non, je n’oserai pas te dire lequel ! »). Puis, ce sont les critiques que j’ai fini par prendre en grippe pour me rallier à la cause de ton auteur dont la lettre adressée à Son Imposance Monsieur le Maire de Mireuil, et plus, est tout bonnement jubilatoire.
 
Enfin, tu m’as incité à méditer car, en effet, qui sommes-nous pour juger ? Ou encore, pourquoi penser si ce n’est pour exister dans l’infimité du présent puisque le passé n’est plus et que le futur sera toujours incertain ?  ; s uffit-il d’aligner des lignes et des signes pour faire une œuvre ?   ; les mots n’ont-ils que la valeur qu’on leur donne ? Pour finir bien d’accord avec toi : la liberté n’est pas un cadeau, c’est une ascèse .
 
Mais dis-moi, Jean-Claude, au fond, qui est donc Constant Convenant ? Un auteur médiocre et torturé rattrapé in extremis par un éditeur qui n’a pas manqué de voir en lui un phénomène « commercialo-littéraire », ou un précurseur de la littérature du XXII e  siècle, ardent défenseur de la Liberté d’Expression et de la Démocratie ? Un mégalomaniaque de l’écriture dont l’unique objectif est de se moquer de ses lecteurs, ou un homme conscient de son talent qui, après des années d’échec, a décidé de tourner en dérision le monde de l’édition et de la critique en publiant des œuvres invraisemblables ?
 
Ta plume alerte badine et sème le trouble dans l’esprit de son lecteur. Il semblerait que je ne sache pas vraiment à quoi m’en tenir…
Et si j’essayais de me faire un avis ?
En attendant d’y parvenir, sache, Jean-Claude, que j’ai passé un très agréable moment en ta compagnie.
Anne-Aurore
 
Anne-Aurore Inquimbert est docteur en Histoire de l’Université Paris IV-Sorbonne.
Rédactrice en chef adjointe de la revue « Historique des Armées », elle travaille au Service historique de la Défense.
On lui doit entre autres les ouvrages suivants :
- Un officier français dans la guerre d’Espagne. Carrière et écrits d’Henri Morel (1919-1944)
- Les Équipes Jedburgh (juin-décembre 1944)
- Marillion, l’ère Hogarth (un coup de cœur, une approche historico-initiatique de la musique rock).
 
Il convient d’ajouter à cette liste de nombreux articles et études dans des revues spécialisées ainsi que la participation à divers ouvrages collectifs.
Ante-scriptum
Constant Convenant exultait.
 
À peine paru, son dernier livre faisait déjà un carton, comme disent les journalistes, et suscitait la polémique. Celui qui dix ans plus tôt – davantage par provocation que par dérision – affectait de se définir comme le pape de la littérature expérimentale considérait unilatéralement que dans l’univers scriptural il était l’équivalent de Xenakis dans celui musical ; il se voyait comme une chimère du verbe, fruit d’amours improbables entre l’Oulipo, le street art et le parler de la médiasphère ou de la Toile. « À force de vouloir paraître ceci ou cela, on devient l’image que l’on se forge », c’est bien connu : aussi avait-il fini par croire en son personnage au point de se mouler en lui et de ne plus parvenir à s’en dissocier.
En dépit de son âge, en cette rentrée littéraire 20** il courait gaillardement radios et plateaux de télé, accordant des interviews aux journalistes, tweetant et facebookant à l’envi, alimentant jour après jour son blog et sévissant sur maints forums pour peu qu’il y fût question de lettres : une manière comme une autre de se sentir encore jeune.
 
C’est qu’il avait galéré avant d’en arriver là !
Pour autant qu’il pouvait s’en souvenir il avait toujours rempli des cahiers de sa petite écriture serrée qu’un graphologue eût qualifiée d’égotique. Dix lustres s’étaient écoulés depuis l’époque où il avait exposé pour la première fois sa prose à la critique des autres dans « Le Cynorrhodon », le journal de classe du collège de Mireuil. Constant avait été un élève moyen et le bac n’avait pas voulu de lui. Qu’à cela ne tienne, ne le dit-on pas « Face à la rivière, il est plus sécuritaire de savoir nager que d’attendre un bac improbable » : il voulait écrire et il écrirait ! Il avait inondé de ses mots la rédaction des gazettes locales : poèmes, nouvelles, acticulets, il touchait à tout. À force de se voir harcelées celles-ci avaient capitulé, espérant qu’une fois satisfait le trublion poserait bas la plume ; un jour, en période de marronniers, l’une d’elles avait accepté d’imprimer quelques-uns de ses textes en vertu de l’adage stipulant que « Quelque chose vaut mieux que rien ». L’avènement d’Internet avait fait de lui un accro incontournable de forums à prétentions poétiques ou d’ateliers d’écriture où il ne se fit pas faute de poétiser et de polémiquer : quelque site à prétention littéraire que l’on ouvrît il y avait de fortes chances que l’on tombât sur lui ou sur l’un de ses avatars.
Mais revenons à sa jeunesse : à dix-neuf ans, avec pour seul bagage son bac raté, mais fort d’une confiance inébranlable dans son talent, il était monté à Paris afin d’y poursuivre un cursus de lettres. Faute de pouvoir intégrer l’Université et manquant de moyens il lui avait bien fallu assurer sa subsistance, aussi avait-il, comme beaucoup, enchaîné les petits boulots : vendeur de journaux, documentaliste, intérimaire dans une bibliothèque municipale de banlieue, homme à tout faire dans une petite imprimerie, etc., j’en passe, tout était bon qui le rapprochât de la chose écrite ; il avait même été « pilonneur », c’est dire qu’il ne recula devant rien !
Il avait mis à profit cette période incertaine pour faire ses premières armes et écrire quelques bons livres – enfin que lui jugeait tels : « Tous des ânes, je suis un incompris ! Mais ils verront… », comme dans la chanson d’Aznavour il se « voyait déjà » – qu’il dut se résigner à éditer à compte d’auteur ou en utilisant les services de façonniers éditant tout et n’importe quoi… après un délai leur permettant de simuler l’examen des manuscrits par un pseudo-comité de lecture. Quoi qu’il fît, il demeurait inconnu – si au moins il avait été un « illustre inconnu » son ego eût été satisfait, mais non, simplement un inconnu-inconnu, un inconnu au carré en quelque sorte – et en souffrait. Sa plume lui tenant lieu d’épouse et de maîtresse il vivait seul dans un studio minuscule : un sixième sans ascenseur dont la lucarne offrait une vue imprenable sur la palette des gris de la mer zinguée des toits de Paris, studio qu’il partageait avec un chat de race – de races avec un « s » serait plus exact tant Minet était bâtard – et quelques tonnes de livres.
Allez savoir pourquoi et comment, un jour un vrai éditeur s’intéressa à lui, accepta l’un de ses manuscrits et lui donna sa chance, ayant dû estimer possible de transformer l’irrépressible ambition et la morgue du jeune homme en une source de profit. Du jour au lendemain Constant Convenant se vit imposé au public à grand renfort de panzers publicitaires et d’un marketing guerrier. Cette reconnaissance à laquelle il n’était pas préparé, bien qu’il en eût rêvé des années durant, était trop tardive à son gré et ne fit que l’aigrir, en bref elle accéléra sa dérive : « Ah on n’a pas reconnu mon talent, eh bien ils vont voir ! ».
 
Curieusement plus il se moquait de son public plus son succè

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents