Le Ker Anna
152 pages
Français

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Le Ker Anna , livre ebook

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Description

Suzy, une jeune fille concarnoise, va vivre une étrange aventure qui va la lier à jamais avec un tragique naufrage survenu en 1894 sur l’île de La Réunion, dans la rade de Saint-Denis.


Sa vie, si tranquille habituellement, va être bouleversée par l’arrivée de nombreux événements imprévus. Nous voyageons de page en page de la Bretagne à l’île de La Réunion et vice versa dans des époques différentes. Des vies, des pleurs, des bonheurs, des malheurs servent cette aventure peu commune avec des personnages attachants, quelquefois impliqués historiquement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332791955
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-79193-1

© Edilivre, 2014
A René
A Monique pour son aide précieuse
Le Ker Anna
 
Au cours du printemps de l’an 2013, la chaleur du soleil fait déjà susurrer les grillons, tandis qu’une légère brise caresse doucement les feuilles des arbres.
Le ciel peint comme par la main de Klein ressemble à l’azur méditerranéen.
Devenue mon seul refuge, ma maison acquise de droit après le décès de mes parents se réveille en même temps que moi.
Cette propriété située à Concarneau, dans le Finistère Sud, me tient à cœur.
Elle tourne le dos à l’océan pour mieux supporter le déferlement des tempêtes.
D’ailleurs, elle ressemble à une mouette quand elle s’enivre d’eau de mer, prête à s’envoler si je ne ferme pas ses volets bleus.
Cependant, dès que le soleil rayonne, elle fait le gros dos comme une chatte qui ronronne.
Je l’aime et, pour l’instant, je ne veux rien y changer, rien déranger de peur de perdre la présence invisible de mes chers parents.
Ainsi, ce matin, avant d’entreprendre quelques activités, je prends plaisir à regarder par la fenêtre mes arbres fruitiers qui se sont habillés de mille fleurs sous les premiers rayons du soleil.
Mon jardin devient un vrai petit paradis et tant de beauté me rassure.
Soudain, je remarque qu’une fleur inconnue vient d’éclore.
Pour la cueillir, j’ouvre la porte-fenêtre, fais quelques pas puis l’installe dans un vase que je pose sur le bureau.
La nuit passée, j’ai vécu un mauvais rêve ; alors, il faut que je pense à autre chose pour essayer de l’effacer de ma mémoire.
Pour me rassurer, je repense à des bribes de conversations que ma tante et ma mère rabâchaient sans cesse.
« Faut avancer dans la vie, ma fille ».
Elles avaient dû se donner le mot, les sœurs jumelles !
« Arrête de rêver ta vie, sors plus souvent de la maison, trouve-toi des amis pour faire la fête, et surtout, un petit ami ! Toujours le nez dans tes livres, ce n’est pas comme cela que tu vas trouver le grand amour ! »
Elles avaient raison, mes petites mères. Je vivais de mes rêves mais c’était pour en extirper le meilleur, juste pour inventer de petites histoires que j’aimais raconter aux enfants pendant l’heure des contes à la Bibliothèque Municipale.
Maman était la plus rabat-joie car, se sachant très malade, elle s’angoissait à la pensée qu’elle ne pourrait plus veiller sur moi.
Cependant, ce rêve idiot est encore bien présent dans ma tête, en dépit de mes efforts à le chasser.
Avant de m’installer aussi confortablement que possible dans mon fauteuil en cuir couleur brun tabac qui garde encore l’empreinte du corps de mon père, j’étire tous mes membres.
J’appelle aussi mon chat Filou, sûre qu’il viendra de toute façon me déranger en s’étalant de tout son long sur mon bureau. Munie d’un stylo à plume, j’essaie de me rappeler en l’écrivant sur une feuille de mon bloc de correspondance, ce que j’ai vu dans le rêve que j’ai fait cette nuit, alors que le soleil baigne entièrement la pièce et me caresse doucement le dos.
Il faut que je me concentre pour essayer de retranscrire ce rêve tellement bizarre puisque je sais que les rêves sont furtifs et qu’ils peuvent disparaître à jamais ! Je dois choisir avec précision les mots qui relateront cette impression de vécu où j’ai distinctement aperçue une jeune femme aux cheveux blonds, assise sur une bannette dans une cabine de bateau.
J’aurais aimé entendre ce qu’elle avait à me dire, mais le bruit de la mer m’en avait empêchée.
Je me souviens aussi que, jouissant d’une vue en trois dimensions, j’ai remarqué qu’elle naviguait à bord d’un trois-mâts.
Que faisait-elle seule sur cette goélette ?
Etrange que j’aie rêvé d’une histoire de mer car, d’habitude, j’évite de me mouiller, victime d’une peur-panique de l’eau !
Je me souviens aussi que plusieurs hommes vaquaient à la manœuvre et que la femme se frottait les mains sans cesse, sans doute pour se réchauffer.
Soudain, ma plume, comme poussée par une main inconnue, dessine sur le papier son visage que mon inconscient a mémorisé. Mais ma main tremble, secouée fortement par mon stylo plume qui se décharge sur la feuille.
Qu’arrive-t-il ? L’encre s’étend tellement vite que je n’arrive pas à l’éponger.
Prise de panique, j’attrape en urgence une serviette en papier puis cours en chercher une autre plus absorbante en éponge tandis que l’encre s’étale sur ma table de travail. Quand je reviens de la salle de bain, elle a finalement dégouliné sur le sol se répand rapidement sur mon parquet ciré, le salit, le défigure et envahit ainsi tout mon salon.
Une marée noire est entrée dans ma demeure !
Quand je me penche pour toucher ce liquide noirâtre, je glisse et tombe dans cette marée boueuse qui m’engloutit subitement.
Je lâche prise.
Au bout d’un moment, je constate que je respire normalement car l’encre ne m’a pas entièrement absorbée. Alors, je me laisse aller et me retrouve soudain assise sur la bannette de l’inconnue vue dans mon rêve à bord du trois mâts.
Mon premier réflexe est de hurler : « Laissez-moi partir ! Je me nomme Suzy, je veux rentrer à la maison, j’ai peur ; que me voulez-vous ? »
C’est une histoire de fous ! Je me gifle fortement afin de sentir que je suis encore bien en vie.
Cependant, au bout d’un court moment, je remarque avec consternation que j’ai endossé une robe du siècle dernier d’un rose passé et suis chaussée de ballerines en satin. Alors, la panique s’empare de moi. Je tape de toutes mes forces sur la porte de la cabine… sans résultat, me précipite vers le hublot… pour n’apercevoir malheureusement que de l’eau.
Afin de calmer les palpitations qui ébranlent mon organisme, je m’oblige à quelques grandes respirations, genre yoga. Désemparée, complètement anéantie, j’ai soudain très peur.
De longues minutes passent avant que je ne me persuade d’avoir été envoyée dans une troisième dimension. Convaincue que c’est un jeu de rôle, j’aurais dû être heureuse de me retrouver prisonnière de l’une de ces enquêtes. Passionnée par des histoires souvent étranges et imaginaires ! Mais combien de temps le maître de jeu va-t-il me garder captive ?
Afin de ne pas me laisser emporter par mes émotions, je fais semblant de parler à un hypothétique interlocuteur : « C’est très bien, mais, qui que vous soyez, arrêtez de jouer avec mes nerfs ».
Les minutes passent, personne ne me répond, alors je m’occupe en examinant ce qui m’entoure.
Voyons, le mobilier se compose d’une table et d’un tabouret ; à mes pieds, des morceaux de miroir sont brisés sur le plancher. En continuant ainsi l’énumération à haute voix, j’essaie toujours de me rassurer.
Mais une question me taraude : où est passée l’autre femme ?
Demeure-t-elle chez moi ? Avons-nous été échan-gées ?
Au sol, un petit morceau de miroir m’attire tout particulièrement. Pourtant, je n’ose pas m’y regarder de peur d’apercevoir un visage autre que le mien.
Cette femme devait être plus grande que moi, car cette robe que je porte m’est trop grande.
Bizarrement, ses souliers sont à ma taille.
Soudain, un bruit de clef dans la serrure me fait sursauter. Apparaît dans l’embrasure de la porte un grand gaillard à la tignasse rousse flamboyante qui ressemble à un diable sorti de sa boite.
D’un geste prompt, il me pousse vers l’extérieur avant que je ne puisse réagir.
Je suis tellement déboussolée que je ne vois pas la haute marche sur laquelle je bute, ce qui m’arrache un cri de douleur.
Le butor s’en moque et me bouscule sans ménagement ; alors, je tombe en larmes à genoux sur le pont.
La lumière du jour m’éblouit et la brise marine sèche aussitôt les pleurs qui coulent sur mon visage. Des hommes aux figures tannées par les embruns se retournent dans un même élan et me regardent d’un air étonné.
Pendant un instant qui me paraît durer une éternité, j’essaie encore et encore de comprendre ce que je suis venue faire sur cette galère.
Aucun indice, aucune information venant de quiconque ne me parvient.
Pourquoi ai-je pris la place de cette femme ?
Je n’ai pas le temps d’y réfléchir plus longtemps qu’un marin mieux vêtu que les autres s’approche de moi.
Son allure me plaît d’emblée et je suppose que c’est lui qui commande ce bateau mais suis incapable de préciser son grade.
Ma gorge se serre tandis qu’il m’ordonne : « Femme, tu vas aller cuisiner pour tout l’équi-page » puis il ajoute : « Adam, le rouquin, pourvoira à tes besoins et au moins, tu serviras à quelque chose. »
Quel macho ! Il se prend pour qui ce type ?
Il ne perd rien pour attendre ! Pour le moment je dois faire profil bas car, à cette heure, je n’ai toujours pas compris ce que je fais ici.
A mon avis, j’ai dû retourner dans le passé. Seulement, je n’ai aucune idée de l’époque où je me retrouve.
D’un geste précis, le beau type m’indique la direction à prendre, tandis que d’énormes vagues moussent le pont de la goélette et me déséquilibrent davantage.
L’espace d’un instant, je suis heureuse de me souvenir que, dans le siècle d’où je viens, la condition de la femme s’est depuis longtemps améliorée. Et bien qu’il soit beau, cela ne m’empêche pas de penser que ce type est un vrai mufle.
Le réduit, car c’est ce que je découvre, dégage des odeurs très fétides ; de plus, il y fait noir comme dans un conduit de cheminée.
Me tournant alors vers Adam le malabar, je lui demande d’aller me chercher de l’eau, du savon et une brosse. Pendant ce temps, je me demande toujours pourquoi la femme dont j’ai pris la place se trouvait à bord.
En tout cas, grâce à moi, elle n’a pas eu à accomplir toutes ces besognes malodorantes.
En attendant le retour du géant, je me souviens d’avoir lu quelques livres sur la vie des marins au lo

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