Le Jouet s’en va , livre ebook

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2013

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« Nous sommes les seules à connaître son vrai visage qui n’est pas si parfait mais que nous aimons malgré la trahison. L’ambiguïté de nos sentiments est le résultat de ce double qui nous perturbe et finit parfois par lui donner raison. Notre vérité, bien fragile face à ses mensonges subtils, tend à nous faire oublier que nous l’avons couvert afin d’avoir la paix. Cette complicité insidieuse et malsaine fait de nous l’auteur de sa détresse. »

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Date de parution

06 février 2013

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342000528

Langue

Français

Le Jouet s’en va
Cassandre
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Le Jouet s’en va
 
 
 
L’histoire d’Emma est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait fortuite.
 
 
 
Préface
 
 
 
L’histoire du couple vient de loin. Jusqu’à une date récente, chez les chrétiens, on ne savait même pas si les femmes avaient une âme. Pour Balzac, « la femme est une propriété que l’on acquiert par contrat… et n’est à proprement parler qu’une annexe de l’homme » 1 . Au Moyen Âge en France, un mari pouvait « répudier » sa femme, pas l’inverse. L’histoire de la libération de la femme est d’abord juridique. Elle commence lentement, à la Révolution, avec le droit propre des femmes à leur héritage.
 
Après des siècles de travail à la ferme, le tiers de femmes est salarié au xix e , mais dans les secteurs dits féminins : couture, dentelle, service domestique. À la fin du xix e , en raison de la révolution industrielle, les femmes représentent la moitié des salariés en usine. La Révolution avait fait rêver mais, après les lois napoléoniennes, il faudra cent ans et le xx e siècle pour que, dans les esprits, la place des femmes ne soit pas obligatoirement au foyer. Et qui osera dire qu’elle n’y est plus ? Et qu’elle n’y reste pas la seule responsable ?
 
Ce livre est celui d’une femme remarquable qui témoigne d’aujourd’hui : une lutte douloureuse, le danger, le courage surtout d’attaquer en justice. La victime doit y aller, puis gagner la séparation à ses risques et à ceux des enfants. Dans ces cas-là : personne autour d’elle… angoisse quotidienne. Une demande de divorce, c’est une guerre, le temps qui passe, l’acharnement de l’homme infidèle prêt à tout ! Pour affronter aujourd’hui la justice, les démêlés avec les avocats et les ruses de l’autre, il faut trouver un travail suffisamment rémunérateur, tenir les enfants dans une fausse paix, et puis gérer des problèmes d’argent…
 
Cette femme pas comme les autres tient bon et nous livre les étapes franchies dans sa guerre pour témoigner de la vie, de la justice, des démêlés d’hommes de loi, de l’isolement des victimes…
 
C’est un roman palpitant, révoltant, avec le quotidien, les amis… et les faux amis hélas. Dans toute guerre, les forts gagnent. Dans la vie aussi, forcément, sauf si la victime se défend, bec et ongles, pendant un, deux ans, parfois plus. Pour divorcer en France, il faut se battre tous les jours, se méfier de tout et de tous, voir les autres vous abandonner à une justice qui ne sera juste que si vous savez l’affronter.
 
On parle maintenant des « hommes battus ». Laissez-moi rire, souvent la souris ne dispose que de la fuite et ne mangera pas le chat. Elle fuira ou elle mourra, mais vous allez voir : on vous racontera encore autour d’elle qu’elle l’a mérité ! C’est cette vaste vérité de la vie que vous allez découvrir dans ce livre : il ne fait pas bon être la souris… Il faut un grand courage, beaucoup d’intelligence et surtout de patience. C’est peut-être immoral, mais pour être vraiment honnête, les hommes et les femmes, les mères surtout, ne sont pas aussi égaux que dans les lois.
 
Des livres comme celui-ci sont nécessaires. Vous saurez par sa lecture que la délivrance est possible.
Menie Grégoire
 
 
 
Chapitre I. La dégradation
 
 
 
Assise face au maire de son village, Emma s’efforce d’ignorer les vibrations provenant de son sac posé à ses pieds. Elle ne prendra pas cet outil moderne et indispensable devenu pour elle un instrument de torture qui a bien failli l’entraîner dans une spirale macabre. Elle connaît l’auteur de cet appel mais sa décision est prise : le jouet s’en va.
 
Le maire écoute Emma lui raconter ce que Marc lui fait subir depuis plus de trois ans déjà et chacun comprend que cette histoire peut à tout moment basculer dans un drame passionnel. Jamais il n’a porté le moindre soupçon sur cet homme qu’il connaît depuis tant d’années et qu’il considère presque comme un ami. Il n’est visiblement pas au courant de la plainte contre X qu’Emma a déposée un mois auparavant.
 
Elle ne pleure pas, elle veut intensément être comprise sans pour autant que l’on s’apitoie sur son sort. Le maire assure Emma de son soutien mais elle sent qu’il ne tiendra pas parole. D’ailleurs lui aussi se trouve dans une situation inconfortable et connue de tous. Marc ne dit-il pas de lui qu’il n’est qu’un sale type parce qu’il trompe sa femme ?
 
Marc a pourtant bien mis Emma en garde quant à la finalité de cette plainte : elle pouvait dire ce qu’elle voulait de lui, personne ne porterait crédit à ses divagations, affirmait-il. Il lui tenait ces propos en se regardant dans la glace de l’entrée, son infatigable sourire aux lèvres, visiblement satisfait de lui en homme parfait. Il ajoutait toujours : « Tu ne pourras jamais rien prouver et ce sera bien fait pour “ta gueule” ! » Dans ces moments-là, Emma sentait une pulsion de violence monter en elle et ne savait pas combien de temps elle pourrait supporter la situation. Consciente du fait que Marc nourrissait les mêmes tendances à son égard, elle tenait à alerter… mais qui ?
 
Emma commence à regretter sérieusement de s’être confiée au maire, un autre macho en somme… Elle pensait que son statut de premier magistrat lui imposait une rigueur, un sens des responsabilités, des principes qui, faute de s’appliquer à lui-même, lui octroyaient une objectivité quant à ses administrés. Illusion probable… Un homme reste un homme. La solidarité prendrait sans doute le dessus sur l’improbable équité. Non seulement Emma risque de ne rien obtenir en matière de protection, mais elle encourt une délation qui aggraverait encore davantage son cas. Réalisant tout cela, elle se mord les lèvres de remords en rentrant chez elle, à quelque trois cents mètres de la maison du maire. C’est par discrétion qu’elle avait souhaité l’entretien non pas à la mairie, mais au domicile du maire.
 
Elle ravale sa déception pendant le court chemin et décide de faire front. Elle n’a plus peur. En rentrant elle découvre Marc enfoncé dans le fauteuil du salon, le visage fermé, les joues creuses. À titre d’excuse de ne pas avoir décroché lors de son appel, elle prétexte un bouchon sur la route, ce qui n’est pas très crédible alors que sa voiture est dans le garage. Comme sa capacité de dissimulation et de mensonge n’est pas sa caractéristique première et que son ton s’avère peu convaincant, elle suppute qu’elle paiera cette audace sous peu et s’y prépare. Marc ignore que, cette fois, Emma a planifié les choses afin d’en finir. Depuis plusieurs semaines, l’orage gronde quasi quotidiennement. Marc pense garder le contrôle de la situation, toutefois il sent qu’elle tend à se dégrader.
À table, la conversation reprend sur un sujet matériel et s’envenime rapidement. Comme souvent, Emma dit à Marc :
— Tu dois me faire un chèque pour que je rembourse ma collègue qui m’a encore avancé de quoi faire le plein de ma voiture. C’est insensé que je doive faire appel aux autres alors que, dans ce placard, il y a un carnet de chèque et, sur toi, la carte bleue. Toi tu vas faire le plein sans problème.
— Mais le chéquier, tu peux le prendre, il est là.
— Il faut savoir ce que tu veux : tu n’aimes pas que je l’aie sur moi et, de plus, lorsqu’il m’arrive de faire un chèque pour régler des achats, je dois impérativement te donner le ticket de caisse même si le montant du chèque est noté sur la souche. Je n’ose imaginer le drame si jamais un chèque n’était pas justifié par oubli ! Dans ces conditions de suspicion, je préfère le laisser là où il est.
— Eh bien alors, ne dis pas que tu n’y as pas accès…
— L’autre jour un responsable de la banque a téléphoné, il voulait te parler. J’avais beau lui dire que j’étais ta femme et qu’il pouvait me demander des renseignements, il a refusé. J’ai bien senti que tu étais derrière cette réticence.
— En somme tu m’accuses de t’interdire d’être libre… Tu es sous ma coupe.
— Oui c’est ça. Tu es insaisissable. Quand je t’ai offert un téléviseur et une table de salon avec une prime, tu m’as dit que je voulais te montrer ma supériorité, c’est n’importe quoi ! Quand j’ai voulu avoir un compte personnel, durant six mois chaque samedi matin avant d’aller à la banque, tu m’as demandé si je voulais de l’argent de poche, qu’est-ce que ça voulait dire ? Tu me considères comme un enfant. Tu n’arrêtes pas de me faire des reproches si je suis quelque peu indépendante.
— Je ne t’ai jamais dit ça, tu es complètement cinglée ! Personne ne te prendra au sérieux si tu racontes de telles inepties à qui que ce soit, et j’aurai des preuves contre toi…
— Bien sûr il t’arrive de me demander à une caisse de faire un chèque, en somme une manière de préparer ton coup : tu auras la preuve que j’en ai signé. C’est comme les anniversaires : tu as parfois fait en sorte de m’offrir un beau cadeau devant plusieurs témoins… pour me le reprocher après. Mais, pour tout le monde, tu restes un mari d’exception !
— Depuis quelque temps tu n’arrêtes pas de t’acheter des fringues… Tu as donc de l’argent.
— Je suis obligée de m’en acheter puisque tu me dis que je te fais honte et que maintenant tu veux une femme chic !
— Moi ? Je n’ai jamais dit ça !
— Si… Un jour je suis la meilleure et, le lendemain, j’ai tous les défauts de la terre…
— Je n’ai pas dit ça. Tu es tout pour moi, je suis conscient de ce que tu as fait pour nous : mes enfants et moi.
— Eh bien, on ne le dirait pas ! Ton comportement relève de la maladie : tu

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