Le Cimetière des Vivants
316 pages
Français

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Le Cimetière des Vivants , livre ebook

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Description

Quoi de plus personnel, de plus intime, de plus tabou qu’un cimetière, tout ce terreau fertile du vécu, fait de rencontres, de deuils, de déchirements ? Il n’y a pas deux cimetières identiques, pour la simple et bonne raison que tous les morts ne se ressemblent pas.



À quoi sont occupées nos vies ? À subir des deuils ! Comme un entraînement au nôtre, le seul que nous sommes sûrs, pourtant, de ne pas vivre.



Mais, avant même la mort physique, nous faisons quotidiennement l’expérience du deuil : d’une relation, d’un lieu, d’un projet, d’un espoir. L’un veut être chanteur et n’a pas de voix. Un autre veut être écrivain, mais n’a pas de plume...



Chacun de nous porte en lui un cimetière des vivants qui côtoie celui des morts.



Fort de ce constat, l’auteur nous ouvre les portes de son cimetière intérieur et nous convie à un voyage onirique traversé de rencontres et de mythes, qui prend la forme d’une autobiographie à l’envers.



Que découvrirons-nous tout au bout du chemin, lorsque nous aurons achevé la visite de cette petite boutique des souvenirs ?



Peut-être surgira-t-il dans le présent et l’avenir, au détour du passé, des graines oubliées qui auront produit des fruits... Tant il est vrai qu’on n’enfante pas toujours dans la douleur de la chair, mais parfois aussi dans celle de l’esprit.



Le lecteur est prévenu. Il ne lui faudra jamais lâcher le fil de ce viatique s’il ne veut se perdre dans le labyrinthe des tombes et des allées et s’il veut enfin, passés les épreuves et les rites initiatiques, espérer d’être adoubé dans la grande confrérie du Cimetière des Vivants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 avril 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414566426
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-56643-3

© Edilivre, 2022
Du même auteur :
Bouquet (Bénévent, 2004, réédité par Edilivre, 2021).
La Révolte de la Muse (Edilivre, 2008)
Le Labyrinthe de la Folie (Edilivre, 2012)
Le Monde sans Visage (Edilivre, 2016)
Homme de l’Être (Edilivre, 2020)
Avertissement
Lecteur, ne vas pas plus avant ! Du moins tant que tu n’as pas pris la mesure de ce qui t’attend. Car, je te le dis : tu t’apprêtes à entrer dans mon cimetière.
— Ton cimetière, dis-tu ?
— Oui, mon cimetière !
Quoi de plus personnel, de plus intime, de plus tabou qu’un cimetière, tout ce terreau fertile du vécu, fait de rencontres, de deuils, de déchirements ? Dans cet ordre, il n’est pas deux cimetières identiques, pour la simple et bonne raison que tous les morts ne se ressemblent pas.
Aussi, t’est-il encore possible, Ô Lecteur, de t’arrêter à cette grille, avant que d’en fouler le pavé froid ou d’en faire crisser le menu gravier sous tes pas.
Quoi ? Tu veux entrer malgré cet avertissement ? Sache que ce sont mes secrets les plus précieux et les mieux gardés que j’y renferme et sur la margelle desquels tu es sur le point de te pencher, comme au-dessus d’un puits (ou d’un berceau, tu te feras ton opinion), forme d’autobiographie à l’envers, cousue de fils d’or et d’argent, à l’inconscient et l’imaginaire mêlés, qui projette sur le papier une vie transposée, prolongée, abstraite, fantasmée, et pourtant peinte selon nature, combien figurative en réalité, de sorte que j’ai la prétention de la croire plus que mon œuvre : mon chef-d’œuvre.
Qui n’a vécu de façon à pouvoir être fier de sa vie l’a en réalité manquée, s’est parjuré lui-même, crache à la face du Dieu qui a semé sa graine à la surface de cette terre, si féconde que les âmes y poussent sans discontinuer depuis les origines, s’y bousculant, toujours plus nombreuses, avides de Sa lumière.
Je ne me draperai pas du voile de la fausse humilité : je suis plutôt fier de l’existence que j’ai menée jusqu’à ce jour. Non tant que j’aie toujours vécu comme je le souhaitais. Mais, du moins, me suis-je garé des mauvaises rencontres et, si je me suis quelquefois couvert de ridicule, je n’ai rien entrepris dont je ne puisse avoir honte. J’ai fait pour le mieux, brûlant à mesure dans mon âtre tout le bois dont je disposais.
Quand je me suis assigné ce projet, je ne poursuivais pas de but précis. J’attrapais un fil, au hasard, dont je me suis appliqué ensuite à dérouler la bobine, ignorant où ce système me conduirait, croyant plutôt aller à un certain endroit, où mes habitudes de pensées, mes goûts, mes penchants m’inclineraient.
Aussi, ai-je été le premier surpris de quitter le sentier tout tracé de mes souvenirs, de verser dans les creux et les fossés de mon être caché, tapi derrière mes traits saillants. Ce qui est le propre de la quête : j’y ai vu des choses, avec le recul, qui m’étaient passées alors totalement inaperçues. Sous ce révélateur de l’écriture, me dessinant en filigrane, je me suis découvert presque un autre , à tel point même que je puis dire que je ne me connaissais pas ou si peu, si tant est que, depuis lors, j’aie réussi à dissiper mes parts d’ombre.
J’ai plongé loin, très loin en moi, pour atteindre à des fontaines enfouies, à la clarté miraculeuse, que je puis bien appeler mes nappes phréatiques. Nous en avons tous. Toi-même, Lecteur, tu as tes propres nappes. Ce sont elles qui alimentent notre être, à la source desquelles nous buvons, quoique, depuis le premier jour, je n’en eusse point soupçonné l’existence.
Assurément, on ne change pas les événements, mais on les remet en perspective, on les interprète, au risque de les réinventer, à l’aune de ces points de correspondance entre lesquels on est tenté de tirer des traits.
Cette vie, je l’ai vécue pour l’écrire. Libre à toi maintenant, Lecteur, de prendre un peu de ton temps pour la lire ou de la rejeter, par l’élan contraire de ta propre vie. Il me répugnerait d’exercer sur toi une quelconque influence, qui te serait néfaste en ce qu’elle orienterait artificiellement le cours de ton existence, quand même n’en fausserait-elle la trajectoire qu’à la lisière.
Tout au long de ma promenade dans ce cimetière, j’y ai découvert plus que ma vie. J’y ai découvert : moi. Mais un moi qui ne s’arrête pas à moi, un moi, comment dire ? plus grand que moi, un moi aux ailes déployées, qui s’était recroquevillé, sans doute, pour loger tout entier dans mon enveloppe corporelle. Il se peut donc que ces ailes ne m’aient jamais quitté et que, si elles ne se sont atrophiées par le manque d’exercice, elles retrouvent leur prime vigueur et se déploient de toute l’immensité de leur envergure à l’instant de ma mort, pour me permettre de m’envoler à nouveau loin de ce monde étriqué, où je me sens à l’étroit et pour ainsi dire prisonnier. Oh, mais c’est alors que je verrai si mon âme est grande ou si je ne me suis pas payé de mots tout au long de ces années, me fourvoyant dans la quête de mon Graal !
— Quel Graal ? Me diras-tu.
— Pardi ! Le Graal de la Sainteté ! Pourquoi nous sommes-nous incarnés ? Qui n’aspire à s’élever durant son passage dans ce monde ne faillit-il pas à sa mission d’âme ?
— Ah ! Nous avons une mission d’âme ?
Pour réaliser complètement son destin, non seulement dans cette vie, mais également dans sa préparation à l’autre, chaque homme doit déjà chausser ses ailes, se métamorphoser en homme volant, devenir un flyman par essence, sinon par naissance ou vocation, un magicien des airs, glissant entre les griffes du Destin qui chercherait à le mettre en échec, à l’engluer à la terre ; trop éthéré pour être retenu dans les sous-sols des Enfers ; à l’instar d’une chenille qui mue dans sa chrysalide pour se succéder à elle-même en un papillon léger et virevoltant, capable de se propulser hors de son berceau et de partir à la découverte du monde.
— Tu es sûr de toi ?
— Du moins c’est ce que je crois.
— Sur la foi de quoi ?
— Sur la foi de ce que je ne parviens pas à croire la proposition contraire.
— ?
— A savoir que ce monde commence et finit avec nous. D’ailleurs, a-t-il seulement commencé sans nous ? Le fait que nous n’en ayons pas conscience ne veut pas dire que nous n’y étions pas, de même que nous ne nous souvenons pas de tous nos rêves.
Ainsi, Lecteur, je t’ai assez prévenu et tu t’obstines à vouloir pénétrer dans ce dédale, au risque de t’y perdre ou de changer ton regard sur moi ? Fou que tu es !
Certes, on apprend toujours de la vie des autres. En ce sens, toute vie est une allégorie. De là sans doute que nous sommes si enclins à fouiller dans la poche d’autrui des clés que nous voulons utiliser pour nous-mêmes. Il revient à chacun cependant de trouver ses propres clés et de constituer son trousseau personnel. Nous risquons, à défaut, de ne pas ouvrir les bonnes portes ou de les actionner de travers.
Tu me diras : ta vie est une vie parmi tant d’autres. Tu n’as pas tort : chaque vie constitue le reflet de la vie d’un premier homme, père de tous les hommes. Dans les grandes lignes, toutes les vies se ressemblent, à l’exception de quelques-unes, peut-être.
Sauf que ce que nous traversons tout au long de notre existence, à compter du premier jour où nous y posons le pied, est moins une vie, notre vie , qu’un cimetière, notre cimetière . Nous ne pouvons ni revenir en arrière, ni en sortir vivants. Et c’est ensuite au lieu même où nous aurons vécu, dans l’enceinte de nos quatre murs qui en constituent les planches, que nous y étendrons nos os. Peut-être qu’un jour lointain, à la faveur d’une fouille, un archéologue bien inspiré exhumera notre squelette.
Mais je vais plus loin, à compter que toute vie est un éclat du grand miroir brisé de La Vie. Nos vies se reflètent entre elles, se font écho.
Ô Lecteur, nous ne nous connaissons pas, mais nous avons tant à partager et d’abord par ce dénominateur commun, de ce que nous serons passés, toi et moi, sur cette terre. Or, cette expérience, unique, complexe, fascinante, nous unit comme des frères dans la gémellité humaine.
La vie est au minimum une aventure, et peut-être davantage : une croisade. Nous luttons avec des armes, celles que nous recevons sans doute à la naissance, mais celles aussi que nous nous fabriquons tout au long de l’existence et que nous fourbissons au gré de nos besoins et de nos envies.
Toute notre vie tend vers notre propre tombeau et le but est d’en repérer les allées, nous frayant un chemin entre d’autres tombes qui ne sont pas les nôtres, mais qui sont bien celles qui composent notre cimetière. La route sera plus ou moins longue, ardue et sinueuse. Mais une chose est sûre : si tous les hommes ne trouvent pas leur place dans ce monde et n’ont pas un toit au-dessus de leur tête – certains sont propriétaires, d’autres locataires, d’autres errent dans la rue –, à la fin, tout le monde se verra dûment gratifié d’une tombe, sa tombe. La mort n’oublie personne, et attribue à tous, sans exception, un toit , comme une cocarde du mérite plantée à titre posthume sur le poitrail. Il existe peut-être des « sans-culottes », des « sans-abris », des « sans-papiers ». Il n’existe pas de « sans tombe ». Un emplacement est nécessairement réservé à chacun, en quelque endroit de la terre – qu’on l’y enfouisse plusieurs pieds sous terre, dans une tombe, un caveau ou une fosse commune, qu’il reste en surface, qu’on le brûle ou qu’on l’embaume. Ainsi, si les hommes ne sont tous égaux dans la vie, ils le deviennent assurément dans la mort.
Dans notre propre cimetière, comme dans celui des autres, la place de chacun y est numérotée. Il n’est possible ni de la donner, ni de l’échanger, ni d’en ê

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