Le Bâton de Jacob
242 pages
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Le Bâton de Jacob , livre ebook

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Description

Plus que l'épopée d'un voyage à la recherche d'un objet qui améliorera le processus de fabrication des cloches, le roman démontre à l’envi que l'auteur s’est posé de bonnes questions sur l’Histoire, les techniques, les architectures, les régions, la nature, sur une société en transition. Il a réuni quelques-unes de ses réponses au fil d’une intrigue qui fait découvrir des lieux à une époque et au travers de mœurs qui ont souvent été négligés au profit de périodes plus tapageuses. Avec la justesse des personnages qui l’animent, ce roman exhale des parfums gourmands autant qu’il inscrit des paysages aimés dans des images pittoresques. Une visite dans le temps et dans l’espace des Ardennes plurielles.



Benoît de Deker

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332940506
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-94048-3

© Edilivre, 2016
Le Bâton de Jacob


Depuis le début de la révolution industrielle, même dans les Ardennes de 1855, les entreprises doivent rivaliser d’imagination pour pérenniser leurs activités.
Il s’en suit d’âpres luttes pour s’approprier de nouveaux secrets de fabrication.
Des combats sans merci qui se livrent dans un univers sans foi ni loi. Tous les coups sont permis.
L’absence de scrupules côtoie l’honnêteté des paysages.
Dédicaces


Aux fondeurs et aux gardiens de la mémoire campanaire
À Liliane W. Sage-femme de la plume.
À Grimbert Le Taisson, à Cécile et Pascal, à Brigitte et Marie-Thérèse, à Françoise qui s’essayèrent à m’administrer quelques corrections… littéraires.
À Benoît qui m’invita chez lui à écrire quelques pages hivernales, au milieu des vignes,… sous 35 degrés à l’ombre.
À ma dyslexie qui m’offrit de connaître les joies de l’imaginaire en compensation.
À mes personnages qui sont devenus des amis ou des ennemis.
Deuxième édition revue et corrigée.
Prologue
C’est un désagréable sentiment que celui qui m’envahit dans la chambre des veillées. Un je ne sais quoi d’irréel. Peut-être est-ce dû à l’éclairage des bougies alignées sur le dressoir et dont les vacillements font danser des ombres sur le vieux meuble ? Sans doute à cause des cierges plantés sur quatre hauts bougeoirs qui encadrent le cercueil.
Sûrement parce que maintenant je regarde papa, mort, là, devant moi.
Une chute stupide sur un rocher moussu lors de la promenade au trou de l’Awé a mis fin aux vacances chez les cousins. La plus grande chambre de leur maison de chasse où nous avons l’habitude de loger durant ce temps sert aujourd’hui de reposoir.
Partant des chaussures vernies, mon regard parcourt son corps. Je m’arrête aux mains menottées par le chapelet de grand-mère puis je remonte au revers du veston qui encadre une chemise blanche fraîchement repassée. Je m’attarde sur le ruban de velours qui noue son col cassé. Je caresse du regard l’ondulation de ses cheveux noirs et me laisse enfin pénétrer par la sérénité de son visage.
La même sérénité que celle qu’il y avait dans la voix lorsque nous nous parlions.
Je caresse la barrette de verre crénelée qu’il m’avait donnée la veille de sa mort en précisant « Qu’il m’en expliquera son utilité ».
Je sais maintenant que je ne la connaîtrai jamais à cause de cette stupide chute.
Ce 28 mai 1847, je viens d’avoir quatorze ans. Je réalise peu à peu que je ne pourrai plus mener à bien mes projets car je n’aurai plus le soutien de ses avis affectueux. Ses conseils discrets qui ont permis à tant de mes rêves de se réaliser.
Je me souviens de cette expédition en barque sur la Semois avec Hubert. Sans même élever le ton, sans insister sur le danger, pourtant bien réel, de mauvaises rencontres, il a juste suggéré, à mi-mots, de nous faire accompagner de Jules et Robert. Deux « grands » qui encadrent volontiers la jeunesse de Tellin lors des ducasses. – « Pour que le voyage soit plus agréable grâce à leur expérience… ! » avait-il dit simplement.
Comment faire maintenant ? Surtout avec Maman qui ces derniers mois oubliait régulièrement « Où elle avait mis son cabas… ? » et qui regardait fixement et de plus en plus longtemps la haie du jardin. Elle est assise à côté de la mère Collas et de Madame Debière, à droite du cercueil, se balançant tronc et tête de gauche à droite.
Et petit Pierre ? Trésor d’insouciance à qui je finis par dire :
– Arrête avec les bougies, Pitou… Ici on ne joue pas… Va chez Marie à la cuisine.
– Chut, me fait-il le plus sérieusement du monde avec l’index sur la bouche. Chut, papa dodo, chut…, dit-il en disparaissant de la chambre comme englouti par l’ombre de la porte.
Je suis tout étonné de lui avoir dit ça et encore plus de le voir m’obéir. J’ai ressenti une sérénité, presque une joie intérieure. J’avais envie de garder ce nouveau sentiment pour moi tant il était personnel. Ce que je lui ai dit, c’est venu tout naturellement. Un peu comme lorsque j’ai sauté par-dessus le trou du diable. Un trou profond entre deux rochers, au sommet du bois Antoine. C’était haut, je l’avais fait sans réfléchir et je n’ai eu peur qu’après. Je me souviens que papa, à qui je racontais cette anecdote m’avait dit : « C’est ça devenir grand ».
– Bonjour, dit Monsieur Drasuac en entrant dans la pièce.
– Mes condoléances, marmonne-t-il à maman qui ne doit pas l’avoir reconnu. Il salue ensuite nos deux voisines, ainsi que les tantes Else et Elisabeth, le curé Dongelberg et Monsieur Duprez, le marchand de bois.
Charles Drasuac est le propriétaire de la fonderie de cloches à Tellin. Un ami de papa. C’est lui qui m’avait fait venir au château pour profiter des leçons données par le précepteur de ses enfants. Papa aurait préféré que nous allions à l’école du village parce que, disait-il : « on apprend des autres autant que des livres ». Finalement ils s’étaient mis d’accord pour que j’aille chez eux le jeudi après-midi pour approfondir les mathématiques et découvrir la physique et la chimie. C’est comme cela que depuis mes 12 ans, je fréquente Henry et Manette, les enfants du Maître fondeur. Henry, l’allumette , comme on dit au pays à cause de sa maigreur. Son éternelle écharpe nouée autour du cou même lorsqu’il est à côté du feu de la salle où nous avons cours.
Manette, mieux choyée par dame nature, me caresse discrètement le bras. Elle a accompagné son père. Je sens sa respiration. Je suis heureux qu’elle soit venue ! Son « Je suis là » susurré à l’oreille s’est blotti en moi.
– Et ta maman, ça va ? chuchota-t-elle.
– Je crois, dis-je, que l’écueil du rocher qui a tué papa a aussi coupé net le fil ténu qui la reliait encore au monde.
Mais je pense que c’est surtout pour Pitou qu’il faut s’en faire. Plus sauvage qu’un renardeau, il aura besoin d’être entouré, réconforté. Perdre un papa et une maman en même temps… !
Heureusement les câlins de Marie, la bonne, remplacent ceux de maman et il s’endort volontiers au creux du gilet en mouton de Guillaume, son mari.
– Et toi ?
– Moi ?
Moi je n’ai rien pu dire. Je ne sais pas comment ça se passe quand on perd ses parents. On va sûrement être mis dans une famille comme Lucien et Bernard de l’école. C’est comme ça que Lucien ne voit plus sa sœur. Ce sera la même chose pour Pierre et moi ?
Tout droit, joignant les talons et serrant les fesses, bien l’une contre l’autre, je tends à mon tour la main à Monsieur Drasuac. Je le regarde dans les yeux, le remercie d’être venu pour maman et lui indique un siège où s’asseoir. Pour ne pas manquer à mes obligations, je lui dis aussi que l’enterrement aura lieu samedi à 10 heures et qu’il sera le bienvenu après, à la maison.
Gravement il me répond :
– Je vous remercie, Philippe.
Il s’assied le regard tourné vers papa. Ils se sont parlé. Sûrement de choses importantes car les sourcils de Monsieur Drasuac se sont froncés et j’ai vu bouger ses lèvres, deux fois !
Moi ?… Moi, aujourd’hui c’est comme lorsque je suis tombé du pommier. Je ne sais plus très bien si c’est moi qui parle ni même ce que je dis.
Alors en plus, ces bougies… Maman… Papa… la tête me tourne…
– S’il vous plaît, Marie un grand verre d’eau !
Revenant de la cuisine avec le verre, elle me dit :
– Tiens petit homme… Oui, Pitou dort, me dit-elle comme devinant mon souci.
– Et toi ? Tu as pu dormir la nuit passée ?
– Oui, votre tisane m’a bien aidé.
Manette s’est glissée près de moi et me souffle :
– J’y vais… on se reverra jeudi. Elle glisse ses doigts dans mes cheveux et m’embrasse sur la commissure des lèvres. Je ne quitte sa nuque du regard que lorsqu’elle franchit la porte.
Monsieur Drasuac m’interpelle :
– Philippe, puis-je vous entretenir un instant ?
– Oui, Monsieur Drasuac, dis-je en me plantant devant lui.
Pressentant quelque chose d’important, je fais comme il se doit et invite mon interlocuteur dans le salon où nous nous retirons.
– Voilà, dit-il, j’avais jadis promis à votre père de m’occuper de vous tous, en cas de besoin. La semaine prochaine, le notaire Rousseau vous annoncera officiellement que je deviens votre tuteur et administrateur de vos biens. Vous habiterez donc le village et, si l’on peut dire, le château comptera trois chaises en plus à sa table. Ta maman aura une chambre rien que pour elle. Marie et son Guillaume viendront aussi au château.
J’ai du mal à ne pas montrer ma satisfaction. Vu l’état de maman, je ne me voyais pas m’occuper des repas, de la maison et des leçons de Pitou !
Chapitre 1 Une mission importante
Le claquement sourd du sabot de Bucéphale sur le pavé de la cour fait jaillir une étincelle dans la pénombre matinale.
– Tout doux Bucé, moi aussi j’ai hâte de prendre la route, susurrai-je à l’oreille de mon cheval.
Le barda bien arrimé, j’inventorie une dernière fois la précieuse trousse de cuir toute rembourrée de martre à l’intérieur. Quelques louis et napoléons pour la nourriture, le logement et autres frais. La lettre d’accréditation du père Drasuac. Document indispensable pour voyager en France où sont durement réprimés les opposants de Napoléon III. Ici à Tellin, on a vu passer des émigrés français cherchant asile auprès de la nouvelle nation belge. À mon flanc gauche une chaînette et un lien de cuir ajustent la trousse discrètement dissimulée sous mon bras.
Sans bruit, je me hisse sur Bucéphale. Après un regard au château encore endormi, je donne un léger coup de rein et les sabots martèlent le sol puis deviennent plus sourds sur le chemin de terre qui mène à la route du Bestin vers Transinne.
Chemin faisant, je me remémore les huit années écoulées depuis la mort de mon pè

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