La seule chose à briser, c est le silence
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Description

654 000 femmes déclaraient avoir été victimes de violences physiques en 2009 soit plus de 20 000 qu’en 2008. C’est ce qui avait conduit le Gouvernement de l’époque à proclamer la lutte contre les violences faites aux femmes « grande cause nationale » en 2010. La loi du 9 juillet 2010 institue donc le 25 novembre comme « journée nationale de sensibilisation aux violences faites aux femmes ». Malgré ses initiatives, la parole peine à se libérer. Les femmes mal informées, mal accompagnées ne portent que rarement plainte (seules 16% d'entre elles). En 2013, 129 femmes étaient tuées par leurs conjoints ou ex-compagnons et 33 enfants sont morts. Des chiffres qui font froid dans le dos. Derrière ces chiffres se cachent des histoires tragiques. Une quinzaine d’auteurs ont donc relevé le défi d’ « humaniser » ces victimes en imaginant une fiction autour de ce thème difficile des violences faites aux femmes : Harcèlement moral, sexuel, viol, insultes, coups.Fatima Ait Bounoua, Iman Bassalah, Chloé Juhel, Manon L'hostis, Marion McGuinness, Nadia Henni-Moulaï, Karima Peyronie, Rachid Santaki, Marlène Schiappa, Nadia Sweeny, Mabrouk Rachedi, Erwan Ruty, Djeffa Tisserand, Raphal Yem.Les droits d'auteur seront reversés à

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 décembre 2009
Nombre de lectures 102
EAN13 9782359302035
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0596€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection
• M ISE AU POINT •
LA SEULE CHOSE À BRISER, C’EST
LE SILENCE
O UVRAGE COLLECTIF DIRIGÉ PAR N ADIA H ATHROUBI -S AFSAF AVEC :
Fatima Ait Bounoua, Iman Bassalah, Nadia Henni-Moulaï, Chloé Juhel, Manon L’hostis, Marion McGuinness, Karima Peyronie, Erwan Ruty, Rachid Santaki, Marlène Schiappa, Nadia Sweeny, Djeffa Tisserand, Raphal Yem
La seule chose à briser, c’est le silence.
Droits réservés
ISBN 978-2-35930-121-2
©Les points sur les i - 16 Bd Saint-Germain 75005 - Paris
www.i-editions.com
LA SEULE CHOSE À BRISER, C’EST
LE SILENCE
(I)

État des lieux
Déclarée « grande cause nationale » en 2010 par le Premier ministre François Fillon, la lutte contre les violences faites aux femmes a donné lieu au vote d’une loi le 9 juillet 2010.
Elle accentue les mesures de prévention et de protection des femmes, et a institué en France une « journée nationale de sensibilisation aux violences faites aux femmes », organisée désormais chaque 25 novembre, le même jour que la journée internationale de l’ONU.
Dans une étude « Combattre toutes les violences faites aux femmes, des plus visibles aux plus insidieuses », publiée mardi 25 novembre 2014 par la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité du Conseil économique social et environnemental (Cese), on apprend que 20 % des femmes interrogées ont été victimes de harcèlement de rue. Soit une femme sur cinq au cours des douze derniers mois, allant de l’insulte à l’attouchement. Un phénomène illustré par de nombreuses vidéos, tournées notamment à Bruxelles, Paris, Alger. Des jeunes femmes déambulent avec une caméra cachée pour dénoncer ce harcèlement quotidien. Les images sont effarantes.
Que dit la loi du 9 juillet 2010 ?
Elle prévoit une procédure d’urgence en amont du dépôt de plainte pour mettre à l’abri les femmes en danger : mise à l’écart du conjoint violent. Elle dicte les conditions dans lesquelles l’enfant lui sera remis, le cas échéant en présence d’un tiers, etc. Le conjoint violent qui ne respecterait pas ces mesures de protection décidées par le juge pourrait être condamné à deux ans de prison et 15 000 euros d’amende. Autre mesure prévue par le texte : les victimes pourront dissimuler leur adresse en élisant domicile chez leur avocat ou auprès du procureur de la République.
Le texte crée également deux nouveaux délits : le délit de harcèlement au sein du couple pour prendre en compte les violences psychologiques ou morales et le délit de « contrainte au mariage » pour lutter contre les mariages forcés.
Les chiffres clés
Selon les enquêtes Cadre de vie et sécurité réalisées par INSEE-ONDRP entre 2010 à 2013, 2 160 000 femmes de plus de 14 ans ont été victimes au moins une fois de violence.
Parmi elles, 400 000 dans le cadre de violences conjugales. 129 sont décédées en 2013 sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint soit une femme tous les trois jours. Dans la même période 86 000 femmes âgées de 18 à 75 ans ont été victimes de viols ou de tentative de viols. Dans 86 % des cas, ces agressions ont été commises par une personne connue de la victime…
Des chiffres qui font froid dans le dos. Pourtant les associations d’aide aux victimes estiment qu’ils sont certainement en deçà de la réalité. Malgré les campagnes d’information et de sensibilisation beaucoup d’entre elles ne portent pas plainte. Elles seraient moins de 16 % à l’avoir fait sur la période 2010-2013. Par crainte de représailles, par méconnaissance de la loi ou rebutées par une procédure longue et laborieuse qui n’assure souvent aucun résultat probant.
Pourtant 47,7 % des faits de violences antérieurs étaient connus des services de police ou des unités de gendarmerie…
Il existe depuis 1992, un service national d’écoute anonyme pour les violences conjugales. Créé par la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), son nom a évolué mais son objectif reste le même « apporter un soutien et une première réponse aux victimes et à leur entourage ».
En 2013, la plateforme d’écoute 3919 a traité 24 596 appels*.
18 613 sont à contenu « violences » (soit +75 % de l’ensemble des appels) parmi lesquels :
— 15 682 appels, concernent les « violences conjugales »
— 1 463 appels pour « autres violences » (violences sexuelles en dehors du couple, violences au travail, mariages forcés)
— 1 468 appels pour des « demandes d’information » (émanant de professionnel-le-s surtout)
* « Fédération Nationale Solidarité Femmes
( www.solidaritefemmes.asso.fr ) »
Avis d’expert(e)s:
Hajer Ayari,
psychiatre en milieu hospitalier
Quand peut-on parler de violence ?
Un rapport détaillé sur la violence et la santé, qui a été publié par l’Organisation mondiale de la santé en 2002, définit ainsi la violence : « L’utilisation intentionnelle de la force physique, de la menace, ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques, un mal-développement ou des privations. »
J’aurais tendance à penser que l’on reconnait la violence spontanément moins par sa forme matérielle que par ce qu’elle suscite en nous d’émotions et de projections : peur, injustice, douleur. Donner une définition factuelle et précise de la violence reste difficile. Quand j’entame un cours sur les rapports entre violence et santé, je pose la question suivante :
D’après la loi salique, en vigueur sous Charlemagne (texte datant de 798), quel est l’acte qui entraîne la plus lourde peine ? :
1. Tenter de donner la mort à un homme
2. Dérober un troupeau composé de 25 porcs
3. Attaquer un homme et le dépouiller de son argent
4. Couper la chevelure d’une jeune fille
En fait, tous ces délits sont condamnés par le versement de 2 500 deniers ou 62 sous d’or et demi, ce qui montre bien que la perception de la violence reste liée à un contexte, une époque.
Actuellement, les violences qui me semblent le plus clairement définies sont les violences sexuelles par l’absence de consentement (l’âge inférieur à 15 ans excluant la possibilité de consentement).
En tant que médecin, j’ai en face de moi des personnes en souffrance, qui ont besoin d’aide. Savoir si leur cas répond à une définition pénale de violence subie n’est pas de mon ressort. Il s’agit de les informer, de les accompagner, de les soutenir, et de les soigner. Parfois, certaines femmes ont simplement recours aux équipes de soins pour entendre ce qu’une tierce personne pense de leur situation, tant elles doutent de leur statut de victime. Et puis, elles repartent dans leur milieu habituel. Même dans les lieux de soins, on a parfois le jugement facile. Si les équipes ne sont pas suffisamment formées, elles peuvent reproduire des comportements agressifs : on voit des équipes de soins très affectées par la situation d’une patiente qu’elles ont fortement soutenue et accompagnée dans une démarche de dépôt de plainte, de recherche de logement, puis s’indigner lorsque la jeune femme en question retourne auprès de son agresseur. Car il faut comprendre que ces femmes sont souvent structurées sur un mode de personnalité dépendante avec une faible estime de soi et, pour elles, changer de lieu d’habitation ne règle rien.
La violence touche-t-elle toutes les femmes, même de catégories socioprofessionnelles supérieures ?
À l’hôpital public, en psychiatrie, on trouve des femmes plutôt défavorisées socialement, qui décrivent des situations de violences subies dans lesquelles elles sont engluées du fait d’une dépendance financière mais surtout affective. Paradoxalement, pour ce qui est des catégories sociales plus favorisées, c’est plutôt à l’agresseur que l’on a affaire. Celui-ci est alors hospitalisé sous contrainte et cumule parfois une consommation d’alcool pathologique et des traits de personnalité paranoïaques, tout en ayant un statut de cadre.
Les violences faites aux femmes sont-elles spécifiquement prises en charge dans le milieu hospitalier ?
Une femme victime de coups et blessures volontaires peut avoir recours à son généraliste pour établir un certificat descriptif. Ce certificat peut également être requis par l’autorité judiciaire. On recourt parfois à l̵

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