La Section d’épreuve
244 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Section d’épreuve , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
244 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

L’aveuglement de la jeunesse conduit deux jeunes garçons de 18 ans à s’engager dans la légion pour voyager ou pour découvrir leurs capacités à être des hommes.
Poussés à sortir de leurs villages par des envies d’aventures.
Mais la vie qu’ils trouvent n’est pas celle qu’ils attendaient.
Pour s’arracher à leur engagement, leur inconscience les amène à déserter, s’ensuit un enchaînement d’événements et de situations dont ils reviendront brisés, mais, au soir de ces terribles peines, ils seront libres.
« Ça en valait la peine », diront-ils.
Mais qu’il sera cher le prix à payer...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 juin 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414045549
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-04552-5

© Edilivre, 2017
La Section d’épreuve

Ce livre est un témoignage sur l’existence, à une certaine époque camp de la légion étrangère destiné à mater les engagés les plus rebelles. Ce camp a depuis longtemps disparu.
Je tiens à remercier Face de rat le balafré, un petit homme charismatique d’un courage et d’une résistance à l’effort qui poussait au respect. Un homme de bons conseils, pour ses mots lâchés quand il le fallait, pour avoir partagé son expérience et les clefs qu’il fallait pour tenir. Je tiens à saluer tous ces pauvres gars qui ont réussi à traverser ces jours et ces mois de maltraitance, et je cite à comparaître les Lauret, les Rubio et tous ceux, qui de prés ou de loin, complices ou instigateurs de ce camp, pour être jugés par les Meyer, les Fadovic, ceux qui, morts ou fous ou battus, demandent et crient justice.
Chapitre I
Nous venons de sauter de l’arrière du camion, un sac de paquetage menotté à chaque main. Mon ami Danton et moi savons ce qui nous attend. La rumeur disait que là-bas, c’était terrible, mais cette peur dans les yeux de ceux qui en parlaient était encore pire. Même les plus solides, des gars qui n’avaient peur de rien, évitaient le sujet.
Quelle horreur nous y attendait ?
Les deux gardiens qui nous accompagnent sourient. Deux nouveaux arrivés, ce n’est pas tous les jours que l’on peut s’amuser.
Le premier est un certain Rubio, recherché par la légion espagnole. Ses yeux pétillent de joie, des petits yeux vicieux. Petit et rondouillard, ventre de trop de bière un sourire de plaisir éclaire son visage disgracieux. Hans, le second grand et sec, est allemand. Un grand nez, les cheveux rasés, la mâchoire carrée. Il a quitté son pays après une bagarre qui a mal tourné. Un mauvais coup de poing, un gars resté au sol, la police, il a dû fuir. Mais c’est du passé pour lui, ici, il est dans son élément.
Le camion qui nous a déposé repart sur cette route de terre qui remonte dans la montagne. Tout autour, une forêt de chênes-lièges. Il fait encore beau pour une mi-octobre.
Rubio donneles règles du jeu.
Un coup de sifflet, il faut ramper.
Deux coups, pas de gymnastique.
Trois coups, marche canard, et le jeu commence.
La route monte, déserte. Où est le camp ?
Nous sommes en train de ramper, le pantalon kaki et la veste protègent un peu des cailloux, les sacs tirent sur les menottes. La douleur monte aux poignets.
Ça fait dix minutes que nous rampons, ça paraît long déjà. Le paquetage devient de plus en plus lourd à traîner Les gardiens rient et fument, ils attendent, mais quoi ?
Je regarde Danton. Se donner du courage entre nous.
D’un mouvement des yeux, d’un signe, on se rassure. On va y arriver.
Et pourtant, rien n’a commencé.
Deux coups de sifflet nous remettent debout et nous commençons à courir, mais Hans se met à hurler avec son accent :
– “Moins vite” !
Nous courons plus doucement, parfois presque sur place.
Ces deux gardiens ne veulent pas dépasser leur rythme, ils ont tout leur temps.
Puis c’est trois coups qui retentissent, la marche en canard avec ces paquetages qui épuisent. Je commence à avoir du mal à avancer, ça devient dur. Danton transpire à grosses gouttes. J’entends rire les gardiens. Il doit être trois heures de l’après midi, au moins trois quart d’heure que le cirque a commencé. Le coup de sifflet, on se remet à ramper. J’économise mes forces en rampant. Une voie ferrée apparaît.
En rampant nous arrivons au niveau des rails, ceux-ci disparaissent dans une grande courbe à deux cents mètres sur la droite et sur la gauche, cachés pas la forêt.
– “Halte” !
Par réflexe, je dépasse un peu les rails, mais les deux ricanent. Du bâton qu’il tient à la main, Rubio nous indique les rails.
– “Vous reculez et restez sur les rails jusqu’à mon ordre de départ, et sans ordre vous mourrez écrasés”.
Et ils éclatent du rire des imbéciles, comme étrangers au danger de la situation. Je suis avec Danton sur les rails, un pied en appui pour ne pas glisser au démarrage. J’ai les poignets des sacs bien en main. Je suis recroquevillé, prêt à bondir. Je regarde mon ami, sans ordre nous sauterons quand même. J’attendrais quand même le dernier moment. C’est un jeu pour les gardiens, pour nous juger, voir nos limites. L’inquiétude se mêle au bien être de s’arrêter, de récupérer un peu.
Les voici qui sortent deux bières et discutent d’une certaine Maria, leurs propos sont obscènes Rubio regarde l’heure, ils doivent avoir les heures de passage en tête. Je récupère bien, plus le train aura du retard, plus je récupérerais.
– “Tâchez de ne pas vous endormir, sales macaques”. C’est le petit mot gentil de Rubio à notre égard.
C’est le stress maintenant, le train n’arrive pas. Même si nous profitons de cet arrêt, l’angoisse monte. Tout me passe dans la tête, sans ordre nous sauterons, mais après ? S’il faut nous battre, nous nous battrons, mais ensuite ?
Enfin le train arrive, pas bien vite heureusement, la pente de la montagne le ralenti.
Plein de poussière d’avoir rampé, Danton me regarde, crispé. Les gardiens ont traversé la voie et surveillent. Le train arrive et la distance diminue. Un sifflement retentit, le conducteur nous a vu.
Peut être a-t-il déjà fait l’expérience et connaît il le manège ? Il ne freine pas. Il est à cent mètres, le train continue de siffler. Le conducteur connaît sûrement la chanson et joue le même jeu que les gardiens, en sachant que les hommes vont bondir.
Rubio met le sifflet à ses lèvres. Cinquante mètres. Dans ma tête, j’analyse à quel moment je vais sauter. Tout semble aller très vite, puis Rubio siffle, comme la fin d’une blague. Nous sautons littéralement en avant, hors de la voie.
Il ne restait plus grand-chose, c’était limite. Le train n’a pas fini de passer que les coups de sifflet recommencent. Pas de gymnastique, le cœur bat très fort. Une épreuve de passée, et cette route sur laquelle nous rampons à nouveau. Les coups de sifflets se succèdent. Le pas de gymnastique ne dure pas longtemps qu’il nous faut déjà ramper.
Les menottes commencent à me faire très mal, mon compagnon de souffrance grimace, le temps s’écoule infiniment lentement.
Je sais que c’est le prix à payer pour le choix que nous avons fait. Le jour du départ est décidé. Le camping est désert ce soir.
Chapitre II
Tout a commencé quatre mois auparavant.
Nous étions installés au bar du régiment, c’était un jour de permission. Jour de jeux et de filles. Le bar, situé dans l’enceinte de la compagnie, était rempli de gars qui jouaient aux cartes. Quatre par table, avec une caisse de bière à chaque bout de table. Jour d’effervescence, jour de solde. Les filles au comptoir attendaient. En fin de partie, des gars montaient. La paie était tombée, fallait en profiter. Les bières se vidaient et les filles riaient avec ceux du comptoir. Vers le soir, avec l’alcool, une bagarre éclaterait et ceux qui seraient attrapés se verraient punis le lendemain, à réparer ce qui était cassé. Un dimanche comme les autres. Mais avec Danton, nous en avions assez de cette vie. Engagés pour voyager, les jours durs passés à l’entraînement, aux marches, aux tirs, toutes les épreuves étaient finies et maintenant, le but atteint, la prise de conscience que cette vie n’était pas celle que nous attendions.
L’impression de nous être trompés. Un an et demi pour comprendre. Un adjudant qui hurle tous les matins, pas de chez soi, pas de projets, un avenir tout tracé et cette impression de perdre son temps. Attendre encore trois ans et demi comme cela ? Nous en avions assez de ce temps perdu, et pas moyen de rompre notre engagement stupide.
L’engagement, une idée qui avait germé pour quitter un village que je trouvais ennuyeux, quelques bières et une décision mal calculée. Et maintenant ?
Nous avions décidé de déserter mais il fallait préparer ça.
Un après midi de permission, nous étions sortis en ville et partis du côté des criques. Des voiliers s’y trouvaient. A proximité, un camping que l’on pouvait rejoindre par un petit sentier. Le plan de départ se dessinait. Départ prévu la semaine prochaine, les photos d’identité étaient prêtes.
Le jour du départ est décidé. Le camping est désert ce soir.
Les occupants sont à cette fête qui bat là-bas, plus loin. Personne sur place pour surveiller peut être parce que ce camping est bien à l’écart et que le sentier que nous avons pris est à l’opposé de la route qui y mène. En fouillant les toiles de tentes, nous découvrons pièces d’identité, argent et vêtements. J’ai trouvé des vêtements à ma taille, Danton aussi. Chacun de nous a une carte d’identité correspondant à son âge.
Direction la crique. Nous sommes mi-juin, il fait chaud, l’air est parfumé par les arbustes et la végétation méditerranéenne.
– “Est-ce que tu t’y connais en navigation” ?
– “Pas trop”, me répond Danton.
Pourtant un petit voilier est notre seule chance de départ. Et ce vent qui souffle doit être bon pour nous.
Il faut se poster et attendre. La crique est déserte, rien ne bouge.
– “Je crois que la chance est avec nous”, me dit Danton.
J’espère qu’il a raison, mais la mer semble mauvaise. Enfin, on verra bien. Je pense que c’est le bon moment, un petit gonflable va nous servir à rejoindre ce voilier qui est à l’écart. Il faut charger les vêtements et nos nouveaux papiers. Nous mettons le tout dans un sac plastique pour ne rien mouiller. Pas un bruit autour de nous. La nuit nous protégé. Il n’y a pas la moindre lumière. A la rame et sans bruit nous arrivons au voilier. Je charge le sac plastique, nous grimpons à bord et relevons l’ancre.
– “On va sortir à la rame, s’éloigner un peu d’ici”.
– “Partons d’ici”

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents