La Sanseverina
317 pages
Français

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La Sanseverina , livre ebook

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Description

Qui est cette mystérieuse Italienne que le jeune narrateur appelle « la Senseverina » en souvenir de Stendhal ?



Une femme fatale ? Une sirène accueillante ? Une militante gauchiste ? Une provocatrice acerbe ? Une exilée qui se cache ? Ou tout cela à la fois ?



Le narrateur, un jeune bachelier, au cours de rencontres parfois chaotiques qui l'amènent à devenir un ami de « la Senseverina », va tenter de démêler les traits de cette personnalité complexe.



Près de lui, un grand père, mentor atttentif, regarde et commente.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 novembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414465149
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-46513-2

© Edilivre, 2020
À l’âge de seize ans, j’ai lu La Chartreuse de Parme . En refermant le livre, j’étais amoureux de la comtesse Pietranera, devenue plus tard la duchesse Sanseverina. Est-ce parce que je me prénomme Fabrice ? 1


1 . Ceci est le début d’un journal intime écrit pendant l’été 1979. L’ayant égaré et retrouvé 34 ans plus tard, je le publie intégralement sans en changer un seul mot. J’ai simplement déplacé le paragraphe ci-dessus (écrit primitivement le 2 juillet) et ajouté :
— un titre
— un épilogue
et des notes qui seront toutes, pour les différencier du texte de mon journal, écrites en italique.
Samedi 30 juin 1979
Dès l’annonce de mon succès au baccalauréat, j’ai téléphoné à mes grands-parents pour leur annoncer la bonne nouvelle et pour leur confirmer que, comme tous les ans, j’irai bien passer le mois de juillet chez eux.
— Mais tu vas t’ennuyer ! m’a lancé mon oncle maternel Alfred, qui ne se décide jamais à fermer son café de peur de ne savoir comment employer son temps en vacances.
— Mais j’ai des copains que je retrouve tous les étés ! lui ai-je rétorqué. Et puis avec un bon livre, je ne m’ennuie jamais !
Je sais en effet que, pour mon baccalauréat, mon grand-père doit m’offrir les trois volumes de À la recherche du temps perdu dans la collection de La Pléiade .
— Comme tu te destines à poursuivre des études de Lettres, m’a-t-il dit à Noël, il te faut lire Proust. Je te l’offrirai pour ton succès, pour lequel je n’ai aucun doute.
Quand j’ai reposé le téléphone, une idée m’a brusquement traversé l’esprit : je vais écrire un journal de vacances où je pourrai, entre autres, commenter ma lecture de Proust.
Dimanche 1 er juillet
J’ai quitté La Roche-sur-Yon par le train et pris un autobus à Nantes.
Mon grand-père m’attendait à la gare routière. Je ne l’avais pas vu depuis les vacances de Noël quand toute la famille se retrouve pour une fête célébrée dans la bonne entente, et j’ai trouvé qu’il avait vieilli : sa marche est plus lente. En chemin, il a fallu que je lui conte en détail les épreuves de mon baccalauréat :
— Quel sujet as-tu choisi en philo ?
Quand je suis entré dans le couloir d’entrée de la maison, Tikal, le chien de mes grands-parents, plus prompt que ma grand-mère, m’a fait la fête en aboyant et en sautant autour de moi :
— Il faut toujours que je passe après lui pour t’embrasser, m’a-t-elle dit en souriant. Mais tu dois être fatigué. Assieds-toi dans le salon et donne-nous les dernières nouvelles de ta famille. Car tes parents, tu les connais, ils ne nous téléphonent pas souvent. Ils ont du travail, c’est vrai.
J’ai dû raconter que, le mois précédent, ma mère avait eu une tendinite ; que mes parents avaient acheté un nouveau téléviseur ; que je les retrouverai en août dans la villa d’Arcachon ; que mon père était allé à Lille pour un congrès de médecins et que mon petit frère était de plus en plus passionné par la voile.
Quand j’eus fini mon rapport, je suis monté dans ma chambre afin de vider ma valise et j’ai rangé mes chemises et mes pantalons dans la petite armoire. Machinalement, je me suis penché à la fenêtre et j’ai jeté un coup d’œil par-dessus le mur qui sépare la maison de celle des voisins ; avec la certitude d’apercevoir dans le jardin M. et Mme Serviens, deux adorables vieillards que je connais depuis toujours et qui, je crois, éprouvent quelque affection pour moi et pour mon petit frère. J’étais sûr de les voir puisque avant le déjeuner, ils s’offrent, les jours d’été, un petit apéritif près de leur table en rotin. Je les salue et Mme Serviens me répond invariablement : « Ah ! Frédéric ! Tu es là ! J’espère que tu viendras nous embrasser ! »
Mais, ce matin à ma grande surprise, non seulement je ne les ai pas aperçus mais j’ai eu l’impression que ce n’était plus le même jardin : de mauvaises herbes poussaient çà et là et deux affreuses chaises longues aux couleurs criardes avaient remplacé les confortables transats où, après le déjeuner et le café, se reposaient nos voisins.
Une fois ma valise vidée, je suis descendu au rez-de-chaussée et mon grand-père, solennellement, comme s’il remettait un prix Nobel à un écrivain français, m’a offert les trois volumes de Proust qu’il m’avait promis :
— Ce n’est pas une lecture facile pour un lycéen. Mais je te connais : je suis persuadé que, si les premières pages ne te découragent pas, tu en viendras à bout et que tu en retireras un certain profit.
Ma grand-mère qui est un fin cordon bleu, a préparé pour mon arrivée un excellent bar à l’anis qui est, pour moi, un de ses plats que j’ai toujours préféré :
— Les Serviens ne sont plus là ? ai-je demandé
— On ne vous l’a pas dit ? Leurs enfants les ont convaincus que, vu leur grand âge, ils ne pouvaient plus vivre seuls. Ils sont partis en maison de retraite aux environs de Pâques. Nous sommes allés les voir au début du mois de mai.
— La maison est inoccupée ?
— Pas du tout ! Elle est louée à un couple d’Italiens.
— Des Italiens ?
— On les voit rarement. Lui part tous les matins en voiture ; on nous a dit qu’il travaille à Nantes. Quant à elle, elle sort fort peu.
— Entre nous, ajouta mon grand-père, c’est « Bonjour, bonsoir » et c’est tout.
— Et comme ton grand-père, tu le sais, est peu liant, et même peu sociable…
Mon grand-père m’a souri discrètement et son sourire signifiait : « Tu connais son refrain habituel ? » Ma grand-mère qui avait aperçu la mimique, a haussé les épaules et, sans répondre, elle a continué en précisant que l’Italienne, si on en croit le facteur et le boulanger, parle parfaitement le français.
Un peu plus tard, mon grand-père, lisant OuestFrance , me dit :
— Tiens ! Patrick Modiano est à La Baule.
Je lui ai demandé ce qu’il pensait de cet écrivain dont je n’ai rien lu :
— Bof ! Une petite musique… Un souffle trop court 2 . Juste avant le déjeuner, j’ai passé un coup de fil à Pierre pour lui annoncer mon arrivée.
Pierre est mon meilleur ami. Nous nous sommes connus au tennis quand nous avions neuf ou dix ans et nous nous voyons à chaque fois que je viens passer des vacances chez mes grands-parents. Comme moi, il vient d’être reçu au baccalauréat et il entre, en septembre, en maths sup à Rennes.
C’est un garçon plus grand et plus fort que moi ; sportif, il fréquente assidûment stades et piscines. Nous avons quelques goûts communs, le cinéma, le tennis ou les échecs, mais nous sommes également fort différents l’un de l’autre : il est matheux autant que je suis littéraire, il montre peu d’intérêt pour la chose politique alors qu’influencé par mon grand-père, je m’y intéresse fort, il lit beaucoup de bandes dessinées et moi fort peu, il a les pieds bien sur terre alors que je suis rêveur et bâtisseur de châteaux en Espagne.
Quand j’ai retrouvé mon ami sur la plage du lac, il était accompagné de sa sœur, Sophie, d’un an plus jeune que lui. Sophie vient de terminer sa classe de première. Elle a les cheveux blonds, la peau diaphane, la poitrine haute et menue, les jambes longues et fines. L’an dernier, je l’avais surnommée Ophélie tant elle me paraît ressembler à l’image que je me fais de cette autre Ophélie, imaginée soit par Shakespeare soit par Rimbaud (merci Lagarde et Michard !). Discrète et réservée, elle détonne au milieu des jeunes filles de son âge et c’est peut-être pour cela que je me plais en sa compagnie. Elle déteste le sport, sauf la natation ; elle préfère le piano auquel elle consacre de nombreuses heures, travail qui, disent parfois ses parents, pourrait nuire à la qualité de ses études scolaires. Élève du conservatoire de Nantes, elle rêve d’être admise à celui de Paris mais les années passent sans que ce rêve se réalise.
— Maintenant c’est trop tard ! m’a dit un jour Pierre. Les parents pensent comme moi et ils souhaitent avant tout qu’elle ait son bac.
Nous avons passé tout l’après-midi sur la plage. De temps en temps, Pierre et moi, nous piquions une tête dans le lac, méprisant ceux qui se contentaient de barboter dans un mètre d’eau et qui revenaient sur le sable en s’enorgueillissant d’avoir connu les joies de la natation. Nous avons fait des courses le long des bouées qui délimitent le chenal réservé aux dériveurs. Sophie nous accompagnait parfois.
Quand, dégoulinant d’eau et un peu essoufflés par le dernier sprint, nous revenions nous étendre sur le sable, nous observions les familles qui nous entouraient et dont nous nous moquions tant leurs robes bariolées et leurs tee-shirts ornés de slogans publicitaires nous paraissaient ridicules.
Puis, nous avons parlé de nos copains respectifs et des professeurs que nous avions eus pendant l’année qui vient de s’écouler : les bons qui nous ont marqués mais aussi les médiocres dont nous rappelions les cours transformés en séance de franche rigolade. Sophie m’a raconté qu’à l’épreuve de français de première, elle avait choisi la dissertation littéraire sur le théâtre et qu’à l’oral elle était tombée sur un passage de Candide .
Puis, du lycée nous sommes passés au sport, regrettant l’échec de Tabarly dans la transat en double (« Il avait pourtant mené presque de bout en bout ! » a gémi mon ami), pariant sur Borg ou sur Connors, l’un et l’autre toujours en lice à Roland-Garros, et estimant les chances respectives de Bernard Hinault et de Joop Zoetemelk dans le Tour de France qui vient de commencer (« Hinault a déjà le maillot jaune, a tranché Pierre, tu vas voir : il le gardera jusqu’à l’arrivée ! »).
Brusquement, sautant du coq-à-l’âne, Pierre m’a vanté l’album Off the Wall de Michael Jackson qu’il venait d’acheter et Sophie, voulant, je suppose, montrer qu’elle se ten

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