La Rose de nos vallées
240 pages
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La Rose de nos vallées , livre ebook

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Description

Prosper et Monique vivent à Gisenyi, au Rwanda, où, avec leurs trois enfants, ils forment une famille unie et heureuse. La guigne s’infiltre dans leur bonheur d’abord par la mort de Prosper. Le père de la famille s’en va après une longue maladie qui ruine sa famille et laisse Monique déprimée dans son veuvage. Puis Alouette, la cadette de la famille, est violée alors qu’elle finit ses études au Congo. Blessée, elle préfère s’enfuir pour épargner la honte à sa famille. Dès lors, la famille jadis heureuse se trouve confrontée à des souffrances inattendues et au désespoir. Monique et ses enfants se mettent à la recherche d’Alouette qui reste introuvable. Cette famille retrouvera-t-elle un jour son bonheur de jadis ? Alouette, arrivera-t-elle à pardonner et à revenir chez elle ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 novembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332823311
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-41154-2

© Edilivre, 2020
I
Prosper ouvrit les yeux en se réveillant mais les ferma aussitôt. La lumière dans la chambre était vive. Dans quelques instants, sa journée habituelle allait commencer. Une journée semblable aux soixante autres qu’il venait de passer dans l’une des chambres de l’hôpital Roi Fayçal. Les yeux fermés, il savait que sa femme, Monique, était près de lui. Tous les matins, elle se réveillait très tôt, se lavait rapidement puis préparait le petit déjeuner avant de chauffer l’eau pour la toilette pour son mari. Elle attendait que son mari se réveille pour le saluer avec un sourire qui ne la quittait pas, même dans les moments durs. Souriante, elle lui demandait comment il avait passé la nuit et Prosper répondait presque toujours qu’il avait passé une nuit agréable. Il ne voulait pas inquiéter sa brave femme en lui parlant des douleurs qui refusaient de quitter sa tête et son dos. Monique le savait et lui disait qu’elle priait pour lui la nuit. C’était la vérité, Monique ne faisait que cela : prier pour son mari.
Monique avait toujours été une bonne croyante. Elle ne ratait aucun service de dimanche à l’église, était membre de cinq ou six associations caritatives et assistait moralement et financièrement beaucoup de veuves et d’orphelins, même si elle-même n’était pas riche. Elle avait toujours été fidèle à son mari durant les vingt-sept ans de leur mariage. Elle l’aimait et le chérissait tout comme elle affectionnait leurs trois enfants qu’elle avait élevés de la meilleure façon qui puisse exister. Prosper était sûr qu’il avait la plus merveilleuse des femmes.
Monique était une bonne épouse pour son mari, une bonne mère pour leurs enfants, une véritable amie pour tous ceux qui cherchaient de l’aide auprès d’elle, une bonne chrétienne pour son église et pour Dieu. S’il y avait un livre où Dieu écrivait le nom des chrétiens les plus fervents, Prosper savait que sa femme se trouverait parmi les premiers sur la liste. La seule chose qu’il ne comprenait pas, c’était pourquoi ce Dieu, que sa femme avait toujours servi, ne répondait pas à ses prières. Ce n’était pas juste vu qu’il ne devait pas y avoir beaucoup de gens qui servaient Dieu comme elle le faisait. « Les voies du Seigneur sont impénétrables », disait-elle à son mari quand celui-ci lui posait la question. Elle acceptait tout ce qui lui arrivait, bon ou mauvais, avec la même philosophie et le même sourire aux lèvres. Prosper savait depuis longtemps qu’il ne la comprendrait jamais. Il savait cependant qu’il était l’homme le plus chanceux du monde car en épousant Monique, il avait trouvé en même temps la femme de sa vie et la meilleure amie que tout homme désirait avoir.
Monique était la seule personne qui lui permettait de garder sa foi en Dieu, aussi minime soit-elle. La foi de Monique l’avait plus d’une fois aidé à garder espoir dans l’avenir. Dieu seul savait que la vie n’avait pas toujours été clémente avec eux. Mais grâce à Monique, tout avait toujours semblé plus facile. Ensemble, ils avaient attendu les solutions dans les situations les plus difficiles, et grâce à l’optimisme de Monique, l’attente avait toujours semblé courte. Même sur le lit de l’hôpital où Prosper venait de passer les deux dernières années, seul l’optimisme de sa femme et son courage l’avaient aidé à ne pas désespérer.
Souvent, quand il était seul, il se permettait de pleurer et de se plaindre de son sort, il avait déjà tellement souffert et connu la malchance.
A deux ans seulement, il avait perdu ses parents. C’était en 1959. Il fut élevé par sa grand-mère qui mourut quand Prosper eut seize ans. A cette époque, la vie n’était pas du tout facile pour eux. La grand-mère n’avait que deux vaches et quelques champs dont les récoltes leur permettaient de survivre tant bien que mal. Aussi, il n’était pas trop facile pour une vieille femme et son petit-fils de défendre seuls leurs biens et de faire face à la méchanceté des voisins.
A quatre ans, Prosper gardait les vaches quand sa grand-mère travaillait dans les champs. A sept ans déjà, il s’acquittait de bien des tâches champêtres et ménagères. Quand les enfants de son âge allaient à l’école, lui restait à la maison pour aider sa vieille grand-mère. Pourtant la vieille femme aurait tellement aimé voir son unique petit-fils devenir instruit comme les autres. Mais elle n’avait pas les moyens de payer les frais de scolarité, pas plus qu’elle ne pourrait payer quelqu’un qui remplacerait Prosper dans les travaux quotidiens. Pourtant elle lui promettait bien qu’un jour ils auraient les moyens et qu’il pourrait rejoindre les autres à l’école. Mais Prosper savait interpréter le silence de sa grand-mère et savait qu’il n’irait jamais à l’école.
Prosper, heureusement, était débrouillard et futé : ainsi, il faisait paître les vaches le plus près possible de l’école : pendant que les vaches broutaient, il allait se mettre près des fenêtres des classes et suivait ce qu’enseignaient les maîtres. Une fois seul avec ses vaches, il répétait ce qu’il avait appris clandestinement. A dix ans, élève de derrière les vitres, il apprit à lire et à écrire sur le sol en utilisant des cailloux. A douze ans, il suivit pour la première fois les vendeurs zaïrois à Goma. Il habitait alors à quelques mètres de la frontière de ce pays. Il avait commencé par se faire des amis parmi ces vendeurs quand il n’avait que dix ans. Après avoir rentré les vaches, il gagnait le marché zaïrois où il travaillait comme portefaix. C’était pour lui l’occasion d’apprendre la langue locale, le Swahili et de comprendre les règles du commerce. Il était apprécié et ses services étaient récompensés par quelques pièces. Sa grand-mère était très fière de lui, mais jamais elle ne lui aurait permis de partir vers d’autres horizons, ce dont Prosper rêvait. Chaque fois que les vendeurs zaïrois rentraient chez eux après une dure journée de travail à Gisenyi, Prosper les accompagnait jusqu’à la frontière. Il rêvait du jour où il pourrait traverser avec eux et aller de l’autre côté de la barrière où, disait-on, tout le monde avait droit d’aller à l’école et de vivre comme il le voulait. Même si sa grand-mère lui disait qu’on lui mentait, que les réfugiés Rwandais qui y vivaient étaient maltraités, Prosper voulait se rendre compte de la situation par lui-même.
Un jour de décembre 1973, il eut l’occasion de partir et put saisir sa chance. Les fêtes de fin d’année approchaient. Deux vendeurs avec qui il avait travaillé ce jour, ayant écoulé leurs marchandises plus tôt que prévu, décidèrent de ramener au plus vite d’autres articles du Congo. Ils proposèrent à Prosper de les accompagner. Prosper n’oublia jamais combien il avait été fasciné par les nombreuses boutiques qu’il avait vues de l’autre côté de la frontière. Les gens travaillaient beaucoup et les commerçants devaient gagner beaucoup. Ce jour-là, il décida qu’il tenterait sa chance dans ce pays. Il y retourna plusieurs fois mais ce fut à la mort de sa grand-mère qu’il décida que le moment était venu pour lui de changer de vie. Il vendit le peu qu’il possédait et alla investir à Goma.
Il n’avait que seize ans à l’époque mais se débrouillait très bien dans le commerce de base. La vente du tissu lui rapportait beaucoup et lui aurait permis de faire des économies mais les soldats zaïrois, en effet, ne cessaient de lui soutirer de l’argent et il fit faillite rapidement. Sans se décourager, il fit de petits boulots comme ceux de la mécanique automobile. C’est ainsi qu’il avait pu survivre pendant quatre ans.
Il venait d’avoir vingt ans, en 1977, quand il rencontra Monique. Un après-midi, Prosper réparait une voiture dans un garage quand arriva, haletante, une jeune fille. Elle fuyait trois garçons qui voulaient lui voler son sac à main et peut-être aussi la violer. Quand Prosper vit les agresseurs, il n’hésita pas une seconde et se planta entre la fille qui tremblait de peur et les poursuivants qui criaient qu’ils ne voulaient pas de Rwandais chez eux. Prosper était physiquement plus grand et sans doute plus fort que les trois jeunes garçons qui, en voyant un garagiste brandir une pièce métallique ramassée dans le garage, détalèrent comme des lapins.
– Tu n’as plus besoin d’être inquiète, ils sont partis.
– Merci beaucoup, Monsieur.
– Alors, tu es Rwandaise ?
– Oui, mais…
– C’est bon, je suis aussi Rwandais. Tu n’as rien à craindre de moi.
La fille se présenta. Elle s’appelait Monique.
Mais elle n’osait pas parler avec cet inconnu, qui pourtant lui avait sauvé la vie. Il fallait néanmoins qu’il fasse connaissance avec sa famille ; il l’avait sauvée et ses parents voudraient le remercier ! C’est ainsi que deux semaines plus tard, Prosper découvrit la famille de Monique, une famille aisée qui, apparemment, n’avait pas souffert de vivre en exil. Le hasard fut que le père de Monique fut le propriétaire d’un des grands garages automobiles de Goma. Il n’hésita pas un instant à engager celui qui deviendrait son gendre. Là encore, Prosper se révéla bon élève, bon travailleur et avide de se perfectionner. Quand il demanda la main de Monique trois ans après leur rencontre, Michel, le père de Monique n’hésita pas une seconde. Il savait qu’avec Prosper sa fille serait dans de bonnes mains. Leur mariage eut lieu après la fin des études secondaires de Monique. De leur union naquit leur premier fils, Luc, vite suivi d’une fille, Laurette. Ensemble, ils formaient une petite famille modeste.
Aidée de son mari, Monique monta un petit commerce et commença à travailler. Lentement, le petit commence devint prospère. Onze ans après la naissance de l’aîné, quand Alouett

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