La Rançon du Bonheur
188 pages
Français

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La Rançon du Bonheur , livre ebook

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Description

Un accident familial est à l'origine d'une biographie particulière : en effet l'existence de Dominique Rondier ne serait jamais devenue ce qu'elle est s'il n'y avait eu ce drame de la route, jadis.
Cet accident laissera d'étonnantes séquelles chez le jeune homme, d'ailleurs moins physiques que psychologiques. Il se mettra à parcourir toute la Normandie, comme si sa destinée l'attendait au détour d'un virage. En compagnie de son jeune frère, il attendra chez ses parents un dénouement prévisible, mais irrémédiable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 décembre 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782812140273
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-86116-0

© Edilivre, 2014
La Rançon du Bonheur
Certaines destinées ont comme un goût d’inachevé, comme un parfum de promesses non tenues, qui ne se manifestent qu’au soir d’une vie, à l’heure du bilan. Ainsi en est-il par exemple du parcours de Dominique Rondier, un normand qui a passé sa vie à sillonner les routes, mais qui au bout du compte n’aura pas réalisé grand-chose de bien important dans son existence. Dans le sens où il ne laissera pas un souvenir impérissable à ses contemporains, mais aussi parce qu’il n’aura fait que fuir son bonheur, pour mieux l’éluder. En fin de compte, sa biographie peut se résumer à une sorte de chronique d’un échec ordinaire, résolument assumée parce que délibérément voulue. Mais qui au bout du compte laissera comme un arrière-goût amer à celui qui en est à l’origine.
Son histoire commença il y a une soixantaine d’années maintenant, en Normandie, dans la région caennaise. Dominique Rondier avait de la famille (des oncles, des tantes et des cousins) du côté de Tilly-sur-Seulles, sur la route allant de Caen à Balleroy. Quant à ses parents, ils tenaient un commerce de machines agricoles, au sud de Caen, non loin de la route de Falaise, dans la plaine céréalière qui sépare les deux villes. C’était l’époque où la mécanisation du travail commençait à remplacer l’utilisation des chevaux, pour les travaux des champs ; époque de grand changement, bien sûr. Mais aussi époque de grande prospérité pour ce genre de commerce, dont les parents de Dominique Rondier profitèrent largement. Tout commençait donc bien pour la famille. Le père était une armoire normande, avec des mains de mécanicien en conséquence, et la mère s’occupait du secrétariat et de la comptabilité. Dominique fit d’assez bonnes études, jusqu’au lycée, puis seconda sa mère dans l’entreprise, et occasionnellement son père. Quant à son jeune frère, plus intuitif, il travailla directement à l’atelier de mécanique et à la forge, après son certificat d’études primaires. Jusqu’au jour où Dominique obtint son permis de conduire, peu de temps avant les fêtes de fin d’année. Jusqu’à ce fameux soir du réveillon de Noël, à l’aube des années 70, celui durant lequel un accident de voiture allait faire que rien ne serait plus comme avant, dans la famille Rondier. C’était du côté de Mézidon, et Dominique conduisait toute la maisonnée, de nuit, lorsqu’une vache fit irruption sur la route et occasionna un accident à la portée dramatique. Même s’il n’y eut pas de morts à déplorer, la mère de Dominique en garda de lourdes séquelles, et devait rester quasiment grabataire jusqu’à sa mort, survenue 35 ans plus tard. Quant à Dominique, il s’en tira avec une grande cicatrice sur le visage. A partir de là, quelque chose se brisa dans la vie des deux frères Rondier, quelque chose, qui, on ne sait trop pourquoi, devait les empêcher de prendre leur envol et de mener une existence normale.
Dans un premier temps, le père et ses deux fils continuèrent de s’occuper de l’entreprise familiale, au moins autant par nécessité que par devoir, par égard pour la clientèle. Mais la mère handicapée réclamait des soins quotidiens, et de plus il fallait la soutenir moralement et affectivement, pour qu’elle ait une raison de vivre sur terre après un tel drame. Tout cela incita monsieur Rondier père, qui avait gagné beaucoup d’argent lors des décennies précédentes, à vendre son commerce et à s’installer à Caen avec son épouse et ses deux fils. De plus, un héritage important devait le mettre à l’abri du besoin quelque temps après, lui permettant ainsi de louer plusieurs maisons et d’en vendre une autre. A partir de là, monsieur Rondier père se transforma en garde-malade dévoué et bienveillant, et ses deux fils commencèrent à travailler, chacun de leur côté. Dominique tenta sa chance dans un magasin de fournitures pour papiers peints et revêtements de sol, à Caen, et son jeune frère comme mécanicien agricole, à son compte, dans la plaine, mais dans une structure plus modeste que l’ancienne entreprise familiale.
Chose curieuse, les parents vieillissaient, inexorablement, mais sans que les deux frères se décident à quitter le domicile paternel ! La situation devint progressivement insolite : ce n’est pas une chose courante que de voir ainsi une famille de quatre personnes vivre sous le même toit, avec des parents vieillissants, mais dont la situation se justifie, et les deux fils hésitant à quitter leur nid, couvés par une compassion qui semble inadéquate. Compassion réciproque, certes, mais surtout sentiment de culpabilité pour Dominique, qui ressentit dans sa chair, plus que les autres peut-être, toute l’horreur de la condition de sa génitrice, condamnée pour ainsi dire à être clouée au lit, jusqu’à son dernier souffle, depuis ce fameux accident du réveillon et l’escapade stupide de cette vache, dramaturge bien malgré elle.
Au fur et à mesure que le temps passait, Dominique chercha cependant à évoluer, professionnellement parlant. Tenté par une carrière de commercial (à l’époque on appelait cela un voyageur représentant, un v. r. p.) il finit par être embauché par une importante compagnie d’assurances. Mais parallèlement à cela, il se passionna plus ou moins pour la peinture artistique, sans en avoir la vocation. Il commença à fréquenter les expositions et les salons, les musées et les salles des ventes. D’une façon générale, il adopta un mode de vie de célibataire, de plus en plus sur les routes, et de moins en moins à la maison. Que cela représentât pour lui un moyen de fuir sa destinée et de se fuir lui-même, après ce dramatique accident, ne faisait aucun doute. C’était comme s’il voulait se prouver à lui-même, démontrer à sa famille, à ses contemporains, que tout compte fait il ne conduisait pas si mal que cela ; qu’il ne fallait pas le juger trop hâtivement, en tant qu’automobiliste amené à se déplacer constamment, tant pour son travail d’agent d’assurances que pour ses loisirs picturaux. Mais ni Dominique, ni son frère cadet, ne parvinrent à quitter le domicile familial, à l’âge où tout homme qui se respecte se doit de le faire. Certes, la cicatrice consécutive à cette fameuse nuit du réveillon pouvait donner bien des complexes à Dominique, auprès des jeunes filles de son âge. Surtout les samedis soirs, en allant dans les bals, les cafés ou les cinémas, et en tentant de rivaliser avec les séducteurs (souvent riches, jeunes, beaux et cons à la fois) qui parviennent toujours à leurs fins parce qu’ils sont parfaits physiquement, du moins temporairement. Mais cela n’explique pas tout. En réalité, le métier d’agent d’assurances ne lui convenait pas vraiment, dans le sens où ce qui l’intéressait le plus dans la vie, c’était le monde des tableaux. Ayant constaté rapidement qu’il dessinait beaucoup trop mal pour devenir un bon peintre, et qu’il manquait singulièrement d’imagination visuelle pour concevoir une toile sans photo, il pensa un temps se reconvertir dans la restauration de tableaux. Ce serait pour lui une façon de progresser socialement, d’évoluer biographiquement, et, paramètre non négligeable à ses yeux, de voyager beaucoup en voiture. La seule chose à laquelle il n’avait pas pensé, c’était qu’il n’était qu’un fils de mécanicien agricole, et qu’il lui faudrait un temps considérable pour connaître et maîtriser le vocabulaire du marché de l’art, ainsi que les usages du monde, tout ce vocabulaire de circonstance et toutes ces courbettes qui régissent les milieux où l’argent circule en abondance. Comparé à un tel univers, à une telle société, la prospérité du commerce parental, avant l’accident, lui sembla tout à coup très relative, lorsqu’il fut familiarisé avec l’ambiance des salles des ventes et la solennité des commissaires-priseurs. Mais d’un autre côté, cette liberté nouvelle, consistant à vadrouiller sur les routes les trois quarts du temps, le dépaysa un certain temps de ses origines plébéiennes et rurales. Même s’il trouvait les crépuscules sur la plaine de Caen toujours aussi ingénieux, quant à leur luminosité, les collines brumeuses du pays d’Auge et le bocage virois n’étaient pas mal non plus, finalement. Au bout de cinq années passées à travailler pour sa compagnie d’assurances, d’envergure nationale, son portefeuille de clients s’étoffa. Son rayon d’activité finit par englober toute la Basse-Normandie, et même la région du Mans.
Tandis que parallèlement à cela, il tentait d’apprendre le métier de restaurateur de tableaux à Caen, durant ses week-ends. C’était chez un vieux monsieur qui allait bientôt prendre sa retraite, afin de céder sa boutique à un bon prix et de confier sa succession à un quidam digne de ce nom, dans les règles de l’art, pour l’amour de l’art et… de l’argent, considéré comme un signe de réussite sociale ; et de réussite tout court. Sa reconversion semblait donc s’annoncer sous les meilleurs auspices, coulant de source, pour ainsi dire. Oui, seulement voilà : Dominique Rondier n’était pas assez habile de ses mains, ni suffisamment minutieux ni consciencieux, pour faire un bon restaurateur de tableaux. D’une façon générale, il voulait tout faire rapidement, sans songer un instant au fait qu’on ne restaure pas un tableau de la même façon qu’on effectue un travail à la tâche, ou qu’on démonte des dents de herse usagées. Brouillon à bien des égards, Dominique Rondier ne parvint jamais vraiment à effectuer sa besogne correctement, au niveau où le montant d’un travail facturé l’exige. Finalement, le vieux restaurateur lui loua son atelier après sa cessation d’activité, jusqu’à sa mort, mais lui déconseilla d’en faire sa profession, ayant constaté les lacunes mention

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