La Pyramide de Cailloux
198 pages
Français

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La Pyramide de Cailloux , livre ebook

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Description

Sandra, Parisienne de 27 ans, mène une vie dénuée de sens, morne et routinière depuis un évènement terrible qui a bouleversé sa vie et mis son cœur en sommeil. Alors, lorsque l’occasion lui est offerte de prendre un poste de biologiste en Guyane, elle accepte sans se retourner. Elle découvre ainsi, guidée par Laura, sa pétillante colocataire, une terre inconnue et fascinante. Elle fait ses premiers pas en Amazonie lors d’une mission d’exploration et tombe sur un camp d’orpaillage tenu par un groupe armé sans scrupules. Elle y rencontre Tiago et Melissa, deux Brésiliens laissés-pour-compte d’une attendrissante humanité, et Taponté, un mystérieux chamane amérindien.
C'est une route vers la reconstruction, sinueuse et inattendue, dans un environnement inhospitalier dont le charme opère... Irrémédiablement...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 février 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414083091
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-08307-7

© Edilivre, 2018
Chapitre 1 La Guyane, une terre d’exil ?
Un soubresaut de l’avion la tire soudainement de ses songes. Sortant de sa torpeur, elle réalise qu’elle s’était assoupie… Elle en veut pour preuve ce lourd et trop familier sentiment d’angoisse au retour à la réalité, une réalité sans lui, un monde auquel il n’appartient plus.
Le pilote annonce la descente, ce qui provoque une sourde agitation autour d’elle. Sa voisine, une charmante jeune femme tirée à quatre épingles, range ses magazines féminins dans son sac qu’elle place consciencieusement sous le siège devant elle, suivant scrupuleusement les consignes de l’hôtesse. Un autre passager au visage créole, un peu bedonnant, bataille avec son siège en position allongée, manifestement réticent à répondre favorablement aux pressions répétés de son hôte sur le bouton de l’accoudoir pour le redresser. Et elle… Elle les observe, lointaine. Elle se demande à quoi peut ressembler la vie de ces personnes : ont-ils des familles, des gens qui les aiment et les attendent à l’arrivée ou bien ressentent-ils ce même sentiment de solitude qu’elle éprouve, elle, en permanence ? Ce vide qui l’habite et lui serre la gorge à chaque instant. Elle semble s’y être accoutumée en se façonnant une nouvelle personnalité que son entourage ne comprend pas. Si elle ne pleure plus que très rarement à présent, elle ne sourit plus non plus. La force lui manque pour faire semblant de vivre. Alors elle survit…
Insidieusement, le trac la saisit, probablement la peur d’arriver dans l’inconnu de cette nouvelle vie qu’elle s’apprête à débuter. Dans sa fuite, elle a emporté au creux de sa mémoire ses souvenirs auxquels elle s’accroche, mais qui, tels des démons, la détruisent également. Tout le reste, elle l’a laissé derrière elle, à Paris ! Ses proches, son travail, son appartement, ses amis dont elle s’est éloignée petit à petit, ne trouvant plus rien à partager avec eux. Ces quatre derniers mois, les plus éprouvants de sa vie, l’ont changé à jamais.
Soudain, la cabine s’assombrit. L’avion, chahuté, perce la mer de nuages aveuglante qui l’accompagnait jusqu’ici, et tout doucement le sol guyanais apparait tandis que les nuages cotonneux se font de plus en plus rares. Sandra se penche vers le hublot pour un premier aperçu de son nouveau lieu de vie : Elle ne distingue que la forêt… une immense forêt… des arbres d’un vert sombre et soutenu, à perte de vue, dont les cimes emprisonnent des brumes vaporeuses. Il semble ne pas exister de vie humaine en ce lieu. Comme attirée, Sandra ne peut détacher son regard de la canopée que quelques rares rayons de soleil parviennent à illuminer çà et là, redessinant au sol la forme mouvante des nuages que l’appareil vient de traverser. Plus il perd de l’altitude et plus elle distingue l’immensité et la majesté de cette terre vierge et sauvage. Fascinée, elle a l’impression d’entrer dans un royaume dont le souverain fantôme, à la fois caché et omniprésent, réside dans cette végétation dense et luxuriante. Ici, la nature semble avoir les pleins pouvoirs…
Lorsque l’appareil se pose, Sandra réalise que pour la première fois depuis quatre mois, son esprit torturé a réussi, l’espace de quelques instants, une escapade loin des raisons de son mal-être, s’adonnant au plaisir simple et délicieux de la contemplation de ces paysages envoûtants. Quels pouvoirs possèdent donc cette terre, quel esprit est capable de l’exploit de la réconforter l’espace d’un instant ? Un réconfort que ses parents et Cyril ont essayé de lui apporter au début, malgré leur propre douleur, qui, elle en est sûre était bien réelle. Ils l’ont entourée, prenant soin de lui épargner les petits tracas de la vie, et ont même essayé de lui changer les idées, attentionnés mais silencieux. Trop silencieux… Désespérément silencieux… comme s’ils souhaitaient imposer une distance à cette tragédie, pour qu’elle ne les atteigne pas, la taire pour mieux l’oublier. Il semble que Cyril ait choisi cette stratégie, lui. Son indifférence affichée a fini par l’éloigner d’elle. Comme elle, il souffre, c’est indéniable, mais ne comprend pas que cela l’empêche, elle, d’avancer. Alors pour mettre un terme à leurs nombreuses disputes, elle l’a pris au mot, elle a décidé d’avancer… mais seule. Changer de vie, d’entourage, de lieu, tout recommencer… Pas à pas… Seule avec ses souvenirs douloureux qui font partie d’elle et qu’elle n’a pas pu laisser dans son minuscule deux pièces de Paris 18 e , qui a abrité tellement d’amour et de moments de joie, qu’elle en étouffe à présent. La paix ! Voilà ce qu’elle cherche… Elle a pensé au suicide, tellement de fois… Elle s’est surprise à marcher aux bords des voies de métro en espérant secrètement faire un faux pas, elle s’est vue à maintes reprises s’arrêter au milieu d’un passage piéton, faisant face avec indifférence aux dizaines d’automobilistes parisiens pressés qui appuyaient furieusement sur leurs klaxons pour la faire déguerpir. Se pencher, le regard dans le vide, au-dessus du garde-corps de son balcon du 9 e étage est devenu un rituel quotidien, attirée par l’idée de lâcher la rambarde, comme si se laisser tomber pouvait lui apporter un instant de sérénité et de plénitude qu’elle n’est plus capable d’éprouver. Puis, devant la réaction de colère et un énième sermon de Cyril, lorsqu’en rentrant un soir, il l’a trouvé allongée sur le canapé, une boite de comprimés vide à côté d’elle, elle a décidé qu’elle ne voulait plus de ça, de cette vie, de lui…
Et pour la première fois en quatre mois, il semble que le destin lui ait tendu une main. En arrivant au bureau il y a trois semaines et demi environ, alors qu’elle jetait machinalement un œil au tableau d’affichage de l’entrée devant lequel elle ne s’arrête jamais, son œil a été attiré par un écriteau en grosses lettres noires : « Dernier jour pour dépôt des candidatures Mission Guyane, changement de bureau : Merci de vous adresser à Madame Patain, Porte 223 ». Une énorme flèche sous l’écriteau indiquait la direction à suivre. Sans réfléchir, tel un robot, elle avait suivi les directives. Poussant la porte grinçante d’un petit bureau abimé par le temps, elle s’était retrouvée devant une dame d’une soixantaine d’années, relativement bien assortie aux lieux, vêtue d’un tailleur rétro, les cheveux tirés en chignon. En équilibre sur son nez long et fin, trônaient des lunettes strictes dont les montants étroits avaient servis de tuteurs à quelques mèches frisottantes rebelles qui étaient venues s’y emberlificoter. Bloquée sur ce détail anodin et amusant, Sandra avait saisi le formulaire que lui tendait fermement son interlocutrice sans la regarder. Elle s’était silencieusement installée à une table et avait rempli les champs de l’unique imprimé A4 : son état civil, ses diplômes, son parcours professionnel macroscopique et les projets sur lesquels elle avait travaillé depuis qu’elle était entrée au Centre National de Recherche Agronomique. Ça n’avait pas été long à remplir : l’unique projet qui avait occupé ces trois dernières années concernait les abeilles, leur contribution nécessaire à la pollinisation, les raisons de leur quasi-totale disparition dans certaines régions de France métropolitaine, les recommandations pour leur réintroduction progressive et le suivi des résultats. Un vaste sujet qui avait suscité toute sa motivation et son implication de jeune ingénieur fraichement diplômé et dans lequel elle s’était investie corps et âme jusqu’à l’« Evènement » de ce mois de décembre 2001. Depuis, son travail, comme le reste, avait perdu tout son intérêt. Posant le stylo, prenant quelques minutes pour ajuster son T-shirt sommaire dans son jean, elle avait pris conscience du ridicule de la situation : Elle se souvient s’être demandée un instant ce qu’elle faisait dans ce bureau, à remplir ce papier. Elle revoit également la mine désappointée et les grands yeux interrogateurs et maquillés à outrance que la recruteuse avait levés sur elle lorsque, en rendant son formulaire, elle lui avait demandé de quoi il s’agissait. Se reprenant, elle lui avait tendu un descriptif du poste pour lequel Sandra venait de postuler, et répondu de manière très polie et professionnelle que le choix du candidat devait être fait sous quinzaine pour un départ dans un mois. La mission d’une durée initiale de 6 mois reconductibles, se déroulerait dans les bureaux de Kourou en Guyane et impliquerait de nombreuses missions en forêt amazonienne. Pour le contenu technique, tout était dans le papier. Pour signifier la fin de l’entrevue, la bureaucrate lui avait demandé si elle souhaitait maintenir sa candidature, après quoi, avec un salut expéditif, elle était sortie de la salle avec une pile de dossiers entre les mains au-dessus de laquelle elle avait placé la candidature de Sandra.
A peine une dizaine de jours après, alors qu’elle était penchée au-dessus d’un microscope, son téléphone portable avait retentit dans la poche de sa blouse blanche de laboratoire :
– Monsieur Toulami, Directeur de l’Institut Départemental de Recherche Agronomique de Guyane, s’était annoncé son interlocuteur. Je souhaiterais parler à Sandra Martinot.
Interloquée, la jeune femme de 27 ans avait confirmé son identité dans un bégayement non feint. Ses yeux noisette trahissaient son étonnement et une légère inquiétude, comme si elle avait déjà compris que son quotidien s’apprêtait à être bouleversé.
– Je n’irai pas par quatre chemins, avait-il commencé. Je suis intéressé par votre profil. Le projet sur lequel vous travaillez comporte des similitudes avec notre mission. J’ai consulté les évaluations de vos supé

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