La passeuse
148 pages
Français

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Description

Une ville de province, un village, un hameau, un clocher, un château et sa ferme. L’univers d’Hortense, fille des fermiers s’ancre dans le décor, au bord du Loir, rivière éternelle.








L’action se situe dans cette vallée qu’elle ne quittera guère et restera son point d’accroche, ses racines, durant toute son existence.








Pleurs, pudeurs, mais aussi générosité, douceur, participent à l’humanité d’Hortense. Elle traversera deux guerres, surmontera ses blessures de jeunesse et ses complexes pour évoluer vers une attitude délibérément féministe et revendicatrice.








Elle deviendra le pivot de la famille, accompagnée de son époux au caractère bien trempé qui lui aussi changera à son contact, tout au long de leur vie.








Le récit de la vie d’Hortense balaie ce XXème siècle fascinant qui voit monter l’émancipation des femmes grâce à leur courage et leur intelligence...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 août 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342355987
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Société des Écrivains
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
client@societedesecrivains.com
www.societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 97-8-234-23559-7

© Société des Écrivains, 2022
Index des personnages principaux de La Passeuse
LA FAMILLE BERRY (famille d’Hortense)
Henri, son père, agriculteur éclairé, influencé en politique par le châtelain Paul d’Estournelles de Constant, Prix Nobel de la paix, radical-socialiste. Poète, chanteur, conteur.
Victorine, sa mère, organisatrice, honnête, travailleuse, taiseuse. Elle est le centre du foyer.
Leurs enfants : Coline, Hortense, Armand, Marion.
Hortense épouse Louis Delahaye. Ils ont trois filles : Lauriane, Édith, Louison.
Armand épouse Geneviève. Ils ont un fils, Jean-Paul, dit Jeannot.
Marion épouse Robin. Ils ont un fils, Luc, et deux filles.
Marie-Cécile, une cousine.
Marcelin, le cheval.
Ils vivent au hameau de Coudray, à une demi-heure du village de Vermont.
LA FAMILLE DELAHAYE (famille de Louis)
Marc, son père, au service d’une famille bourgeoise parisienne, inféodé à ses maîtres, suit leurs idées rétrogrades sur la domesticité.
Pauline, sa mère, est femme de chambre dans cette famille. Ils ont deux fils : Adrien, Louis.
Adrien, l’aîné, épouse Rachel. Ils ont trois enfants : Richard, Charlotte, Arthur.
Veuf, Adrien épouse Malou.
Arthur épouse Lucile. Ils ont une fille, Isis.
Louis épouse Hortense. Ils ont trois filles : Lauriane, Édith, Louison.
Cousine Taillebois, la nourrice de Louis.
Léon, son oncle, et Marie, sa femme.
FAMILLE VERTBOIS (famille de Sylvain)
Le père, Sylvestre, patron de la scierie de la « Chaussée des Aulnes ».
La mère, Béatrice, inflexible, refuse le choix de son fils unique, Sylvain.
Sylvain, l’amoureux d’Hortense.
FAMILLE LECŒUR (famille de Sidonie)
Sidonie est une amie d’enfance d’Hortense. Elles ont gardé des liens forts.
Son père, M. Lecœur.
Sa sœur, Hélène, religieuse.
Les amis de Sidonie : Robert, Alfred, Gonzague.
LES LIEUX
Coudray , hameau situé à trois kilomètres du village de Vermont . Castelduroy , petite ville provinciale à cinq kilomètres du village.
La ferme de la Boisselière que Louis a achetée pour aller à la chasse.
Le Portugal.
Prologue
Le vieil harmonium emplit l’air de ses notes hésitantes et aigres ponctuées de souffles graves et impétueux.
Entouré des enfants de chœur, le prêtre bouge les lèvres, hausse les bras pour faire lever l’assistance. Il parle une langue incompréhensible.
Soutenu par ses filles, Louis remonte la nef de l’église Saint-Lambert d’un pas incertain. Pavés disjoints sous ses semelles. Le pavement fait des vagues jusqu’à la montée au chœur. Son regard ne quitte pas les cierges brillants entourant le cercueil, tenus par ses treize petits-enfants.
Hortense, sa femme, est dans le cercueil.
Le Loir
Quand j’arrive de l’école de Vermont par la route de Coudray avec mes sabots, je suis happée au détour du ruisseau par le clocher de l’église, le hameau, le château et sa porte des gardes. L’église se tapit face à l’ancienne herse, ronde et accueillante aux fidèles et pèlerins qui déposent des offrandes. La sainte des lieux pose un regard compatissant sur ces mères qui lui offrent des vêtements de leurs enfants atteints de coliques souvent mortelles.
Plus loin, les Panhard et Bollée ont remplacé les landaus et les tilburys dans les écuries. À quelques mètres, le Loir barre le chemin. Les premiers ponts en aval comme en amont sont à des kilomètres. Le seul moyen d’accès à l’autre rive est notre barque. La passeuse en titre c’est moi, pour quelques sous qui font mon argent de poche. Je contemple l’artère mouvante et les prairies, sur l’autre berge, qui s’étendent jusqu’à la ligne d’horizon soulignée par des bois sombres où habitent mes grands-parents.
Quand j’arrive de l’école avec mes sabots, je prends à gauche puis à droite l’allée qui mène au Loir et à la ferme. J’entre dans ma terre-mère, mon bouclier, mon apanage. Comme tous les humains de ce minuscule village, j’habite sur la rive droite du Loir, la rive industrieuse, la rive des vivants.
Trois bâtiments au bord de l’eau : à gauche, la ferme avec ses bâtiments serrés autour d’une grande cour ; au centre, l’église ; à droite, le château. À un kilomètre en aval, un chemin large et sombre mène à la scierie de la Chaussée des Aulnes, là où vit Sylvain, mon amoureux.
Quand je mets mes pas dans l’allée de la ferme, je suis la brebis qui rentre au bercail, je caresse au passage Câline, ma chatte, j’embrasse la berge de l’autre côté du Loir et survole l’horizon étranger à mes lieux. Le Loir est la limite de mon univers, j’y fais des ronds dans l’eau, j’y compte les canards.
Ma famille habite la ferme, les châtelains le château, Sylvain la scierie.
Le décor est planté.
Si j’approfondis la situation de chacun de ces blocs, rien n’est cloisonné, humains et animaux circulent de l’un à l’autre, des amitiés se nouent, des interférences se créent.
Contre le mur de la remise, face à la rivière, le banc de pierre des philosophes. C’est là que mon père Henri Berry s’accorde quelque repos pour discuter avec le châtelain, Paul d’Estournelles de Constant, Prix Nobel de la paix et sénateur maire, qui apprécie la vivacité de son fermier et lui enseigne les rudiments de la pensée radicale-socialiste de l’époque. Je m’approche pour boire leurs paroles alors que les poules caquettent autour d’eux. Parfois, une de ses filles l’accompagne. Elle a toujours une jolie robe, un chignon bouclé et elle est violoniste. Je mesure la distance qui me sépare d’elle. Elle, est à l’aise avec moi, elle caresse mon chat et me donne des magazines. Sa sœur, parfois, les accompagne, elle est artiste peintre et a fait mon portrait quand j’avais quatre ans. Le seul tableau qui orne la salle commune de la ferme avec le calendrier des Postes.
En été, les enfants du châtelain reçoivent des amis. Ils viennent de Paris et sont musiciens. L’après-midi, garçons et filles se baignent près de l’abreuvoir. Ils m’apprennent à nager, à plonger et je réussis très vite à traverser la rivière sur l’eau et sous l’eau. Grâce à eux, j’apprends à mon corps la liberté de se mouvoir sans entrave. La rivière me porte, efface mes lourdeurs ; je deviens liquide. L’eau est mon élément primordial… Henri et Victorine, mes parents, eux, n’ont pas fait le pas, ils sont restés terriens, mal à l’aise dans l’eau et angoissés par le risque de noyade de leurs enfants. Nous faisons du bateau, nous nous éclaboussons, j’ai l’intuition qu’un autre monde existe.
Le soir, au château, toutes les fenêtres sont illuminées et sur la terrasse au bord du Loir des concerts s’improvisent. Alors glissent, silencieuses, les barques qui s’amarrent sous les saules chevelus, chargées de paires d’yeux ébahis et d’oreilles attentives. Le rêve devient réalité. Point n’est besoin de se rendre à Paris, le spectacle est là, la musique m’enveloppe, les petits violons me surprennent à sangloter, se mettent au diapason de mes états d’âme. Les jeunes châtelains qui font leurs études au Conservatoire de Paris invitent leurs relations pendant l’été. Leur amie Germaine Tailleferre, une surdouée passionnée, a fondé le Groupe des six avec Darius Milhaud, Francis Poulenc, Arthur Honneger et les autres… Ils déclament les poèmes de Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Paul Éluard, leurs amis… Les soirées au château sont chaque jour différentes, nourries de musique, de poésie, de théâtre. Ils s’interpellent, sont pris de fous rires, se disputent parfois. Nous sommes les témoins de mots doux : « Cesse de la jouer perso » ou « bouge-toi, regarde vers le public, graine de pachyderme »…
Je sais qu’un autre monde existe et je me prends à rêver que l’éducation que je donnerai à mes futurs enfants sera bien différente de la mienne.
Un rêve
Je m’appelle Hortense, j’ai dix-sept ans et je travaille à la ferme de mes parents. J’ai arrêté l’école à treize ans quand j’ai obtenu mon certificat d’études. J’ai pleuré pour refaire une année, mon institutrice madame Maudoux a insisté auprès de mon père, j’avais des capacités, j’étais vive, intelligente. Mon père, très éclairé par ailleurs, un radical-socialiste aux idées nouvelles, ne voyait pas l’intérêt de donner de l’instruction aux filles. Qu’elles apprennent à tenir leur maison, qu’elles élèvent leurs enfants, qu’elles sachent nourrir les animaux. C’est tout ce qu’on leur demande. « On a besoin de toi à la ferme, il est temps de gagner ta vie. » Toutefois, comme madame Maudoux a insisté, il a accepté que je participe aux cours du soir pour apprendre à coudre et devenir une parfaite ménagère. C’est gratuit, madame Maudoux le fait bénévolement et elle nous aime, moi, Sylvaine, Françoise, Bernadette et Joséphine. C’est mon plaisir de retourner à l’école. J’attends avec impatience ces moments. Parfois, madame Maudoux vérifie notre orthographe : « Allez, les filles, une dictée. » C’est l’occasion de retrouver les copines, d’oublier les travaux de la ferme. Je feuillette des magazines de mode, je palpe des draps de fil, de percale, j’apprends à broder des échelles de jours et des initiales. Victorine, ma mère, m’a donné du drap pour confectionner mon trousseau. J’y brode mes initiales. Si j’osais, je broderais aussi celles de Sylvain, le fils du patron de la scierie, entrelacées avec les miennes. On se connaît depuis si longtemps. Au plus loin que je me souvienne, je l’ai toujours attendu au portail. Il arrivait par la sente qui mène à la scierie à un quart d’heure de marche. Nous faisions le chemin main dans la main jusqu’à l’école des garçons et moi je continuais vers l’école des filles à l’autre bout du village. Toutes ces années à marcher côte à côte. Il est beau, Sylvain, et il me sourit gentiment. Il me trouve douce, il me l’a dit et ça le repose de sa mère toujours exigeante qui veut le mieux po

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