La nuit des disgraciés
168 pages
Français

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La nuit des disgraciés , livre ebook

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Description

Soumis à l'épreuve de contourner les prêchesfondamentalistes, un couple se déchire et subitles désordres tragiques qui affectent son quo tidien. L'un décline son passé et se laisse enva hir par la désinvolture de l'ivresse et les plai sirs de la chair, maltraitant personnel etfemmes. L'autre renie son appartenance à lacommunauté médiane, prétend détenir lavérité absolue et menace la liberté de pensée,la diversité, le vivre et laisser vivre. Le couples'inscrit dans un monde de plus en plus fou.Comment réagir, alors que le fanatisme, laradicalisation se généralisent ? Commentcohabiter, sans rompre le pacte d'allerensemble jusqu'au bout de la trajectoire ? Durant une nuit, les événements dévoilerontles intentions de chacun.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9789954213834
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La nuit des disgraciés Roman
EditionsMarsam 2015 15, avenue des Nations Unies - Rabat Tél : 0537 67 40 28 - Fax : 0537 67 40 22 E-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr
Conception graphique Quadrichromie
Impression Editions Imp. Bouregreg - Salé
Dépôt légal : 2015 MO 0120 I.S.B.N. : 978-9954-21-383-4
Mohamed Loakira La nuit des disgraciés Roman
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Du même auteur
• L’Horizon est d’argile,P.J. Oswald, 1971, Paris. • Marrakech-poème,EMI, 1975, Tanger. • Chants superposés,EMI, 1977, Tanger. • L’Œil ébréché,éd. Stouky, 1980, Rabat. • Moments (avec dessins de Aissa Ikken),éd. Stouky, 1981, Rabat. • Semblable à la soif,Publications AL Asas, 1986, Rabat. • Grain de nul désert,(Prix Grand-Atlas, poésie, 1995) éd. Al Ittissal, 1994, Rabat. • Marrakech : l’île mirage,éd. Al Asas, 1997, Rabat. • N’être,éd. @ La Une, 2002,Rabat. • Contre-jour,2004, Rabatéd. Marsam, . • Trilogie : - L’Esplanade des Saints & Cie.,récit, éd. Marsam, 2006, Rabat. - A corps perdu, récit,éd. Marsam, 2008, Rabat. - L’Inavouable, récit,(Prix Grand-Atlas, roman, 2010). éd. Marsam, 2009, Rabat. • Marrakech : l’île mirage, folio d’art accompagné d’œuvres du peintre Nabili,éd. Marsam, 2008, Rabat. • Confidences d’automne,éd. Marsam, 2011, Rabat.
• Etudes : - Wahbi, Hassan,Le partage de l’inouï, Mohamed Loakira, Université Ibn Zohr, 2012, Agadir. - Collectif, Coordination Sanae Ghouati,Mohamed Loakira, Traversée de l’œuvre,éd. Marsam, 2014, Rabat.
Couverture Œuvre de Mohamed Nabili Technique sur toile Collection Marsam
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- Comme une autopsie sociale, ces éclats suggèrent une vie en miettes. Ils traduisent la fétichisation des manières d'être qui s'opposent et se défient sans cesse dans nos sociétés d'aujour-d'hui. Le couple central autour duquel tout gravite, lui chemi-nant dans un ordre bourgeois, elle dans un ordre religieux, les personnages secondaires qui de leur monde s'accrochent comme ils peuvent à ce qu'il leur reste de vie, le va-et-vient per-manent entre ce qu'ils vivent et la société référentielle, tout semble dire qu'on est dans un monde qui court à sa perte. Et plus que jamais, Loakira tire son pouvoir de la phrase qui est la sienne, cette manière qu'il a de faire crouler le sens sous les mots, de déconstruire les frontières du visible, d'intégrer l'insolite au réel jusqu'à pousser le lecteur à se remettre lui-même en cause. Jacques Alessandra
- Dans une langue recherchée, adaptée à chaque situation, M. Loakira semble jeter un regard autour de soi et sur la société. Le fil conducteur de “La nuit des disgraciés” est parsemé de labyrinthes à travers les thèmes développés, notamment la richesse, la misère, la femme, l'islamisme, etc. On y sent l'inté-grité de l'homme et son humanisme. Aïssa Ikken
- “La nuit des disgraciés” a une place originale dans la litté-rature marocaine. Ce récit frappe par la scansion forte d'une pensée exprimée dans son surgissement brut. Ce qui retient le plus, c'est moins le récit conventionnel où le lecteur est accro-ché à l'intrigue d'une histoire avec des personnages typés et impliqués dans une problématique d'ensemble que le récit d'une crise intérieure. Par ailleurs, le travail de l'écriture est un autre aspect impor-tant. Il abolit la distinction des genres littéraires. On y retrouve le poète à chaque page par les images obsédantes, la truculen-ce joviale, l'ironie sous-jacente, qui peut se transformer en caricature, le mixage réussi entre les expressions en arabe et leur traduction colorée en français. Abdallah Mdarhri Alaoui
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Sakina est un ensemble résidentiel adossé au flanc océa-nique. Il grimpe sur les rochers en terrasse et para ît archipel truff é de demeures vastes. Assez distantes les unes des autres. Sous des arbres touffus. Dans une zone réputée microclimat. C'est un petit coin de paradis, ceintur é de verdure, de bras de mer, qui semble se plaire dans un engourdisse-ment divin. Il baigne dans le calme, le bien-être, la vigi-lance, s'endort, se r éveille sur le bruit des vagues et tourne le dos à l'axe routier principal, encombr é, meur-trier. Sakina jouit d'un emplacement id éal. A l' écart de l'agitation du centre-ville stressant, de la pagaille d'usage, des cris des étalagistes sur la voie publique. N'est pas assourdi par les ronflements des moteurs, klaxons, embouteillages, courses effr énées des grosses cylindr ées. Ne conna ît ni cohue, stationnement impossible, anarchique, ni mendiants, faux gardiens, arnaqueurs récidivistes, ninouagesimpudiques, œillades malsaines, tripotages, pincements des cuisses, des fesses. Vivier de serviteurs, Sakina est r éservé aux proches et fidèles du s érail, aux gros pontes, compte tenu de la ramification, la renommée de la famille, du rang social, du paraître et hobby… Ou selon le principe de ton p ère est mon copain. L'octroi y est strictement à la déloyale. Ça reflète le clivage, l'exclusion, le népotisme et les micmacs. (Exceptionnellement, en bénéficient des intellos et
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opposants repentis, cooptés, bon gré mal gré, vu les entrées puis-santes dont ils jouissent).
La crème avoisine la crème et s'évertue à rivaliser d'ap-parences trompeuses. On ne mélange pas les torchons et les serviettes.
La journée fut caniculaire. Un peu de fraîcheur adoucirait cette atmosphère irrespirable. Ça tape encore malgré la ceinture verte qui étreint Sakina.
Monsieur s'y aventure pour accomplir le rituel de sa balade pré crépusculaire, si parfaitement harnach é d'at-tirail new-look : jogging, baskets, casquette, serviette autour du cou, musette contenant boisson fra îche, com-primés de vitamine C, barres chocolat ées. Nutriments dont il aura besoin en cas de malaises deve-nus très fréquents… Il arpente ruelles et raccourcis, erre à travers chaussées, pentes, amas de sable, terrains vagues transform és en déchetteries, déambule à côté de son corps grassouillet. Des valises sous les yeux. Une bou ée de noyade en guise de ventre. Bercé par le chant des sirènes souffrant d'insomnie. A-t-il évalué le risque de se promener à cette heure-ci à Sakina ? Ça relève de l'imprudence. Le souffle s'alt ère. Les arbres ne bruissent gu ère. Seuls des clébards aboient mollement. Ils hallucinent de pour-suivre les apparitions en miroir qui glissent sur les pavillons, les bassins, les cl ôtures. Manière de rassurer la somnolence des ma îtres et de justifier leur statut de chiens chanceux, au beau poil et aux crocs aiguis és. Aux côtés de Monsieur, un petit chien à robe rouss âtre prononcée, (baptisé Barjo), anormalement p ète des
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flammes, gambade, vif, joyeux, charme en plein éclat. D'ordinaire, ce chiot s'emp être dans ses pattes ou som-nole près de la cheminée. Hiver comme été. Là, il s'éclate, flaire le bout des pousses sauvages à l'en-tour des craquelures des trottoirs, farfouille les bords des carrés fleuris, des algues lasses d'une longue traver-sée. Il s'abstiendra de patauger dans les ordures ou de fourrer son museau dans les poubelles décapuchonnées. (Le Haut-le-cœur). Barjo, ivre de liberté ? N'est-il pas le compagnon chou-chouté, sans laisse ? Dans la foul ée, il devance, talonne le ma ître, joue à cache-cache avec son ombre et se montre ravi de lui avoir foutu la p étoche, escalade poteaux électriques, haies, troncs, s'acoquine avec les coccinelles, les limaces, les lézards fuyants, raconte aux abeilles, en fin de parcours, les mésaventures des ancêtres. Par solidarité canine, il lève la patte et pisse sur les por-tails des villas à la m émoire du chien qui, avant lui, nichait à même la douceur et les égards, et qui fut bête-ment déchiqueté sous les roues du camion deséboueurs. Un matin brumeux. Sans constat ni t émoin ni d édommagement ni cort ège funéraire. Sans larmichettes. A part celles du ma ître, s'identifiant à sa propre disparition. Le maître n'est pas d ésappointé. Il suit le man ège avec délectation, approuve le geste vengeur, ricane sous cape et relance le cl ébard derri ère une cible trompeuse. Ça fait partie de leurs jeux bien huilés, des exercices délas-sants de la promenade. Portant sa mission à cœur,Barjoreste alerte. Oreilles dressées. Dans l'attente du clin d'œil complice. Signe de connivence et de récompense. Il brûle de bonheur animal et peut donc flâner, continuer à se d égourdir les jambes, poursuivre le batifolage à la
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limite de la perte… … jusqu' à s'essouffler, tituber, s'arr êter sur une ombre courbée sur son profil. C'est Monsieur qui boitille en s'appuyant sur un b âton qui sert aussi bien de canne que d'arme de défense éven-tuelle, tra înant discr ètement le pied droit, suite à un accident d'adolescence, handicap qu'il s' évertue à dissi-muler en pianotant des orteils, ponctuant sa d émarche d'une virgule stylisée. - Chapeau bas, l'artiste ! Il ménage le nœud du virage, suffoque, éprouve le ver-tige chronique, se d élabre à petit feu, étant marqué par les sympt ômes annonciateurs de souffrances et du départ imminent. Refusant l' éventualité d' être fauch é par surprise, il dresse son b âton noueux, se colle à l'ombre de son chien, se substitue à son autre moi boos-té par l'attachement à la long évité en sursis et fait la sourde oreille à son cœur qui s'emballe, sans pour autant réguler ses battements. Le corps se d étériore de d épenses superflues, se noue, se plaint de gonflement. Lourdeur. Gaz odorants. Oh ! Vieillesse ennemie ! Pic de chaleur, hallucinations, engourdissement, grise mine, contractions press ées de rivaliser avec l'inertie qui s'empare des membres. Araignée tissant au galop la toile de l'abandon et du chaos. Quelle fatigue ! Toutefois, Monsieur ne s'aventure jamais au-del à du périmètre délimitant la zone s écurisée, bien que Sakina soit prémuni contre les invasions malgr é les dires men-songers des envieux aux fins de ternir l'image des r ési-dants. Mais d épasser la derni ère rangée des villas limi-trophes à la ceinture verte, c'est à ses risques et p érils. Sait-on jamais. La rumeur ébruite les méfaits commis aux abords de l'en-semble résidentiel, à la barbe des résidants et des prome-
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