La Nuit de l irréparable
242 pages
Français

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La Nuit de l'irréparable , livre ebook

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Description

Après l’exposition d’œuvres d’art du peintre Lassa, quatre amis au caractère complexe et traumatisé se réunissent autour d’un permis de tuer. Le commanditaire, le général Longo, concocte un coup d’État, mais commet la faute d’inviter son amante à son bureau la nuit du projet. La journaliste Tuba, veut tuer pour se venger et oublier son passé. Wiza, l’agent de renseignement, méchant jusqu’à l’obsession, ambitionne de remplacer son chef. Le conseiller Lenny, mari fidèle, fonctionnaire compétent, terrorisé par son épouse et son ministre, expérimente la brisure de son caractère veule. Feza, l’épouse abandonnée, reléguée au rang de spectatrice des frasques de son époux volage, a enfin l’occasion de le supprimer.



De cette fresque tragique émerge Lassa, peintre, poète et révolutionnaire timide. Sur lui, convergent tous les desseins funestes. Cette nuit-là fut la plus longue pour tous ces personnages accrochés à leur ego, écorché par les aléas de la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 mai 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414526444
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-52645-1

© Edilivre, 2021
Du même auteur

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Flammèches (prix national de poésie. RDC 1972)
Éditions du Mont noir, Kinshasa 1973
Kamba Luesa (essai)
Kinshasa 2001, co-auteur
Roger Botembe. Transymbolisme du masque africain (essai)
Éditions AEG 2001, Kinshasa co-auteur
Par la fenêtre entrouverte et autres nouvelles insolites (nouvelles)
Éditions Bookelis, France 2014
Un ange dans la tourmente (roman)
Éditions Edilivre, France 2014
Lema Kusa. Des laques de soleil dans des laves de lumières (essai)
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Congo Ô suivi de saisons plurielles (poésie)
Éditions Edilivre, France 2014
Du sang à l’odeur des larmes suivi de Sentiments démultipliés (poésie) Éditions Edilivre 2019
Couverture : Une peinture de l’artiste Lema Kusa
1
La chambre était au rez-de-chaussée de l’hôtel en forme de L majuscule. Elle était située au bout du couloir. L’immeuble avait deux niveaux. À l’entrée, face à la rue ombragée par des eucalyptus, les clients agglutinés au comptoir devisaient bruyamment, sous les néons fatigués. Une issue de secours avait été aménagée qui permettait de quitter l’endroit sans être dévisagé par le réceptionniste. Ce dernier n’ignorait pas que cet endroit interlope grouillait d’un monde peu recommandable, à voir toutes les mines patibulaires qui passaient devant son guichet. Les couples défilaient. Les hommes avaient souvent une main possessive sur la hanche de leurs cavalières. Les femmes cherchaient à cacher leur visage, tout en gardant une démarche lascive.
La chambre 33 au rez-de-chaussée n’était pas ordinaire. Depuis deux ans, elle était réservée. On y avait fait rénover le plafond, colmater les lézardes qui menaçaient chaque jour de s’ouvrir aux coups de vent. Les murs lépreux avaient été repeints et la moquette remplacée. Un lit moelleux trônait au milieu de la pièce dont l’intérieur détonnait dans cette atmosphère de pauvreté et de délinquance.
Le réceptionniste avait reçu des consignes qu’il devait respecter. Il le savait et son prédécesseur le lui avait fait répéter, la chambre 33 ne devait être cédée à personne. Il en avait conclu qu’elle avait été achetée et ne faisait plus partie de ce complexe miteux. Mais dans quelles intentions ? Il se posait des questions. Il savait son client plus régulier du lundi au vendredi et presque jamais en fin de semaine. Alors, il tenta de passer outre cette mesure. Les jours d’absence d e l'acquéreur ne devaient sûrement pas être connus de son chef et encore moins du propriétaire de ce bouge mal famé.
Un samedi comme les autres. L’endroit est discret . Situé en dehors de la ville , pour y accéder, une ruelle souvent déserte longeait la petite falaise qui tombait de manière abrupte sur un plateau aménagé pour recevoir en contrebas, deux ou trois immeubles. Le lieu légèrement escarpé était dangereux pour les conducteurs peu vigilants et certains avaient déjà effectué des embardées pour se retrouver quelques mètres plus bas. La distraction et la vitesse n’étaient pas recommandées dès qu’on empruntait le tronçon sin ueux qui débouchait sur l’hôtel. La topographie dissuadait beaucoup d’amoureux et ne venaient que ceux qui connaissaient bien cette adresse pour leurs étreintes secrètes ou leurs affaires louches. Il y en avait qui ne venaient pas en couple et occupaient la chambre à quatre, voire plus. D’autres séjournaient deux ou trois jours, ayant ramené au passage de gros sacs au dos. Ce jour, le curieux avait pris le risque d’introduire un quidam dans la chambre hors-série et au prix fort. Il fut d’ailleurs surpris que son client n’hésitât point et, s’acquitta du paiement pour aller convoler en noces éphémères. Mal lui en prit. Quelques minutes plus tard, l’employé recevait la visite du maître des céans qui, sans paraître le moins du monde contrarié, lui enjoignit tranquillement de débarrasser « la » chambre du fâcheux. L’échange fut bref entre le gardien et le propriétaire des lieux.
« La chambre 33 est occupée, n’est-ce-pas, malgré l’interdiction ? Le ton était affable. La menace sourde.
— Oui, c’est-à-dire que…, c’est un de nos habitués et devant son empressement, j’ai pensé…
Il l’avait interrompu, sans méchanceté. Le réceptionniste évitait son regard d’acier. L’homme en lui parlant l’avait empoigné et lui broyait le bras dans un étau de fer. Le message était évident.
— Dans ce métier, à cette place où tu es, tu devrais arrêter de penser. Obéis aux ordres et tout ira pour le mieux. Je ne le redirai pas une deuxième fois. »
L ’intrus fut dédommagé pour éviter un esclandre. La situation rétablie, l’étrange personnage s’en alla aussi discrètement qu’il était venu. Le délinquant en une fraction de seconde avait aperçu une partie de son visage qu’il dissimulait sous son feutre rabattu : un visage bouffi, des pommettes surélevées et une moustache épaisse qui garnissait de grosses lèvres. L a même personne qui venait pour la chambre 33. Client et propriétaire ne faisaient donc qu’un ! Il se le tint pour dit. Jamais il ne récidiva dans cette aventure qui faillit lui coûter sa place, au pire, sa vie.
L’autre fait insolite était cette dame de compagnie. Toujours la même. Il n’avait jamais vu son visage, la silhouette était singulière et la dame rasait les murs pour éviter d’être identifiée. Le réceptionniste ne doutait pas que sous le léger châle devait s’étaler un très beau paysage. Il soupira d’insatisfaction : « Toujours les mêmes qui tirent un bon parti de la vie se dit-il. À croire que le bon Dieu est bon pour certains et pas pour les autres, dont il faisait partie. »
Il médita sur les groupes sociaux. D’abord, les nantis de naissance, chanceux de par leurs origines. Riches, ils vivent souvent au-dessus des lois. Ils sont suivis des personnes aisées, celles qui ont des chèques mensuels, des émoluments qui les excluent de la misère. Ensuite, ceux qui survivent, les fonctionnaires, les petits employés, les débrouillards. Puis, les parvenus parmi lesquels, les escrocs, les politiciens véreux qui ont fait de la population, leur fonds de commerce. Ils ont accès aux opportunités les plus diverses. Ils mènent une vie souvent au-dessus de leurs moyens, ils ont des réseaux mafieux partout.
Le dernier groupe, celui des damnés, qui n’ont pas eu la moindre chance dans la vie, les pestiférés, ceux qui ont hérité de la condamnation de l’endroit, de la couleur et de la famille pour ne pas se hisser au niveau standard dans la société. Ils coagulent toutes les misères du monde dans leurs vaisseaux sanguins. Plus nombreux, ils peuplent les galeries obscures des magasins, les abords crépusculaires des ruelles. Ils sont les locataires des favelas, des bidonvilles, des squats, des replis dans les grottes. Ils vivent sous les ponts et les bouches mal aérées des quais . Ce sont les victimes idéales, les boucs émissaires parfaits de la société. Les cobayes pour des expériences qui peuvent rapporter gros au gouvernement ou à des savants débiles. C’est la grande poubelle, celle qui réunit les défavorisés, les démunis, les sans-abris, mais aussi les sans voix, les sans-logis, les sans morale et les sans foi. Ils tuent pour survivre, ils se feraient tuer pour une bouchée de pain et on les utilise dans toutes les sales besognes. Ils se suicident pour échapper à l’étreinte fatale. Où était-il ? Dans quel groupe ? Surtout pas le dernier. Il y avait maintenant de tels clivages, qu’il ne se permettait plus de rêver. C’est durant ces cogitations, qu’une ombre se profila sur le mur du guichet. Une voix chuchota à son oreille :
 « La clé ! »
Elle avait une place particulière. Il ouvrit le placard, la retrouva et sans regarder le client dont la paume était ouverte, il l’y déposa , puis, revint se blottir dans l a chaise cartonnée qui lui servait de lit aux heures indues où les clients ronflaient ou continuaient bruyamment leurs ébats. Cet homme lui flanquait une peur qu’il n’arrivait plus à contrôler. Elle lui serrait les entrailles et il avait du mal à récupérer. Il arrêta de penser à ce sinistre personnage. Il ne comprenait pas les femmes. Il savait qu’elle allait venir dans les minutes qui suivront. Elle passerait là, devant lui, nonchalante passagère, la belle qui allait rejoindre la bête. Il ne voulait pas imaginer cette innocente brebis dans les bras du méchant loup. Le réceptionniste râlait, pleurait, suffoquait, englué dans cette haine contre lui, contre le monde, contre le péché, la pureté, la méchanceté de Dieu !
Un parfum s’insinua dans ses imprécations muettes. Il eut un éclair quand il la reconnut, marchant comme une automate. Il happa en une seconde son regard vers lui. Une violence douce s'y bassinait la rendant encore plus attrayante. Il avait le coup d’œil. À ce poste, il suffisait de quelques secondes pour incorporer le son sur la bande magnétique, l’image sur la pellicule vierge pour l’enregistrer, la figer. Cette fois, il avait son compte. Ces deux-là, c’était à n’en point douter une alliance contre-nature, une idylle imparfaite. Il s’assoupit, les bras repliés sur le rebord d’un comptoir trop haut, une chaise trop basse pour un sommeil juste.
La femme voilée traversait le couloir d’un pas leste et mesuré. Elle atteignit la porte sans rencontrer âme qui vive. Elle le savait, à ses heures reculées de la nuit, les couloirs étaient déserts. Les chambres l’étaient moins. Cela faisait des années qu’elle arpentait furtivement ce corridor. Le tapis s’usait au léger contact de ses chaussures. La dernière année de cette promenade dans ce qu’elle appelait « le couloir de la morgue ». Les deux longs corridors perpendiculaires étaient comme des

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