La Musique de la pensée / La Pensée de la musique
142 pages
Français

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Description

(...) "Le parfum des fleurs l’enveloppait avec leurs arômes frais, printaniers. Les fleurs étaient comme des larmes suspendues, grâce à leur parfum, dans le vert scintillant du printemps qui annonçait son arrivée triomphale. Elle ne pouvait s’empêcher de penser que les fleurs du muguet des bois étaient sur une portée musicale dont elle ne connaissait pas encore la clé. Elles étaient la symphonie du bonheur qu’elle attendait depuis si longtemps, depuis toujours ! Ces fleurs blanches et simples étaient comme des notes entières inversées. Non pas noires, abstraites, intellectuelles, mais blanches, charnelles, réelles, bien vivantes. Son amour commençait enfin à se matérialiser... Il n’était plus une simple idée, un simple désir mais une personne qui l’incarnait, c’était Lui... Il aurait pu être terrible, elle l’aurait aimé avec la même force, la même conviction, elle n’y était pour rien, c’était ainsi." (...)

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 mai 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414439249
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-41175-7

© Edilivre, 2020
Trop tard trop tôt
J’étais suffisamment grand pour savoir que j’étais petit quand, un jour, du haut de mes quatre ans, j’ai soudainement découvert la vie grouillante qui venait des enceintes du salon. Je revois maman regarder rêveuse la pochette du disque en vinyle, une cigarette à la main, et j’entends de l’eau s’égoutter près de moi… Des gouttes d’eau, plein, plein. Effrayé, je regarde maman et son regard, qui croise le mien avant qu’il ne prenne l’eau, me rassure. Je suis couvert d’eau, je suis dans l’eau, de plus en plus enfoncé mais je n’ai pas peur ; maman est là. Et puis il y a comme une protection imperceptible et invisible. Je suis tout d’un coup transporté loin, loin du salon, je nage et vole à la fois… C’est étrange. Pourtant mon corps aperçu dans le miroir du salon me rappelle que je suis toujours là, les yeux écarquillés en train de suivre l’étrange musique qui se déverse comme des flots sur nous deux… Un monsieur se met soudain à chanter d’une voix diaphane. Maman, rêveuse, oublie d’éteindre sa cigarette. La cigarette se calcine et se tord dans un dernier spasme avant de s’éteindre définitivement. Peut-être qu’elle s’est éteinte à cause de l’eau de la chanson, elle a dû la mouiller et l’a éteinte plus vite. Le mégot dans la main elle chantonne d’un air distrait les paroles que l’on entend. Je donnerais tout, à ce moment précis de ma vie, mon doudou, mes sucettes cachées sous le lit, tout, vraiment tout pour savoir ce que dit le monsieur qui chante à présent et que maman semble adorer. Mais je ne peux pas comprendre car il ne chante pas en roumain. Mes jouets me semblent appartenir au passé soudainement. Je continue le voyage immobile qui me transporte pourtant dans un au-delà… Je suis maman du coin de l’œil : elle-aussi, elle est avec moi. Nous sommes emportés tous les deux par la musique, nous marchons sur l’eau, nous volons comme des poissons dans l’air : tout est possible, enfin ! Tout d’un coup je sens du sable dans ma bouche… Le chameau que j’aperçois sur la pochette du disque 1 me montre le chemin en me faisant un clin d’œil complice. Il faut tenir bon, mettre l’écharpe sur la bouche et sur le nez afin de continuer à avancer. Nous continuons heureux comme des poissons dans l’air… Je suis la musique et la musique nous pointe une île paradisiaque. Je pourrais y vivre enfin avec ma maman. Je serais enfin seul avec elle, elle serait là pour moi, que pour moi… Elle me ferait des bisous tout doux à moi et à doudou et nous nous baignerions comme des dauphins dans l’eau à longueur de journée… Le rythme endiablé me donne le tournis… Je me lève et commence à tourner sur moi-même jusqu’à ce que ma tête éclate de plaisir. Maman me suit à son tour. Nous dansons au milieu du salon comme des possédés, comme si nous connaissions depuis toujours comment il faut mettre chaque pas l’un devant l’autre. Une danse frénétique suit pendant des jours et des jours, des mois et des mois, et même des années entières… Nous dansons ensemble le temps d’une vie, nous dansons, nous nous enlaçons et nos corps ont le bon rythme, nous ne faisons plus qu’un, nous dansons et ouvrons, ainsi, la voie à un nouveau monde. Mais quelque chose cloche tout d’un coup. C’est comme si papa était rentré et que la fête était finie, qu’ils commençaient à se disputer, à casser des verres, à hurler l’un à l’autre car leur amour ne les unit plus… Les sons angoissants me font peur, je me cache bêtement sous la table du salon, c’est là ma cachette préférée. Mais papa n’est pas encore rentré. Je regarde maman… Elle tombe lourdement dans son fauteuil, allume une autre cigarette qui sent si bon et reprend la pochette de l’album avec ce chameau qui semble avoir trouvé l’oasis qu’il lui faut. J’ai peur, mes cheveux se dressent, je commence instinctivement à pleurnicher.
– Chut, chéri, écoute la musique, me dit-elle. Comme je lui en veux à cet instant précis !
– Mais elle est partie la musique, maman…
– Si, écoute, elle est toujours là, elle est partout, tu l’entends ?
Elle a toujours raison, maman. La lumière revient. Avec elle l’eau, le son des gouttes d’eau, et avec elle le sous-marin. Je saute dedans. Le moteur du sous-marin turbine. Doudou le conduit. L’eau fait gicler le sable, je suis loin, bien loin. Mon sous-marin devient une navette spatiale et je m’envole. Je vois maman d’en haut. Comme elle a l’air petite, recroquevillée sur elle-même ! C’est parce qu’elle est vieille et moi petit, trop petit. Je prendrai toujours soin d’elle, je la sauverai des disputes avec mon papa. Monsieur le chanteur revient avec ses paroles inconnues et pourtant rassurantes, planantes. Nous avançons doucement dans l’atmosphère raréfiée au-dessus de la terre. Maman est devenue entre-temps un point minuscule que je vois toujours. D’ailleurs, la vie n’est-elle pas qu’un point dans l’univers qui se dilate inexorablement ? Soudain je pleure. Le sable abat ma navette spatiale qui redevient un pauvre sous-marin déjà rouillé depuis dix mille ans. Il va rester là pour l’éternité. Je pleure de plus belle. Peut-être qu’ainsi mes larmes feront un lac, une mer, non, un océan, il me faut beaucoup de larmes pour que je puisse sortir du banc de sable et repartir. Ou mourir. Je ne sais pas, j’hésite. Maman pleure aussi… On dirait qu’elle n’est pourtant pas triste.
– Maman, je t’aime. Pourquoi je n’arrive jamais à t’atteindre ? Maman !
Le sable s’installe dans mon palais avant je ne puisse sortir aucun son de ma bouche. J’essaie de le cracher mais c’est trop tard. Je ne peux plus parler. Je pleure. Je lutte comme je peux contre le sable qui m’emprisonne… Je suis tout seul. Une tempête de sable est passée par là. Mon cadavre gît quelque part. Ma mère erre à la recherche de mon corps… Elle ne semble pas vraiment troublée par ma disparition.
– Maman, je t’aime !!! Mais aucun son ne sort de ma bouche car le sable m’a entièrement recouvert. Et puis je décide de renaître. Me voilà ! Mais plus personne n’est là pour voir le miracle. Maman est déjà dans la cuisine en train de se préparer un autre verre… Elle pleure toujours. Je la guette. Je l’aime. Je l’aime tellement ! Et puis elle passe à côté de moi comme si je n’existais pas. Elle me caresse distraitement les cheveux. Je déteste mes cheveux. Je ne suis pas mes cheveux !
– MAMAN ! … Je crie intérieurement… Elle fait semblant de ne pas m’entendre. Pourtant je sais au fond de moi qu’elle m’entend avant même que je dise quoi que ce soit !
– Alors, mon petit chou, tu as aimé la musique ?
Je fais signe de la tête. Je ne sais pas quoi lui dire d’autre. Pourtant je bouillonne.
– Elle est bien, n’est-ce pas ? Mais elle dit ça juste comme ça. Pas pour moi. Pas pour elle non plus. Elle parle juste pour remplir le vide qui a repris sa place entre nous. Elle n’aime pas le vide et pourtant elle est la première à en créer entre nous… Pourquoi fait-elle ça ?
– Oui, maman. Je me contente de lui répondre bêtement…
Et puis les jouets reviennent en galop me raconter les dernières nouvelles : Doudou a bu en cachette dans le verre de maman et maintenant il vomit dans les toilettes ! L’après-midi sera long comme chaque jour de la semaine. Je retourne chercher doudou. Il faut qu’il arrête de faire des bêtises juste pour attirer l’attention de maman. Ah, non, celui-là c’est moi. Soudain je ne sais plus si c’est doudou ou moi qui a bu dans le verre de maman.
La musique est toujours là, quelque part. En effet, elle est partout, ; elle ne me quitte plus depuis cet après-midi-là. Je l’ai déjà oubliée et pourtant elle est entrée dans mes veines, dans mes cellules… Je déteste mon âge ingrat… Je déteste tout ce qui me rappelle que je suis petit, petit, petit… La musique continue comme un écho dans mon esprit. Je ne sais pas encore que je viens d’être bouleversé, à quatre ans, par Echoes de Pink Floyd. Cette musique étrange et familière à la fois deviendra, au fil du temps, une présence aussi douce que maman.
1 . Il s’agit de la pochette de l’album Meddle de Pink Floyd.
Le disque acheté au marché noir. One of These Days
Quelques années s’étaient écoulées depuis. Peut-être que je ne me serais jamais rappelé cet épisode bien enfoui dans ma mémoire si un jour je n’avais pas acheté par hasard une copie piratée en cassette au marché noir en Roumanie, quelques mois à peine après la révolution de 1989. La pochette de l’album était en noir et blanc et avait une forme indécise ; je n’avais des sous que pour un album. Le problème c’est qu’il y en avait plusieurs et moi, malheureusement, je n’avais aucune culture musicale. Ma mère était un souvenir incertain depuis trop longtemps pour que je puisse dire qu’elle m’ait enseigné quoi que ce fût en musique. Mais elle avait fait l’essentiel. Elle m’avait donné le goût pour la musique.
Petit à petit je m’extrayais de mon adolescence. Je devais choisir un de ces foutus disques. Comment faire puisqu’ils avaient tous l’air bien et que je ne pouvais pas me permettre de les avoir tous ? Je pointai mon doigt vers celui à la pochette la plus imprécise . À l’image de ma volonté, ne pus-je m’empêcher de ricaner intérieurement. Si ça se trouve, ce n’est même pas sa pochette originale. Et puis, zut, je m’en fous !
J’empochai la cassette comme si je l’avais volée et me dépêchai de rentrer à la maison afin d’écouter l’album sur le radio réveil à fonction mini-chaîne hi-fi. Un son pourri assuré surtout si je voulais écouter à plein tube, comme d’habitude, la musique. De toute façon je n’avais pas le choix. Mon père avait cassé le lecteur de cassette du salon à force d’écouter tous ses albums de musique populaire roumaine lors de ses

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