La MÉTISSE
113 pages
Français

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Description

Héraldine Lecours défie sans relâche la loi scolaire interdisant l’enseignement du français… jusqu’au jour de sa destitution. Condamnée à affronter une société réfractaire à sa propre culture, Héraldine, dit la Métisse, s’engage comme servante auprès d’un Irlandais. À l’image du sort réservé aux Métis après la défaite de Louis Riel, Héraldine se heurte à la discrimination que subit son peuple.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1983
Nombre de lectures 7
EAN13 9782896110070
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0374€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Éditions des Plaines remercient le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des Arts du Manitoba du soutien accordé dans le cadre des subventions globales aux éditeurs et reconnaissent l’aide financière du ministère du Patrimoine canadien (PADIÉ et PICLO) et du ministère de la Culture, Patrimoine et Tourisme du Manitoba, pour ses activités d’édition.
Œuvre sur la couverture :« Jours de Plaine 27/20 », Réal Bérard
Conception de la maquette couverture et mise en page :
Relish Design
Imprimerie : Hignell Printing
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives
Canada
Féron, Jean, 1881-1946.
La métisse /Jean Féron. — 4e éd.
(Les écrits de l’Ouest)
Publ. à l’origine: Montréal : Éditions E. Garand, 1923.
ISBN 2-89611-007-0
I. Titre. II. Collection.
PS8511.E74M47 2004  C843’.54     C2004-905309-4
© Éditions des Plaines, 2004
C.P. 123
Saint-Boniface, Manitoba, R2H 3B4
Dépôt légal : 4 e trimestre 2004
Bibliothèque nationale du Canada, Bibliothèque provinciale du Manitoba et Bibliothèque nationale du Québec.
La Métisse
Du même auteur
Même sang
La Secousse
L’aveugle de Saint-
Eustache
Fierté de race
La revanche d’une race
Le Philtre bleu
La femme d’or
La Besace d’amour
Les Cachots d’Haldimand
La Taverne du diable
Le Patriote
Le Manchot de Frontenac
La Besace de haine
La Digue Dorée
Le Siège de Québec
Le Drapeau blanc
Les Trois grenadiers
Le Spectre du ravin
L’Espion des Habits Rouges
Le Mendiant noir
Le Capitaine Aramèle
La Prise de Montréal
Jean de Brébeuf
La Belle de Carillon
La Corvée
Boeufs roux
L’Échafaud sanglant
L’homme aux deux visages
L’Étrange musicien
La Fin d’un traître
La Valise mystérieuse
La Vierge d’ivoire
Les Amours de W. Benjamin
La Petite Canadienne
Le Courrier de l’Islet
Le Dernier geste
LES ÉCRITS DE L’OUEST
La Métisse
roman
JEAN FÉRON
PLAINES
Présentation
La réédition d’un roman de Jean Féron, La Métisse , en surprendra plusieurs. Quelle est donc l’utilité de remettre dans la mouvance littéraire un texte des années trente si éloigné de la modernité de l’écriture?
Si l’on songe à la fierté des Fransaskois de compter dans leurs rangs un des rares grands de la littérature de l’Ouest canadien, on comprend mieux la réponse de la maison d’édition au désir du fils et de la bru de l’auteur, Jean-Marc Lebel et Carmelle Poulin.
Publié d’abord en 1923, le roman a connu une deuxième édition en 1926, laquelle fut vite épuisée. Après trois ans d’une patiente chasse au roman, il fut offert aux Éditions des Plaines, par l’Université d’Ottawa, grâce à la vigilance du bibliothécaire, Azarie Gauthier, et E Ditralio, directeur du Département des collections à la Bibliothèque Morisset.
Le livre garde toujours son actualité. Le sort réservé aux Métis après la défaite de Louis Riel ne s’est guère amélioré. La « nation » fière est toujours réduite au second plan de la société, en dépit du fait que sa contribution à l’épanouissement de la civilisation française, dans l’Ouest canadien, ait été considérable.
La servitude du peuple métis est symbolisée d’une façon brutale par l’héroïne du roman, Héraldine Lecours. Jean Féron ne pouvait traiter de la race sans évoquer cette sorte d’osmose entre les problèmes linguistiques et religieux. Et cette tragédie, les Métis et les Canadiens français des plaines de l’Ouest l’ont intensément vécue.
La Métisse obligera donc le lecteur à jeter un regard en arrière sur l’histoire de ceux qui ont fait le pays, tout comme elle l’amènera à apprécier la disparition des barrières entre les peuples fondateurs. Si le roman de Jean Féron révèle avec acuité les douleurs d’un peuple humilié, chassé de ses terres, il soulève aussi, et surtout, un cri de révolte contre un racisme de plus en plus décrié sur le sol canadien.
Annette Saint-Pierre
- 1 -
— Ohé, la Métisse!
Le fermier, sorte de colosse à face rude et brutale, de la cour des étables a jeté cet appel.
Par flots vermeils le soleil levant déverse sa lumière matinale et gaie sur la belle province du Manitoba, l’aînée de l’Ouest Canadien. Sous les ondées lumineuses et tièdes la population animale de la ferme se réveille doucement, flaire largement à l’air embaumé de ce matin de juin, hume la brise fraîche, envahit, par groupes et peu à peu, toutes les parties de la cour. À pas lents et lourds des bestiaux s’approchent d’un abreuvoir, et, comme un cuivre bien frotté, leur poil roux reluit sous la rayure de pourpre obliquant de l’horizon de l’Est. D’autres, moins assoiffés, rasent l’herbe nouvelle qui pousse ça et là par touffes d’un vert tendre. Mais après ces lampées que la langue attire sous les dents gloutonnes, ces bêtes, à leur tour iront humecter leur museau avant de partir pour le pré.
Parmi ces animaux paisibles des poules picorant se promènent suivies de leurs poussins; dans les herbes tondues ou dans les graviers qu’elles raclent, ces poules cherchent et picotent les grains de blé ou d’avoine que les vents y ont éparpillés.
Quel ravissant tableau dans ce décor de verdure fraîche et de lumière joyeuse! Un coq, dressant soudain sa crête rouge, en clame le charme irrésistible d’un cocorico enroué fièrement lancé vers les firmaments clairs.
Par delà les étables, au Nord et à l’Est, des champs verdoient sous la levée neuve des grains dont les tiges jeunes, tout humides encore de la rosée de la nuit étincellent et rutilent comme un océan immense de perles et de rubis. Au loin, bordant cette féerie magique, des bois de tremble et de saule se dressent contre l’horizon haussant leur masse sombre jusqu’à l’azur du grand ciel. Et sous ce ciel glorieux des nuées d’oiseaux volent, et s’ébattent follement dans l’éblouissante vapeur de ce jour nouveau.
Au Sud, à deux arpents des étables, on peut distinguer, un fouillis de verdure riante, la petite maison du fermier. Elle est tout environnée de jeunes arbres aux feuilles naissantes, et les oiseaux qui passent dans le ciel descendent, s’arrêtent un moment sous la tendre ramure, sautent de branche en branche, roucoulent, gazouillent…
Tout rit, tout chante, tout se réjouit dans ce grandiose tableau de la nature miraculeuse que Dieu a voulu dessiner pour son serviteur, l’homme.
Et lui, l’homme, accoudé sur le bord du puits d’où il a tiré l’eau nécessaire à ses bêtes, semble jeter un regard vague, indifférent sur toutes ces choses si belles, si rayonnantes, si réjouissantes. L’air morose, bourru, le fermier demeure immobile, attendant la réponse à son appel.
Comme cette réponse tarde, il répète :
— Holà, la Métisse!
Cette fois, de la maison une voix répond :
— Oui, oui, j’y vais!
Le fermier — Malcom MacSon — grogne quelques paroles incohérentes, tourne sur ses talons, et pénètre dans l’un des bâtiments.
- 2 -
Au sein du bosquet qui enveloppe la blanche maisonnette, parmi des gazouillis et des roulades tombant du feuillage, on peut percevoir des voix menues et fraîches d’enfants, des petits rires cristallins qui s’égrènent ingénument, se mêlent avec une harmonie touchante à la fraîcheur du matin, au soleil, au ciel bleu.
Une voix plus douce, plus enfantine, plus mélodieuse, partant de sous la feuillée appelle :
— Joubert!
Une autre voix, enfantine aussi, mais avec déjà une façon de se vouloir donner une importance masculine, répond :
— France, je te vois!
Un petit homme, tout joufflu, tout rose, cheveux très blonds éparpillés au vent en boucles d’or, darde sous le feuillage sombre, parmi les arbres, au travers des herbes, des yeux clairs, scrutateurs, dont les naissants sourcils essayent un premier froncement, pour découvrir la cachette d’où part la voix qui appelle : « Joubert! »
Tandis qu’il épie ainsi chaque arbrisseau, chaque brin d’herbe, les scrutant, attentif, l’œil au guet, un jeune éclat de rire part d’un buisson voisin, une fillette de quatre ans, ravissante de fraîcheur et de grâce enfantine, jolie brunette rieuse qui secoue, avec un air mutin, sa petite tête et les boudins soyeux de ses cheveux châtains, apparaît tout à coup et crie avec un rire heureux :
— JoubertL. Ah! ah! ah!… tu ne m’as pas trouvée!
La confusion du petit bonhomme, son irritation évidente de n’avoir pas à temps découvert la cachette, ses petites lèvres rouges qui se pincent de dépit, toute l’attitude de Joubert, à cet instant, augmente la gaieté espiègle de France.
Alors, le garçonnet, la mine un peu renfrognée, l’air boudeur, dit sur un ton qui semble péremptoire :
— À moi, France, maintenant. Ferme tes yeux!
La joyeuse fillette tourne aussitôt le dos aux arbres, abaisse ses paupières sur lesquelles elle pose gentiment deux petites menottes blanches, et dit :
— Va, Joubert… je ne vois plus!
Le gamin retrouve dès lors son visage joyeux, il esquisse un sourire, et, courbé, à pas de loup, se détournant une, deux, trois fois, pour s’assurer que la fillette ne le trichera pas par un furtif et fugace coup d’œil dans la direction qu’il prend, il gagne un petit bouquet de saules touffus et s’y dérobe. Puis, de là, il lance de sa voix claire ce nom doux :
— France!
Toujours très riante, la fillette laisse tomber ses mains, ouvre de grands yeux bruns, très mobiles, et du regard fouille à son tour l’abondante et riche végétation.
À cet instant, une voix de femme — celle qui a répondu tout à l’heure à l’appel du fermier Macson — part de la maison :
— France… Joubert… venez déjeuner, petits! La voix résonne sous le bosquet avec un accent de maternelle tendresse. Mais comme les petits ne répondent pas tout de suite, la même voix appelle encore :
— Joubert! France!
Alors la fillette s’écrie :
— Joubert, entends-tu? Didine nous appelle.
— France, réplique la voix du garçonnet sortant des touffes vertes du voisinage, trouve-moi d’abord!
La petite fille éclate de rire, un rire moqueur, puis elle court au bouquet de saules, se penche, voit son petit frère et clame :
— Joubert… je t’ai trouvé!
Deux rires mutins se mêlent, et, la main dans la main, courant tous deux, les petits volent vers la maison, répétant :
— Didine, nous

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