La Mémoire de la mésange
151 pages
Français

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La Mémoire de la mésange , livre ebook

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Description

DU MÊME AUTEUR Et l’amour continue , éditions Les Nouveaux Auteurs (septembre 2020) Papa, tu méritais bien qu’une peluche te tienne compagnie. « If I could save time in a bottle, The first thing that I’d like to do, Is to save every day ’til eternity passes away, Just to spend them with you.

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Informations

Publié par
Date de parution 24 février 2022
Nombre de lectures 3
EAN13 9782819506805
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR
Et l’amour continue , éditions Les Nouveaux Auteurs (septembre 2020)
Papa, tu méritais bien qu’une peluche te tienne compagnie.
« If I could save time in a bottle, The first thing that I’d like to do, Is to save every day ’til eternity passes away, Just to spend them with you. »
Jim Croce, Time in a Bottle , 1973

« C’est un mal qui vole les cœurs, les âmes et les souvenirs… »
Nicholas Sparks, Les Pages de notre amour , 1996
S OMMAIRE
Titre
Du même auteur
Dédicace
Exergue
Chapitre 1
Nice, le 15 avril 2019
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
La Mésange, le 16 avril 2017 Deux ans plus tôt
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Saint-Paul-de-Vence, septembre 1998 Vingt et un ans plus tôt
Chapitre 10
Chapitre 11
Saint-Paul-de-Vence, septembre 1998 Vingt et un ans plus tôt
Chapitre 12
Chapitre 13
Saint-Paul-de-Vence, octobre 1998 Vingt et un ans plus tôt
Chapitre 14
Chapitre 15
Saint-Paul-de-Vence, 24 décembre 1998 Vingt et un ans plus tôt
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Saint-Paul-de-Vence, 12 juillet 1995 Vingt-quatre ans plus tôt
Chapitre 20
Chapitre 21
Grasse, 14 juillet 2002 Dix-sept ans plus tôt
Chapitre 22
Chapitre 23
Saint-Paul-de-Vence, 7 septembre 2004 Quinze ans plus tôt
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Juin 2003 Seize ans plus tôt
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Coursegoules, 11 octobre 1995 Vingt-quatre ans plus tôt
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Épilogue
Remerciements
Avant de fermer ce livre, une dernière chose
Copyright
Collection
CHAPITRE 1

Nice, le 15 avril 2019
Mes mains sur le clavier martèlent le dernier accord. C’est un si mineur. J’aime finir mes concerts par un si mineur. C’est une harmonie nostalgique qui se décompose dans ces notes. Le public se lève pour me saluer. Le régisseur abaisse le rideau. Un épais voile rouge descend. Une séparation entre l’artiste et son auditoire. Avant que le tissu ne touche le parquet, j’entame une dernière révérence. Je relève la tête et contemple mes spectateurs d’un soir malgré la lumière qui m’éblouit. Ce soir encore, ils sont peu nombreux. Je distingue que l’ouvreuse a rassemblé mon public sur les premières rangées de fauteuils. Au-delà de la troisième lignée, je n’observe que des sièges vacants. Personne ne s’est assis sur le velours rouge depuis des dizaines de soirées. Que c’est triste un théâtre vide ! Personne pour s’émerveiller des colonnes qui soutiennent la voûte, les jolies peintures accrochées aux murs ne sont plus admirées, des centaines de places dans l’attente d’un public qui ne vient pas face à un pianiste insatisfait de ceux qui sont présents. Même toi, tu n’es pas venue. Tu ne prends plus la peine de te déplacer pour me voir.
 
Le coton frotte ma joue et efface l’épais fond de teint. Mon régisseur m’a convaincu que la lumière accrochait mieux sur la peau avec ce maquillage. Je regarde cet homme dans le miroir. Il a l’air si fatigué, las d’être là. Je détends mes doigts avec quelques exercices d’étirement que me conseille mon kinésithérapeute, j’aimerais éviter l’arthrose de ma grand-mère et mon auriculaire commence à se courber. Où est la passion de ce qui m’animait ? Je n’ai pas le temps – ou l’envie – de répondre à cette question que l’on frappe à ma porte. Mon producteur passe sa tête dans l’entrebâillement.
– Tu as assuré Noël ce soir !
– Pour qui ? Pour quoi, Robert ?
Je me retourne vers lui et l’invite à entrer. C’est un homme qui a de l’embonpoint, son ventre a grossi avec son portefeuille. Il est l’archétype du banquier dans un dessin animé : lunettes rondes, moustache grisonnante précieusement entretenue, un grain de beauté qui fait mouche sur la joue avec deux, trois poils qui en émanent, un costume taillé sur mesure par un artisan du vieux Nice, une mallette en cuir à la main et une prestance remarquable. Il s’assied dans l’unique fauteuil de la pièce mal éclairée.
– Ma femme est venue avec une amie. Elles ont toutes les deux adoré.
– Je me disais bien que c’était trop beau pour être vrai. Les gens, dans la salle, c’étaient des invités, n’est-ce pas ?
– Pas tous. Trois spectateurs ont acheté leur billet, se désole-t-il.
Il ne veut pas me faire de peine, c’est pourtant inévitable.
– Noël, je suis obligé de donner des invitations. J’ai un théâtre à remplir moi ! Il y avait un reporter d’une chaîne régionale qui va certainement faire une minute sur toi, et quelques amis.
C’est sa technique, inviter des gens de tous horizons pour parler de ma dernière œuvre à leur entourage. Elle ne porte pas ses fruits pour l’instant. Il a le mérite d’essayer. Robert a le goût de la musique bien composée, il aime les jolies harmonies, les mélodies complexes et les émotions que transmettent les accords frappés. S’il a un carnet d’adresses important, il est un piètre gestionnaire. Son assistante mérite une médaille pour accompagner cet homme depuis plusieurs années dans ses oublis, ses choix indécis, ses changements d’avis et ses annulations à la dernière minute.
Il y a tellement de moi dans ce récital, tellement de colère et de nuits d’insomnie que les places devraient se vendre comme des petits pains en temps de guerre. Le théâtre est bien situé, il a bonne réputation. Il se trouve dans une rue du vieux Nice, un lieu connu des initiés. Ce n’est pas une arène avec des milliers de sièges, juste une salle de quatre cents fauteuils. J’en ai déjà rempli des centaines avant, quand il était encore là… Mais depuis deux ans, je me retrouve seul face à l’adversité.
*
Je suis né le 25 décembre 1988, à l’heure où la lumière du soleil couchant rasait les toits du village de Saint-Paul-de-Vence. À l’hôpital de Nice, j’étais le troisième garçon de la soirée à se faire baptiser Noël. Papa et toi, sans y chercher une quelconque rationalité chrétienne, vous trouviez en manque d’inspiration et enclins à une originalité fulgurante. Ce soir-là, tu devenais mère pour la première fois. Tu devenais mère et je me demande encore parfois si tu le souhaitais vraiment.
Je suis né en criant, il n’était pas nécessaire que l’on me tape sur les fesses pour que je m’époumone. J’avais déjà des choses à dire, déjà envie que le monde m’entende. Pour autant, c’était moins mélodieux que ce que je compose aujourd’hui. J’étais un beau bébé. C’est ce qu’il m’a été dit. En ce premier jour au monde, je fus couvert de cadeaux. Mes grands-parents maternels affluèrent au centre hospitalier pour m’offrir toutes sortes de présents : gourmette en or, peluches, vêtements… J’étais l’enfant choyé comme Jésus face aux Rois mages. Sur les photos de la maternité, Papé et Mamé semblent plus heureux que papa et toi.
Je pourrais faire le récit de tant de souvenirs de cette époque, mais ils n’en seraient pas pour autant vrais. À force de t’avoir entendue me répéter des histoires, j’ai l’impression de les avoir vécues. C’est souvent ainsi avec la mémoire. La réalité, c’est que je me suis bercé d’illusions dont je ne pourrais attester la véracité. Tu racontes que je ne m’endormais qu’aux sons de morceaux de musique classique et que je me réveillais en pleurs dès que le CD arrivait à sa fin. Je pense que tu fabules et que tu t’es créé un univers qui te rassurait, mais j’ai continué de colporter cette légende dans les magazines.
Nous habitions non loin de Nice, dans le village de Saint-Paul-de-Vence. Les ruelles, qui étaient encore des ruelles pittoresques au charme provençal du temps de ma jeunesse, se sont transformées en galeries d’art à ciel ouvert. Les peintres ont envahi mes rues. Là où était la poissonnerie de Nini se trouve désormais le vaste et coloré atelier de Jean-Claude : des couleurs saturées, des campagnes de la région déstructurées, des toiles inachevées et un sourire commerçant. Un peu plus loin, Chez André , où tu achetais tes légumes quand j’étais haut comme trois pommes, a fermé ses volets définitivement. C’est désormais une artiste, ancienne horticultrice, qui s’attache à peindre des compositions florales et méditerranéennes dans ces lieux.
Tu étais vendeuse dans la boulangerie du village. Jusqu’à ce que je sois en âge d’aller en crèche, tu gardais le couffin derrière le comptoir et j’apaisais les douleurs de mes poussées dentaires en suçant des quignons de pain rassis. Pour ainsi dire, rien ne me prédestinait à la carrière que j’ai eue. Je fus bercé aux sons des « et avec ceci ? », « trois et sept qui font dix », « pas trop cuite ? Comme celle-ci ça vous irait ? » et des « en vous remerciant, bonne journée ». Tu tenais la boulangerie de la rue Grande. Tu animais la vitrine et le commerce de ton accent chantant, pendant que le patron, M. Gérard, pétrissait les baguettes et enfournait les viennoiseries. C’était un brave homme. Je l’observais de mes grands yeux ronds de bambin lorsqu’il ouvrait le four et s’essuyait le front du revers de la manche. Il avait une épaisse moustache dans laquelle aimaient à se loger quelques miettes de friandises enrobées de pâte feuilletée.
Papa travaillait les matins en contrebas du village, au cimetière de Saint-Paul-de-Vence, et les après-midi à la fabrique de jouets en bois, juste à côté de notre maison. Ces métiers, pourtant en opposition complète, lui apportaient l’harmonie qui l’habitait. Autour des tombes, il assurait l’entretien des allées, débarrassait les fleurs fanées, accueillait les âmes en peine et nettoyait d’un chiffon les marbres après les jours de pluie d’automne. Puis, il s’arrêtait manger une quiche ou un morceau de ficelle salée, que tu lui faisais rarement payer, avant de retrouver la boutique d’artisanat où il laissait une certaine créativité en liberté entre ses mains. Je n’ai que peu de souvenirs de l’atelier de jouets. Il doit exister un coffre à jouets quelque part avec les dizaines de figurines et jeux qu’il m’avait fabriqués : dominos, chenille, trotteur et différentes statuettes de chevaliers et d’archers médiévaux. Je ne sais pl

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