LA MAIN AU CHARBON
478 pages
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LA MAIN AU CHARBON , livre ebook

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Description

Mo est un Homme Moderne. Il vit au paléolithique supérieur, à l’âge des rennes et des mammouths, mais il n’est pas un être humain comme les autres. Il ne se contente pas de chasser, de pêcher, de récolter et de ramasser du bois pour vivre. Il possède une indispensable faculté de compréhension du monde dans lequel il vit et cherche à comprendre ses origines et son devenir.

Mo aime observer la splendeur de la nature surabondante. Il passe très peu de temps aux tâches quotidiennes qui lui incombent. Il a beaucoup de temps libre et apprécie de rêver, de créer et de raconter des histoires au coin du feu. Il a une capacité de réflexion extraordinaire et se plait à inventer de nouveaux concepts. Il cherche toujours à améliorer son existence, au mépris de son entourage qui l’incite à se comporter conformément à la loi des hommes. Lui veut connaître ses limites et les dépasser. En conséquence, banni de sa communauté, il devra poursuivre sa quête en solitaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332945433
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-94541-9

© Edilivre, 2015
Remerciements :
Je tiens, avant tout, à exprimer ma chaleureuse reconnaissance à Karine, la créatrice de mes rêves, pour l’attention méticuleuse qu’elle a apportée à la relecture de cet ouvrage et pour son fidèle soutien. J’adresse aussi des remerciements à Bertille V. pour m’avoir fait part de ses précieux conseils. Merci à Vincent L. de m’avoir offert son aide et son temps pour l’élaboration de la carte géographique. Je suis également reconnaissant à mes amis proches qui m’ont fait part de leurs idées récréatives et m’ont illuminé l’esprit sans le savoir. J’exprime enfin toute ma gratitude à Milan et Véra K. pour leur générosité et leur amitié.
E.F.
Dédicace


À la mémoire de mon frère Franck : un authentique Homme Moderne.
Si j’étais né homme, moi aussi mon destin eût été celui de l’arbre : l’arbre au soleil comme sous la pluie reste réconcilié avec ses racines et ses feuilles. Il connaît en même temps la nuit et la lumière sans mourir de sa connaissance.
René Depestre, Poète à Cuba, 1976 (extrait).
Le premier jour
I
Mo venait de descendre à la Rivière du saumon mâle, où la communauté s’était installée pour la saison chaude, car elle donnait envie de s’y baigner. De la rive, surplombant la vaste rivière en lacet qui ne devait pas se vider de son eau, il plongea sous la cascade et cessa d’être visible. Il venait de disparaître dans les profondeurs du courant et un bouillon de bulles fraîches triomphantes le revigorait. Aux alentours, comme il n’y avait pas de panneau d’interdiction, il nagea un moment sous la stimulante chute d’eau, à l’horizontal, puis, l’esprit purifié, sortit la tête de la rivière et respira un bol d’air frais. Il s’ébroua et se sentit de nouveau autorisé à vivre.
Ce matin, Mo, étonnant d’assurance, se trouvait en pleine possession de ses moyens et le ferait savoir. Il habitait le monde. Il avait les idées claires et les cheveux humides. Des gouttes ruisselaient jusque dans sa bouche. Elles avaient le goût de la belle vie qui dégouline délicieusement sous la fraîcheur matinale. Mo absorba une gorgée d’eau claire et se rinça les dents en détail. Il aimait disposer de dents saines, signe de bonne santé. Puis, dans le miroitement de la cascade, comme son sourire lui ressemblait, Mo se découvrit en pleine lumière. Le Roi-du-ciel mandatait ses rayons éclatants sur toute la contrée et principalement du côté de la rivière. Cependant, il arrivait que la réverbération refuse de fonctionner devant des visages renfrognés.
Mo se racla la gorge et cracha comme pour signifier le bonheur de se sentir vivant au cœur d’une nature généreuse et indomptée. Il releva les peaux de ses yeux et son regard prit aussitôt la coloration bleutée d’un ciel printanier, pur et sans nuage. Il renifla, souffla par le nez puis renifla encore, emplit ses poumons d’air sain et soupira d’extase. L’odeur iodée de sa terre l’enivrait. Le charme de la beauté sauvage l’enchantait. De fait, il se sentait bien dans son corps et ses cheveux fleuris. Sous l’étincelant Roi-du-ciel, il n’y avait pas de vent et les oiseaux hésitaient à quitter les branches de leurs arbres de vie car ils se croyaient être en paradis.
Puis, Mo, jugeant de sa bonne tête, se trouva enfin présentable. À ce moment précis, par un sens inné et totalement spontané, il devina que sa vie allait basculer sous peu. Il glissa soudain sur un galet et fut avalé par la rivière. Il refit surface l’instant d’après et sauta de rire comme un saumon qui vient de franchir une chute d’eau pour reconquérir son territoire natal.
Son teint doré et ses muscles habilement dessinés trahissaient une vie au grand air. Aussi, Mo se dit qu’il était peut-être temps de courir l’aventure, hors de sa hutte, malgré les odeurs du foyer parfumées d’aromates qui s’en dégageaient, et de sa communauté. Ses traits fins et fauves lui permettaient de se faufiler aisément dans la nature sauvage et des fleurs poussaient dans ses cheveux. Quand il s’agissait d’imaginer de nouveaux concepts, avec ses rêves féconds sortis des nuits de son crâne, Mo devenait productif. Comme les idées fleurissaient ordinairement dans sa tête, des fleurs analogues parsemaient son crâne. Encouragé par ses bouquets de cheveux, dont les parfums lui chaviraient le cœur, il se réjouissait de cultiver ses pensées. Il appréciait son existence d’homme semi-nomade qui lui laissait beaucoup de temps libre pour réfléchir et raconter de belles histoires auprès du feu.
Mo batifolait dans l’eau et des poissons roses s’amusaient à bondir autour de lui. Ils mordaient la cascade. En avance sur leur temps de parcours, ils en profitaient pour sauter de part et d’autre de sa tête en claquant leurs nageoires près de ses oreilles. Mo pensait qu’ils escaladaient la chute d’eau pour retourner frayer sur le site où ils étaient nés, après des années passées en mer, mais il se trompait. Les saumons le dupaient et, frétillant dans les remous, leurs queues vivaces l’éclaboussaient à chaque tentative. Au bout d’un moment, Mo décida de ne plus se laisser surprendre.
– Amusez-vous bien pendant qu’il est encore trop tôt, dit Mo, astucieusement, car je reviendrai vous écailler sous peu !
Sous le regard bienveillant du Roi-du-ciel, Gary, un glouloup de compagnie, regardait Mo folâtrer avec les poissons à la chair savoureuse. Assis sur la berge, il contemplait le reflet rose des saumons à la surface de l’eau, le ventre vide. Il adorait leurs peaux délicieuses et les imaginait déjà en train de griller au feu sur une pierre plate. Mo l’interpella.
– Allez, viens te baigner, Gary ! L’eau est fraîche et ça te fera le plus grand bien !
– Non merci, je n’y tiens pas ! répondit le glouloup, prudent. Je ne voudrais pas me ramasser une méchante claque de poisson sauvage dans le portrait.
– Mais… Je ne plaisante pas.
Mo se montrait résolument convaincu que le glouloup devait capituler sans condition et prendre un bain : l’équilibre indispensable d’une vie saine. Cependant, Gary ne l’entendait pas de la même oreille.
– Ça se saurait ! Mais je ne peux me résoudre à sentir l’écaille de poisson le reste de la journée.
– Ça m’étonne de toi ! De préférence, tu apprécies la vie sauvage dans les forêts, les grandes herbes ou au bord des rivières.
– Oui ! J’aime flâner au bord des rivières tumultueuses et dévorer la peau des poissons, riche en protéines, mais là, franchement, ça la ficherait mal pour un plantigrade de mon espèce.
– Quel vaniteux tu fais ! lança Mo, d’un ton affligé. Ton amour-propre n’en sera pas moins dévalorisé. Avoue que tu ne veux pas te mouiller dans cette histoire !
– Bien au contraire ! Je suis toujours aussi friand d’aventures extraordinaires, notamment en ta compagnie. Cependant, le spectacle des poissons roses dans une cascade n’a pas de quoi m’émerveiller. Je ne me sens pas en confiance.
– Détrompe-toi ! rétorqua Mo, en connaisseur. Le milieu marin demeure un monde étonnant, débordant de « richesses intimes », où l’on peut se permettre de réinventer son existence, comme une renaissance.
– Ah, vraiment ?
– Oui ! Un jour, je t’inventerai une tunique spéciale pour le visiter et tu verras, il ne sera pas question de pinailler sur l’odeur des poissons ou la fraîcheur de l’eau.
– C’est une bonne idée de substitution ! accepta Gary. Mais, aujourd’hui, je n’ai pas de tenue de rechange. Alors, en attendant ce jour, je préfère rester sur la berge.
Mo sentait le glouloup bougon et il en devinait la raison. Comme à son habitude, Gary glouloupait de biais, quand son ventre le tiraillait et qu’il ne pouvait le satisfaire.
De son aura majestueux, le Roi-du-ciel régnait sur la contrée. Ses rayons dardaient sur la terre des ancêtres, qui s’en fichaient comme de l’an moins quarante mille, et il n’était pas nécessaire de les traverser. Ils illuminaient les fleurs de cheveux de Mo ainsi que les galets de la rivière. Gary s’en aperçut et repéra un caillou pointu isolé. Par vice, il le ramassa car, plus talentueux, il dénotait par rapport aux autres, et le jeta sur un des poissons roses de passage.
Le saumon avait sorti la tête hors de l’eau pour vérifier la distance entre la vie et la mort. Dans un premier temps, il analysa la vitesse du projectile et mouilla si fort qu’il en perdit des écailles. Puis, de façon magistrale, il esquiva la pierre aigüe et plongea au raz de l’eau dans la cascade. Gary ne devait pas le revoir.
Mo, rentré au bord de la berge, pataugeait dans les flaques. Il observait le spectacle en souriant. Les rayons du Roi-du-ciel ricochaient en tous sens et il ne faisait pas bon de les croiser. À la recherche d’un creux frais, un lézard rouge à pois gris s’y risqua et perdit aussitôt toute crédibilité. Ne connaissant ni borne ni frontière, la rivière sinueuse, qui coulait des jours paisibles au solstice de la saison jaune, redonnait de la fraîcheur à l’atmosphère du moment. Une végétation touffue la bordait et des oiseaux criards se cachaient dedans. Mo se mit à l’ombre d’un rocher, observa la trajectoire des faisceaux de lumière et trouva son monde merveilleux. Puis, il réfléchit et se dit qu’il serait peut-être intéressant d’utiliser l’étonnante technique de Gary pour la pêche aux gros poissons. Il sortit de l’eau et s’échoua sur l’herbe afin de sécher paisiblement. Après, se sentant revigoré, Mo contempla sa vie d’Homme Moderne sous le grand ciel bleu.
– Je suis vraiment heureux, ce matin, dit Mo. La beauté de la nature me rend gai comme un oiseau chanteur.
Mo savait imiter les oiseaux et comprenait leurs chants. Un souffle de vent, léger comme une plume tombée d’un nid, traversa ses cheveux et lui fortifia les racines. Dans

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