La Journée sang voisin
112 pages
Français

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La Journée sang voisin , livre ebook

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Description

Vous trouvez votre voisin antipathique ? Rassurez-vous, c'est réciproque. Il jalouse votre appartement, envie votre voiture. Il applaudit aux échecs de vos enfants. Il encourage son chien à lever la patte sur votre porte récemment repeinte. J'opte pour une journée sang voisin autour d'un barbe cul où les meilleurs d'entre eux seraient grillés à la chaleur de la baise chaude et du charmant de vigne.

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Informations

Publié par
Date de parution 20 avril 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342050516
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Journée sang voisin
Piga
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Journée sang voisin
 
 
 
Le voisin est comme la vérole qui s’abat sur le bas clergé, on ne s’en débarrasse jamais.
Ni du bas clergé,
Ni de la vérole,
Ni du voisin.
Piga (grand philosophe encore méconnu du XX e  siècle)
 
 
 
1. Une journée sang voisin
 
 
 
Une journée sang voisin ?
Le voisin, ce mec à qui vous serrez la louche en vous demandant s’il faut enlever son gant ou le garder en protection rapprochée. À chaque poignée de main vous avez l’impression d’essorer une serpillière.
C’est terrible de se serrer la main ! Il ne faut surtout pas mettre le doigt dans l’engrenage. Un petit salut de loin est largement suffisant. Au mieux un sourire. Engager la conversation est déjà trop. Se saluer de près est l’acte fondateur du rapprochement manuel… à éviter.
Vous trouvez votre voisin antipathique, rassurez-vous, c’est réciproque.
Il jalouse votre maison, envie votre voiture. Il applaudit aux échecs de vos enfants. Il encourage son chien à lever la patte sur votre mur récemment repeint.
Votre voisin est sûrement vieux et retraité.
Le vieux retraité, une espèce en voie de disparition !
La culture du labeur intensif a porté un coup fatal à cette population encore nombreuse au XXe siècle. Un politique élyséen a promulgué un concept innovant et génial le « travaillé plus longtemps, retraité moins longtemps ». À chaque année de travail supplémentaire, le temps de retraite raccourcit. Utiliser les forces vives pour le travail plutôt que de les gâcher dans une inactivité dégradante.
Une fois libéré des chaînes de l’activité rémunérée, le survivant attend la salmonelle et la canicule avec espoir.
Derrière ses fenêtres et ses lunettes, il veille sur le quartier. Muet comme une tombe, seule la mort le fera taire.
 
La rue est bouchée. Ce n’est pas la seule. Votre voisine, car vous avez certainement une voisine, rentre chez elle. Elle conduit encore et hésite entre les trois pédales.
Le choix est difficile.
Elle débraye avec le frein à main et trouve le changement de vitesse dans sa caisse à outils automatique. Elle clignote avec les essuie-glaces, tend le bras, cherche la manivelle de sa vitre électrique. Puis elle se gare devant chez vous car devant chez elle, la place est réservée à son épagneul breton. Par un petit signe de la main elle vous nargue « je suis votre voisine et je vous emmerde ».
Votre autre voisine est veuve. Depuis la mort de son boulet de mari, elle rajeunit.
Elle a toute la semaine pour arpenter les supermarchés. Elle choisit le samedi matin vers 10 heures, en même temps que vous. Ne vous inquiétez pas. À 11 heures elle aurait été là tout pareil, enfonçant ses doigts dans le bif haché et secouant la salade jusqu’à effeuillage complet. Puis, à la caisse elle va compter ses pièces de deux centimes, se rendre compte qu’il en manque, sortir sa carte bleue, la confondre avec la carte de fidélité, se tromper de code, se rabattre sur le chéquier et recompter l’addition à la recherche de l’erreur de la caissière.
Puis elle se plante devant la porte et tombe dans les bras de sa voisine. Autre veuve et fière de l’être. Oubliant les douleurs de ses vieilles jambes usées elle taille une bavette allongée par les défauts de son dentier qui avale les mots sans les mâcher.
 
De l’autre côté de la rue, votre voisin est un jeune couple. Il a un enfant virgule neuf pour rentrer dans les statistiques. Le second n’est pas fini. Il en manque un bout. Afin de combler le vide, le jeune couple a acheté un chien. Un gros Quibave, une nouvelle marque importée de chine. Il a le pelage jaune et les crocs en forme de baguettes. Il adore les gosses à la chair blanche et au goût de lait. Le chien a commencé par bouffer les pantoufles, bientôt il va s’attaquer à la viande. Comme un certain nombre d’individus, le chien ne connaît pas le langage articulé. Il aboie.
Fort, car c’est un gros chien,
Souvent, car c’est un gros con,
La nuit, car c’est un gros insomniaque.
La boulette de viande empoisonnée est la meilleure solution. Les enfants aussi en sont friands.
 
Des fois votre voisin a la main bio. Il cultive ses carottes et élève ses navets sur un compost mitonné avec amour au fond du jardin avec tous les déchets domestiques. Un beau petit tas d’immondices qui pourrit sous les fenêtres de votre salle à manger. En général, le vent vient d’ouest, dans le sens où ce que les effluves ne se perdent pas ailleurs que dans vos trous de nez.
Votre voisin bio aime prendre l’air les soirs d’été. Avant d’aller se coucher il va pisser sur son tas d’ordures pour en activer la fermentation. Il en profite pour inonder votre hortensia tout neuf.
 
Et si vous habitez un immeuble, parlons de votre voisin de palier qui met son vélo devant votre porte, de la voisine du dessus qui n’enlève jamais ses chaussures à talon, du voisin d’à côté qui bloque systématiquement l’ascenseur, du voisin plus bas qui fait griller ses sardines dans l’escalier, du voisin d’en haut qui joue du djembé à trois heures du matin, du voisin qui perce son mur au marteau-piqueur… du voisin qui… et de la Voisin, une véritable empoisonneuse.
 
À l’instar de la journée sans voiture ni capote,
Sans son ni Dalida,
Sans queue ni tête,
Centurion ni opione,

Certains proposent de déposer en préfecture une demande officielle de célébration d’une journée sans voisin, qui, comme la grève au bord de la mer, serait reconductible et illimitée.
Depuis mon installation dans un immeuble du centre-ville, moi, Piga, déjà auteur de La Journée sans voisin , livre culte paru en 2014, estime devoir aller plus loin.
J’opte pour une journée sang voisin autour d’un barbe cul où les meilleurs d’entre eux seraient grillés à la chaleur de la baise chaude et du charmant de vigne.
La viande devra rester saignante.
 
 
 
2. Les voisins font salon
 
 
 
Le maire de Trouduc sur Fistule m’a invité au Salon du livre de sa commune enchanteresse. La Fistule, affluent bien connu de la Scène, pénètre le village où il fait bon s’attabler avec du pain et du vin, alimente les fantasmes et coule avec vaillance entre la fesse droite et la fesse gauche, les deux monti culs points culminants d’un paysage à la végétation foisonnante.
Monsieur le maire, les deux pieds dans la bouse et la tête près du bonnet, régulièrement réélu depuis la dernière guerre, avec l’appui de l’évêque Cochon et de l’abbé Lard, organise cette manifestation culturelle, en marge de la foire aux porcs. Verrat bien qui verra le dernier. La salle des fêtes municipale accueille dans un décor réaménagé les glorieux participants. Une bonne centaine, dont un certain Piga, auteur à succès qui se la pète avec des livres qui ne font rire que lui.
Les locomotives sont nombreuses et assurent la publicité du rendez-vous. On distinguera le Maire en personne, poète à ses heures qui ne rime à rien mais perd ses vers,
Un Victor qui n’a de Hugo que la fille morte Adèle,
Un journaleux, poil au nœud,
La tenancière du bar-tabac presse, qui rature les essais,
Une oie blanche sauvage à la plume à la penne,
Un homme aux gros caractères,
Un homme de lettres, le facteur.
 
Sont aussi présents les sinistres barbouilleurs du dimanche et les littrés du lundi. Sont encore présents, et ce n’est pas un cadeau, les écrivains inconnus, mais moins sinistres, qui rallument la flamme du chapitre triomphal sous l’arc de l’inspiration.
La presse est là, aussi, bien sûr. « La rumeur de Trouduc », le journal fécal, dont la place dans les fosses d’aisance en fait un accessoire toujours imité mais jamais remplacé. Sa devise, l’information surtout, la rumeur partout .
 
Le grand jour, car chaque jour est un grand jour, surtout en été, ivre de livre, l’intelligentsia du coin est au rendez-vous de ce moment rare où la culture rejoint l’agriculture, où la nourriture terrestre embrasse la nourriture spirituelle. Tous derrière l’amère mère du maire ancienne grande résistante aux assauts répétés du vieux vicieux de la maison de retraite, qui essaye de couper le ruban inaugural avec des ciseaux rouillés criant la douleur du métal oxydé. Ils pénètrent en ordre dispersé mais en rangs serrés dans le Panthéon livresque de la commune.
Les auteurs prennent place. L’espace est restreint. Soixante centimètres de table par personne. Le souffle de l’écriture ne se mesure pas à la largeur des épaules, mais quand même. Un qui en a le souffle coupé, c’est Piga. Il est coincé entre une armoire à glace du genre normande. Son double menton lui tombe sur les seins qui lui tombent sur le bide qui lui tombe sur les cuisses. Dès sa mise en place elle est confrontée au seul problème qui lui ait pourri sa vie, va-t-elle caler son énorme poitrine sur la table ou sous la table ? Sur la droite de Piga se tient le plus grand auteur du salon, un mètre quatre-vingt-dix-huit. Et aussi le plus gros tirage, cent trente-cinq kilos. Piga a dû rétrécir son thorax pour s’installer à son siège pas très Saint. Il a mis ses livres sur la tranche histoire de les caser tous. Lorsque ses deux voisins aspirent, Piga expire.
 
Les visiteurs tournent autour des auteurs. Ils ne sont pas comme Cochise et Geronimo qui tournaient autour du pot en se faisant massacrer par des winchesters aux quatre cents coups. Les visiteurs tournent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Ils trottent à la vitesse des minutes pendant des heures. Ils regardent les livres, vérifient que la photo de la qua

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