La confidence du pirate
292 pages
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La confidence du pirate , livre ebook

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Description

Claudie, jeune femme métisse originaire de La Réunion, retourne passer des vacances sur l'île. La lecture d'un manuscrit rochelais du dix-huitième siècle va l'entraîner dans une chasse au trésor au milieu des forêts tropicales, des plaines volcaniques, des falaises de basalte et dans les maisons créoles. Avec l’aide de son cousin et de son frère resté en métropole, elle va décrypter tous les messages. Mais leurs découvertes vont les faire accéder à de dangereux secrets... Cette chasse au trésor pleine de rebondissements puise ses racines dans l'histoire des armateurs rochelais du dix-huitième siècle. C’est aussi l’occasion d’évoquer de façon humaniste des sujets tels que le racisme, la religion, l’égalité des chances, le fonctionnement de la société ou encore la nature à protéger.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332612441
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-61242-7

© Edilivre, 2016
« Tout comme dans un rêve qui tourne au cauchemar,
Une armée de spectres parait devant moi :
Ombres de monstres, araignées et larves,
Et mon cœur est terrifié.
Mais soudain,
La bande horrible
Et mes craintes s’enfuient.
Je ne serai plus jamais effrayée,
Et des sombres visions je me sens délivrée…
Je vois clairement enfin les rayons du soleil »
Anna dans « Le retour de Tobie », oratorio de Joseph Haydn (1775)
Traduction libre, d’après le livret de Giovanni Gastone Boccherini
1 Courrier sud
Le Vol AF910 de Paris Aéroport Charles de Gaulle à destination de l’île de La Réunion venait de décoller. Les voyageurs prenaient leurs marques et se préparaient pour dix longues heures sans escale. En attendant la prochaine collation, certains lisaient, d’autres écoutaient de la musique, d’autres visionnaient un film. Les parents organisaient les activités des jeunes enfants, contraints comme ils l’étaient d’établir un planning serré de jeux et détentes destinés à éviter à tout leur voisinage de vivre un insupportable huit-clos sonore. Les centaines de personnes installées dans la cabine du 747 formaient un melting-pot très représentatif de la population réunionnaise, aux origines malgaches, indiennes, européennes, africaines et chinoises. C’était un continuum des couleurs de peau des plus claires aux plus sombres, tout comme les chevelures, des plus blondes aux plus noires.
L’une des passagères se nommait Claudie. Elle était née là-bas, dans ce petit bout de France de l’hémisphère sud, il y avait vingt-six ans de cela. C’était une belle métisse à la peau couleur de cannelle. Ces yeux sombres aux longs cils rappelaient par leur forme en amande les origines indiennes de sa famille maternelle. Le reste du visage, pommettes rondes et hautes, nez droit aux ailes légèrement relevées, lèvres bien dessinées, était empreint de douceur espiègle. Ses magnifiques cheveux noirs étaient serrés en chignon au-dessus de sa nuque. Cette coiffure dévoilait un cou fin et délicat. Le port altier de la tête et l’ensemble de la silhouette légère et élancée conféraient à la jeune femme une gracieuse féminité.
Elle avait quitté La Réunion à l’âge de trois ans pour s’installer en France métropolitaine où ses parents exerçaient leur métier dans l’enseignement.
Durant son enfance, elle avait passé régulièrement ses grandes vacances sur son île natale chez sa grand-mère maternelle. Et puis un jour, lorsqu’elle avait treize ans, sa mère mourut. Un cancer du sein l’emporta en quelques mois. Après cela, son père mit fin à leurs voyages exotiques. L’été, il rejoignait sa famille et ses amis d’enfance dans le Quercy. Claudie, elle, y retrouvait son demi-frère Nathan, que son père avait eu d’un premier mariage. Elle l’aimait bien. Il la taquinait, l’appelait « Didi des îles » et la faisait jouer au football.
Claudie avait grandi, terminé ses études et débuté sa carrière de journaliste. Elle gagnait sa vie tant bien que mal en rédigeant des piges pour journaux de seconde zone. Son rédacteur en chef du moment, Georges, avait consenti à lui octroyer trois semaines de congés.
Aujourd’hui, elle réalisait un rêve vieux de dix ans : retourner sur son île et revoir sa grand-mère. Elle regrettait seulement de faire le voyage seule.
Elle avait proposé à son petit ami Yann de l’accompagner. Ils ne vivaient pas ensemble mais s’aimaient depuis trois ans. C’était une relation apparemment solide. Pourtant, à la grande surprise de Claudie, il avait décliné l’invitation, bien qu’adorant les voyages. Claudie en avait été profondément affectée, ressentant ce refus comme un abandon, une lâcheté masculine pour ne pas s’engager vers quelque chose de durable. A plusieurs reprises, elle avait réitéré sa proposition, lui expliquant l’importance de sa présence à ses côtés lors de ce retour aux sources. Il avait éludé le sujet plus d’une fois, sans donner d’explication tangible à son rejet. Pour finir, il avait trouvé une excuse de dernière minute, une mission à Anvers pour son boulot. Leurs rencontres s’étaient espacées, et un malaise s’était installé entre eux. La confiance avait disparu. Le lien s’était rompu car aucun des deux n’avait voulu rejoindre l’autre. Cette rupture encore brûlante endeuillait la joie de Claudie bien plus qu’elle ne l’aurait voulu. Elle regrettait d’avoir trop insisté. Mais cette relation sans projet de vie commune lui semblait stérile. Passer du bon temps ensemble ne lui suffisait plus. Elle avait profité de l’occasion pour tester son partenaire. Test non concluant. Echec cuisant mais peut-être salutaire. La conséquence immédiate était de côtoyer la solitude.
Claudie soupira. Elle avait espéré une place près du hublot car elle ne se lassait jamais d’admirer la terre vue du ciel, les mers innombrables de nuages aux blancs éclatants, gris puissants ou noirs chargés de colère. Déjà enfant, rien ne la mettait plus dans un état de paix intérieure que de voisiner avec le soleil rayonnant de la haute altitude, et elle pouvait passer des heures le front reposant tendrement contre la petite fenêtre ronde, à contempler la beauté du monde.
Pour ce voyage-ci, il en serait autrement car elle avait dû se contenter d’une place centrale. Le coin près du hublot était occupé par un curieux voyageur, petit bonhomme replet à l’air jovial mais qui avait dès l’abord attiré l’attention de Claudie par son agitation singulière. Il ne cessait en effet de manipuler des documents, en particulier des cartes IGN au format suffisamment encombrant pour empiéter sans vergogne sur la place voisine, à savoir l’espace vital normalement réservé à Claudie. Cette usurpation aurait pu agacer la jeune femme, si l’aspect malgré tout sympathique du personnage ne l’avait plutôt poussée à engager le dialogue.
Après une demi-heure de conversation, elle savait tout de son interlocuteur loquace. Il s’appelait Alain Frijoul, avait trente-trois ans, habitait La Rochelle et travaillait pour une PME spécialisée en maquettisme naval. C’était son premier séjour à La Réunion et surtout, surtout, avait-il bien fait comprendre, il était célibataire. L’insistance avec laquelle son voisin présentait sa disponibilité sentimentale avait quelque chose de parfaitement candide qui toucha Claudie. Elle qui s’était préparée à lire deux ou trois romans pendant le voyage, tant elle aimait à se ressourcer dans la vérité de la paix des livres, sut qu’elle pouvait à présent se laisser bercer par les paroles quasi ininterrompues de l’infatigable bavard.
Finalement engourdie par un discours monotone et un ton monocorde, elle commençait vaguement à somnoler, ses paupières risquant de dévoiler son inattention croissante, lorsque d’un seul coup, le monologue prit une tournure inattendue.
« Vous pensez sans doute que je viens en touriste ? Eh bien, ça n’est pas ça du tout. »
Il attendit que le regard de Claudie se rallume, puis, ménageant ses effets, baissa la voix et continua sur le ton de la confidence :
« Je viens chercher mon héritage. »
Claudie fut réellement surprise à l’idée que l’homme put avoir une quelconque origine réunionnaise. Par l’un de ces sourires dont les jolies femmes ont le secret, elle engagea l’héritier à continuer sur sa lancée. Puis, comme il semblait soudain muet, elle insista, forte de son expérience journalistique d’intervieweuse irrésistible :
« Avez-vous perdu un parent proche récemment ? ».
Il partit alors d’un petit rire satisfait.
« Ni proche, ni récemment. A vrai dire, ni parent non plus, d’ailleurs. »
Il reprit un air sérieux, baissa à nouveau la voix, s’assura que personne ne les écoutait alentour et la regarda droit dans les yeux.
« Vous êtes Réunionnaise, n’est-ce pas ? Connaissez-vous bien votre île ? Sa géographie, son histoire ? »
Claudie fut surprise par la question mais sut d’instinct, en bonne chasseuse de scoop habituée à jauger rapidement la psychologie de son interlocuteur, ce qu’il fallait répondre et sur quel ton.
– Bien sûr, ce sont des sujets qui me passionnent !
– Parfait. Formidable. Je crois que je peux vous faire confiance. Vous sauriez garder un secret, n’est-ce pas ?
Elle jugea qu’elle saurait sans doute mieux le garder que lui, et hocha la tête d’un air aussi rassurant que possible. Il repartit sur une question.
« Savez-vous ce qu’est un ex-voto ? »
Elle pensait le savoir mais le laissa s’exprimer.
« Ces objets que les croyants déposent dans les églises, pour remercier Dieu d’un vœu qui s’est accompli. Savez-vous que pendant des siècles, les marins ont déposé des maquettes de bateau dans les églises lorsqu’ils avaient échappé à un naufrage ? ».
C’était intéressant, mais elle ne voyait pas le rapport avec l’héritage. Il continua :
« Il y a trois mois, nous avons reçu à l’atelier une magnifique maquette. Un vaisseau du 18 ème siècle, un ex-voto suspendu habituellement dans l’église St-Sauveur à La Rochelle. Cette église est en travaux depuis plusieurs mois. Pendant la réfection, les ex-voto ont été décrochés et la municipalité en a profité pour les faire restaurer. Elle a fait appel à notre entreprise pour les maquettes de navire. »
L’homme prit un petit air vantard et poursuivit :
« Il faut vous dire que je suis un spécialiste des vieux gréements, alors on m’a confié la restauration du vaisseau, un bateau de commerce de la Compagnie des Indes, un vrai bijou, vous imaginez ? Presque deux mètres de haut et deux mètres de long… Enfin bref, vu son état, – près de 300 ans quand même, hein –, il fallait du doigté, de la délicatesse. Vous voyez ce que je veux dire. J’ai commencé à nettoyer tout ça avec des cotons-tiges, parce qu’avec les petits détai

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