L Otage du Sahel
248 pages
Français

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L'Otage du Sahel , livre ebook

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Description

Otage d’un groupe djihadiste au Sahel, Philou est rejoint dans sa captivité par un médecin humanitaire enlevé au Mali. Les deux Français vont endurer leur détention jusqu’à ce qu’ils tentent une folle évasion avec la complicité d’un jeune migrant. Un dénouement étonnant ramènera Philou sur les traces de son passé saharien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2022
Nombre de lectures 5
EAN13 9782414569335
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-56934-2

© Edilivre, 2022
Du même auteur
PHILOU L’AFRICAIN
Épisode 1
LE TALISMAN DU TOUAREG
Épisode 2
LA MALÉDICTION DES SAO
À paraître
Épisode 4
L’ATTENTAT DE BAMAKO
DESSIN COUVERTURE MARTINE TABERLET
Prologue
Le journal de vingt heures touche à sa fin. Brushing vaporeux, le journaliste présente la soirée de football où, drame, le leader se déplace chez le deuxième du classement sans son buteur brésilien blessé à la cheville ! Un coup de tonnerre dans la planète du ballon rond. Il fait ensuite redescendre l’émotion pour un rappel de l’essentiel des nouvelles du jour. Sans transition comme il se plait à le dire, son sourire séducteur se mute en un rictus plein de gravité. Et tandis qu’en haut de l’écran s’incruste la photo d’un homme coiffé d’un chèche noir, visage amaigri dévoré par une barbe claire, il enchaîne d’une voix empathique :
— Cela fait désormais soixante-sept jours que notre confrère photographe Philou Servetaz, enlevé dans l’extrême nord du Cameroun, est retenu en otage au Nigéria par le groupe islamiste Boko Haram.
Le gouvernement Français refuse toujours de négocier avec les ravisseurs qui réclament une rançon et un échange de prisonniers pour la libération de notre compatriote originaire de Chamonix Mont-Blanc.
Et maintenant, la météo de votre week-end puis le tirage du loto, enchaîne t’il en retrouvant son sourire !
1
Chamonix Avril 2007
Face à l’écran, chevelure retenue en un chignon négligé, Isabelle voûte le dos, serre les dents et retient ses larmes, comme tous les soirs depuis près de deux mois. Dépitée, elle presse sur la télécommande puis la balance rageusement à l’autre bout du divan. Elle n’a plus revu Philou depuis sa disparition dans le lac Maga au Cameroun quelques semaines plus tôt. Évoquant le risque sécuritaire, l’ambassade de France à Douala l’avait alors rapatriée contre son gré, avant même que l’enquête n’ait pu apporter une quelconque explication au drame. Et de quelle enquête parlait-on ? Elle les avait vus ces quelques militaires camerounais explorant les eaux avec peu de conviction, se laissant balader sur les pirogues des pêcheurs, pour très rapidement conclure à un probable accident par noyade, le corps du disparu restant cependant introuvable.
La nouvelle était tombée quelques jours après son retour en France. Le groupe islamiste Boko Haram, la branche nigériane d’Al Qaida au Maghreb, avait alors revendiqué, par le biais de la chaîne qatarie Al Jazzera, l’enlèvement et la séquestration d’un otage français, réclamant pour sa libération un échange de prisonniers et une rançon colossale. Dans une mise en scène sordide, une vidéo avait montré Philou, puisqu’il s’agissait finalement bien de lui, à genoux, en djellaba, un bandeau sur les yeux. Trois hommes en tenue de commandos posaient fièrement dans son dos, celui du milieu appuyant la lame de son poignard sur la gorge de l’otage. L’homme était massif. De son visage strié de cicatrices rituelles émanait une intense cruauté renforcée par un rictus de fauve. De ses manches retroussées émergeaient des avant-bras musclés garnis de bracelets tandis qu’à son cou pendait une collection d’amulettes. Dans un anglais rugueux il avait prononcé une diatribe contre la France et ses interventions au Sahel contre ses frères musulmans. La mise en scène avait bouleversé l’opinion publique et avait fait la une de tous les journaux durant huit jours. Puis l’événement avait été repoussé au second plan par le rouleau compresseur des actualités, des affaires en tout genre et le décès d’un célèbre chanteur. Il n’y avait désormais plus que la principale chaîne publique qui, chaque soir, entre sport et météo, tenait le macabre décompte des jours de captivité de Philou.
De son côté le gouvernement Français restait intransigeant, refusant de céder au chantage, arguant que payer serait ouvrir la porte à une nouvelle série de prises d’otages. De nombreuses compagnies internationales travaillaient dans cette région stratégique regorgeant de matières précieuses, uranium, or, gaz et pétrole. Aussi ne fallait-il surtout pas remotiver les spécialistes d’enlèvement et les maîtres chanteurs en tous genres. De prétendues tractations seraient engagées dans le plus grand des secrets, rien d’autre ne filtrait. Isabelle n’avait eu qu’un seul entretien direct avec un quidam du ministère des affaires étrangères, et son interlocuteur n’avait eu cesse de lui demander de ne rien entreprendre et de leur faire confiance !
Depuis, plus de contacts sérieux avec les autorités, hormis quelques appels laconiques lui confirmant qu’elle était condamnée à attendre impuissante le dénouement de l’affaire. Mais dans quel sens ? Au Moyen-Orient, en Afghanistan et en Irak, des groupuscules islamistes n’hésitaient pas à capturer puis décapiter des otages occidentaux au nom de leur dieu tout-puissant. Chaque évocation de ces tragiques épisodes était source de crises d’angoisse pour Isabelle. Elle avait glané grâce à internet quelques renseignements sur Boko Haram. Le fait qu’il s’agissait avant tout de paramilitaires plutôt intéressés par les pillages, les exactions sauvages envers des populations chrétiennes, l’abus de jeunes filles enlevées dans les villages, et l’argent des rançons, l’avait un peu tranquillisée. L’idéologie islamique ne venait qu’ensuite, comme le prouvaient leurs déclarations aux medias, sur un mode « cracké » digne des pires clips de rap américains !
Depuis son retour du Cameroun, Isabelle a élu domicile chez les Balmou. Grégoire, l’ami d’enfance de Philou, Annie son épouse et Zian leur grand garçon ont tous trois supplié l’infirmière de rester avec eux dans leur chalet des Moussoux sur les hauteurs de Chamonix. D’abord hésitante, elle s’est finalement laissée convaincre. Il est vrai qu’elle entame une drôle de phase de vie dans une totale incertitude. Elle n’a plus d’attaches nulle part, et retourner dans leur location isolée dans la Drôme lui semble inconcevable. Elle squatte donc le studio au rez-de-chaussée du chalet que le couple met habituellement en location durant les vacances scolaires pour arrondir les fins de mois. Elle a réussi à leur faire accepter un loyer symbolique plus une participation aux dépenses d’eau et d’électricité. Sa vie tourne désormais autour du téléviseur et d’internet, avec quelques rares balades dans les prés alentours où l’hiver laisse lentement place au printemps. La neige se retire pas à pas, laissant derrière elle un sol pétrifié, mortifié, où quelques crocus peinent à pointer le bout de leur nez. Tourmentée par les remords, Isabelle est obnubilée par le sort de son compagnon, otage de ce maudit continent Africain qui leur aura porté malheur à deux reprises. N’était-ce pas elle qui avait organisé ce séjour humanitaire au Cameroun ? Et surtout n’était-elle pas à l’origine de la dispute et de la fugue de Philou. Dans ses longues phases d’interrogation, elle a beau essayer de se déculpabiliser et de mettre en cause le comportement du Chamoniard, elle en revient inexorablement à sa propre responsabilité. A plusieurs reprises, elle a eu la pulsion de monter dans un avion pour le Tchad ou le Nigéria. Mais après ? Qu’aurait-elle pu faire ? Elle avait déjà goûté à l’inertie des services de police africains, un ramassis de personnages orgueilleux et cupides, abusant de leurs statuts et de leurs uniformes pour racketter leurs congénères, et plus préoccupés à se faire mousser devant la belle européenne qu’à se mettre au travail. Elle a également reçu deux propositions venant du Cameroun, des individus prétendant avoir des informations sérieuses, et prêts à servir d’intermédiaires avec les ravisseurs, moyennant de coquettes compissions : les vautours étaient déjà sur le coup !
Cette désespérante impuissance la mine à longueur de journée, la plongeant dans un état anergique proche de l’anéantissement.
2
État de Borno, Nigéria, avril 2007
Combien de journées, combien de nuits ?
Philou a perdu le fil du temps. Au début de sa captivité, il s’était pourtant astreint à un minutieux décompte. Puis la routine de son désœuvrement a progressivement brouillé les cartes. S’il avait eu un moyen de taguer le mur de son habitacle, il aurait pu continuer à tenir ce désespérant calendrier. Son séjour dans le camp de Boko Haram l’a rapidement affaibli. Contrairement au traitement relativement humain qu’il avait reçu de la part de ses ravisseurs au Cameroun, où un minimum de confort et d’égards lui avaient été accordés, le régime imposé ici a été d’emblée rude et violent, histoire de le mater sans doutes. Le réduit en tôle dans lequel on le confine la journée se transforme en four dès que les premiers rayons solaires frappent le campement. Plus dur pour lui, ses bras sont entravés dans le dos la majeure partie du temps et on lui accorde peu de commodité pour l’hygiène. Lorsqu’une envie impérieuse se présente, il doit appeler, voire supplier ses gardiens pour qu’ils le conduisent dans un lieu d’aisance cauchemardesque. Abrité des regards par un paillage à mi-hauteur, une fosse en plein air fait office de toilettes. Sur place, en équilibre sur deux planches écartées de trente centimètres et posées en travers du trou plein d’excrément pestilentiels, les mains temporairement libérées, il lui faut se soulager dans une posture périlleuse, entouré d’un nuage de mouches goulues et sans papier hygiénique pour l’après. Matin et soir, une captive lui apporte un canari plein d’une eau trouble issue directement du puits ainsi qu’une gamelle de la bouillie insipide à base de farine de maïs, toujours la même. On lui accorde alors une heure de liberté pour se restaurer et te

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