L IRRÉSISTIBLE APPEL DE MOZART
240 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'IRRÉSISTIBLE APPEL DE MOZART , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
240 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Après une vie passée dans le monde de la finance, le protagoniste prend enfin sa retraite. Au moment où il quitte cet horizon obnubilé de chiffres, il découvre qu’il avait manqué quelque chose d’important : l’art en général et la musique en particulier. Plus il avance dans sa conquête de cet autre univers, plus sa vie se métamorphose et de nouveaux défis s’imposent à lui.Pour la liberté, l’épanouissement et la création, ce roman est un hymne tissé de mots et de rythmes qui chemine sous le regard bienveillant d’Apollon.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 57
EAN13 9789920607377
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0425€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'IRRÉSISTIBLE
APPEL DE MOZART
RomanL’auteur a bénéfcié pour ce livre
de la Bourse de Création du Centre National du Livre (CNL), Paris
© Editions Marsam, 2022
15, avenue des Nations Unies, Agdal, Rabat
Tél. : (+212) 537 67 40 28 / Fax : (+212) 537 67 40 22
E-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr
Conception graphique
Quadrichromie
Impression
Imprimat - 2022
Dépôt Légal : 2022MO0284
ISBN : 978-9920-607-37-7 Abdellah Baïda
L'IRRÉSISTIBLE
APPEL DE MOZART
Roman« Sans la musique, la vie serait une erreur »
Nietzsche, Crépuscule des idolesPremière partie
Entre fnance et cadence1.
L’éclat de son rire fusa en écho au son guttural du mot
guitare.
C’était l’instant marquant de cette journée mémorable.
Les deux sonorités bouleversèrent ma vie de fond en
comble.
Le jour de mon anniversaire coïncidait avec mon départ
à la retraite. En ce début du mois de janvier, je bouclais mes
soixante ans et ramassais les petites affaires trainant dans
mon bureau. Il n’y avait pas grand-chose, le tout rentrait
dans un petit carton destiné, dans une autre vie, à contenir
cinq rames de papier. Il y avait même de la place pour ajouter
les quelques cadeaux offerts par mes collègues à l’occasion
du prétendu pot de départ. Une théière, un thermos de café,
des petits gâteaux, des mots gentils et ce fut tout. C’est fou
comme une vie peut se résumer à quelques bricoles. Au
moment de quitter le bâtiment où j’avais travaillé pendant
quarante ans, je m’étais retourné pour le regarder une
dernière fois. Il était écrasant et je faillis tomber à la renverse.
Il ne manquait plus que cela. Il était austère, cet édifce.
Dans ma situation, on pouvait dire que j’y avais connu la
feur de l’âge mais je n’avais pas vraiment ce sentiment.
C’était plus profond que les feurs, plus problématique que
l’âge. J’avais surtout l’impression d’avoir gaspillé ma vie
7 dans des balivernes, d’être passé à côté de l’essentiel. De
quoi au juste ? Je l’ignorais absolument jusque-là.
Je repensais encore à cette scène qui eut lieu ce
matinlà chez moi. Ma femme me demanda juste avant de sortir
ce que je désirais comme cadeau d’anniversaire. Cette
question revenait chaque année, invariable, presque au
même moment de la journée. Parfois un ou deux jours avant
la date fatidique. Elle me retint en me disant que je devais
choisir quelque chose de spécial, car c’était mes soixante
ans et mon départ à la retraite ; c’était donc très important
dans une vie. Le cadeau qu’elle se proposait de m’offrir
pourrait me servir à mieux profter de mon temps désormais
libre. Une canne à pêche ? m’interrogea-t-elle sur un ton
suggestif. Je me voyais déjà immobilisé sur les rochers face
à la mer pendant des heures en train de prendre du poids et
de rouiller petit à petit, les poissons se moquant de ma ligne
et les passants ne me voyant même pas. J’avais répondu
par un non catégorique. On allait voir après. C’était la
réponse que je donnais souvent et elle choisissait ce qu’elle
voulait m’offrir, généralement un parfum. Elle me bloqua
le passage. Elle insista pour avoir une réponse. Je réféchis
quelques secondes ou quelques minutes, je ne me rappelle
plus, et un terme surgit de mon gosier : une guitare.
L’éclat de son rire fusa en écho au son guttural du mot
guitare.
Juste après ces deux sonorités, j’entendis un silence,
un long silence provenant de mes tripes. Une vacuité qui
avait toujours été là et que je n’avais jamais identifée. Le
vide s’exprima. Une douloureuse absence. Je regardai ma
femme qui stoppa tout net son rire. Elle s’était aperçue que
8 je ne plaisantais pas. Je n’avais jamais joué d’un instrument
de musique et confondais le son d’un violon avec celui
d’un piano. Le solfège, c’était du chinois pour moi. Il
m’arrivait certes d’écouter de la musique mais toujours
en bruit de fond pendant que j’exerçais une activité plus
sérieuse. Dans le rire de ma femme, il y avait quelque chose
qui me dérangeait. Je n’arrivais pas à comprendre si elle
considérait que j’étais indigne de la musique ou que celle-ci
était indigne de moi. Le fait était qu’elle pensait dur comme
fer que nous étions incompatibles. C’était peut-être ce qui
me poussa à dire avec une inébranlable conviction, juste
avant de sortir :
— Je confrme, c’est ce que je veux. J’ai décidé
d’apprendre à jouer de la guitare.
Dans le regard de ma femme, je lisais : à ton âge ! Tu
divagues ou quoi ? Mon pauvre mari perd la boule ; c’est la
sénilité. La guitare c’est un truc pour adolescents. Jamais tu
ne pourras en sortir un seul rythme valable…
Ce laïus m’accompagna toute la journée.
En regardant le siège de la Banque du Maroc où j’avais
trimé toutes ces années, je repensai au rire de ma femme et
l’idée de m’aventurer dans l’univers musical s’enracinait dans
mon âme. En même temps, je trouvais l’idée insensée. Je savais,
d’un savoir certain, qu’en rentrant à la maison je n’allais pas y
trouver une guitare emballée dans du papier cadeau et qu’on
me tendrait d’un geste voluptueux et engageant.
Longtemps je demeurais ainsi entre un édifce et une
idée fxe.
La Banque du Maroc était l’endroit où je passais
toutes mes journées. Si j’additionnais les heures écoulées à
8 9 l’intérieur de ce bâtiment, cela donnerait un nombre énorme.
Les chiffres me connaissaient bien et ils n’avaient aucun
secret pour moi. Pendant de longues années, nous avions
cohabité au sein de cette maison. C’était quand même
assez dur de tourner la page, de partir, d’aller à la retraite.
Retraite ! Allais-je battre en retraite ? Ce mot, retraite,
m’obséda durant toute ma dernière année de travail. Ma
date de péremption s’approchait, à pas de loup, puis à vive
allure, puis elle arriva, fondit sur moi, elle fut là. L’heure
de la retraite se pointa, brusquement, brutalement, comme
une lame de fond qui allait m’emporter, m’entrainer vers le
néant. Était-ce vraiment pour échapper à la noyade que je
voulais saisir le manche de la guitare comme on s’accroche
à une bouée de sauvetage ? On dit que lorsqu’une personne
risque de se noyer, elle pourrait s’agripper de toutes ses
forces même à un fétu de paille. Je voyais devant moi,
sur les murs de l’édifce, un déferlement de mots qui
avaient meublé ma vie et qui me paraissaient ce jour-là
d’une étrangeté incommensurable : prévention des risques,
organigramme, optimisation, audit, bilan, plan stratégique,
objectifs fxés, effcacité, prérogatives, diverses directions,
acquisition, fusion, pôles de compétences, synergies,
opérations monétaires, gestion des réserves de change,
production et distribution de billets, mission, succursales,
bases de données, incidents de paiement, cadence des
réformes… Tout ce jargon enrobé dans des chiffres, toujours
des chiffres, déflait devant mes yeux et me paraissait à la
fois étrange et familier, dépourvu de sens mais bien vivant.
C’était comme des individus que nous croisons pour la
première fois mais qui nous donnent l’impression que nous
10 les avons connus dans une autre vie. Certes j’avais grimpé
les échelles et les échelons, j’avais été d’une effcacité
redoutable dans mon travail, admiré par mes chefs et par
mes subordonnés. J’avais été honoré à maintes reprises avec
des médailles et des attestations, je gardais cependant le
sentiment d’être passé à côté de quelque chose d’important.
Juste avant de rentrer à la maison, ce fut le dilemme.
Face à ma femme, maintenir ou pas mon désir d’avoir une
guitare ? Elle s’y opposerait certainement. Pendant quelques
secondes d’égarement, j’avais imaginé que les choses
pouvaient se dérouler autrement : trouver chez moi, posée
sur mon bureau, une belle guitare rutilante avec un ruban
rouge autour de sa caisse, le nœud du ruban, magistralement
fait, affalé sur les cordes et au bout du couloir ma femme
qui me sourirait en disant : « Joyeux anniversaire mon
amour. Vas-y, prends la guitare et joue-moi une sérénade. »
Et d’un geste désinvolte, je défais le nœud, pose une fesse
sur le bureau et l’autre dans le vide, balaie les cordes de mes
quatre doigts pour tester les sonorités, accorde rapidement
et une musique magique jaillit dans toute la pièce sous le
regard admiratif de mon épouse, Aïda.
Les choses se passèrent autrement. Mon fatal facon de
parfum m’attendait au foyer, sans autre formalité. Le devoir
était accompli parce qu’avec le temps, c’était devenu une
tradition, une sorte de rituel d’offrir à l’autre un cadeau
pour son anniversaire. Le côté festif s’était envolé depuis
belle lurette. Je murmurai un merci mêlé d’une bise posée
sur les lèvres d’Aïda.
— Tu n’aimes pas…
— Si, si…
10 11 — Ça ne se voit pas.
— Puisque je te le dis…
— Tu étais sérieux quand tu parlais de la guitare ce
matin ?
— Oui.
— Alors ?
— Je l’achèterai demain.
Par cette petite phrase, je l’achèterai demain, je
m’embourbais encore plus dans ce rêve insensé… sans
conviction.
2.
C’était bizarre de ne plus être obligé de se raser, de
s’habiller correctement, de regarder la montre, de veiller à
ne pas être en retard pour le boulot. Désormais, il m’était
possible de demeurer toute la journée en pyjama. Le
travail ne me manquait pas du tout, les collègues non plus.
Je n’avais aucun attachement particulier pour eux. On se
respectait, c’était tout et c’était suffsant.
J’avais un peu tourné en rond avant d’ouvrir les
tiroirs de mon bureau avec l’idée de me débarrasser d’une
paperasse encombrante relative à la Banque du Maroc. Tout
devait disparaitre. Plein de feuilles avec des courbes, des
diagrammes, des chiffres, des projets, des formations aussi
bien celles que j’avais subies que celles que j’avais assurées.
Je parcourais rapidement du regard puis je déchirais. Il
fallait faire le grand ménage. Cela allait prendre beaucoup
12 de temps mais c’était le cadet de mes soucis, j’avais
l’éternité devant moi.
Dans le tiroir d’en bas, sous une pile de papiers, je
découvris quatre CD de musique classique. Cela faisait de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents