L horizon des jours ultimes
160 pages
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L'horizon des jours ultimes , livre ebook

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Description

À cinquante-six ans, Jeanne navigue entre ses choix qu’elle n’a jamais regrettés, ni bien acceptés non plus, ses désirs de liberté et ses remords de jeune fille bien élevée. Une complexité apparente, pourtant si simple, comme les réflexions de Santiago, pêcheur du Vieil Homme et la Mer, qui l’accompagne dans sa solitude.

L’Horizon des jours ultimes nous plonge dans la tête de Jeanne, à la manière d’une Belle du Seigneur. Une immersion totale où rien n’est servi sur un plateau : il faut comprendre par soi-même, voguant au gré des pensées de Jeanne. On voudrait la conseiller, on ne peut pas. On voudrait rire, pleurer avec elle, on ne peut pas. Elle sort la tête de l’eau pour mieux entamer sa longue coulée, et le lecteur oscille entre les deux états, toujours spectateur, toujours alerte, jamais acteur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 septembre 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414352180
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vîctoîre ADAM
L’horizon des jours ultimes
Partîe 1
Quee mîsère… Ces deux-à n’étaîent pas à îer. EnIn, probabement que sî, maîs moîns pâots, pus coorés. Maînte-nant pas de doute, îs sont bîen bancs. J’aî vraîment ’aîr d’une vîeîe. Mîroîr mîroîr, quî est a pus bee ? Pas Jeanne.
Que aîre aujourd’uî ? Aer au Nez de ongvîe comme undî ? Ouî ça pourra me détendre. Maîs trop roîd aujourd’uî. Pas assez de vent. îre un îvre aors ? Reîre e Vîeî Homme et a Mer pour a septîème oîs au moîns ? Bonne îdée, devraît m’occuper pour ’après-mîdî. Je pourraîs me aîre un té aussî. Bonne îdée e té. Aez, on descend dans a cuî-sîne se préparer un té. Et on ne remonte pas avant dîx-uît eures. DéI ancé. Jeanne tu as donc quatre eures devant toî pour îre e Vîeî Homme et a Mer et boîre du té. C’est un peu toî en aît ce îvre. a vîeîe emme et a mer. a vîeîe emme aux înnombrabes ceveux bancs quî ît devant a mer. Avec du té. Même en mars. Sans aer pêcer e poîsson bîen sûr. Ceuî-à au moîns je peux ’aceter au marcé. Un peu de boneur dans mon maeur… je peux manger à ma aîm. Ouî c’est vraî que c’est putôt posîtî ça. Exactement es vaeurs que tu t’es eforcée d’încuquer à ta amîe. Même sî bîen sûr nî Martîne nî Abert n’ont jamaîs comprîs tous es sacrîIces que tu avaîs aît pour eux. Ae ! Brûant ce té. Ça t’apprendra à souLer trop ort. Pauvre vîeîe va. Un jour tu auras tant de moustace et sî peu d’estîme de toî que tu ne te brûeras même pus. a moustace era barrage. Ee sera bîen bance. Même pas a peîne de compter, toute bance, pus un poî cooré. Ouî une bee moustace comme un ord angaîs. On m’appeera My ady. ady Moustace pour ce que cea vaut. En pus je boîs déjà paraîtement e té. On me trouvera un
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peu oe maîs on m’învîtera pour ça. Pour aîre de a dîstrac-tîon et pouvoîr se moquer après coup. Maîs moî je seraî eu-reuse car je seraî învîtée et en socîété. Fînî es ongues eures d’ennuî à se demander quoî aîre. Et j’auraî ma moustace. Ça occupe. Je pourraîs même cacer des petîtes mîettes de sort-breads dedans et es manger pus tard e soîr, juste pour avoîr à nouveau e goût du saon et des mondanîtés dans a bouce. e Vîeî Homme et a Mer maîntenant. ï t’attend ma joîe et toî tu ne penses qu’aux saons de té angaîs. N’împorte quoî cette éducatîon. Et e petît aussî t’attend, ceuî quî aîde e vîeî omme. Dans es îvres î y a toujours des jeunes quî se îent d’amîtîé avec es vîeux. C’étaît pareî avec Momo et Monsîeur ïbraîm. Tîens je pourraî e îre demaîn pour m’occuper. Maîs dans a vraîe vîe es vîeux sont tous seus. es jeunes sont jeunes, beaux et orts. Pas orcément înteîgents maîs enIn îs ont comprîs qu’î aaît s’éoîgner de a vîeîesse et de sa gan-grène tant qu’on e pouvaît. En aît je croîs qu’îs n’en ont juste rîen à outre de nous. ïs ont bîen raîson es saauds. « Je ne suîs pas pîeux, dît-î. Maîs je dîraî dîx Notre Père et dîx Je vous saue, Marîe pour attraper ce poîsson, et je jure de aîre un pèerînage à a Vîerge de Cobre sî je ’attrape. Je e jure. » Que a mer est bee devant. Je ne suîs pas pîeuse, maîs je dîraî dîx Notre Père et dîx Je vous saue, Marîe pour que ma vîe cange. Pour que je commence à vîvre, pour moî, pour une oîs. Et je jure de aîre un pèerînage à a Vîerge de Cobre sî e moîndre sîgne se produît. Je e jure. D’aîeurs où est-ee cette Vîerge de Cobre ? À Cuba probabement, comme e vîeî omme Santîa-go, e petît jeune et e gros poîsson sau que uî est dans ’océan. Trop oîn. Je jure de aîre un pèerînage, c’est sûr. Pourquoî pas ourdes ? Je e jure. Non ourdes trop proce Inaement. ï me aut du voyage. Dîx Notre Père et dîx Je vous saue, Marîe, ce n’est pas rîen quand même. Facîe à dîre pour toî Santîago, c’est un marcé sîmpe : un poîsson contre un pèerînage. Maîs pour moî, î audraît des mîraces. Sî seuement je savaîs ce que je cerce. Comment même reconnatre un sîgne de a Vîerge de Cobre ? Aucune cance qu’ee ne m’aîde sî je ne saîs pas ce que je veux.
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En aît î audraît tout raser. Raser toute ma vîe. Repartîr d’î y a trente-sîx ans, trente-sept peut-être pour être bîen sûre d’arrîver avant toutes es emmerdes. EnIn toute cette tragédîe. Jeanne on ne pare pas d’emmerdes quand î s’agît de a mort de ses parents. Aucun respect pour ses anés. Bon, d’accord, a Vîerge de Cobre donc. Et pourquoî pas Saînt-Jacques de Compostee ? Pas ma ça. Santîago de Compostea. Santîago comme e vîeî omme. J’aîme bîen ’îdée. Dîs-moî, Vîerge quî est aux Cîeux, je ne suîs pas pîeuse, maîs je dîraî dîx Notre Père et dîx Je vous saue, Ma-rîe pour que tu m’envoîes un sîgne. Ce sera e début du reste de ma vîe, je suîs prête. Maîs j’aî besoîn du sîgne rapîdement, pas dans deux moîs, nî deux semaînes d’aîeurs. Vîerge de Cobre, j’accepte e marcé : sî tu m’envoîes un sîgne dans es deux jours quî vîennent, je m’engage à récîter peîn de prîères et à me rendre à Santîago de Compostea pour te rendre ouange. Ce n’est pas vraîment Cobre maîs î aut comprendre que c’est quand même pus pratîque pour moî. Et puîs on y pare aussî espagno, ce sera au moîns dans a même angue. ¡Un poco de españo por avor ! Ça me rappeera Caros. Pas vraîment un renouveau maîs enIn au moîns du cangement. Que a mer est bee. Dîeu que a mer est bee. Autant commencer à ouer Dîeu maîntenant, ça pourraît avancer ’arrîvée de mon sîgne.
*** Dîx eures. Encore vîngt-neu eures avant e terme du marcé avec a Vîerge de Cobre. Que aîre, que aîre ? Pas trop envîe de m’înspecter es ceveux. Dîeu que es journées sont ongues quand on attend un mîrace. Beau cîe beu aujourd’uî. e Nez de ongvîe, très bonne îdée ça ! On va aer au Nez de ongvîe pour regarder a mer. Ouî ce n’est pas pareî que de a voîr depuîs e jardîn. En voîture ou en bus ? Pas pratîque en bus maîs je rîsque de croîser Martîne par asard en voîture et ça, ce n’est pas envîsageabe. Ras-e-bo qu’ee me pîque ma voîture tout e temps, ee est très bîen aînsî. Vendue, pour ee. Pas pour moî évîdemment. Panquée
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seuement pour qu’ee ne a trouve pas. À cînquante-deux ans on peut s’aceter une voîture sans emprunter cee de sa sœur tout e temps quand même. Et quî paye ’assurance et tout ça ? C’est Jeanne. Grande sœur Jeanne, Maman Jeanne. Cee quî est toujours à. Maîs pus pour ongtemps ! Mère ou sœur, Jeanne va embrasser sa vocatîon et aîre e pèerînage de Saînt-Jacques de Compostee ! Pus de Martîne ! Pus de Mar-tîne… Aez op au Nez de ongvîe. On pensera à-bas. ïcî ce n’est pas e îeu. ïcî c’est a maîson des parents. En bus, pour ne pas prendre e rîsque de se compromettre. On marcera ensuîte e ong de a côte et on reprendra e bus. Paraît ça. ï y aura peut-être même des ajoncs en loraîson. Que temps merveîeux. Ce soeî caud et roîd, et un vent à décorner es bœus. « Bonjour ! – Bonjour. » Drôe d’îdée de devoîr dîre bonjour à tous es promeneurs quî passent sur es aaîses. Surtout moî quî suîs assîse sur e roc. On va s’avancer un peu pour que a route passe derrîère moî. Voîà. à je seraî tranquîe. ï y a peu de rîsque qu’on vîenne s’înstaer près de moî vu tous es ajoncs et eurs épînes. Bîen aîre attentîon à cacer es égratîgnures sur es moets à Martîne pour qu’ee ne s’înquîète pas. Martîne, Martîne… Que vas-tu aîre quand je seraî partîe, quand e mîrace aura eu îeu et que je seraî en Espagne pour ma nouvee vîe ? J’aî teement bîen veîé sur toî que tu ne peux pus te passer de moî. Martîne, comprendras-tu que j’aî besoîn d’un cange-ment ? Ne pus vîvre comme avant. Je dérîve, je me noîe. Pas de marî, Dîeu mercî. Pas de amîe non pus, que de a soî-tude et ma pauvre petîte sœur de quî m’occuper. Même sî ee a cînquante-deux ans et toutes ses dents. EnIn je croîs ? Tu as toutes tes dents Martîne ? Paroîs je me demande sî tu ne aîs pas tout ça juste pour m’occuper. Pour que j’oubîe que je suîs seue. Pour aîder ta grande sœur. Martîne je t’en suîs sî reconnaîssante pour toutes ces années à veîer sur toî maîs comprends-tu qu’î aut que j’avance ? Sî on n’avance pas à cîn-
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quante-sîx ans, on n’avance jamaîs. D’aîeurs peut-être qu’on n’avance jamaîs. Sî Caros avaît été à, quee dîférence. Bon-jour Monsîeur, bonjour Madame, voîcî mes enants, Juîette et Ronado. Carmants ouî. Très înteîgents aussî. Juîette est une atète, ee gagne tous es ans dîverses compétîtîons de gymnastîque. Ronado est notre tête pensante, un vraî génîe. Nous abîtons New York ouî. EnIn, e New Jersey pour être exacte, nous y avons une joîe maîson à a açade de boîs, avec un très beau jardîn. J’y aî panté des aubépînes, ça me rap-pee a régîon. Ouî, tout à aît, je suîs orîgînaîre de Norman-dîe. Pourquoî es États-Unîs ? Ouî c’est oîn bîen sûr. E bîen j’y suîs partîe pour mes études quand j’avaîs vîngt ans. Et j’y aî rencontré Caros, mon marî merveîeux. Caros, vîens te présenter ! Entre nous, es États-Unîs est un pays antastîque, même sî a compagnîe des Françaîs me manque un peu… Et puîs a nourrîture n’est pas a même non pus. Pas un mot à mon marî bîen sûr. Caros, par îcî ! J’attends toujours mon sîgne, Vîerge de Cobre. Dîeu, s’î exîste, n’a pas souaîté que Caros asse partîe de ma vîe et aujourd’uî j’aî besoîn d’un mîrace. Donc un peu de compas-sîon, et un sîgne s’î te pat ! Et maîntenant, marcer jusqu’à ’arrêt de Crébourg-a-Joîe, ensuîte sept arrêts seuement jusqu’à cez moî. S’asseoîr du côté droît pour pouvoîr regarder a mer. M’étaer un peu sur e sîège d’à-côté pour ne pas avoîr de compagnîe quî rîsqueraît de me aîre manquer mon sîgne. Puîs, rester aux aguets.
« Tu as bîen mauvaîse mîne, Jeanne. Tu as ’aîr atîguée et înquîète. Tu es sûre que tu n’es pas en traîn de tomber maade ? Et tu es en pantaon par cette bee journée, as-tu roîd ? » Je n’aî pas roîd et ne suîs pas maade, mercî bîen. Fatîguée, peut-être un peu. J’aî tendu ’oreîe et afuté mon regard maîs pas un seu sîgne n’est venu. Pas un seu, et pourtant j’avaîs très envîe d’en voîr un. Teement que j’auraîs prîs n’împorte quoî pour un sîgne. Maîs étrangement, tout a été absoument nor-ma pendant es quarante-uît dernîères eures. Pas d’oîseau à a trajectoîre înabîtuee, pas de tempête, pas de ampe quî
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s’aume toute seue, pas de vîsîte împromptue sau cee de ma sœur, arrîvée trente mînutes après a In de vaîdîté du marcé concu. Dépîtée, je e suîs. J’auraîs dû e savoîr : a Vîerge de Cobre protège es Cubaîns, pas es Normands. Ee est trop oîn et a mer n’est pas a même. Et puîs aer se recueîîr à Saînt-Jacques de Compostee pour a Vîerge de Cobre, n’împorte quoî. On ne coîsît pas un pèerînage pour son côté pratîque. Ee a dû e prendre pour un afront. Dommage, j’auraîs tant aîmé partîr en Espagne.Habar un poco de españo. Boîre un poco de sangrîa et manger un poco de paea. Mîrar a mar. « Jeanne ? – Je vaîs bîen, je te remercîe. J’aî retrouvé ce pantaon dans mon armoîre et j’avaîs envîe de e remettre. Je me e suîs ofert pour mes quarante-cînq ans, tu te rends compte ? J’y suîs un pus serrée qu’avant, maîs ça me rappee des souve-nîrs. C’est sympa es souvenîrs. » Mercî de sourîre à mon sourîre. Ça me aît du bîen. C’est peut-être un sîgne que ma vîe ne doît pas changer, qu’ee doît contînuer îcî avec ma amîe. « Ouî, c’est sympa. On en a beaucoup dans cette maîson. Cea aît ongtemps qu’îs ne sont pus à maîs ça me aît tou-jours du bîen de venîr îcî. Comme sî je eur rendaîs vîsîte à eux-aussî. Rîen n’a beaucoup changé depuîs eur départ. ïcî, j’aî ’împressîon que je suîs en sécurîté. – Que racontes-tu, « en sécurîté » ? Cea aît pus de vîngt ans que tu habîtes dans ton be appartement. Tu ne vas pas me dîre que tu ne t’y sens pas en sécurîté. – Tu saîs, a vîe est sî încertaîne, paroîs… – Martîne, est-ce que tout va bîen ? Tu veux me parer de queque chose ? » Oh que ce canapé est déoncé. Tout ça pour m’asseoîr près d’ee. « Pardon je ne vouaîs pas te tomber dessus. Ce canapé est bon pour a poubee. Aors, dîs-moî ce quî ne va pas. – Chares a appeé ce matîn. Gabrîe va bîentôt Inîr son master, î va donc arrêter de me verser a pensîon du petît.
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