L Histoire de nos peurs
116 pages
Français

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L'Histoire de nos peurs , livre ebook

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Description

À la lisière des genres réaliste et fantastique, le roman d'Alexe Biangue, inspiré par l'œuvre de Lewis Carroll, enchevêtre plusieurs récits pour former un subtil jeu d'échos entre des mondes parallèles. Alice est une jeune mère célibataire qui peine à joindre les deux bouts et rêve fréquemment d'un lapin blanc en retard. Victime d'un sortilège, elle ne se souvient pas avoir fui le monde dans lequel sa marâtre sans cœur la retenait prisonnière. Nicolas, alias Le Chapelier Fou, l'aide à retrouver la mémoire. Grâce à son soutien, elle rassemble tout son courage et se décide à retourner affronter ses peurs au Royaume enchanté, en compagnie de son fils Henri. Au terme de son incroyable aventure, qui s'achève sur un combat sanglant, l'héroïne a apprivoisé sa peur, qui ne l'entrave plus dans son épanouissement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 juillet 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334030748
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-03072-4

© Edilivre, 2017
L’Histoire de nos peurs

Inspiré d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll.
Exergue

« Rien au monde ne rend l’homme malheureux comme la peur ».
Friedrich Von Chiller
Prologue
J’ai peur de tout et de rien.
J’ai peur de la vie.
1 Marghat
Le Royaume enchanté, il y a fort longtemps.
Marghat Rivers se sentait lasse dans sa chambre ; son petit lapin blanc en main, elle attendait elle ne savait quoi les yeux rivés au plafond. Ses journées se résumaient à ça désormais : sa chambre, son lapin, sa soupe, sa chambre, son lapin, sa soupe. Elle ne faisait plus rien d’autre. Elle avait arrêté de peindre, de se promener. Elle n’en avait plus la force. Désormais, Marghat attendait que le temps passe, la moindre occasion pour se retirer dans sa chambre. Elle aimait tout particulièrement les journées pluvieuses, car personne ne pourrait l’obliger à sortir. Son leitmotiv ? Elle n’en avait qu’un : la procrastination.
Entendant des bruits de pas, elle cacha son lapin sous son lit, se redressa et arrangea sa robe. Quelques secondes plus tard, la porte de sa chambre s’ouvrit, laissant entrevoir la silhouette longiligne de sa mère.
– Sale petite morveuse, qu’est-ce que tu fais encore là en pyjama ?
– Je ne viens pas.
– Tu as dit quoi ?
– Je ne viens pas.
– Tu sais ce que cela représente pour moi ? Tous les habitants du Royaume y seront.
– C’est ton Royaume.
– Petite sotte, tu ne deviendras jamais reine si ton peuple ne te connaît pas. Tu n’auras pas de légitimité.
– Je ne veux pas devenir reine.
Elle vit le visage de sa mère se déformer en un rictus de colère.
– Que tu le veuille ou non, Marghat, tu deviendras reine. Maintenant, lève-toi, on y va.
– Pour devenir reine, j’ai besoin d’un roi. Or, tu as tué mon prince.
– Ce n’était pas la bonne personne pour toi.
– Mais je l’aimais…
Rosalind Rivers s’approcha, l’empoigna fermement.
– Dans la vie, tu ne dois aimer personne.
2 Alice
Boissy-Saint-Léger, 4 juin 2013.
7h00, je me levai en sursaut, lançai une main hasardeuse pour stopper la montée en puissance de mon réveil. Ma tête était lourde, la douleur était lancinante comme à chaque fois que je faisais ce rêve. J’étais assise au pied d’un pommier. Il y avait ce coquelicot avec ses pétales d’un beau rouge, sa tige fine et velue. Je me levais, m’apprêtais à le cueillir lorsqu’un lapin blanc passant à toute vitesse près de moi, le piétinait sans ménagement. Il tirait de la poche de son gilet une montre ronde en acier.
– Oh mon dieu, je vais être en retard ! s’écriait-il.
Il rangeait la montre et se mettait à courir. Me dressant d’un bond, je courais à sa poursuite. Il sortait de nouveau sa montre et accélérait. Nous atteignions l’entrée d’une clairière, l’animal s’arrêtait un moment puis se faufilait à l’intérieur d’une maisonnette en pain d’épice. J’essayais de m’y infiltrer à mon tour mais la maison était beaucoup trop petite et systématiquement, le rêve prenait fin.
Comme pour commencer la journée, j’ouvris grandement la fenêtre, exhalai l’air sec et pur. Le salon faisant aussi office de cuisine, je m’y rendais pour m’emparer de deux cachets d’ibuprofène.
– C’est l’heure, Henri.
Henri se redressa mollement sur le canapé. J’en avais marre de lui répéter qu’il fallait qu’il dorme dans sa chambre, que son lit était beaucoup plus confortable. De toute façon, c’était peine perdu, il n’écoutait pas. Le soir, je l’envoyais dans sa chambre et le matin, il se réveillait dans le salon. Dans la vie tout était peut-être une question d’habitude, les choses désagréables le devenaient chaque jour un peu moins, certes ; mais c’était de la théorie et en pratique, cette situation m’énervait chaque fois un peu plus.
– Va manger pendant que je vais me préparer, repris-je.
– Tu as racheté des corn-flakes ?
– Ah non, j’ai complètement oublié. Mais il y a des flocons d’avoine.
– C’est meilleur les corn-flakes.
– Je sais, Henri, mais pour l’instant il n’y a pas. J’en achèterai plus tard, d’accord ? Bon, file manger champion. Sinon on va encore arriver en retard.
– C’est Isaac qui vient me chercher ?
– Oui, dis-je en me dirigeant vers la salle de bain.
Isaac Durian était mon meilleur ami. Conseiller en orientation dans la mission locale de la ville voisine, il avait toujours été plein d’ambition et aujourd’hui il avait une carrière stable, des perspectives d’évolutions alors que j’enchainais les petits boulots. Je ne savais pas exactement de quoi demain serait fait. Pire encore, j’étais mère célibataire.
Une fois dans la salle de bain je regardais instinctivement le miroir au-dessus du lavabo. Il renvoyait l’image d’une femme blonde d’une vingtaine d’année, fatiguée et à la peau translucide.
Allez bouge-toi, Alice ! Pensais-je en chopant ma brosse à dent.
Une trentaine de minutes plus tard, j’étais prête, coiffée et Henri avait pris une douche rapide. A la grande satisfaction de sa maîtresse d’école, j’emmenais Henri à l’heure, une grande première. Alors que j’étais retournée à l’appartement récupérer mon vélo, il s’était mis à pleuvoir. Je pédalais à toute vitesse tandis que de grosses gouttes s’écrasaient sur ma blouse blanche. A 10h, je déboulais trempée à l’entrée du Monoprix.
– En retard comme d’habitude, m’apostropha l’assistant-manager.
– Excusez-moi, je vous le promets cette fois-ci c’est la dernière fois.
J’essorais maladroitement quelques mèches de cheveux.
– Voilà un mois que c’est la « dernière fois ».
– Je suis désolée mais mon fils est…
– Peu importe de ce qu’a encore eu votre fils. Ce n’est pas mon problème. Installez-vous en caisse quatre.
– Je… euh, je ne suis pas renvoyée ?
– Pas aujourd’hui. Mais j’espère pour vous que cette fois-ci est vraiment la dernière.
En début de journée je travaillais au Monoprix, le soir je servais des boissons et des bagels dans un petit restaurent pas trop loin de chez moi. Je ne gagnais pas un très gros salaire et Henri ne partait jamais en vacances mais j’essayais de subvenir au mieux à ses besoins. Je lui achetais ses fournitures scolaires, de la nourriture, des livres. Il n’avait pas encore de consoles mais je comptais lui en offrir une pour le noël suivant. Je tentais de lui apporter la meilleure éducation possible. Je mettais un point d’honneur à ce qu’il ait de bonnes notes à l’école et poursuive ses études.
Henri me faisait beaucoup penser à son père-les mêmes cheveux châtains foncés et de fortes similitudes dans leurs façons d’être-au début, sa ressemblance avec Simon m’énervait. Après ce qu’il s’était passé, je ne voulais plus rien qui se rapporte à lui. Mais Henri était mon fils, j’étais la seule personne qu’il avait et mon sang coulait aussi dans ses veines.
Ma rencontre avec Simon, c’est le genre de rencontre inoubliable, le genre qui change toute une vie. Il ne jurait que par une paire de Ray-Ban et des converses noires un peu usées. Je l’avais rencontré lors d’une soirée en classe de seconde ; mes parents m’avaient formellement interdit d’y assister mais j’étais une adolescente têtue : il était pour moi hors de question de rester à la maison alors que mes amis, eux, passaient peut-être le meilleur moment de leur vie. C’était la première fête à laquelle j’étais invitée, je voulais simplement voir comment cela se passait. Rien qu’une heure ou deux. En arrivant, forte déception. Je devais bien reconnaitre que ce n’était absolument pas ce auquel je m’étais préparée. On m’avait dit que ce serait une soirée tranquille avec quelques amis. Sans vraiment bien comprendre, je m’étais retrouvée dans un endroit noir de monde où je ne connaissais presque personne. Il y avait de la musique forte et beaucoup d’alcool.
– Martini ou Vodka ? me proposa mon amie alors que je m’installai sur le canapé en cuir marron du salon.
– Non merci, je ne bois pas.
– Tu as dit quoi ? demanda-t-elle en mimant les enceintes murales.
Il y avait trop de bruit, impossible de se faire entendre sans hurler. Une trentaine de minutes plus tard, je me retrouvai avec un verre de cocktail à la main. Je regardais les couples se mouvoir sur la piste de danse, des gens se racontant des blagues salaces et trinquant leurs bouteilles à moitié vides. Je m’imaginais me lever et la marque de mes fesses incurvée sur le canapé. C’est à ce moment-là que je le vis, accoudé près du minibar. Il avait le regard vide et un gobelet en plastique à la main.
Lui non plus ne semblait pas trouver sa place.
* *       *
18h45. C’est en forçant un sourire que je fis irruption dans le restaurent. Lumière vive, murs roses, sol recouvert de dalles en caoutchouc, odeur de friture. L’Olympic Meat me faisait un peu penser à un fast food américain des années 80. Je me changeais en vitesse, enfilant une chemise à rayures rose et blanche, un tailleur noir et un tablier.
– Vous avez fait votre choix ? demandais-je à mon premier client, un adolescent boutonneux.
Au moment de prendre sa commande, je vis qu’il reluquait ma poitrine. J’aurais dû m’acclimater à ce genre de comportement ; au lieu de ça, à chaque fois, je serrais les poings et m’empêchais de piquer une crise de colère. Je le savais que je n’étais pas vraiment une personne dans le milieu ; plus du bétail, un objet à la portée d’un client roi. J’inspirai profondément puis esquissai un grand sourire :
– Pour vous ce sera donc un milk-shake fraise et des frites.
* *       *
A l’automne 2003, j’étais officiellement la copine de Simon Faure. Il n’avait que deux ans de plus que moi mais il avait déjà une vision claire du futur. Nous nous voyions généralement deux après-midis par semaine. A mes parents qui remarquaient mes absences, je prétendais faire mes dev

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