L étreinte des vents
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Description

Je suis venue sur cette île pour écrire sur les liens, comme si, faisant bouger les lettres, je trouvais dans l’île l’image même de ce que nous sommes, des êtres de liens, tantôt lieurs et tantôt liés, toujours liables. Nous avons la faculté de tendre tout notre être – comme un arc – vers un autre être pour le rejoindre, de déployer ce que nous sommes – comme une voile – pour l’accueillir.
Un jour on rencontre un être avec qui l’on prête tous les serments. Avec qui l’on fait tous les rituels, l’on invente toutes les danses.
Puis chaque lien qui nous rattachait à la vie se rompt, le souffle est coupé.
On avait oublié la leçon de l’arbre et du vent qui vient tout balayer. On avait oublié le recommencement toujours possible. Comme si, pour se rejoindre, il fallait véritablement aller au bout de soi-même, sans jamais se quitter.
C’est comme une lente traversée, du crépuscule à l’aube, une histoire que je ne cesse de reprendre du début, pour qu’à la fin le cercle se transforme en spirale.
Hélène Dorion a publié plus d’une vingtaine de livres. Son œuvre, traduite et publiée dans une quinzaine de pays, lui a valu plusieurs distinctions et prix littéraires. Elle a reçu le prix Anne-Hébert pour son récit Jours de sable. En 2005, elle a été la première Québécoise à se voir décerner le prix de l’Académie Mallarmé, remis pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion de la parution de Ravir : les lieux, qui lui a aussi valu le prix du Gouverneur général du Canada. En 2006, elle a été reçue à l’Académie des lettres du Québec, et en 2007, elle est décorée de l’Ordre national du Québec. En 2009, elle a obtenu le prix Charles-Vildrac de la Société des Gens de Lettres de France, pour son livre Le Hublot des heures.
• Prix de la revue Études françaises 2009

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2011
Nombre de lectures 5
EAN13 9782760625617
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le prix de la revueÉtudes françaisesa été créé en 1967, à l’initiative du directeur de la revue, M. Georges-André Vachon, et grâce à la générosité d’un imprimeur montréalais, M. Alex-J. Therrien. Il a été décerné de façon irrégulière, entre 1968 et 1980, à des auteurs du Québec ou de la francophonie. Des œuvres romanesques, des recueils de poésie et des essais ont été couronnés durant cette période. Après une interruption d’une quinzaine d’années, le prix a été relancé et redéni en 1995, et il est désormais décerné tous les deux ans à un auteur québécois ou à un auteur étranger francophone, pour un essai inédit. Ces dernières années, les Presses de l’Université de Montréal ont pu compter sur le précieux partenariat établi avec Imprimeries Transcontinental pour la publication et la diffusion de l’ouvrage primé. La revueÉtudes françaiseset les Presses de l’Université de Montréal désirent souligner par ce prix la contribution d’un auteur important à la réexion sur la littérature et sur l’écriture de langue française. Le prix est accordé pour un manuscrit demandé à un auteur sélectionné par un jurY et il est d’une valeur de 5000 $. Cette année, ce jurY était constitué des personnes suivantes : Francis Gingras, actuel directeur de la revue, Jean Cléo Godin, Benoît Melançon, directeur scientique des Presses de l’Université de Montréal, Monique Moser et Pierre Nepveu, ancien directeur de la revue.
létreinte des vents
DU MÊME AUTEUR
POÉSIE L’Intervalle prolongésuivi deLa Chute requise, Montréal, Le Noroît, 1983. Hors champ, Montréal, Le Noroît, 1985. Les Retouches de l’intime, Montréal, Le Noroît, 1987, 2004. Les Corridors du temps, Trois-Rivières, Les Écrits des Forges, 1988, 1991. Un visage appuyé contre le monde, Montréal, Le Noroît / Chaillé-sous-les-Ormeaux, Le Dé Bleu, 1990, 1991, 1993, 1997. Réédition : Montréal, Le Noroît, collection « Oval », 2001. Les États du relief, Montréal, Le Noroît/Chaillé-sous-les-Ormeaux, Le Dé Bleu, 1991, 1993. L’Issue, la résonance du désordre; Montréal,, AmaY [Belgique], L’Arbre à Paroles, 1993 Le Noroît, 1994. (Prix de la Société des Écrivains Canadiens; Prix du Festival International de Poésie de Roumanie.) Rééd :L’Issue, la résonance du désordresuivi deL’Empreinte du bleu, Montréal, Le Noroît, 1999. Sans bord, sans bout du monde, Paris, La Différence, 1995, 2003. (Prix Alain-Grandbois de l’Académie des Lettres du Québec.) Pierres invisibles, Saint-Benoît-du-Sault [France], Tarabuste, 1998. Montréal, Le Noroît, 1999. (Prix Aliénor.) Les Murs de la grotte, Paris, La Différence, 1998. Passerelles, poussières, édition en français, anglais, italien et allemand, Rimbach [Allemagne], Verlag Im Wald, 2000. Portraits de mers, Paris, La Différence, 2000. D’argile et de soufe, anthologie établie par Pierre Nepveu, Montréal, TYpo, 2002. Ravir les lieux, Paris, La Différence, 2005, 2007. (Prix Mallarmé ; Prix du Gouverneur général du Canada.) La Vie bercée(ouvrage jeunesse), Montréal, Les 400 Coups, 2006. Mondes fragiles, choses frêles, Montréal, L’Hexagone, collection « Rétrospectives », 2006, 2009. Le Hublot des heures, Paris, La Différence, 2008. (Prix Charles-Vildrac de la Société des Gens de Lettres de France.)
RÉCIT Jours de sable, Montréal, Leméac, 2002. Paris, La Différence, 2003. (Prix Anne-Hébert.)
ESSAI Sous l’arche du temps, Montréal, Leméac, 2003. Paris, La Différence, 2005.
Hélène Dorion
l’étreinte des vents
Les Presses de l’Université de Montréal
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Dorion, Hélène, 1958-L’étreinte des vents Comprend des réf. bibliogr. isbn978-2-7606-2169-5 eisbn978-2-7606-2561-7 1. Relations humaines dans la littérature. 2. Attachement dans la littérature. 3. Littérature -Philosophie. I. Titre. pn56.i64d67 2009 809’.93353c2009-941882-7
e Dépôt légal : 3 trimestre 2009 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2009
Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide nancière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour leurs activités d’édition. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien nancier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
imprimé au canada en septembre 2009
Nous sommes, nous, ces transformateurs de la terre, toute notre existence, les vols et les chutes de notre amour, tout nous qualie pour cette tâche (à côté de laquelle il n’en est aucune, essentielle-ment, qui tienne).
Rilke
Quelque chose brûle en moi. J’attends et je n’attends pas. C’est peut-être dans cette rupture, dans cet instant, entre les deux pulsions, l’une qui va vers l’inni du oui, l’autre vers l’inni du non, qu’est le lieu de la vie.
J. M. G. Le Clézio
Page laissée blanche
L A H A U T E U R D U B L E U
Une île, à la n d’une route, au bout d’un continent. Je suis venue ici pour écrire sur les liens, écrire sur les ruptures, comme si, faisant bouger les lettres, je trouvais dans l’île l’image même de ce que nous sommes, des êtres de liens, tantôt lieurs et tantôt liés, toujours liables. Nous avons la faculté de tendre tout notre être – comme un arc – vers un autre être pour le rejoindre, de déploYer ce que nous sommes – comme une voile – pour l’accueillir. Nous portons en nous la capacité de nouer des liens, de créer des correspondances et, par là, nous avons aussi la possibilité de les rompre.
En survolant l’île, à bord de l’avion qui m’amenait jusqu’ici, je regardais le bleu qui l’entoure. Loin d’être uniforme, la couleur pâlit puis s’intensie, passe au turquoise et trouve alors des nuances insoupçonnées, s’éclaircit peu à peu pour aussitôt retourner à la profondeur qui appelle la nuit. Vus d’en haut, les bleus paraissent danser ensemble, passer d’une tonalité à une autre de façon uide, toute naturelle. On devine tantôt le rouge tantôt le jaune que boit ce bleu rendu
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visible par sa capacité d’absorber toutes les couleurs sauf la sienne. Les bateaux les traversent; pour un peu, on ne saurait s’ils naviguent au bout du ciel ou à la surface de la mer tant cette masse bleue confond le regard. Soudain un nuage d’un blanc parfait abîme l’horizon, il avale avec lui la sensation de paix, de tranquille avancée vers nulle part à laquelle nous ne demandions qu’à nous abandonner. Les bleus ne sont pas davantage homogènes que la vie est lisse, vécue comme un aplat, sans aspérités. Ils nous projet-tent plutôt vers des espaces sans fond, ou encore ils nous aspirent sur des sentiers dont les bords nous frôlent; ils n’offrent au regard aucun repos, à l’âme aucune issue.
Comprendre le sens de quelque chose signie d’abord saisir la gure que forment divers éléments lorsqu’on les relie les uns aux autres, recueillir les liens qui existent ou en inventer de nouveaux pour percer la réalité. Nous sommes des êtres deliens. Plus que tout, nous tendons vers ce qui nous relie – à nous-mêmes, à l’autre, au monde et à ce qui nous transcende. Nous avons besoin de nous sentir ainsi liés, et ce sentiment précède celui d’êtreunis, de participer à cette formidable et vertigineuse aventure qu’est la vie. Les étoiles et les planètes, les méridiens du corps humain, la peinture, l’histoire, le langage, l’alchimie, les arbres et les plantes, la métaphYsique, l’astronomie, les cathédrales du MoYen-Âge, – tout, absolument tout est fondé sur le lien. Le
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