L’Élu du peuple Loup
172 pages
Français

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L’Élu du peuple Loup , livre ebook

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Description

« À cent mètres derrière lui, un grand loup gris, à peine visible entre deux arbres, fixait Luca. Son regard perçant et son imposante stature auraient fait peur à n’importe qui, ce loup était bien plus grand que n’importe quel loup et sa beauté imposait le respect. Leurs regards se croisèrent et pendant quelques secondes Luca eut la sensation que ce loup magnifique le jaugeait, le testait, il eut la sensation que ce loup le connaissait. Luca n’avait pas peur, au contraire un bien-être s’installa en lui, une chaleur lui traversa la poitrine, le ventre, une émotion intense le fît trembler, puis, en un éclair le loup disparut. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 avril 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342004939
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Élu du peuple Loup
Luc-Olivier Moreau
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
L’Élu du peuple Loup
 
 
 
 
 
 
 
 
C’est un village, un très joli village, du nom de Fors-Lupun, encastré au pied des Pyrénées, à l’abri des vents et des tempêtes, préservé des tumultes de la vie moderne. Il est ensoleillé du matin jusqu’à midi, paisible et doux l’après midi à l’ombre de la montagne qui semble le protéger.
Comme un passage de témoin, c’est au moment où le soleil va se cacher que sonne la cloche de la petite chapelle qui se trouve au bout de la rue principale, légèrement en surplomb du village, avec un vieil escalier en rondins, nécessaire pour y accéder.
 
Des senteurs de pins et de tourbe, de bûches coupées et de fougères parcourent les ruelles par saccades, juste le temps de fermer les yeux et de s’imprégner avec délice de cette émotion que seule la nature préservée sait nous communiquer. Au centre du village, comme la dernière touche du peintre, une fontaine en pierre, belle de simplicité ruisselle jour et nuit par quatre petites bouches surmontées d’une sculpture évoquant une tête de loup.
 
Personne ne sait qui a conçu cette fontaine, ni pourquoi, mais la légende dit qu’il y a bien des lunes, bien avant les grands-parents de nos grands-parents, un homme vivait dans la montagne au milieu des loups.
 
D’après les plus vieux qui l’ont entendu d’autres encore plus vieux, « il parlait avec les bêtes » !!!
Nul ne sait si c’est vrai… En tout cas pas quelqu’un de très « fréquentable ».
 
Entre le village et l’entrée de la forêt, il y a un lac, comme il en existe des centaines dans les Pyrénées, alimenté par une source souterraine où grouillent de petits animaux de toutes sortent, grenouilles, insectes, mais aussi de nombreux poissons. Le lac est la propriété de tous les habitants, c’est comme ça, c’est établi depuis toujours, les pères y emmènent leur fils pour leur apprendre à pêcher, et les fils y emmèneront un jour leur propre fils, ça se passe ainsi, de génération en génération. Chacun se sent un peu responsable du lac, il fait partie de la vie de tous les jours, il est un lieu de souvenirs pour les plus grands, un lieu d’apprentissage pour les plus petits, il y a une vie autour de ce lac, des fêtes et des concours de pêche y sont organisés, c’est un peu la pièce commune qui unit les villageois par le cœur. C’est là que tous les enfants ont appris à pêcher la truite brune, la truite mouchetée, et l’omble chevalier. Ils savent comme tous ici, qu’il ne faut pas pêcher d’octobre à janvier car c’est la période de fraie, ils ont écouté les anciens leur expliquer comment il fallait, s’y prendre avec la truite mouchetée, qui nage juste sous la surface au contraire de l’omble chevalier, qui vit par plus de trente mètres de fond. C’est ça l’ambiance du lac, une réunion de tous âges, une fraternité naturelle qui rassemble les hommes.
 
C’est là que vit Luca, petit berger de treize ans, berger comme son père Valère Mourlic et comme son grand-père, venu d’on ne sait où, il y a bien longtemps. Luca est un garçon intelligent, à l’œil vif, qui a le cœur sur la main, toujours prêt à rendre service. Il est né d’une famille modeste où l’argent est rare et la nourriture simple et rudimentaire, mais Luca est heureux, heureux de son espace sans limite, de sa liberté, quand il est seul avec ses moutons en pleine montagne, heureux de rêver en regardant les étoiles qui ont l’air de ne briller que pour lui, heureux de voir que ses parents s’aiment, malgré la simplicité de leur vie, heureux d’avoir un ami fidèle, son chien Bartolo ! Un bâtard croisé berger allemand et rottweiller trouvé il y a plusieurs années devant la petite école du village, et recueilli après avoir convaincu ses parents : « Allez, cela fait plusieurs jours qu’il traîne devant l’école, il est gentil… Maman s’il te plaît. »
 
Luca ne comprend pas bien pourquoi tous les jeunes du village, nés ici, comme lui, sont partis dans la grande ville, s’enivrer de lumières artificielles, de bruits de toutes sortes, se noyer dans l’indifférence des gens qui ne les connaissent pas. Ne prennent-ils pas plaisir à regarder la nature s’éveiller le matin, n’entendent-ils pas les arbres s’ébrouer, comme son chien en sortant de la baignade, quand le vent les secoue avec vigueur pour leur dire que la nuit est finie ? Ne voient-ils pas chaque matin le soleil apparaître timidement et d’une chaude caresse colorer d’ocre et de jaune la plaine et l’orée de la forêt ? N’entendent-ils pas les pics-verts frapper aux quatre coins des bois pour en réveiller les locataires ? Et les rouges-gorges ? Et les mésanges ? Et les huppes fasciées ? Et le chien du cordonnier qui aboie tous les matins au passage du boulanger, tous ces bruits familiers qui nous rappellent qu’on est bien à la maison, tous ces bruits qui montent en puissance et qui nous rassurent.
 
Tous ces bruits qui ont l’odeur du chocolat que la maman de Luca prépare avec un amour si grand qu’elle ne peut cacher, même en fronçant les sourcils, quand d’une voix qu’elle voudrait sévère elle dit : « Luca, il faut te lever maintenant, c’est l’heure du petit déjeuner », elle ne peut s’empêcher de rajouter, comme pour se faire pardonner d’avoir été un peu sèche : « ton chocolat est chaud, mon cœur ». Non, vraiment Luca, ne comprend pas, et par moments, il se sent triste de ne pas avoir beaucoup de copains de son âge, d’être le plus petit adolescent du village. Le « petit » comme ils disent ici.
 
Tout le monde l’aime bien au village, c’est un garçon vif, bien élevé, toujours de bonne humeur et amical avec les autres. Il faut dire que le village n’est pas grand, tout le monde se connaît ici. Luca fait un peu figure de mascotte et chacun, en le croisant dans la rue y va de ses petites congratulations, de sa petite tape amicale sur l’épaule, ou de son sourire bienveillant.
 
Luca n’est pas berger à temps complet, il y a l’école bien sûr, mais chaque fin de semaines, chaque vacances scolaires, Luca prend beaucoup de plaisir à accompagner son père, qui emmène paître les moutons le matin, là-haut sur le plateau et les ramène le soir. Quelquefois, lorsque le temps s’y prête, il reste une nuit ou deux dans la montagne avant de redescendre. Ce sont des moments privilégiés, car son père lui apprend de nombreuses choses sur la nature, sur les étoiles. Chaque pas, chaque mètre gravi vers le sommet de la montagne est un cours de botanique ou un cours d’astronomie et Luca, n’en est jamais rassasié.
Il a appris à reconnaître ce grand rapace vivant ici, le gypaète barbu, à son poitrail orangé et ses trois mètres d’envergure, le crapaud accoucheur qui bondit dans les torrents en altitude, il sait maintenant que l’isard descend des hautes montagnes quand l’hiver est froid pour se mettre sous le couvert forestier des altitudes plus basses, il a appris également que la marmotte dormait six mois de l’année en ne respirant que deux à trois fois par minutes pour économiser son énergie. Les animaux des Pyrénées n’ont plus de secret pour lui.
 
Quelquefois, et c’est la grande fierté de Luca, son père le laisse aller seul toute la journée, et de temps en temps la nuit, avec le troupeau. Luca gravit la montagne avec son chien, comme un homme. Il s’arrête toujours aux mêmes endroits pour souffler un peu, comme papa, mais là, c’est lui qui décide, mais il décide de faire comme papa car ce sont les meilleurs endroits. Et puis, chaque endroit a son souvenir, ici, dans le lacet de ce petit chemin caillouteux il y a une pierre bien plate sur laquelle on peut s’asseoir confortablement et sortir un petit en-cas pour se restaurer, généralement un gros pain et du saucisson. Il se souvient exactement des paroles de son père : « Tu vois, Luca, nous sommes à 900 mètres d’altitude, ici il fait humide et frais, c’est le domaine des sapins et des hêtres, les fleurs que tu vois là, en contrebas, ce sont des cardamines à feuilles larges. Tu verras, un peu plus haut, la végétation va changer pour s’adapter au froid plus rigoureux des hauteurs. » « Je te montrerai ! » Ah ! Luca aime entendre cette phrase, il est toujours admiratif de son père, ce père sûr de lui mais émotif, courageux mais fragile, ce père qui lui transmet son savoir en douceur, sans brusquer les choses, ce père qui comprend et écoute.
 
Il y a aussi cet autre endroit magique, avec une vue, dominant de très haut la vallée où quelques bouleaux et quelques sorbiers protègent du vent une petite avancée de terre, une saillie au-dessus du précipice, comme un nid d’aigle, avec quelques fleurs, iris, arnica, et germandrées qui semblent en délimiter le bord. Luca et son père s’y arrêtent à chaque passage, restent là ; ils s’asseyent, ne parlent plus, le silence prend le relais. Il a aussi appris cela de son père, savoir apprécier ce bonheur d’être à un endroit unique, respirer le monde, l’admirer et le respecter.
 
Il est 14 heures, ce samedi, et il y a une animation particulière au village. Une très belle voiture est arrivée et trois messieurs, costumés, cravatés, certainement de hauts personnages, en sont descendus. Des gens de la ville, ici, à Fors-Lupun. Cela fait plus d’une heure qu’ils discutent avec monsieur le maire, Monsieur Robert Carilleu, qui est aussi le propriétaire de la seule épicerie, bazar, vente de presse du village. La nouvelle a rapidement fait le tour de toutes les maisons, et il y a en permanence un petit attroupement, qui se veut discret mais qui ne l’est pas, devant la mairie. Celui-là promène

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