L Écho du vide
312 pages
Français

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L'Écho du vide , livre ebook

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Description

À la fin des années 2040, dans un monde bouleversé par le dérèglement climatique, les nouvelles technologies, un contexte social violent et de nouvelles voies spirituelles, deux hommes et une femme, en quête de réponses et d'authenticité, vont affronter les défis de leur temps, se laisser surprendre par un amour triangulaire, et inventer leur vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 août 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414481279
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-414-48126-2
 
© Edilivre, 2020

1
Harrielle consulta sa montre : elle était en retard, et elle détestait ça.
Comme je suis en retard, pensa-t-elle, se prenant pour le lapin blanc d’Alice au pays des merveilles. Elle ouvrit son armoire et soupira, envahie par la lassitude d’une indécision trop familière. Les vêtements avaient toujours été pour elle une source de tourment, et avec l’âge, ça ne s’arrangeait pas. Quoi de plus simple au monde que d’attraper un pantalon, un tee-shirt et un pull, se maquiller et partir travailler dans la joie et la bonne humeur ? Mais non, c’était le cauchemar quotidien. Et encore, il y avait pire : devoir acheter de nouveaux déguisements, comme elle se surprenait à les voir, errer dans les rayons des magasins, se perdre devant la multitude de formes, coloris, matières, jusqu’au tournis, la boule dans l’estomac, et s’enfuir avant la crise d’angoisse ! Elle opta pour sa tranquillité d’esprit, et choisit une tenue classique, pantalon noir, chemisier blanc et cardigan gris. Depuis des mois, elle réservait son amour des couleurs pour ses tableaux à l’huile, même si elle n’avait pas beaucoup de temps pour peindre. Et de toute façon, elle n’avait plus envie d’être belle, ni séduisante, ni rien d’un personnage, elle aurait voulu devenir transparente.
Un bol de chocolat chaud réchauffé à la hâte, le passage obligé par le maquillage pour avoir l’air dans le coup, enfiler son éternel trench passe-partout, attraper un livre pour supporter le métro, ne pas claquer la porte par égard pour les voisins, descendre les poubelles et les répartir consciencieusement dans les cinq containers de tri ; l’accomplissement automatique et rassurant des gestes structurants. Comme annoncé par le bulletin météo, il pleuvait sur la région parisienne. Harrielle sortit son parapluie, mais laissa dans son sac le cardigan, car le matin elle avait trop chaud. Puis dans la journée, elle avait froid, puis le soir chaud, et de nouveau la nuit froid, ce qui faisait partie des grands mystères de sa vie.
Le matin, elle consultait également sa météo intérieure ; état d’esprit, ressenti. Elle nota : temps tiède.
Comme tous les jours, devant la gare de banlieue, la dame assise par terre lui adressa un sourire d’espoir. Mais Harrielle ne pouvait rien lui donner, la fin de mois était difficile. Elle faisait même parfois un détour, pour s’éviter le chagrin de lui refuser une petite pièce. Une éducation exigeante lui avait enseigné à penser aux autres, et elle avait un sens très fort de l’éthique, du devoir. Mais elle avait surtout bon cœur, et ça, personne ne lui avait appris. Pour elle, changer le monde commençait par regarder autour de soi. Et depuis la grande crise de 2043, les personnes démunies, exclues d’une société à bout de souffle, ne manquaient pas dans l’entourage de chacun.
Le premier sacrifice de la journée était de prendre des transports en commun bondés. Harrielle mesurait sa chance d’avoir réussi à trouver un travail, avec à la clé, l’indépendance. Elle avait su très vite qu’elle ne pourrait pas vivre d’une carrière artistique, et avait suivi par correspondance cinq années d’études difficiles, financées par une multitude de petits emplois précaires ou saisonniers. Puis elle avait persévéré pendant dix ans avec le passage obligé par les contrats de remplacements, pour enfin obtenir un poste administratif stable dans une grande entreprise. Elle avait ainsi les moyens d’habiter seule un petit deux-pièces, alors que tant de gens devaient accepter une cohabitation pour pouvoir se loger.
Elle fit le point pendant son trajet : demain, les vacances ! Elle partait. Quel bonheur de partir de cette ville bétonnée où elle ne se sentait pas chez elle. Pourtant, elle n’avait toujours pas trouvé où était ce chez elle. Un moment, elle avait envisagé de rejoindre l’un de ces nouveaux villages écologiques qui se développaient un peu partout dans le pays, et recréaient un tissu social dans les campagnes. Mais suffisait-il de changer d’environnement pour trouver sa place ? Dans le doute, elle restait dans ce qui était un peu sa fourmilière, au sein de laquelle elle se sentait fourmi. Elle aurait tant voulu que sa vie ait un sens. Elle était sûre de pouvoir tout supporter si ça avait un sens.
En attendant, sa vie ressemblait à un grand patchwork dont elle essayait de coudre ensemble les morceaux. Elle avait une petite voix dans la tête qui n’arrêtait pas de papoter, et elle l’écoutait sans esprit critique. Rien n’était clair, rien n’était résolu. Elle « cervonnait » et ressassait : ce petit pavillon avec jardin qu’elle ne pourrait jamais s’acheter, ce voyage auquel elle avait dû renoncer, cette histoire d’amour suivie de cette rupture qui l’avait laissée dans une sorte de dépression chronique. Les heures, les jours, les nuits, à retourner chaque sujet sous tous les angles, à errer dans ce labyrinthe sans issue ! Puis la vie s’arrangeait pour qu’elle passe à autre chose. Etait-ce du temps perdu ? Sans doute fallait-il en passer par là. Quand on monte un escalier, on ne regrette pas la marche précédente. Et une fois arrivé en haut, quand on se retourne, on voit les choses de plus haut.
Le siège social de Terra Sciences était futuriste : un grand bâtiment de verre et d’acier, ressemblant bizarrement à tous ceux d’à côté. Le futur serait-il sans imagination ? Pourquoi ce regroupement de grandes entreprises dans un même site, sur le modèle du siècle précédent, obligeant à des déplacements de plusieurs heures par jour jusqu’aux cités-dortoirs ? Pourquoi ne pas avoir astucieusement mélangé les entreprises et les lieux de vie ? Si seulement on l’avait consultée !
Harrielle passa sa carte de pointage, véritable carte d’identité à puce, dans l’appareil ouvrant le sas de sécurité, et déposa son sac sur le tapis roulant du détecteur, sous le contrôle attentif d’un grand blond. Elle détestait prendre l’ascenseur, mais se forçait à faire comme tout le monde. D’ailleurs, dès qu’elle pénétrait dans les locaux de la société, elle passait en mode professionnel et mettait un point d’honneur à faire correctement son travail. Elle y resterait néanmoins sur ses gardes, l’entreprise n’était-elle pas un grand melting-pot idéal pour les névroses individuelles ? Après plusieurs années d’investissements relationnels improductifs et d’espoirs déçus, Harrielle avait compris que la balance des rapports de force ne pencherait jamais en sa faveur.
La journée s’annonçait chargée. Elle s’installa pour le tête-à-tête desséchant avec l’ordinateur de bureau, fidèle serviteur, incontournable interlocuteur, refoulant la dissonance dans son ventre et ses envies d’autre chose. De quoi ? La résignation était devenue habitude, puis profession.
2
Albert était le Chef du service d’à côté. Un homme soigné, plutôt méticuleux, ayant toujours l’air d’avoir peur. Il parlait avec précaution et ne répondait jamais à une question à la légère. Il prenait le temps d’en faire le tour et de peser sa réponse. Il avait fait toute sa carrière dans l’entreprise, gravissant les échelons un à un, et sa rigueur professionnelle était reconnue de tous.
Harrielle aimait déjeuner avec lui. Ils avaient des goûts littéraires, cinématographiques et artistiques proches, et se laissaient entraîner dans des discussions sans fin. Des groupes se formaient dans chaque service pour passer agréablement la pause de midi. Mais la jeune femme avait passé avec Albert un genre de pacte tacite d’exclusivité réciproque qui convenait bien à leurs tempéraments réservés.
Pourtant ce jour-là, quand elle descendit le retrouver au restaurant d’entreprise, il n’était pas seul. Elle l’aperçut de loin en grande discussion avec un des ingénieurs du groupe, qu’elle reconnut pour avoir vu sa photo dans la plaquette de présentation de la société : un des collaborateurs importants du service Recherche, dont le nom lui échappait.
— Cédric Darvant. Albert se chargea des présentations. Je te présente Harrielle Valandré, du Service Administratif et Financier. Cédric est responsable du pôle Applications Thérapeutiques du service Recherche, au Centre des Alpes près de Digne.
Un homme grand, environ la quarantaine, à l’allure assurée, avec un blouson de cuir un peu inattendu pour sa fonction, lui tendit une main amicale.
— Cédric est venu pour la semaine, et figure-toi qu’avec cette grève des pilotes d’avions, il se retrouve coincé en région parisienne. Le peu de trains qui circulent sont complets, plus de voitures disponibles à la société, les locations ont été prises d’assaut, et je lui disais que justement, tu descends demain dans sa région pour tes vacances, et que ton covoitureur s’est désisté.
Harrielle leva intérieurement les yeux au ciel. Albert l’avait déjà mise devant le fait accompli. Ne pouvant trouver aucun argument valable pour y échapper en si peu de temps, elle s’entendit proposer immédiatement :
— Mais bien sûr, si je peux vous dépanner.
— Je ne voudrais pas vous déranger ou modifier vos projets. Mais mon secrétaire et moi venons de passer la matinée au téléphone pour essayer de trouver une solution, et nous n’avons malheureusement rien trouvé de rapide. Or il faut absolument que je sois au Centre demain, et vous me dépanneriez vraiment.
Son air sincèrement ennuyé et son ton poli achevèrent de convaincre Harrielle. Elle n’aurait pas supporté qu’il prenne sa réponse pour un dû en raison du poste qu’il occupait.
— Aucun problème. Où voulez-vous qu’on se retrouve, je peux passer vous chercher.
— J’ai une chambre d’hôtel près de la gare des trains-tubes à Orly, si ce n’est pas un trop grand d

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