L Arbre de vie
218 pages
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L'Arbre de vie , livre ebook

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Description

Au sein de l'exotique Madagascar, Jean, anthropologue introverti et sensible, est à la recherche de l’arbre de vie, source de la jeunesse éternelle. Sa quête aventureuse va bouleverser sa vie.


Attaque de bandits dahalos, révolution, mercenaires, autant de dangers attendent notre aventurier. Mais il découvre des vestiges fabuleux, l’envoûtant attrait de l’océan Indien, déchiffre l’histoire des navigateurs polynésiens, premiers habitants de l’île, tombe amoureux des peuples de l’Île Rouge, succombe à un amour magique, se retrouve, enfin, dans un village du bonheur où il s’épanouit et donne un sens à sa vie.


Chaque lecteur peut trouver sa part de vérité dans cette quête initiatique de la sagesse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334139236
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-13921-2

© Edilivre, 2016
Citation


Toute ressemblance avec des lieux, des personnes, des situations ne pourrait qu’être le fruit du hasard ou pure coïncidence.
Chapitre 1 Faty
Un cahot me réveille. La tête encore obscurcie par les brumes d’un mauvais sommeil, j’ouvre les yeux sur un univers orangé de plateaux dénudés et déserts. Sur ma droite défile le fascinant spectacle de la campagne malgache. D’immenses plateaux secs et poussiéreux, parsemés d’arbres rares et précieux, succèdent à des collines plus verdoyantes ou à des montagnes sauvages couvertes de forêts mystérieuses et envoûtantes. Dans cette brousse, les êtres humains sont rares, tolérés. Quelques individus cheminent lentement au bord de la route, des hommes enveloppés dans une couverture à carreaux, la main appuyée sur un solide bâton de marche. Il faut bien se protéger du froid des hauts plateaux couvrant l’intérieur de l’île et descendant rarement au-dessous de mille mètres. Parfois, des successions de plusieurs troupeaux de zébus occupent toute la voie sur des kilomètres et forment des vagues mouvantes de croupes et de têtes cornues beuglantes. Le chauffeur doit se frayer un passage très lentement, aidé par les gardiens vachers faisant claquer leurs fouets. J’ai alors l’impression d’être dans une diligence, au milieu du Grand Ouest américain, en 1880.
Avec quatorze autres personnes, je suis assis, coincé, serré, aligné comme dans une boîte de sardines, à l’intérieur d’un taxi-brousse avalant allègrement les kilomètres de la route nationale 7, qui descend bien sûr vers le sud de Madagascar. Les quatre lignes de sièges sont bien remplies, comme les strapontins pliables du minibus, le moindre espace vide est occupé par des sacs, des cartons, des paniers calés sur les genoux ou sous les sièges. Les gros sacs, les objets volumineux, les valises, les vélos, la chèvre vivante sont sur le toit, particulièrement bien ficelés et protégés par une bâche.
Après avoir quitté la capitale Antananarivo et sa banlieue, les files interminables de bicoques faites de bric et de broc s’offrent en un spectacle hétéroclite le long de la route, puis la route nationale serpente à travers des collines pelées jaunissantes. De grands espaces vides, sans culture, s’imposent à nous avec quelquefois, en arrière-plan, au loin, une chaîne de montagnes, des abrupts calcaires ou des éboulis granitiques énormes en boules massives. La route est assez bien goudronnée et la vitesse du véhicule descend rarement en dessous de quatre-vingts kilomètres à l’heure.
Parfois, nous suivons une rivière dont les eaux, jaunies par le lessivage des sols, ne rebutent pas les lavandières étalant leur linge, après lavage, directement sur les berges en un patchwork multicolore. Les villages traversés regroupent des habitations à côté d’une plaine ou près d’un pont. Les moindres zones fertiles, les plus petits ruisseaux sont traités en terrasses, comme en Asie, avec des canaux pour l’écoulement des eaux, le riz s’impose alors et la verdeur de ses pousses contraste avec les rouges plateaux alentour.
Les maisons en brique ou en terre argileuse sont étroites, élancées vers le ciel avec deux piliers, une petite terrasse et un étage pour les gens moins pauvres. Les autres se contentant de cases en tôle, en bois ou en paille selon la région. Elles sont faites comme cela vient, selon les moyens, c’est-à-dire avec très peu et surtout avec des matériaux trouvés ou récupérés, rien ne semble fini. Il n’y a pas de trottoirs et les très nombreux villageois marchent sur la route faisant fonction de rue principale. Chacun semble pauvre, très pauvre, mais occupé, allant sûrement vers un destin. Quels destins, quels avenirs, quels espoirs ont-ils ? Un homme pousse un chariot disloqué disparaissant sous un monceau de sacs de riz, ses muscles saillent à travers le tee-shirt déchiré, la sueur s’étale, goutte sur le visage crispé et cela avance cahin-caha. Des femmes portent sur la tête des sacs remplis de charbon de bois, des poules, du riz ou des légumes, deux hommes transportent à bout de bras des planches taillées à la hache, des marchands proposent des petits tas de fruits, des montagnes de légumes, des beignets à peine sortis d’une huile bouillante, du café fumant, de l’eau de riz tiède, des bananes de toutes tailles. Beaucoup portent des vêtements déchirés et sales, certains sont pieds nus. Il n’y a pas d’égouts et les détritus s’amoncellent çà et là, mais en petite quantité, car ici, tout se recycle. Les bouteilles vides en verre ou en plastique sont ramassées, le fer-blanc des boîtes de conserve vides est découpé, réutilisé pour créer des voitures jouets, des équerres, des ustensiles de cuisine  de vieilles lames de ressorts de voiture deviennent des couteaux acérés aux manches en bois sculptés à la main.
Le taxi-brousse ralentit à peine, klaxonne sans arrêt pour écarter les piétons envahissant la route et s’enfonce à nouveau dans l’univers étrange des plateaux. Mais, qu’est-ce que je viens faire dans cette poussière de la Grande Île ? 
J’ai souvent l’impression bizarre de me regarder vivre de l’extérieur, comme si j’étais à la fois moi-même et, en même temps, l’observateur de moi-même, cela explique certains traits de ma personnalité. Pensant aux autres avant moi, comme si je n’existais pas, je ne suis jamais sur les photos de groupe ou de famille, je deviens l’observateur photographe. Ayant rarement la possibilité de répondre du tac au tac aux agressions des personnes ou de réagir instantanément aux accidents de la vie, j’intériorise, je digère longuement avant de me faire une idée sur un sujet. Je parle pourtant aisément, mais c’est peut-être pour mieux masquer mes peurs, mes angoisses, mes frustrations. A l’appel de mon nom, Jean du Villard, j’ai quelquefois l’impression qu’il s’agit de quelqu’un d’autre. Aussi, pour réagir, j’utilise souvent le Je , plus affirmatif, plus responsable, pour assumer et prendre possession de mes actes.
Grand, sec, mais tonique, j’ai du mal à trouver ma place dans cet espace confiné et mes articulations commencent à être douloureuses. Malgré mes cheveux noirs, mes yeux marron et ma peau blanche bien bronzée de Méditerranéen, j’ai été tout de suite repéré, car je suis le seul Européen de ce groupe. Habillé des plus simplement avec un pantalon en jean, un tee-shirt, des chaussures usagées, j’ai entassé dans un petit sac à dos le minimum nécessaire : quelques vêtements, une trousse de toilette, un sandwich, une bouteille d’eau, la somme d’argent nécessaire pour le trajet. J’aime voyager sans charges, sans bagage-boulet limitant ma liberté d’action. En outre, à Madagascar, il est conseillé de ne pas avoir une attitude ostentatoire de touriste riche exhibant bijoux, appareil photo, sacoche bien pleine et valeurs diverses. La population est extrêmement accueillante, chaleureuse, mais il ne faut pas provoquer la pauvreté ambiante et attirer la convoitise des voleurs.
Les autres voyageurs dorment pour la plupart ou attendent avec une patience remarquable qui semble être un trait caractéristique de ce peuple. Je remarque particulièrement un enfant d’une douzaine d’années, assis sur un sac dans l’allée centrale. Il semble voyager seul et se débrouille admirablement, en totale autonomie, sans faire de bruit, pelant une orange, s’endormant sur son sac, sans problème. Nous sommes bien loin des enfants gâtés, assistés, souvent pénibles à supporter, de nos pays dits évolués 
Regardant machinalement défiler le paysage, je revois mentalement mes recherches, mes rencontres pendant les quelques mois précédents. Anthropologue français vivant à Lyon, je me suis penché particulièrement sur les rites liés à la vie et à la mort. Le hasard ou la nécessité m’ont amené naturellement à étudier Madagascar. Après avoir écumé les bibliothèques de province, puis de Paris, j’ai rencontré des Malgaches vivant en France. Au premier contact, j’ai constaté qu’ils sont bien insérés dans la société ou cherchent à s’intégrer. Ils ont presque tous de bons métiers, le pourcentage de médecins, de cadres est important. Ils parlent très bien le français, certains même avec l’accent de leur région d’accueil, quatre-vingt-quinze pour cent sont chrétiens, souvent pratiquants. Curieusement, l’État français ne facilite pas leur venue en France, alors que d’autres peuples plus difficiles à assimiler entrent en grand nombre et sans problème dans notre beau pays. Cette bizarrerie de la politique est curieuse et difficile à comprendre.
Après avoir étudié les us et les coutumes classiques, comme tout le monde, je suis entré en contact avec un personnage étrange, Faty, petit homme rabougri sans âge, à la peau cuivrée, au cheveu rare, à la barbichette blanche. Son regard vous transperce et à travers ses yeux, curieusement clairs, vous avez l’impression de passer dans un autre monde. Ses paroles sont mesurées, pesées, il ne parle pas fort, mais de façon volubile comme les fameux conteurs malgaches. Je l’ai écouté des jours entiers, pendant des soirées inoubliables autour de feux de bois, le feu, c’était lui, les braises, ses paroles scintillant encore longuement.
J’étais passionné, fasciné par son savoir, et les coutumes malgaches rythmant la vie et la mort ne cessaient de me surprendre.
À Madagascar, les défunts sont souvent enterrés dans des tombeaux bien plus beaux, bien plus grands que les demeures des vivants. Ils sont décorés avec des sculptures, des peintures ou avec des objets retraçant la vie du disparu. Tous les deux ans, ses restes sont exhumés, promenés partout où il vivait, ses proches refont avec lui ses gestes quotidiens. Ils trinquent avec

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